Les Randos de Fred & Paul

GR 126 : Gentinnes → Moustier-sur-Sambre (21 km) - mai 2017

Nous commençons cette étape, vers 10 h, sous un ciel nuageux. Par un chemin pavé, nous contournons les bâtiments du mémorial Kongolo avant de traverser un petit bois. À l’orée, c’est sur l’asphalte que nous continuons pendant 800 mètres.

GR 126 entre Gentinnes et Bothey

À la limite des provinces du Brabant wallon et de Namur, le macadam devient un chemin de terre. Un peu plus loin, à proximité d’une ferme, nous atteignons un croisement où nous prenons, à gauche, un chemin herbeux. À ce carrefour, nous découvrons une belle chapelle dédiée à Notre-Dame de Lourdes (photo de gauche, plus bas).

GR 126 entre Gentinnes et Bothey

Au début de ce tronçon campagnard, nous apercevons des éoliennes que nous atteindrons dans 3 km. Après un kilomètre, presque rectiligne, nous tournons à droite et revenons brièvement dans le Brabant wallon. Le tracé blanc et rouge longe le château de Saint-Géry construit, en 1833, par le chevalier Adolphe Clément de Cléty de Witterzée et de Foriest, dans un style néoclassique. Le long du chemin de terre qui borde la propriété, bien cachée par la végétation, un calvaire a été érigé, en 1865, par les soins et aux frais de ce chevalier.

GR 126 entre Gentinnes et Bothey GR 126 entre Gentinnes et Bothey : chapelle et calvaire Clément de Clety

À nouveau, et définitivement, dans la province de Namur, nous poursuivons notre périple en passant à côté d’une maison de repos. C’est sur l’asphalte que nous traversons Ardenelle (hameau de la commune de Sombreffe) ainsi que la chaussée Brunehaut. Après la conquête romaine, la création d’un réseau de chaussées a permis d’assurer la maitrise de la Gaule.

Venus du sud, deux grands axes ont atteint respectivement Boulogne-sur-Mer, port maritime vers l’Angleterre, et Cologne, frontière des royaumes germaniques. Une troisième grande voie, est - ouest, relia ces deux points et assura une liaison entre la mer et le Rhin. Comme presque toutes les routes romaines du nord de la Gaule, elle fut mise en chantier sous la direction du général romain Agrippa.

Depuis Bavay, la route tire en ligne droite jusqu’à Gembloux ; entre Gembloux et Braives, elle s’incurve sensiblement puis redevient rectiligne jusqu'à Tongres, avant de filer vers Maastricht pour enfin rejoindre Cologne. Dans la Belgique contemporaine, son itinéraire correspond précisément à la ligne de crête qui partage les bassins de l’Escaut et de la Meuse.

Pour l’homme médiéval, héritier de multiples créations romaines - parmi lesquelles figurent les routes -, il était impossible d’imaginer que celles-ci aient été faites de main d’homme, tellement ces constructions lui paraissaient extraordinaires. Aussi, seule une action « magique » pouvait expliquer leur origine. Rapidement, dans l’imagination populaire, Brunehaut va incarner cet individu surhumain à qui seront attribuées bien des réalisations qui semblaient inexplicables. C’est ainsi que la reine mérovingienne serait intervenue dans la construction ou la réfection de bon nombre de routes qui portent désormais son nom.

Nous effectuons une petite pause au pied d’un marronnier avant de suivre un chemin caillouteux, au milieu des terres cultivées. Nous passons au pied des trois éoliennes que nous avions aperçues en début d’étape. Un peu après, le tracé blanc et rouge franchit le pont des « Spèches » au-dessus de la tranchée de l’ancienne ligne de chemin de fer Gembloux - Fleurus, devenue RAVeL. Sur le parapet du pont, le baliseur nous confirme que le GR 126 vient de Bruxelles et se dirige vers Namur...

GR 126 entre Gentinnes et Bothey

Nous traversons prudemment la N29 et poursuivons, en face, par la rue de la Ronce jusqu’au village de Bothey. Environ 1 km hors GR, on peut découvrir le château de Corroy-le-Château. Entre 1265 et 1280, le comte de Vianden fit édifier, au milieu des marais qui bordaient le comté de Namur, une énorme forteresse destinée à protéger le sud du duché de Brabant.

La construction reprend le plan du Louvre, palais fortifié du roi de France Philippe Auguste. C’est un pentagone dominé par un châtelet d’entrée que flanquent deux tours de garde et qui est protégé par des murs de pierre de quatre mètres d’épaisseur. Quatre autres tours en bordent les angles, tandis qu’une chapelle majestueuse, vouée à Notre-Dame, forme le nœud de la fortification.

Un grand donjon de pierre, détruit entre 1718 et 1743, se dressait dans la cour. À cette époque, Joseph-Ignace de Nassau, premier comte de Corroy, modifia la cour intérieure pour faire entrer plus de lumière et de confort dans les appartements du Moyen Âge. Quelques éléments furent apportés aux XIXe et XXe siècles, donnant à cette forteresse austère des salons et des cages d’escalier magnifiquement décorés et meublés. Le château est toujours occupé par Olivier, quinzième marquis de Trazegnies.

Château de Corroy-le-Château

Après la pause de midi, dans Bothey, nous parcourons un tronçon asphalté d’1,2 km ; dans le lointain, nous devinons la vallée industrielle de la Sambre. Le tracé blanc et rouge tourne à droite et longe un petit bois privé avant de suivre un agréable chemin gravillonné dans la campagne.

GR 126 entre Bothey et Balâtre GR 126 entre Bothey et Balâtre

Nous nous dirigeons vers le village de Saint-Martin en contournant le donjon de Villeret. Celui-ci a été construit au cours du XIIIe siècle en calcaire, grès et dolomie de couleur gris-violacé. Il tient son nom de la terre namuroise sur laquelle ses propriétaires (la famille de Hobereaux) se sont installés, les « Villeret ».

Selon les sondages archéologiques, la haute tour devait avoir une hauteur de 13 mètres et un plan rectangulaire de 12,20 m sur 8,90 m. Elle comportait trois niveaux et a été adjointe d’une cave au début des Temps Modernes. Le donjon de Villeret se démarque des autres maisons fortes de Wallonie par l’importance exceptionnelle accordée à la lumière et au confort. Il est l’exemple le mieux conservé d’un habitat seigneurial médiéval en Wallonie.

Saint-Martin, donjon de Villeret

Nous entrons dans Saint-Martin où nous abordons la première côte de la journée (de 121 à 131 mètres d’altitude). Le GR 126 emprunte un sentier herbeux puis une étroite ruelle pavée menant au village de Balâtre. Juste après le cimetière, nous tournons à gauche et franchissons, un peu plus loin, le pont au-dessus de l’E42.

GR 126 entre Bothey et Balâtre

Après l’autoroute, nous suivons, pendant 1,5 km, un chemin de terre, quasi rectiligne, au milieu des champs. À la fin de ce chemin, le balisage nous fait hésiter sur la direction à suivre, mais grâce au topo-guide, nous trouvons la bonne piste. Nous longeons le bois de Floreffe et croisons la N912. Par la rue du Faux, nous accédons à une placette où nous découvrons un beau hêtre. Nous prenons un sentier discret, entre une haie et un muret, avant d’effectuer une dernière pause boisson.

GR 126 entre Balâtre et Moustier-sur-Sambre

Nous empruntons le chemin des Pelziats et tournons, 100 mètres plus loin, à droite pour dévaler toute la colline (de 141 à 95 mètres d’altitude). Cette descente s’effectue d’abord sur un chemin de terre puis, à l’approche de la N930, sur l’asphalte. De l’autre côté de la grand-route, nous nous dirigeons vers l’ancien moulin de Goyet, établi sur l’Orneau.

GR 126 entre Balâtre et Moustier-sur-Sambre

L'Orneau prend sa source près du village de Meux et arrose les localités de Grand-Leez, Gembloux, Mazy et Onoz. Après un parcours de 25 kilomètres, la rivière se jette dans la Sambre à Jemeppe-sur-Sambre. Entre Onoz et Jemeppe-sur-Sambre, le cours d’eau creusa des grottes, dont la grotte de Spy où furent découverts des fossiles néandertaliens.

L’Homme de Spy est un Homme de Néandertal qui doit sa renommée aux circonstances de sa découverte. En 1886, pour la première fois, les archéologues disposent de preuves suffisantes pour faire admettre l’existence, et l’ancienneté, d’êtres humains différents des Hommes anatomiquement modernes.

Entre 2004 et 2008, l’Homme de Spy est au centre d’un ambitieux programme de recherche pluridisciplinaire mené par l’Institut Royal des Sciences Naturelles de Belgique ; les ossements découverts en 1886 sont réattribués : il s’agit en réalité de deux adultes et d’un enfant de moins de 2 ans ayant vécu, il y a environ 36 000 ans.

GR 126 entre Balâtre et Moustier-sur-Sambre, l'Orneau Grotte de Spy

Après avoir franchi l’Orneau, nous montons dans le bois des Golettes ; en un kilomètre, nous passons de 95 à 175 mètres d’altitude. À l’orée du bois, nous prenons, sur la droite, un chemin de terre nous menant vers une cité. La fin du parcours, jusqu’à Moustier-sur-Sambre, ne présente pas un grand intérêt et se révèle même assez dangereuse puisque nous devons marcher sur une route à forte circulation. Afin de récupérer la voiture se trouvant au centre du village, nous devons marcher 500 mètres hors GR.

GR 126 entre Balâtre et Moustier-sur-Sambre, bois des Golettes

Plan du parcours