Les Randos de Fred & Paul

GR 512 : Diest → Bekkevoort (11 km) - juin 2020

Info : pour effectuer cette étape de 12 km dont 11 sur le GR, nous avons pris le bus De Lijn 370 entre Assent (Oprit A2) (700 m hors GR) et Diest (Euro Shoe).

C’est à la porte de Schaffen que commence le GR 512. Devant celle-ci, un grand poteau indicateur (inauguré en septembre 2017) nous informe des différents sentiers de grande randonnée qui se rencontrent ici : GR 5 : Mer du Nord - Méditerranée, GR 512 et GR 561 : Kempen - Maaspad et Streek-GR Hageland. Le GR 561 est un sentier de grande randonnée de 200 km entre Diest et Maastricht qui passe notamment par Lommel et Bree.

Des cinq portes qui donnaient accès à la ville, la porte de Schaffen est la seule qui a été conservée ; un tiers du trafic entrant et sortant passait jadis par là. Le bâtiment se compose de deux longs tunnels, passant sous l’enceinte, séparés par le Demer. Le poste de garde, qui abritait des officiers et des soldats en service, se trouvait du côté de la ville. Il y avait deux latrines dans les murs de soutènement adjacents : une pour les officiers et une pour les soldats.

GR 512 : Diest, porte de Schaffen

Les cinq premiers kilomètres de l’étape s’effectuent dans Diest et nous permettent de découvrir cette charmante ville. Nous traversons le ring et suivons la Schaffensestraat jusqu’au pont surplombant l’Oude Demer. L’Ezeldijkmolen a été construit entre 1547 et 1553 sur ordre de Guillaume d'Orange, seigneur de Diest ; la ville est restée plus de trois siècles aux mains des comtes de Nassau (les futurs princes d’Orange-Nassau). Le moulin était équipé de trois roues hydrauliques pour moudre principalement le grain et l'écorce. Cette écorce (utilisée par les tanneurs) était transportée par des ânes, dont le moulin tire son nom, le long des digues du Demer. Le moulin est resté en activité jusqu'en 1946.

GR 512 : Diest, Ezeldijkmolen

Pendant 500 mètres, nous évoluons à proximité de l’Oude Demer. À la fin des années 1960, le Demer a disparu du centre de Diest. Les inondations et les nuisances olfactives étaient un tel fardeau que la rivière a été détournée pour passer hors de la ville. La qualité de l'eau s'étant améliorée, on a alors envisagé un retour du Demer, dans son lit d’origine, à travers la ville. En septembre 2012, les travaux ont démarré par phases pendant 4 ans ; ce tronçon du Demer dans le centre-ville est d'environ 1,5 km.

L'ordre des frères mineurs se serait installé à Diest dès le début de XIIIe siècle. Au cours des siècles suivants, de nombreux bâtiments furent érigés, qui à leur tour ont été transformés et adaptés à plusieurs reprises. Sous la domination française, les anciens bâtiments du cloître furent vendus et détruits. Seule la porte cochère (sous laquelle nous passons) et peut-être aussi la maison située à l'arrière, datant de la deuxième moitié du XVIIIe siècle, ont été épargnées. Nous arrivons ensuite à l’arrière de l’église Saint-Sulpice… le GR 512 y reviendra dans deux kilomètres après un détour par le béguinage et le parc de Warande.

GR 512 : Diest, cloitre des frères mineurs

C’est par une belle porte, datant de 1671, que l’on pénètre dans le béguinage. La porte baroque avec son arc en plein cintre est agrémentée de deux colonnes. La niche supérieure abrite une statue de la Vierge Marie, entourée de guirlandes de fleurs et de chérubins. Un extrait de l’Ancien Testament invite à entrer dans cette cour fermée : « Comt in mynen Hof, Myn suster Bruyt » (entre dans mon domaine, ma sœur promise).

GR 512 : Diest, béguinage

Le béguinage de Diest est l’un des treize béguinages flamands inscrits au patrimoine mondial de l’Unesco depuis 1998. Il a été fondé en 1253 par Arnold IV (seigneur de Diest) et supprimé en 1796 par le régime français. Comme dans d’autres villes, il a été construit sur des terrains bon marché, à l’extérieur du centre, en l’occurrence le terrain marécageux qui borde le Begijnenbeek. À l’origine, le béguinage se composait d’un méli-mélo de bâtiments et de maisons en pisé, regroupés autour de l’église et le long de quelques rues.

Au XVIe siècle, le père Nicolaas van Essche a fait démolir les vieilles maisons et les a reconstruites, en briques et grès, selon un schéma en damier autour de l'église Sainte-Catherine. Au XVIIe siècle, le béguinage connaît une forte croissance ; vers 1675, il y avait environ 400 béguines. La majorité des 90 maisons et couvents (cohabitation de plusieurs béguines pauvres) datent des XVIIe et XVIIIe siècles. Au cours du XIXe siècle, de plus en plus de particuliers sont venus vivre dans le béguinage, qui a complètement perdu son caractère spirituel. En 1926, les 2 dernières béguines ont quitté le site.

GR 512 : Diest, béguinage

L’église, caractéristique du XIVe siècle, a été érigée, avec des moyens relativement modestes, en grès ferrugineux typique. Une petite tour-lanterne surmonte l’église gothique. L’édifice est dédié à sainte Catherine, dont on implorait l’aide en cas de brûlures et de problèmes de peau.

GR 512 : Diest, église Ste-Catherine

À la sortie du béguinage, le tracé blanc et rouge grimpe dans le parc « De Warande ». Il fallait aux seigneurs de Diest, qui gouvernaient la ville et les alentours au Moyen Âge, un endroit stratégique pour installer leur citadelle ; leur choix s’est porté sur cette colline. Le grès ferrugineux nécessaire à la construction de l’édifice (dont les fondations sont encore visibles) a été extrait du flanc de la colline. Après la Révolution française, le domaine est passé aux mains de particuliers. Le dernier propriétaire, le docteur Henri Verstappen, l’a donné à la ville de Diest en 1939, en soulignant sa volonté de le voir ouvert à tous les habitants. Un théâtre en plein air a été installé dans l'ancienne carrière et un stade avec des courts de tennis a été construit. Les 4 statues au-dessus de la porte d'entrée monumentale proviennent de l'ancienne gare du Nord de Bruxelles, qui a été démolie en 1956.

GR 512 : Diest, parc De Warande

Par la Guido Gezellestraat, nous rejoignons la Grand Place (Grote Markt) où se trouve l’église Saint-Sulpice. En 1312, on décide de remplacer l’ancienne église romane par un édifice, plus grand, qui doit refléter la puissance croissante de Diest. Dans la mesure où le style gothique en est encore à ses balbutiements dans le Brabant à l’époque, des architectes français sont appelés à la rescousse ; de nombreux éléments de la structure rappellent d’ailleurs les cathédrales gothiques françaises. Tout au long de son processus de construction (de 1321 à 1534), 18 architectes ont été impliqués. Bien que la construction de l'église ait été achevée en 1534, sur le plan d'origine, 3 des 5 chapelles rayonnantes étaient toujours manquantes et seule la sous-structure de la tour était terminée.

GR 512 : Diest, église St-Sulpice

L’association du grès ferrugineux couleur rouille et de la pierre blanche française du clocher confère un cachet tout particulier à l’église. La longue bâtisse comprend, au niveau du transept, une tourelle baroque qui abrite le carillon. Ce dernier a été placé en 1671 et se compose actuellement de 47 cloches. À Lier, la tour-lanterne est surnommée la « poivrière » (peperbus), à Lokeren la « salière » (zoutvat) et à Diest le « pot à moutarde » (mosterdpot). C’est à cette tour que les habitants de Diest doivent leur surnom de « Mosterdschijters ». À l’intérieur de l’église, on peut notamment découvrir, dans le chœur, de belles stalles en bois du XVe siècle qui illustrent les sept péchés capitaux et quelques proverbes.

GR 512 : Diest, église St-Sulpice

En arpentant la ville, nous admirons plus particulièrement deux maisons : 't Dambord (photo de gauche) et De Roskam (photo de droite). 't Dambord est une belle maison d’angle en pisé et en bois datant des XVe et XVIe siècles. Le rez-de-chaussée est aujourd’hui en pierre. Les étages en saillie, typiques de l’époque, reposent sur des consoles profilées. Les croisées du bas sont en pierre naturelle, celles du haut en bois. À l’origine, ce bâtiment ne formait qu’un, mais au fil du temps, plusieurs maisons y ont été aménagées. Son nom 't Dambord fait référence à la représentation du damier intégrée au-dessus de la porte.

La maison d’angle De Roskam, datant de la fin du Moyen Âge, présente un rez-de-chaussée en brique, construit sur un socle de grès ferrugineux brun. Les étages supérieurs sont en bois recouvert d’argile, dans la pure tradition des constructions à colombages. Un splendide arc en plein cintre baroque en grès, qui date de 1708, surmonte la porte.

GR 512 : Diest, 't Dambord & De Roskam

Nous suivons une petite rue et grimpons ensuite, à travers un bois, vers la citadelle qui est le seul exemplaire en briques encore debout en Flandre. Elle fut bâtie entre 1845 et 1853 sur les hauteurs de l’Allerheiligenberg. La construction de la citadelle a marqué la fin de la transformation de Diest en ville fortifiée, après l’érection du fort, des remparts et des portes. L’ensemble de la construction avait une finalité purement militaire. Le complexe faisait office de fortification indépendante, capable de subsister en totale autonomie lors d’un siège, voire après la chute de la ville. Des tirs d’artillerie devaient, en outre, empêcher l’ennemi de quitter la ville pour avancer vers Louvain.

GR 512 : Diest, citadelle

La citadelle a une forme pentagonale (chaque côté mesure environ 190 m) et est entourée de douves asséchées. Au milieu, on trouve une vaste place ouverte d’où l’on accède aux fronts et aux bastions. La caserne disposait de différentes infrastructures destinées à assurer la subsistance des troupes : locaux de service, pièces de vie, dortoirs, remises pour les armes et la nourriture, pharmacie, cabinet médical, boulangerie et cuisine. La citadelle a rempli diverses fonctions militaires jusqu’il y a peu. Le premier bataillon de parachutistes y a eu ses quartiers jusqu’en 2011.

GR 512 : Diest, citadelle

Le GR 512 quitte la citadelle par un petit sentier forestier descendant vers un important carrefour routier. Là, nous prenons la Galgeveldstraat qui devient, après 900 mètres, un chemin de terre encaissé montant (de 24 à 56 mètres d’altitude) vers le plateau. C’est au milieu de ce tronçon que nous croisons les GR 5 et Streek-GR Hageland ; nous ferons parcours commun avec ces deux sentiers de grande randonnée durant un peu plus de 3 km. Le Streek-GR Hageland est une grande boucle de 158 km dans l'est du Brabant flamand qui évolue à travers champs, prairies, vergers et vignobles ; il permet de découvrir les villes de Louvain, Tirlemont, Zoutleeuw, Diest et Aarschot.

GR 512 entre Diest et Bekkevoort

Nous évoluons sur le plateau campagnard, tantôt sur des chemins de terre, tantôt sur de petites routes. Sur la droite, nous apercevons la tour de la basilique de Scherpenheuvel (Montaigu). De l’autre côté, nous devinons, dans le lointain, une statue du Sacré-Cœur ; celle-ci est dirigée vers Assent. Les habitants de ce village ont érigé cette imposante statue en guise de remerciement, car lors d'un lourd bombardement durant la Seconde Guerre mondiale, les bombes ne sont pas tombées sur Assent, mais dans les champs environnants.

GR 512 entre Diest et Bekkevoort GR 512 : Assent : Sacré-Cœur

Au niveau d’un bosquet, nous laissons partir les GR 5 et Streek-GR Hageland vers la droite et prenons, vers la gauche, un chemin montant légèrement vers un manège équestre. Nous poursuivons la randonnée, entre les champs, sur un chemin de terre rectiligne atteignant, après 1,5 km, l’E314. De l’autre côté de l’autoroute, nous quittons, après 300 mètres, le tracé blanc et rouge pour descendre vers la N2. C’est au bord de cette grand-route (700 m hors GR) que nous avons laissé la voiture, sur un parking, ce matin.

GR 5, GR 512 & Streek-GR Hageland

Tracé de l'étape