Les Randos de Fred & Paul

GR 14 : Carlsbourg → Bouillon (21 km) - mars 2022

Info : pour effectuer cette étape, nous avons pris le bus TEC 8 entre Bouillon (La Maladrerie) et Libramont (Gare), puis le train entre les gares de Libramont et de Carlsbourg.

Au départ de la gare de Carlsbourg, nous suivons, en légère montée, la rue Arthur Jugnon. Après 500 mètres, nous tournons à gauche pour emprunter une petite route descendant vers une station d’épuration. Peu après cette dernière, le tracé blanc et rouge monte à droite et abandonne l’asphalte, à l’entrée d’un bois. Nous progressons sur un chemin caillouteux longeant ce bois et obliquons, 700 m plus loin, vers la gauche pour prendre un chemin herbeux. Celui-ci évolue, pendant un kilomètre, entre une forêt de résineux et des champs, jusqu’à la N853.

GR 14 entre Carlsbourg et Mogimont GR 14 entre Carlsbourg et Mogimont

Le GR 14 traverse cette route et continue en face sur un chemin situé à la limite entre les communes de Bièvre et de Paliseul, mais aussi à la frontière entre les provinces de Namur et de Luxembourg.

GR 14 entre Carlsbourg et Mogimont

Après 400 mètres, nous franchissons la N85 et poursuivons, dans la même direction, sur un chemin de terre descendant, à travers bois, vers le ruisseau de la Vanne. De l’autre côté du cours d’eau, nous restons, pendant 1,2 km, sur ce beau chemin forestier.

GR 14 entre Carlsbourg et Mogimont GR 14 entre Carlsbourg et Mogimont

Le sol ardennais est profond, acide et pauvre ce qui explique l'absence de cultures et la prédominance des forêts et des prairies. En 1790, on estime que les ¾ de la forêt d'origine ont disparu, en partie à cause du travail des nombreux charbonniers, tanneurs et petits fermiers qui y font paître leur bétail et l'abîment. La moitié des surfaces autrefois boisées est alors transformée en landes ou en marécages.

Au XIXe siècle, la révolution industrielle nécessite une grande quantité de bois pour se développer. L'Ardenne est donc reboisée à un rythme soutenu grâce à la plantation de résineux. Aujourd'hui, on remarque un équilibre quasi parfait entre les peuplements feuillus (53 %) comme le chêne, le frêne, l'érable, le merisier, l'orme, le bouleau, le charme, et les résineux (47 %) tels que l'épicéa, le douglas et le pin. Toutefois, un travail conséquent est entrepris depuis plusieurs décennies pour rétablir la forêt feuillue d'origine.

Au lieu-dit « la Côre », le tracé blanc et rouge rejoint un chemin asphalté qu’il emprunte durant deux kilomètres ; même s’il se déroule en forêt, ce tronçon, quasi rectiligne, sera le moins passionnant de l'étape. Ce n’est qu’après la traversée de la route reliant Carlsbourg à Vivy que nous retrouvons un revêtement plus agréable pour la randonnée.

GR 14 entre Carlsbourg et Mogimont

Pendant environ 1,5 km, nous avançons dans le bois de Djumé et effectuons une pause, au niveau d’une zone de pique-nique (abri brigadier Woirin) ; nous sommes là au point culminant de l’étape : 457 mètres d’altitude. Nous quittons le couvert forestier et descendons, entre les prairies, jusqu’à une petite route. Le GR 14 se dirige ensuite vers Mogimont en évoluant, sur le plateau légèrement vallonné, au milieu des prés et de plantations de futurs sapins de Noël.

GR 14 entre Carlsbourg et Mogimont GR 14 entre Carlsbourg et Mogimont GR 14 entre Carlsbourg et Mogimont

Nous traversons le village de Mogimont qui possède, depuis 2014, un musée des Croyances Populaires. Construit avec la collaboration de l'Athénée Royal de Bouillon-Paliseul, le musée (gratuit et ouvert toute l’année) se situe dans l'ancien lavoir. Il permet aux visiteurs de profiter d'une fresque de 30 m² et de 12 réalisations grandeur nature illustrant les croyances de l'époque (Tchalette, loup-garou, fée, …).

Au-delà de l’église néogothique, dédiée aux saints-Pierre-et-Paul, nous franchissons la N819 et montons en face. Au sommet, nous traversons une route et pénétrons dans la forêt de Menuchenet. Placée sous la juridiction du duc de Bouillon, cette forêt était jadis un bien banal où chacun puisait à son gré. Cela entraîna un appauvrissement du sol qui donna naissance à un peuplement de maigres taillis de chêne ; c’est ce qui serait à l’origine du nom Menuchenet signifiant « petit chêne ».

La promulgation du Code forestier du 19 décembre 1854, qui est en fait la première loi de conservation de la nature, mit définitivement fin au gaspillage des ressources forestières, en éliminant de la forêt les habitants qui en vivaient. C'est grâce à la loi favorisant le boisement des terres incultes que Menuchenet sera quasi entièrement planté de hêtres. Peu à peu d'autres essences se sont intégrées dans la futaie pour former ce qu'elle est aujourd'hui.

GR 14 entre Mogimont et Sensenruth GR 14 entre Mogimont et Sensenruth

Presqu’à la fin de cet agréable tronçon d’1,8 km, un panneau nous annonce, un peu à l’écart du GR, les ruines de Château-le-Duc. Celui-ci fait directement référence à ses propriétaires, la famille des comtes d'Ardenne - Verdun, les aïeux de Godefroid de Bouillon. Construit aux alentours du IXe siècle, cette fortification de 2 ha connait un certain prestige, mais le château de Bouillon obtiendra davantage de faveurs de par sa situation de forteresse imprenable.

Nous progressons quelques instants sur la route reliant Ucimont à Sensenruth avant de grimper un chemin de terre aboutissant à l’entrée de ce second village. La première mention d’une église à Sensenruth date de 1069 au moment où elle figurait dans les biens de Godefroid le Barbu, duc de Basse-Lotharingie. Dressée au milieu de l’ancien cimetière, l’église, dédiée à Saint-Lambert, a été construite en schiste et est entièrement recouverte d’un enduit clair. Elle est composée d’une seule nef construite entre 1696 et 1707 et d’un chœur datant pour sa part du XVIe siècle. Rien ne subsiste donc de l’édifice roman du XIe siècle.

GR 14 entre Mogimont et Sensenruth GR 14 : Sensenruth, église St-Lambert

À la sortie du village, le GR 14 descend un chemin de terre jusqu’au fond d’un vallon puis remonte sur le versant opposé. Par un chemin empierré passant entre les prairies, nous nous dirigeons vers le village de Curfoz où nous découvrons une chapelle, dédiée à Saint-Léger, datant de 1711.

GR 14 entre Sensenruth et Bouillon

Au-delà de la chapelle, nous tournons à gauche et descendons un chemin campagnard. Après un court tronçon boisé, nous nous rapprochons de la N828 sans toutefois atteindre cette dernière. Nous longeons le centre sportif de Bouillon et rejoignons une petite route, près d’une grande croix. C’est ici que se présente la dernière côte de l’étape qui s’avère être aussi la plus difficile ; en 600 mètres, nous passons de 297 à 341 mètres d’altitude.

GR 14 entre Sensenruth et Bouillon

Près du sommet, alors que le tracé blanc et rouge vire à gauche pour descendre, à travers bois, vers Bouillon, nous effectuons un petit détour jusqu’au belvédère d’Auclin. Soutenu par 4 piliers en bois lamellé collé, cette tour, qui mesure 31 mètres de haut, se trouve 180 m au-dessus de la Semois. De l'ultime plate-forme, que l'on atteint par une escalade de 161 marches, on peut découvrir un vaste panorama sur Bouillon et ses environs.

GR 14 : Bouillon, belvédère d'Auclin GR 14 : Bouillon, belvédère d'Auclin

Par un sentier en lacets, nous descendons vers le centre de Bouillon, où nous terminons, au bord de la Semois, cette étape.

GR 14 : descente sur Bouillon

La longue crête rocheuse créée par la boucle de la Semois fut occupée, dès l'époque gauloise, par un camp fortifié. Ce poste de surveillance a appartenu à la famille Ardenne - Verdun, qui exploitait également Château-le-Duc. Durant le Haut Moyen Âge, l’endroit fut utilisé pour y établir une motte féodale. Entretemps, on assista à la naissance d’une petite agglomération entre la paroi rocheuse et la Semois.

Pour défendre le seul accès possible à la ville par le sud, Godefroid de Bouillon, duc de Basse-Lotharingie fit construire, vers 1082, une deuxième forteresse, sur le rocher escarpé surplombant le méandre de la rivière. Elle consistait en un puissant donjon rectangulaire, séparé du reste du promontoire par deux failles et un fossé creusé dans le rocher. Pour financer son départ en croisade, Godefroid céda, en l'an 1095, son duché au prince-évêque de Liège Otbert, qui en devint propriétaire définitif après la mort de Godefroid en 1100.

GR 14 : château de Bouillon

En 1521, Robert II de La Marck, propriétaire du château, voulut s'emparer du Grand-Duché, possession de l'Empereur Charles Quint, qui, en représailles, détruisit les biens des de La Marck, dont Bouillon. Après ce sac, un nouveau château sortit de terre grâce au prince-évêque Georges d'Autriche qui édifia une tour portant son nom en 1551. Il conserva le donjon comme résidence et agrandit l'ensemble.

Les innovations les plus importantes sont l'œuvre de Vauban qui, en 1677, intègre la ville dans le système de défense du château (meurtrières, pont levis...). Aujourd'hui, le château fort se compose de trois fortins, reliés par des ponts, et d'un ouvrage plus important au sud-ouest. Sur la cour d'honneur s'élevait jadis le palais ducal. La salle Godefroid de Bouillon, partiellement taillée dans le rocher au XIIIe siècle, est couverte d'une voûte en berceau. Dans la cour d'honneur, un morceau de mur est tout ce qu’il reste de l'ancien donjon médiéval, démoli par les Hollandais ; les casernes construites à son emplacement en 1828 ont été rasées en 1893.

GR 14 : château de Bouillon

Plan du parcours

➔ Jonction avec d'autres GR

  • Le GR 16 : Sentier de la Semois suit le cours de la Semois depuis sa source à Arlon jusqu’à son embouchure dans la Meuse, à Monthermé (France) en passant notamment par Florenville et Bouillon. Le long des 210 km, ce sentier de grande randonnée évolue tantôt près de la rivière, tantôt au-dessus sur des pentes et des crêtes avec de beaux « belvédères ».