Les Randos de Fred & Paul

GR 126 : Ohain → Gentinnes (23 km) - avril 2017

10 h sonnent au clocher de l’église Saint-Etienne d'Ohain lorsque nous débutons cette étape. Depuis la place communale, le GR 126 emprunte la rue de l’église, mais tourne à gauche, un peu avant d’atteindre cette dernière, pour descendre le sentier du Bosquet. Nous croisons ici, une première fois, le tracé du GRP 127 avec qui nous cheminerons pendant 1,5 km.

GR 126 entre Ohain et Couture-Saint-Germain

Après avoir franchi le Smohain, nous suivons, à travers champs, le chemin du Bois des Pauvres et reprenons un peu de hauteur. Au sommet, nous suivons brièvement une petite route et prenons ensuite un sentier au milieu d'une terre cultivée. Nous croisons le chemin du Vieux Monument et, tandis que le GRP 127 continue tout droit, le GR 126 tourne, lui, à gauche.

GR 126 entre Ohain et Couture-Saint-Germain GR 126 entre Ohain et Couture-Saint-Germain, séparation du GRP 127

Par le sentier du Trou du Diable, nous descendons dans un vallon, puis nous nous faufilons dans des sentiers entre les haies. Le tracé blanc et rouge traverse la N21 et, après avoir franchi la Lasne, grimpe un raidillon pour arriver à la chapelle du Bon Dieu de Pitié. Nous effectuons une petite pause à côté de ce monument situé au centre de Couture-Saint-Germain.

Couture-Saint-Germain, chapelle du Bon Dieu de Pitié

L’histoire de la localité de Couture-Saint-Germain se confond avec celle de l’ancienne abbaye d’Aywières (à 1 km d’ici). Vers 1215, des moniales cisterciennes des Awirs (près de Liège) s’installent, à Couture, dans un domaine qu’elles baptisent Aywiers. Grâce aux miracles de sainte Lutgarde, décédée à cet endroit en 1246, l’abbaye acquiert une réputation internationale et se dote de bâtiments à diverses reprises.

Pillés en 1489-1490, l’église et les bâtiments conventuels sont restaurés entre 1545 et 1565. L’abbaye formait alors un des plus grands ensembles cisterciens des Pays-Bas espagnols. L'abbaye est à nouveau lourdement ravagée pendant les guerres de Religion et la communauté dissoute. Les religieuses réintègrent leurs bâtiments en 1593 et entament la remise en état des lieux. Une nouvelle abbatiale est construite et les autres bâtisses agrandies.

En 1796, l’abbaye est supprimée puis vendue comme bien national ; elle se dégrade tout au long du XIXe siècle. Aujourd’hui subsiste la demeure du régisseur (aussi appelée « château »), les écuries, la ferme, des bergeries, l’ancien moulin à eau, une remise à voitures et trois portes monumentales.

Ancienne abbaye d'Aywières

Nous passons à côté du cimetière de Couture-Saint-Germain et, par le sentier des Bruyères, nous cheminons dans le bois de Palanthe. Après 500 mètres, nous croisons un chemin pavé que nous suivons vers la gauche. Au sommet, à 138 mètres d’altitude, nous descendons par un sentier forestier pour rejoindre un chemin en lisière du bois de Couture-Saint-Germain.

GR 126 entre Couture-Saint-Germain et Bousval

Un peu plus loin, nous traversons la rue de Céroux et continuons en face sur un chemin gravillonné. Ce chemin de campagne, suivi sur un kilomètre, nous mène à l’orée du bois de Sart des Dames. Par un gauche-droite, nous nous engageons dans un chemin annoncé comme étant un « chemin public ». Ce dernier devient vite un étroit sentier descendant vers un ruisseau.

GR 126 entre Couture-Saint-Germain et Bousval

À la sortie du bois, nous franchissons, grâce à un tourniquet, une barrière basse et grimpons le long des prairies. Nous progressons sur le plateau champêtre où, peu à peu, le bruit de la N25 se fait entendre. Avant de passer sous cette voie rapide, nous découvrons la chapelle Saint-Donat. Celle-ci a été reconstruite, en 1990, à une centaine de mètres de l'ancienne chapelle, rasée cinq ans plus tôt à la suite de la construction de la N25.

On dit que saint Donat coupe les orages en deux, protégeant ainsi le village et les cultures de la foudre qui pourrait mettre le feu aux pailles. Cette chapelle constitue le troisième arrêt du Tour Saint-Barthélemy, le dernier dimanche d'août.

GR 126 entre Couture-Saint-Germain et Bousval GR 126 entre Couture-Saint-Germain et Bousval, chapelle Saint-Donat

Au-delà de la N25, c’est sur l’asphalte que nous descendons jusqu’à la N237, au centre de Bousval. Après avoir cherché quelque peu, nous trouvons, en face de l’église, un café qui accepte que nous y mangions nos tartines... une halte bien méritée après 12 km.

Après cette pause, nous quittons Bousval en franchissant, en même temps, le RAVeL 141 (Nivelles - Ottignies) et la Dyle. Cette rivière prend sa source sur le territoire de Houtain-le-Val. Dans sa partie wallonne, elle traverse les communes de Genappe, Court-Saint-Étienne, Ottignies-Louvain-la-Neuve, Wavre et enfin Grez-Doiceau. Elle poursuit son cours en région flamande, par Louvain et Malines, pour finalement se jeter, après 86 km, dans le Rupel.

De l’altitude de 80 mètres, à l’entrée du village de Bousval, la Dyle le quitte à 62 mètres d’altitude, après un parcours de 4 600 mètres. Cette dénivellation explique l’usage ancien de la force motrice de l’eau pour les filatures, la forge et le moulin à farine de Bousval.

Bousval, église Saint-Barthélemy

Au niveau de la chapelle Sainte-Barbe, après 200 mètres en commun, nous abandonnons le GR 121 pour monter à travers bois (de 89 à 128 mètres d’altitude). Au sommet, nous suivons un chemin de terre, au milieu de la campagne, en direction de la chapelle du Try-au-Chêne. À la limite entre Baisy-Thy et Bousval, cette belle chapelle se trouve perdue au milieu des champs, non loin du bois de la Tassenière.

Le sanctuaire a été érigé, en 1608, par le capitaine Thierry le Jeune, officier de l’archiduc Albert (gouverneur général des Pays-Bas espagnols), afin de remercier la Vierge de l’avoir protégé de la mort durant un combat. Une pierre conservant la dédicace du capitaine est située à droite de la porte. Un blason, surmonté d’un bas-relief orné d’une représentation de la Vierge et du fondateur de la chapelle, se trouve au-dessus de la porte. La Vierge du XVIIe siècle, qui ornait autrefois l’autel, est aujourd’hui conservée dans l’église Saint-Barthélemy de Bousval.

Un chêne se trouvait autrefois à côté de l’édifice et fut remplacé par un érable sycomore, malheureusement abattu par une tempête en 2010. Un jeune chêne a été replanté, à cet emplacement, le 21 mars 2012 à l’occasion du pèlerinage annuel de Notre-Dame du Try-au-Chêne. La chapelle tire son nom du mot wallon « try » qui désigne une pâture communale, une jachère ou une friche.

Bousval, chapelle du Try-au-Chêne

Un peu après la chapelle du Try-au-Chêne, le tracé blanc et rouge tourne à droite et rejoint la route reliant Baisy-Thy à Court-Saint-Étienne. Nous prenons ensuite un sentier descendant, entre deux clôtures, vers un petit ruisseau : le Ri d’Hé. De l’autre côté du cours d’eau, nous pénétrons dans le bois d’Hé où nous cheminons pendant 1,6 km. Vers 15 h 20, nous atteignons, après une forte descente (de 148 à 100 mètres d’altitude), la N275 que nous traversons prudemment.

GR 126 entre Bousval et Villers-la-Ville, Bois d'Hé

Le GR 126 traverse ensuite le site des ruines de l’abbaye de Villers-la-Ville. En 1146, le chevalier Gauthier de Marbais et sa mère invitent des moines de l’abbaye de Clairvaux (France) à fonder une nouvelle abbaye sur leurs terres. Dix-sept moines s’installent à Villers où ils disposent de matériaux de construction (carrière de pierres, forêt et rivière) pour construire une abbaye de style roman.

La même année, saint Bernard rend visite à la communauté et l’encourage. Un nouveau chantier débute en 1197. L’abbaye, devenue gothique, met ainsi 100 ans à se construire. À cette époque de grande richesse, les quelque 400 moines de la communauté possèdent près de 10 000 hectares de terres. De 1508, date de la première invasion, jusqu’à la fin du XVIIe siècle, les moines doivent quitter les lieux à neuf reprises pour des raisons d’insécurité. La brique est utilisée pour réaménager les bâtiments qui se sont dégradés pendant l’absence des moines.

Le XVIIIe siècle constitue le second âge d’or de l’abbaye. Les bâtiments médiévaux sont réaménagés en style néoclassique. Le palais abbatial et ses jardins sont construits. La Révolution française chasse les moines ; l’abbaye est saccagée, pillée en 1794, puis vendue à un marchand de matériaux qui la démonte pièce par pièce. La végétation et la pluie font le reste… l’abbaye tombe en ruine.

Ruines de l'abbaye de Villers-la-Ville

Les ruines majestueuses attirent les romantiques tout au long du XIXe siècle ; Victor Hugo, en visite à trois reprises à Villers, dessine les ruines de l’hôtellerie - brasserie. En 1854, la ligne de chemin de fer Ottignies - Charleroi est construite et amène les premiers touristes à l’abbaye. Comme les citoyens ne sont pas encore suffisamment sensibilisés au patrimoine, la ligne traversera les jardins du palais de l’Abbé.

En 1893, l'État, propriétaire des lieux, entame un grand chantier de restauration et de consolidation ; la nef de l’église est déblayée et les pierres de taille triées. Cent ans plus tard, l’abbaye est classée patrimoine exceptionnel de Wallonie. L’ensemble du domaine est conservé : ses 50 000 m² de murs préservés hors-sol et ses 5 000 m² de voûtes, romanes et gothiques, en font l’un des plus grands ensembles archéologiques de Belgique.

Aujourd’hui, après les religieux, les pauvres et les pèlerins, l’abbaye continue d’attirer une centaine de milliers de visiteurs par an en quête de dépaysement, de détente ou de spiritualité.

Ruines de l'abbaye de Villers-la-Ville

Nous nous éloignons du site en passant sous les arches du chemin de fer et sous la porte de Namur. Par une route pavée, nous montons vers la chapelle Notre-Dame des Affligés. Juste avant celle-ci, nous prenons, à gauche, un chemin de terre montant dans le bois de l’Ermitage Saint-Jean-Baptiste. Au sommet (148 mètres d’altitude), nous virons à gauche et descendons le long d’un ruisseau.

Ruines de l'abbaye de Villers-la-Ville, porte de Namur

300 mètres plus loin, le tracé blanc et rouge fait pratiquement demi-tour pour franchir, à gué, le ruisseau et remonter sur l’autre rive. Il fait de plus en plus chaud et nous sommes heureux de trouver un banc pour pouvoir nous reposer quelques instants. À un carrefour à cinq branches, nous laissons partir, vers la gauche, le GRP 127 ; celui-ci nous accompagnait depuis le site des ruines de l’abbaye de Villers-la-Ville, soit 3 km.

GR 126 entre Villers-la-Ville et Gentinnes GR 126 entre Villers-la-Ville et Gentinnes, séparation du GRP 127

Nous quittons la forêt et entamons le dernier tronçon de l’étape, à travers la campagne. Ce parcours, qui nous semblera bien long, emprunte d’abord un chemin herbeux rectiligne entre deux terres cultivées. Nous progressons ensuite sur un chemin de remembrement non loin d’un terrain d’aéromodélisme. Le GR 126 tourne, à gauche, dans un chemin de terre, qui serait l’ancienne voie du tram à vapeur (Mellery - Gentinnes), avant de retrouver le béton.

GR 126 entre Villers-la-Ville et Gentinnes GR 126 entre Villers-la-Ville et Gentinnes

Vers 17 h, nous arrivons au mémorial Kongolo, à Gentinnes, où se termine cette étape. Le château de Gentinnes est cité depuis la fin du XVe siècle, bien que son bâtiment actuel date du milieu du XVIIIe siècle. En 1904, les frères de la congrégation du Saint-Esprit y installent un noviciat pour les futurs missionnaires et, pendant quelques décennies, un collège d’enseignement secondaire.

Baptisé du nom de mémorial Kongolo, le château abrite aujourd’hui un centre d’animation spirituelle et a subdivisé une de ses ailes en appartements et en salles d’accueil pour banquets et séminaires. Depuis 1966, une chapelle commémorant le souvenir des vingt premiers missionnaires assassinés au Congo, au lendemain de son indépendance, se dresse sur le site. La liste des martyrs s’est considérablement allongée depuis lors et plus de 200 noms y figurent désormais.

Gentinnes, mémorial Kongolo

Plan du parcours

➔ Jonction avec d'autres GR

  • Le GRP 127 : Tour du Brabant wallon. Au départ de Wavre, ce sentier de grande randonnée effectue une grande boucle de 266 km à travers la plus petite des provinces wallonnes. Il passe notamment par Waterloo, Rebecq, Nivelles, Villers-la-ville, Perwez, Hélécine, Jodoigne et Grez-Doiceau.

  • Le GR 121 : De Liège à la Côte d’Opale. Depuis Liège, ce sentier de grande randonnée se dirige vers le château de Jehay et la vallée du Geer pour atteindre Jodoigne. Au-delà de Wavre, il traverse la forêt de Soignes et le centre de Bruxelles avant de passer par Beersel et Ittre. Via Braine-le-Comte, le château de Beloeil et Bernissart, le GR 121 quitte la Belgique. Il évolue ensuite dans les Hauts-de-France jusqu’à la Côte d’Opale.