Les Randos de Fred & Paul

GRP 127 : Jodoigne → Tourinnes-la-Grosse (21 km) - février 2020

Il est 9 h 15 lorsque nous quittons la Grand-Place de Jodoigne en prenant un petit sentier (l’impasse de la Gadale) qui se termine par une volée d’escalier longeant l’enceinte du château Pastur. Ce raidillon fut jadis le lieu où aurait résidé une femme que l’on disait sorcière. Par extension, le qualificatif qui la désignait a fini par s’appliquer à tout un petit quartier, désormais dit « la Gadale ».

Après avoir traversé la Grande Gette, nous nous dirigeons vers la place Saint-Lambert. Celle-ci constitue le cœur du quartier Saint-Lambert qui concentrait nombre d’ateliers d’artisans et de commerces. Cette place, bordée de belles demeures bourgeoises des XVIIIe et XIXe siècles, accueillait jadis un marché hebdomadaire aux cochons. Nous quittons Jodoigne en empruntant la rue de l’Abattoir.

GRP 127 : Jodoigne, place Saint-Lambert

Par un sentier, nous montons rejoindre une route pavée suivie sur 500 mètres. Nous descendons un chemin pavé et passons à côté de la ferme de Chebais, millésimée 1656, qui s’implante remarquablement dans le paysage. Le mur et la voûte du portail mettent en œuvre la pierre de Gobertange. Extraite à Gobertange et dans les villages limitrophes de Mélin, Lathuy et Saint-Remy-Geest, cette pierre était abondamment mise en œuvre dans l’architecture locale.

GRP 127 entre Jodoigne et Mélin GRP 127 entre Jodoigne et Mélin, ferme de Chebais

Très prisé pour sa blancheur lumineuse, ce grès calcaire de l’ère tertiaire est une pierre dure à travailler. Les XVIIIe et XIXe siècles constituent une période faste pour la pierre de Gobertange que l’on retrouve dans les nombreux bâtiments publics, les demeures bourgeoises ou encore les églises édifiés à cette époque.

À partir de 1870, à cause de la forte concurrence des pierres blanches françaises, l’activité d’extraction décline. Aujourd’hui, seule une carrière subsiste, à Hussompont, et la pierre qu’on y extrait est principalement destinée à la restauration de bâtiments anciens.

Après la ferme de Chebais, nous quittons les pavés pour suivre un chemin de terre qui monte (de 78 à 102 mètres d’altitude) entre les terres cultivées. Au sommet, le tracé jaune et rouge rejoint une petite route qu’il emprunte pendant un kilomètre. À un carrefour de cinq voies, nous optons pour celle de gauche qui passe à côté d’une ferme et devient ensuite un chemin de terre descendant vers Mélin.

GRP 127 entre Jodoigne et Mélin GRP 127 entre Jodoigne et Mélin

À l’entrée du village, nous admirons la ferme de la Hesserée et plus particulièrement son monumental donjon-porche remontant au XVe siècle. Par la rue de la Hesserée, nous atteignons le centre de Mélin, qui est répertorié comme l’un des « Plus beaux villages de Wallonie ».

GRP 127 : Mélin, ferme de la Hesserée

Nous effectuons une petite pause boisson au pied de l’église Notre-Dame de la Visitation ; malheureusement fermée. L’ancien édifice qui s’élevait ici était considéré, selon certaines traditions, comme une des plus belles églises des environs. En 1543, le seigneur du village, converti au protestantisme, incendia l’édifice et brûla les registres de la cure.

En 1648, les abbayes de la Ramée et de Florival financèrent, de concert avec la fabrique d'église locale, la réparation de la toiture. L’église actuelle, de style néoclassique, a été érigée, en 1780, pour remplacer l’ancien édifice devenu vétuste. Dominant tout le village (107 mètres d’altitude), l’église possède une tour carrée qui a été restaurée en pierre de Gobertange, en 1839, suite au tremblement de terre de 1828.

GRP 127 : Mélin, église Notre-Dame de la Visitation

Sur la place triangulaire de Mélin, nous découvrons l’ancienne ferme Fortemps. Cette autre imposante ferme en quadrilatère est construite en brique et en pierre de Gobertange. Implanté perpendiculairement à la voirie, le corps de logis du XVIIe siècle propose un intéressant pignon à gradins. Nous quittons le village par la rue de la Maison du Bois et longeons l’ancienne ferme Blondeau, datant de 1734.

GRP 127 : Mélin, ferme Fortemps

Nous empruntons un chemin de terre et admirons, avant de tourner vers la droite, la chapelle du Baty.

GRP 127 entre Mélin et Beauvechain GRP 127 entre Mélin et Beauvechain, chapelle du Baty

Au-delà du hameau de Maison-du-Bois, nous progressons, pendant 1,8 km, sur des chemins de terre, parfois boueux, au milieu des champs. À la fin de ce tronçon sur le plateau campagnard, bien ventilé, nous traversons le bois d’En Haut (la seule partie forestière de cette étape).

GRP 127 entre Mélin et Beauvechain

Un beau chemin pavé nous mène à la ferme de Wahenges, classée patrimoine exceptionnel de Wallonie. Citée dès 1149 comme propriété de l’abbaye d’Averbode (elle le restera jusqu’à la Révolution française), cette ferme a été reconstruite par phases entre 1718 et 1784. Ses volumes parfaitement homogènes mêlent la brique blanchie et la pierre de Gobertange. La grange monumentale (3 500 m³) comprend trois nefs et huit travées.

Cette ferme illustre remarquablement les fameuses censes, typiques de la Hesbaye brabançonne. Celles-ci sont souvent de grosses fermes d’origine médiévale (ancienne propriété seigneuriale ou sous la tutelle d’une abbaye) modernisées au XVIIIe siècle lors du renouveau économique. Les censes sont le plus souvent agencées en forme de quadrilatère : les distances entre les bâtiments (corps de logis, grange, écuries,…) sont ainsi limitées et la supervision des activités optimisée.

GRP 127 entre Mélin et Beauvechain, ferme de Wahenges

Dans le pré en face de la ferme, se dressent les pagodes postindustrielles de Julos Beaucarne. Installé à Tourinnes-la-Grosse (nous passerons devant sa maison en fin d’étape), Julos Beaucarne est un artiste aux multiples talents qui alterne les modes d’expression pour célébrer l’homme, l’univers, son terroir... C’est en 1999 qu’il a investi le site de Wahenges pour créer cette « œuvre d’art » composée d’anciens tourets industriels.

GRP 127 entre Mélin et Beauvechain, pagodes de Julos Beaucarne

Le tracé jaune et rouge se poursuit, en direction de Sclimpré, par un chemin de terre. À l’entrée de ce hameau, nous prenons, sur la gauche, une route de remembrement menant, 900 mètres plus loin, à un carrefour de cinq voies. Nous continuons, en face, sur un chemin de terre, très boueux par endroits ; après 1,3 km, nous arrivons à Beauvechain.

GRP 127 entre Mélin et Beauvechain

Pour atteindre le centre de la localité, il nous faudra encore arpenter, pendant deux kilomètres, les rues du village et passer devant quelques belles fermes dont la ferme de la Grande Grayette datant de 1734.

GRP 127 : Beauvechain, ferme de la Grande Grayette

La place de Beauvechain forme un ensemble architectural remarquable ponctué, depuis 2017, par l’ancien pilori du village de Hamme, qui date du XVIIe siècle. La maison communale, construite en 1852 par l’architecte Emile Coulon, était à l’origine un bâtiment scolaire.

GRP 127 : Beauvechain, place communale

La position stratégique du site, surélevé et situé dans une boucle de la rivière (la Nethen), décida de l’implantation d’une première église dès le XIe siècle. Reconstruite entre 1854 et 1860, l’église Saint-Sulpice est de style néogothique. La tour octogonale abrite une cloche fondue à Gand en 1410 qui compte parmi les plus anciennes du pays. L’église possède des fonts baptismaux datant de la seconde moitié du XIIe siècle, mais l’édifice étant fermé, nous ne les verrons pas.

GRP 127 : Beauvechain, église Saint-Sulpice

C’est au café « La Renaissance » que nous effectuons la pause casse-croûte après avoir déjà parcouru 14 km. Les sept kilomètres de l’après-midi nous mènent d’abord, à travers la campagne, vers la chapelle du Rond-Chêne. Ce tronçon, qui s’effectue tantôt sur les pavés, tantôt sur les chemins de terre, est peu balisé par manque de support. Un petit panneau de bois, en début de parcours, nous indique, avec un dessin, le trajet à suivre ; le même cas se représentera à la chapelle.

GRP 127 entre Beauvechain et Tourinnes-la-Grosse GRP 127 entre Beauvechain et Tourinnes-la-Grosse

Citée dès 1356, la chapelle du Rond-Chêne a été bâtie à l’emplacement d’une ladrerie (établissement hospitalier pour lépreux), raison pour laquelle elle est située à l’écart du village. Aussi appelée Notre-Dame du Culot, elle est devenue un lieu de pèlerinage à la Vierge très visité. Le sanctuaire actuel, construit en pierre de Gobertange, est millésimé 1768 au-dessus de l’entrée.

GRP 127 entre Beauvechain et Tourinnes-la-Grosse, chapelle du Rond-Chêne

C’est à nouveau en empruntant des chemins de terre, entre les terres cultivées, que nous arrivons, après deux kilomètres près de la chapelle Saint-Corneille. Dédiée au pape et martyr Corneille (mort en 253), invoqué pour la protection du bétail, la chapelle a été édifiée en 1460, par Guillaume de Bierbeek, dans un style gothique.

Si l’élégant clocheton date de l’époque de la construction, le porche néoclassique est un ajout du XIXe siècle. L’ancienne voie royale passant entre la chapelle et la ferme était un lieu de passage obligé avant la création, en 1757, de la chaussée reliant Namur à Louvain.

GRP 127 entre Beauvechain et Tourinnes-la-Grosse GRP 127 : Hamme-Mille, chapelle Saint-Corneille

Le GRP 127 contourne un quartier résidentiel et emprunte un chemin creux descendant vers un ruisseau (le Mille). Après ce dernier, nous nous dirigeons vers l’église de Tourinnes-la-Grosse en passant devant la maison de Julos Beaucarne.

Plan du parcours

➔ Jonction avec d'autres GR

  • Le GR 121 : De Liège à la Côte d’Opale. Depuis Liège, ce sentier de grande randonnée se dirige vers le château de Jehay et la vallée du Geer pour atteindre Jodoigne. Au-delà de Wavre, il traverse la forêt de Soignes et le centre de Bruxelles avant de passer par Beersel et Ittre. Via Braine-le-Comte, le château de Beloeil et Bernissart, le GR 121 quitte la Belgique. Il évolue ensuite dans les Hauts-de-France jusqu’à la Côte d’Opale.