Les Randos de Fred & Paul

GR 56 : Malmedy → Weywertz (18 km) - novembre 2017

Nous débutons la randonnée sur la place Albert Ier, au pied de l’obélisque. Celui-ci a été érigé, en 1781, sous l’abbatiat et avec l’aide financière (500 florins) de l’avant-dernier prince-abbé, Jacques de Hubin, qui y fit d'ailleurs graver ses armoiries et sa devise, inscriptions qui disparurent à la révolution. L’eau de la fontaine était réservée à la population avec défense d’y faire boire les animaux ou d'y laver le linge.

GR 56 : Malmedy, obélisque sur la place Albert Ier

Mise à jour, juin 2018 : le GR 14 : Sentier de l'Ardenne, dans sa nouvelle version, emprunte, sur 8,5 km, le même tracé que la variante « Warche » que nous suivons aujourd’hui. Ce sentier de grande randonnée permet, en 280 km, de relier Monschau (Allemagne) à Sedan (France) en passant notamment par Malmedy, La Roche-en-Ardenne, Saint-Hubert, Transinne et Bouillon.

Nous nous éloignons du centre-ville de Malmedy (345 m d’altitude) en montant vers le chemin du Calvaire. Établi au XVIIe siècle sous la forme de croix en bois sur l’une des parties les plus escarpées du vieux chemin de Chôdes, le calvaire a connu au fil des années certaines modifications. En 1728, les vieilles croix étant fortement détériorées, le père capucin Albert de Dinant érigea à leur place, avec l’aide de quelques jeunes paroissiens, cinq stations massives, une grande croix et une chapelle. En 1873, les anciennes stations ont été remplacées par les quatorze stations qui composent ordinairement le chemin de croix. Le 16 mars 1913, la paroisse de Malmedy inaugura le chemin de croix actuel de style néo-classique.

GR 56 entre Malmedy et Chôdes, chemin du Calvaire GR 56 entre Malmedy et Chôdes, chemin du Calvaire

La colline où nous nous trouvons présente la particularité d’être entièrement constituée de poudingue. Le « poudingue de Malmedy », datant de la fin de l’ère primaire (entre 295 et 250 millions d’années), constitue une curiosité géologique unique en Belgique, car à l’inverse des autres poudingues d’origine marine, celui-ci est d’origine continentale. Cette roche a joué un rôle indéniable dans l’implantation des monastères de Malmedy et Stavelot.

Peu après la chapelle de Livremont, nous quittons le couvert forestier et poursuivons l’ascension sur un chemin asphalté. Ce dernier longe un village de vacances et évolue ensuite dans une zone résidentielle. Au terme de ce tronçon d’environ deux kilomètres, près du village de Chôdes, nous tournons à gauche et descendons (de 505 à 492 mètres d’altitude) une petite route de campagne.

GR 56 entre Malmedy et Chôdes GR 56 entre Chôdes et Reinhardstein

Nous poursuivons brièvement la descente sur un chemin caillouteux avant de bifurquer à droite pour entamer un parcours forestier de 4,5 km. Ce tronçon bien vallonné, est une alternance de petits sentiers et de larges chemins. Par endroits, sur les flancs escarpés du versant, nous profitons de beaux points de vue…

GR 56 entre Chôdes et Reinhardstein GR 56 entre Chôdes et Reinhardstein GR 56 entre Chôdes et Reinhardstein

À proximité du château de Reinhardstein, nous laissons partir, vers la gauche, la liaison « Bayehon » (ainsi que le GR 14). Cet itinéraire passe par la cascade du Bayehon et rejoint, après 11 km, près du centre nature de Botrange, le tracé principal du GR 56.

GR 56 entre Chôdes et Reinhardstein

Au XIVe siècle, Wenceslas, duc de Luxembourg - qui allait aussi devenir duc de Brabant et de Limbourg - doit souvent venir à la rescousse de son voisin, le prince-abbé de Stavelot. Il charge un seigneur des environs, Renaud de Waimes, de faire construire une maison forte sur un rocher dominant la Warche. Renaud de Waimes s'acquitte de sa mission et, en 1354, la construction du château de Reinhardstein commence.

De successions en alliances, le château passe entre les mains de différentes familles ; la plus prestigieuse étant celle des Metternich qui occupera les lieux de 1550 jusqu’à la Révolution française. Le dernier Metternich, seigneur de Reinhardstein, est le père du prince de Metternich qui présida le congrès de Vienne en 1815 lorsque, après la défaite de Napoléon, les alliés se partagèrent l'Europe.

La place forte ne sera jamais un lieu de défense où de sanglants combats auront lieu. Le château servait plutôt de refuge en cas de guerre, ou de conflit. Sa situation en fait un abri exceptionnel ; en plein creux de la vallée de la Warche, il est invisible des villages aux alentours. En plus de sa fonction de refuge, il a également servi de camp de base pour des parties de chasse ou de somptueuses fêtes. Ce que l'on sait moins, c'est que plusieurs sorcières ont également été enfermées dans ces murs avant la tenue de leur procès.

À la Révolution française, plusieurs propriétés des Metternich sont mises sous séquestre ; c’est aussi le cas de Reinhardstein. En 1812, le comte de Metternich vend le château. Laissé à l’abandon, il se dégrade fortement au fil du temps. En 1965, Jean Overloop, enseignant à Bruxelles et passionné d’histoire, découvre, presque par hasard, le château en ruine. En se basant sur les minces archives retrouvées, il lui faut près de deux ans, aidé de quelques passionnés et s’appuyant sur le savoir-faire des artisans locaux, pour relever Reinhardstein. Depuis 1971, la forteresse est ouverte au public.

GR 56 : chateau de Reinhardstein

600 mètres après un beau point de vue sur le château, nous arrivons sur un parking, à l’extrémité sud du barrage de Robertville. Construit sur la Warche, entre 1925 et 1929, ce mur de retenue à une hauteur de 54,5 m et une longueur de 182 m. Son épaisseur à la base est de 38 m (pour 4 à la crête), ce qui représente 57 000 m³ de maçonnerie. Le lac s’étend sur près de 67 ha et peut contenir jusqu'à 7,7 millions de m³ d’eau. Sur le lac, on peut pratiquer du canotage, de la voile, de la pêche, de la plongée sous-marine et de la natation.

La réserve d’eau a été constituée pour animer les turbines de la centrale hydroélectrique de Bévercé grâce à une dénivellation de 154 m. Les eaux sont amenées à Bévercé par un tunnel de 4,4 km de longueur et une conduite à ciel ouvert d'un kilomètre. Le courant produit est acheminé vers Wérister par une ligne aérienne de 70 kilovolts. Le barrage alimente aussi le réseau de distribution d’eau potable de Malmedy. Il joue par ailleurs un rôle important dans la régulation des crues de la Warche.

GR 56 : barrage de Robertville

Le tracé blanc et rouge traverse la N681, passant sur le barrage, mais ne franchit pas ce dernier. Pendant environ 700 mètres, nous suivons un sentier longeant le lac. À une des extrémités du lac, nous abandonnons provisoirement celui-ci pour remonter le « rû du Poncé ». Ce sentier aboutit à une route forestière que nous empruntons pour retrouver les berges du lac. Nous progressons au bord du plan d'eau, pendant un kilomètre, et atteignons la N676.

GR 56 entre le barrage de Robertville et Weywertz

Juste avant le pont de Haelen, nous quittons cette grand-route et reprenons notre périple le long du lac. Lors de la construction du barrage, un moulin fut englouti, de même que le pont franchissant la Warche entre Bruyères et Roberville ; créé en 1860, il portait le nom de Waterloo. Le nouvel édifice construit, en 1928, pour franchir le lac reçut le nom de Haelen (localité proche de Diest) où l’armée belge repoussa un assaut allemand le 12 août 1914.

GR 56 entre le barrage de Robertville et Weywertz, pont de Haelen GR 56 entre le barrage de Robertville et Weywertz

Après 1 km, nous passons à côté d'un terrain de camping et traversons, un peu plus loin, un pont surplombant le lac. Au-delà du pont, nous prenons la direction du village d’Outrewarche et, juste avant ce dernier, nous bifurquons sur un sentier herbeux rejoignant la Warche. Plusieurs caillebotis facilitent les passages humides sur ce beau parcours, de 400 mètres, le long de la rivière.

GR 56 entre le barrage de Robertville et Weywertz GR 56 entre le barrage de Robertville et Weywertz, la Warche

Le GR 56 délaisse, encore une fois, le cours d’eau pour grimper dans une forêt d’épicéas (de 520 à 534 mètres d’altitude). À l’orée, nous débouchons sur une petite route suivie, en descente, jusqu’à la Warche. Nous effectuons un dernier tronçon, bien agréable, d’un peu moins d’un kilomètre, le long de la rivière. Juste avant un tunnel, nous montons un sentier rejoignant la Vennbahn.

GR 56 entre le barrage de Robertville et Weywertz, la Warche GR 56 entre le barrage de Robertville et Weywertz

Si le tracé blanc et rouge emprunte cette ancienne voie ferrée sur un kilomètre, nous la quittons après 400 m, lorsqu’elle traverse une route. Nous montons cette route (hors GR), pendant 800 mètres, jusqu’au centre du village de Weywertz. C’est là, près de l’église, que nous terminons cette belle étape.

Tracé de l'étape