Les Randos de Fred & Paul

GR 126 : Falmignoul → Houyet (19 km) - avril 2017

Il est un peu plus de 9 h lorsque nous quittons le village de Falmignoul. Afin de rejoindre le GR 126, au niveau de la N95, nous devons d’abord marcher 600 mètres. Ce tronçon s’effectue sur des sentiers le long du ruisseau de Falmagne. Ce cours d’eau, qui prend sa source près de Mesnil-Saint-Blaise, arrose les villages de Falmagne et Falmignoul avant de se jeter dans la Meuse.

De retour sur le tracé blanc et rouge, nous suivons brièvement la grand-route avant de tourner, à gauche, dans la rue du Bois de Baileu. Nous progressons sur cette petite route, en légère montée (de 188 à 221 mètres d’altitude), jusqu’à un croisement de chemins de remembrement. Nous continuons, tout droit, sur un chemin caillouteux descendant doucement vers la vallée de la Lesse. Ce parcours, d’environ 2 km, se déroule d’abord entre champs et prairies, puis à travers le bois de Baileu.

GR 126 entre Falmignoul et Furfooz

Nous franchissons le pont sur la ligne de chemin de fer (Dinant - Bertrix) ; ligne SNCB que nous côtoierons jusqu’à la fin de l'étape. Un peu plus loin, nous découvrons, situé sur un éperon rocheux de plus de 50 mètres de hauteur, le château de Walzin.

Ce bel édifice, dont la construction remonte au XIIe siècle, a été bâti pour défendre la vallée inférieure de la Lesse. Autant dire qu'il fut, pendant des siècles, l’objet de toutes les convoitises, d’autant plus qu’il a vite été transformé en poste de protection avancée de la ville de Dinant. Détruit, saccagé, l'édifice a été, au fil des ans, restauré et reconstruit.

Mis à mal par les révolutionnaires français, le château a été en grande partie restauré dans les années 1930. Le parti pris fut alors de le reconstruire selon une architecture traditionnelle, ce qui fait qu’aujourd’hui, il n’a plus grand-chose à voir avec les constructions médiévales. Le château, un des plus grands de Belgique, est actuellement la propriété du comte et de la comtesse Alexis de Limburg Stirum.

Château de Walzin

Le GR 126 atteint ici le point le plus bas de l’étape (109 mètres d’altitude) ; il contourne une prairie et rejoint la Lesse au pont du chemin de fer. Nous gagnons l’autre rive par la passerelle aménagée sur le pont ferroviaire. Nous passons sous le pont et nous nous éloignons de la vallée en grimpant un sentier rocailleux, dans le bois.

Mise à jour, décembre 2020 : le parcours a été modifié et progresse désormais au bord de la Lesse. L'ancien itinéraire, passant par le village de Furfooz, est devenu une variante en cas de crue de la rivière.

GR 126 entre Falmignoul et Furfooz GR 126 entre Falmignoul et Furfooz

Au sommet de cette longue côte d’1,5 km, nous profitons d’un banc pour effectuer une pause et surtout admirer le panorama du haut des « Aiguilles de Chaleux » (205 mètres d’altitude). Il s'agit d’une formation lithologique constituée de roches carbonatées déposées au fond de la mer, il y a plus de 325 millions d'années. Par la suite, entre 295 et 250 millions d'années, ces roches ont été plissées au cours de la formation du synclinal (couches plissées avec une concavité vers le haut).

Les Aiguilles de Chaleux sont bien individualisées parce qu'elles correspondent à des paquets de bancs plus résistants séparés par des couches sensiblement moins résistantes, ou plus fracturées, et donc plus facilement érodables. Les pionniers de l'alpinisme n'ont pas manqué de visiter le site dès 1929.

Aiguilles de Chaleux Aiguilles de Chaleux

Les Aiguilles de Chaleux, vue depuis la vallée

Nous poursuivons, au milieu des champs, vers le village de Furfooz. Le site est une station préhistorique extrêmement importante, constituée de plusieurs grottes et excavations en bordure de la Lesse qui ont livré des vestiges paléolithiques, magdaléniens et néolithiques consistant en ossements (humains et animaux), armes et outils. Plus tard, sur ces mêmes plateaux et plus particulièrement sur le promontoire, les occupants militaires y dressèrent une forteresse.

Plusieurs fouilles attestent de l'importance considérable de ce site archéologique habité du Bas-Empire (IIe siècle) jusqu'à l'époque médiévale. De la fin du XIIe siècle jusqu'à la Révolution, Furfooz est une simple dépendance de la seigneurie de Celles, important domaine féodal appartenant à la principauté de Liège.

Le tracé blanc et rouge passe devant l’église Saint-Pierre et descend rejoindre la Lesse en empruntant la rue du Camp Romain. Le parcours progresse dans le parc naturel de Furfooz, un domaine de 65 hectares, géré par l’association « Ardenne et Gaume ». Nous découvrons le Trou Reuviau, puis un peu plus bas, le Puits des Vaux. Ce dernier est aussi appelé le Trou Collard, en souvenir d’un habitant du pays qui, au siècle dernier, y fut victime d’un accident mortel. De la terrasse, qui le domine, jusqu’au fond du gouffre, la dénivellation est de 30 mètres.

Parc naturel de Furfooz Parc naturel de Furfooz, trou Reuviau

De retour dans la plaine (130 mètres d’altitude), nous passons à côté de la buvette du parc. Ce site est souvent pris d’assaut l’été par les nombreux touristes effectuant la descente de la Lesse en kayak. Le sentier continue sur la berge, au pied des rochers où se cachent d’autres cavernes : Trou du Frontal et Trou de la mâchoire.

Parc naturel de Furfooz, trou du Frontal

Nous quittons le parc naturel de Fufooz et atteignons, par un chemin herbeux, la gare de Gendron-Celles. Comme il ne fait pas très chaud et que nous n’avons pas trop envie de manger dehors, nous tentons notre chance à l’Auberge de la Lesse. Le patron de cet hôtel-restaurant accepte que nous y mangions nos tartines, avec une bonne assiette de soupe maison.

Le reste du parcours (8,5 km) va s’effectuer le long de la Lesse. Nous nous engageons sur le sentier passant le long du talus du chemin de fer, puis entre celui-ci et la rivière. Le tracé blanc et rouge s’élève près de l’entrée d’un tunnel ferroviaire et redescend au bord de l’eau, par un escalier. La Lesse, et donc le sentier de grande randonnée, décrit ensuite un grand méandre contournant le promontoire du Chéreau.

GR 126 entre Gendron-Celles et Houyet GR 126 entre Gendron-Celles et Houyet GR 126 entre Gendron-Celles et Houyet

La Lesse prend sa source près d’Ochamps (commune de Libin) et serpente sur une distance de 84 km vers le nord. La rivière traverse plusieurs villages avant d’atteindre le gouffre de Belvaux, sur les hauteurs de Han-sur-Lesse, et de réapparaître à la sortie des grottes. Elle passe ensuite par Lessive, Villers-sur-Lesse et Houyet avant de terminer sa course à Anseremme, où elle se jette dans la Meuse.

Un escarpement rocheux est surmonté et redescendu par une volée d’escalier, puis nous rejoignons le chemin de fer et continuons le long de la rivière. Plus loin, nous passons sous un pont ferroviaire et, juste après, le parcours s’élève à nouveau. Nous continuons sur le sentier en corniche et descendons tantôt par des escaliers, tantôt par des échelles métalliques.

GR 126 entre Gendron-Celles et Houyet GR 126 entre Gendron-Celles et Houyet

Nous retrouvons un « bon » chemin suivi, sur environ un kilomètre, jusqu’au confluent de la Lesse et de l’Iwoigne. Ce ruisseau prend sa source à Chevetogne et arrose Custinne avant de rejoindre la Lesse.

Un peu plus loin, au niveau de la ligne de chemin de fer, nous découvrons une étrange construction à l’abandon. En 1874, Léopold II fait bâtir le château Royal d'Ardenne, dans le magnifique parc du Domaine d'Ardenne, à quelques kilomètres du château de Ciergnon. Le roi fit de ce château un hôtel de grand luxe pour attirer les têtes couronnées et les plus grosses fortunes du monde. Il voulait que la Belgique, Houyet en particulier, soit le centre touristique de l'Europe !

En 1896, après la construction de la ligne de chemin de fer entre Gendron-Celles et Houyet, Léopold II fait construire la « Halte Royale d'Ardenne ». La principale fonction de cette gare était d'accueillir les membres du gotha européen et autres éminents visiteurs jusqu’au château. L’hôte des lieux, qui ne laisse rien au hasard, fait alors bâtir en bordure de rails, une muraille ronde surmontée d’une tourelle crénelée dont le rôle est d’indiquer le chemin, à travers les bois, vers le château.

Ce grand palace européen vécut une épopée fabuleuse entre 1899 et 1949, d'abord sous la houlette de la Compagnie des Wagons-Lits jusqu'en 1911, puis sous la houlette de la famille Marquet de 1922 à 1949. Meurtri par les deux guerres, le château Royal d'Ardenne ferma définitivement ses portes en 1950. Il fut alors abandonné et périt dans les flammes en août 1968 avant d'être démoli et rasé en 1970. La « gare », n’ayant plus de raison d’être, cessa son activité en 1919, mais est toujours intacte.

Houyet : halte royale d'Ardenne

En suivant la Lesse, nous atteignons la N929, à l’entrée de Houyet. Nous suivons la grand-route, sur une centaine de mètres, jusqu’à la gare où nous terminons, peu après 16 h, cette belle étape.

GR 126 entre Gendron-Celles et Houyet

Plan du parcours

➔ Jonction avec d'autres GR

  • Le GR 129 : La Belgique en diagonale relie, en 575 km, Bruges à Arlon. Ce sentier de grande randonnée passe notamment par Audenarde, Ath, Mons, Thuin, Gerpinnes, Maredsous, Dinant, Lavaux-Sainte-Anne, Maissin, Florenville, Virton et Messancy.

  • Le GR 17 : La Lesse et la Lomme par les GR. Au départ de Libramont, ce sentier de grande randonnée se divise en deux branches : une qui suit le cours de la Lesse (105 km) jusqu’à sa confluence avec la Meuse à Anseremme ; elle passe notamment par Lesse, Daverdisse, Han-sur-Lesse et Houyet. L’autre évolue le long de la Lomme (60 km) qui, via Poix-Saint-Hubert, Mirwart et Rochefort rejoint la Lesse à Éprave.

  • Le GRP 577 : Tour de la Famenne permet, au départ de Marche-en-Famenne, d'effectuer une grande boucle de 200 km à travers l’Unesco Geopark Famenne-Ardenne. Ce sentier de grande randonnée passe notamment par Rochefort, Han-sur-Lesse, Beauraing, Houyet, Durbuy et Hotton.