Les Randos de Fred & Paul

GRP 125 : Virelles → Nismes (27 km) - juin 2018

Il est environ 9 h 30 lorsque les deux minibus déposent notre groupe, d’une trentaine de randonneurs, à proximité de l’Aquascope de Virelles. Nous longeons brièvement la N939 et prenons un sentier, sur la droite, au milieu des prairies ; ce dernier permet d'éviter la grand-route, sur 400 mètres.

GRP 125 entre Virelles et Lompret

Dans un virage de la N939, le tracé jaune et rouge s’en va sur un agréable sentier le long de l’Eau Blanche. Pendant environ trois kilomètres, nous allons suivre ce cours d’eau qui doit son nom au sous-sol calcaire dans lequel il a creusé son lit ; celui-ci donnerait un aspect clair à l’eau.

L’Eau Blanche prend sa source dans l’étang de la Fourchinée qui marque la limite territoriale entre les communes de Chimay et de Momignies. La rivière arrose notamment Chimay, Lompret, Mariembourg et se mélange, après 42 km, à l'Eau Noire, entre Nismes et Dourbes, pour former le Viroin.

GRP 125 entre Virelles et Lompret, l'Eau Blanche

Au début de ce tronçon, nous passons sous un imposant viaduc construit, en 1856, pour permettre au chemin de fer de Chimay de franchir la vallée de l’Eau Blanche. Cette ligne, longue de 30 km, fut créée par le prince Joseph de Chimay afin de participer au développement économique de la région alors isolée.

La stature imposante de ce grand pont en fait un des édifices les plus remarquables de la région chimacienne avec ses 26,5 mètres de hauteur, ses 135 m de long et ses 8 arches. Le viaduc devait être miné durant les guerres 14-18 et 40-45, mais il a échappé de justesse à la destruction. La ligne a été reprise par la SNCB en 1948 ; son exploitation commerciale s’est arrêtée en 1964.

GRP 125 entre Virelles et Lompret, viaduc de Blaimont

Nous atteignons le village de Lompret où nous effectuons une petite pause. Le noyau villageois, qui comprend les vestiges du château et l’église, s’enracine sur un ourlet rocheux au cœur d’un étroit méandre de l’Eau Blanche. Du château proprement dit, seules quelques parties sont encore visibles aujourd'hui. Celles-ci sont réparties de part et d'autre de la rue qui constituait l'ancienne cour du château.

D'un côté, on retrouve d'anciens logis contigus qui ont été restaurés et transformés en hôtel et en habitations particulières. De l'autre côté, se dressent les ruines d'une ancienne grange flanquée à l'est des vestiges d'une tourelle du XVe siècle percée de meurtrières. Plus au nord, on aperçoit l'église paroissiale, dédiée à Saint-Nicolas, bâtie en 1879 sur l'emplacement de l'ancienne chapelle castrale.

À l’est, la falaise calcaire du Franc Bois veille sur le village depuis des temps lointains, comme en atteste la découverte de vestiges archéologiques datant du paléolithique. Ce site rappelle que Lompret prend racine en Calestienne. Cette étroite bande calcaire, située au sud de la dépression schisteuse de la Fagne - Famenne, assure la transition vers le plateau ardennais. Une ancienne fortification gauloise, puis romaine, a occupé le site escarpé dès l'Âge du fer.

GRP 125 : Lompret

Le GRP 125 passe à côté de la chapelle Notre-Dame du Perpétuel Secours et franchit ensuite l’Eau Blanche. Nous cheminons pendant près de deux kilomètres au milieu des bois ; un parcours sans réelle difficulté à l’exception d’une descente un peu glissante (heureusement, on peut se retenir aux arbres !). À la sortie de la forêt, nous progressons, entre champs et prairies, jusqu’à la N589.

GRP 125 entre Lompret et Dailly GRP 125 entre Lompret et Dailly

De l’autre côté de cette route, nous descendons (de 242 à 188 mètres d’altitude) sur un large chemin. Presqu’en bas, nous quittons, sans nous en apercevoir, la province de Hainaut et entrons dans celle de Namur. Après avoir franchi un petit ruisseau, le tracé jaune et rouge remonte à travers bois pour atteindre le point culminant de l’étape à 246 mètres d’altitude. Nous poursuivons ce parcours tantôt campagnard, tantôt forestier, descendant vers la N939 ; non loin du village d’Aublain.

GRP 125 entre Lompret et Dailly GRP 125 entre Lompret et Dailly GRP 125 entre Lompret et Dailly

Nous traversons la grand-route et montons un chemin de terre, un peu boueux, en lisière de forêt. Après une petite côte sur l’asphalte, nous empruntons un discret sentier et parvenons ensuite à l’entrée de Dailly. C’est dans ce village que nous effectuons la pause de midi à la terrasse du café « L’étrier » ; celui-ci est tenu depuis 42 ans par Mme Paquet.

Comme Aublain, village voisin, Dailly est une possession de l’abbaye de Lobbes en 869. En 887, le comte Erlebold fait don au chapitre de Chimay de l’église et de ses dépendances. L’église Saint-Quentin a été bâtie sur les ruines d’un château fort, détruit par les Français en 1452. Au XVIIe siècle, l’église a été restaurée et agrandie.

GRP 125 : Dailly, église Saint-Quentin

Nous quittons le village en empruntant un chemin de terre en lisière de forêt. Après 1,5 km, nous arrivons à un embranchement où démarre une variante de 18 km permettant de rejoindre Cerfontaine ; sans la présence d'un baliseur à mes côtés, je n'aurais pas remarqué ce parcours alternatif peu indiqué.

Des centaines de km de sentiers balisés couvrent la « Forêt du Pays de Chimay », parmi ceux-ci la Grande Traversée. Ce sentier GR de plus de 175 km est principalement constitué de tronçons des GR 12 et GRP 125. Le parcours est jalonné de neuf aires de bivouac (accessibles gratuitement et sans réservation) où l’on peut passer une nuit au cœur de la forêt. Nous passons à côté de l’aire de bivouac de Boussu-en-Fagne et continuons, pendant un kilomètre, sur un chemin forestier assez boueux.

GRP 125 entre Dailly et Petigny, aire de bivouac de Boussu-en-Fagne GRP 125 entre Dailly et Petigny

Le tracé jaune et rouge retrouve l’asphalte et descend sur celui-ci (de 231 à 175 mètres d’altitude). Au bas de la rue Longue Haie, nous franchissons la N5 ainsi que l’E420 qui permet de contourner la ville de Couvin. Sur les hauteurs, vers la gauche, nous voyons le Tienne du Lion (237 mètres d’altitude) vers lequel nous allons à présent grimper.

GRP 125 entre Dailly et Petigny

Le Tienne du Lion est un bel exemple de bioherme, c'est-à-dire un récif corallien fossilisé indiquant qu'à une époque reculée la région était recouverte par la mer. Actuellement, le site se présente comme une imposante colline calcaire dominant la vallée de l'Eau Blanche, entre les localités de Couvin et de Mariembourg. On y distingue une carrière ouverte à flanc de coteau, aujourd'hui abandonnée, et une vaste pelouse calcicole qui partage le plateau avec un bois de pins noirs. Cette pelouse calcicole abrite une flore caractéristique d'un ensoleillement intense sur affleurements rocheux.

Après avoir effectué une petite pause et admirer la vue sur Frasnes-lez-Couvin, nous traversons la forêt de pins et descendons en direction des grottes de Neptune. En chemin, nous découvrons une doline : une dépression de 15 mètres de profondeur due à l’érosion du calcaire dans cette zone karstique.

GRP 125 entre Dailly et Petigny, Tienne du Lion GRP 125 entre Dailly et Petigny, Tienne du Lion

Peu avant 16 h, nous atteignons l’entrée des grottes de Neptune. Découvertes dans les années 1890, celles-ci servent, depuis 1930, de site touristique. Les parties accessibles, tant à pied qu'en barque, concernent les 300 premiers mètres. Ces grottes se sont creusées dans un calcaire très ancien datant de 380 millions d’années. Auparavant, elles étaient appelées les grottes de l’Adugeoir (ou Adujoir).

Après avoir parcouru plusieurs kilomètres en Calestienne, la rivière l’Eau Noire se divise en une branche souterraine et une rivière à l’air libre. La partie souterraine se jette dans une grande ouverture, en l’occurrence l’adugeoir, et parcourt la grotte sur plusieurs centaines de mètres avant de disparaître dans un siphon (que personne n’a réussi à franchir à ce jour). La rivière ressort 40 à 48 heures plus tard, près de trois kilomètres plus loin à vol d'oiseau, à la résurgence du « Pont d’Avignon » à Nismes.

GRP 125 : grottes de Neptune

Le GRP 125 se dirige ensuite vers Petigny en prenant d’abord un étroit sentier, vallonné, au milieu d’un bois. Nous frôlons le village et nous nous engageons ensuite sur un sentier surplombant l’Eau noire.

Cette rivière prend sa source sur le plateau de Rocroi puis marque, pendant 12 km, la frontière entre la Belgique et la France. Le cours d'eau traverse Couvin avant de disparaître, en partie, dans les grottes de Neptune pour ressortir plus tard à Nismes. L'Eau Noire, une fois reformée, va rejoindre, après 42 km, l'Eau Blanche pour former le Viroin. Son étrange appellation est liée aux tons foncés des roches schisteuses qui forment son lit.

GRP 125 entre Petigny et Nismes

Alors que nous sommes à l’entrée de Nismes, le tracé jaune et rouge décide d’effectuer une dernière boucle d’1,5 km dans le bois du Mousty. Nous grimpons (de 177 à 223 mètres d’altitude) pour redescendre vers le village (158 mètres d’altitude). Ce parcours aurait pour but de nous faire découvrir : le Fondry Matricolo.

Ce site, situé au-dessus du trajet supposé de l'Eau Noire souterraine, présente une forme d'entonnoir de 100 mètres de diamètre en surface. Au XIXe siècle, on y exploitait le minerai de fer ; son appellation viendrait de Mathieu Colot, un ancien maître mineur. Le Fondry Matricolo est le plus grand fondry (gouffre naturel) de la région, mais il est moins spectaculaire et moins connu que le Fondry des Chiens (que nous découvrirons demain), car le fond de la dépression est maintenant recouvert d'un sol argileux rougeâtre et les versants sont couverts d'épicéas.

Il est environ 17 h 15 lorsque nous terminons cette longue étape, à proximité de l’église de Nismes. La journée se clôture à la terrasse d’un café, où nous dégustons, pour la plupart, une bière locale : la « Super des Fagnes ».

Plan du parcours