Les Randos de Fred & Paul

GR 57 : Comblain-la-Tour → Bomal (21 km) - juillet 2016

Il est un peu plus de 10 h lorsque nous commençons cette étape, avec notre groupe de randonneurs. Sous un ciel très nuageux, nous quittons Comblain-la-Tour en suivant, pendant 800 mètres, un chemin de terre, entre la voie ferrée et l’Ourthe. Sur la gauche, nous découvrons une imposante falaise dénommée « Rocher de la Vierge ».

GR 57 entre Comblain-la-Tour et Hamoir

Nous passons sous la ligne de chemin de fer et débutons la première ascension de la journée : une quarantaine de mètres de dénivelé sur un sentier boueux, à travers bois. Arrivés sur le plateau campagnard, nous nous dirigeons vers Xhignesse.

GR 57 entre Comblain-la-Tour et Hamoir

Aujourd’hui petit hameau de quelques maisons, Xhignesse était jadis plus développé que Hamoir et abritait la cour de justice ainsi que le siège de la paroisse. Cette dernière aurait vraisemblablement été fondée, entre 687 et 714, par Plectrude, épouse de Pépin de Herstal. Nous montons les quelques marches pour aller admirer l’église romane Saint-Pierre. Elle est remarquable par son ampleur, son plan et le soin apporté à sa construction, tout particulièrement dans le travail extérieur du chœur : la partie inférieure est composée de sept hautes arcades reposant sur des pilastres couronnés d’impostes ; la partie supérieure est constituée de neuf niches en cul-de-four qui allègent le mur de l’abside et constituent un exemple unique et remarquable.

GR 57 : Xhignesse, église Saint-Pierre

À l’intérieur de l'église, on peut remarquer, une chaire de vérité portant le millésime de 1663, des fonts baptismaux du XVIe siècle ainsi que des dalles funéraires des XVIe, XVIIe et XVIIIe siècles. L’édifice est inscrit sur la liste du patrimoine immobilier exceptionnel de la Région wallonne.

GR 57 : Xhignesse, église Saint-Pierre GR 57 : Xhignesse, église Saint-Pierre

Par une petite route asphaltée, suivie d’un sentier descendant dans le bois, nous rejoignons l’Ourthe que nous traversons grâce au pont du chemin de fer. Arrivés sur l’autre rive, nous poursuivons le parcours, sur un agréable sentier herbeux, récemment fauché, entre la rivière et des prairies.

GR 57 entre Comblain-la-Tour et Hamoir GR 57 entre Comblain-la-Tour et Hamoir, le long de l'Ourthe

Durant ce trajet d’un kilomètre, nous découvrons, au bord de l’Ourthe, une échelle à poissons et un peu plus loin, le château-ferme de Renne, dont le donjon date vraisemblablement du XIVe siècle.

GR 57 : Hamoir, château de Renne

Vers 11 h 30, nous entrons dans la petite ville d’Hamoir et retrouvons, au niveau du pont sur l’Ourthe, le GR 575-576 : À travers le Condroz que nous avions déjà croisé, près d’Esneux, lors de l'étape précédente. Les deux sentiers de grande randonnée, qui feront parcours commun pendant 6 km, empruntent la rue du Vieux Mayeur dans laquelle nous découvrons quelques belles demeures.

GR 57 : Hamoir, pont sur l'Ourthe GR 57 : Hamoir, rue du Vieux Mayeur

Durant deux kilomètres, nous progressons sur le goudron et passons à proximité du château de Lassus. La plus ancienne partie de ce château est un donjon avec une petite tour attenante, bâti au début du XIVe siècle. Aujourd'hui couvert d'un toit, ce donjon était autrefois crénelé. Le château a longtemps été la propriété de la famille de Maillen, mayeurs héréditaires de Hamoir ; ceux-ci ont fait ériger une petite chapelle castrale en 1633. Au cours du XVIIIe siècle, le château a été totalement remanié en style Louis XIV.

GR 57 : Hamoir, château de Lassus

En dehors de la petite chapelle castrale, une chapelle dédiée à Saint-Pierre se trouve en regard du château ; sa fondation remonte à 1396. Outre son style intérieur de type Renaissance, on remarque des pierres tombales des familles de Donnéa et de Maillen.

GR 57 : Lassus : chapelle Saint-Pierre

Après une ferme, nous pénétrons dans une prairie que nous traversons en suivant une clôture électrifiée. Un échalier permet de sortir de cette prairie et d’entrer dans le bois, où nous serons à l'abri d’une petite averse. Nous descendons un sentier et retrouvons l'Ourthe, suivie pendant 700 mètres.

GR 57 entre Hamoir et Sy, descente sur l'Ourthe

Ce tronçon à plat, sur un sentier le long d’une prairie où un camp scout s’est établi, nous fait passer au pied d’impressionnantes barrières rocheuses très appréciées des adeptes de l'escalade.

GR 57 entre Hamoir et Sy, le long de l'Ourthe

Le tracé blanc et rouge se dirige vers le village de Sy. Celui-ci se situe, sur la rive droite de l’Ourthe, à un endroit où les versants de la vallée sont très abrupts. Les routes venant de Filot et Vieuxville se rejoignent au-dessus de Sy pour descendre dans le village et y former un cul-de-sac. Des passerelles, le long des deux ponts de chemin de fer, permettent aux seuls piétons et cyclistes de se rendre sur la rive opposée.

En chemin vers l’église Saint-Laurent, nous découvrons une stèle en hommage au peintre Richard Heintz. Parfois comparé à Van Gogh, par rapport à son style de peinture, il trouvait son inspiration en Italie, mais aussi dans les Ardennes. Il a vécu pendant de nombreuses années à Sy, son endroit préféré.

GR 57 : Sy, église Saint-Laurent

À côté de l’église, nous amorçons une montée sinueuse (passant de 140 à 175 mètres d’altitude) vers les rochers de Sy et le hameau de Logne. Après cette ascension, nous continuons sur le sentier des crêtes où, par endroits, nous profitons de beaux points de vue, notamment sur l’Ourthe qui coule 80 mètres plus bas.

GR 57 entre Sy et Bomal GR 57 entre Sy et Bomal, la vallée de l'Ourthe

À 13 h 30, à la suite d’une descente escarpée (hors GR), sur un sentier indiqué comme étant la « Vôye del hé des Lârons », nous atteignons la ferme de Palogne où nous nous arrêtons pour le pique-nique.

Après cette pause, nous marchons un kilomètre sur une petite route pour rejoindre le tracé du GR 57. Tout près d'ici, on peut découvrir et visiter les ruines du château fort de Logne construit sur un site privilégié de la vallée de l'Ourthe, en amont de son confluent avec la Lembrée. Le dernier kilomètre du cours de la Lembrée est quasiment parallèle à celui de l'Ourthe. Ce mince éperon rocheux, d'une soixantaine de mètres de haut, entre ces deux vallées encaissées, a permis la construction du château fort, bastion haut perché, facile à défendre.

Au Ve siècle, le site participe à la défense du territoire romain face aux incursions des peuples germaniques. Au IXe siècle, les moines de Stavelot y abritent les reliques de saint Remacle lors des invasions normandes. Au XIe siècle, Logne se retrouve au cœur des domaines de l'abbaye dont il devient la principale forteresse. En 1138, l'abbé Wibald fait procéder à la réfection complète de la place qui vit un moment d'apogée. En 1427, le château et les terres qui en dépendent sont cédés à la famille de la Marck. Celle-ci s'impliquant dans les nombreuses guerres qui opposent la France et la Bourgogne ne tarde pas à se faire une réputation peu enviable. À quelques heures de chevauchée de Liège, Logne devient une base idéale pour des coups de force dans toute l'Ardenne et le pays des princes-évêques.

Au début du XVIe siècle, le château acquiert une nouvelle configuration entièrement conçue pour l'artillerie à poudre, alors en pleine évolution. Il est complètement remanié et devient une forteresse « moderne »... pour quelques années seulement. En effet, en mai 1521, au terme d'un siège violent, il est pris et démantelé sur l'ordre de l'empereur Charles Quint. Pillés, oubliés, devenus carrière de pierre, les vestiges sont remis au jour à partir de 1897.

GR 57 : château de Logne

En franchissant le pont sur la Lembrée, nous entrons dans la province de Luxembourg. Quelques mètres plus loin, nous prenons un sentier qui grimpe (de 158 à 202 mètres d’altitude) d’abord par un escalier jusqu’à la N86 puis, de l’autre côté de la route, par un sentier parfois envahi par la végétation.

GR 57 entre Sy et Bomal

Passage dans une prairie, au milieu d’un troupeau de vaches, avant de suivre un chemin campagnard pendant 1,3 km. En bordure du chemin, se trouve la chapelle Saint-Rahi bâtie, en 1915, afin de protéger nos soldats et notre roi. Le site a cependant une histoire bien plus ancienne puisque le village de Rahirmont, disparu au XVIe siècle suite à une épidémie, se trouvait ici. Déjà dans la première moitié du XIIe siècle, un pèlerinage, dédié à un certain saint Rahier, se déroulait dans la région. On ignore qui était ce saint, mais l’existence du village de Rahier, non loin d’ici, renforce l’hypothèse d’un culte local.

GR 57 entre Sy et Bomal GR 57 entre Sy et Bomal, chapelle Saint-Rahi

Nous continuons la randonnée, sous un soleil timide, en suivant brièvement la route Bomal - Izier avant de traverser un lotissement. Au niveau de deux immenses tilleuls, nous empruntons un sentier descendant, à travers bois, vers la N806 et le hameau de Juzaine. Il est possible en restant sur cette route de rejoindre, en un peu plus d’un kilomètre, le centre de Bomal, mais le GR 57 préfère effectuer un grand détour de 4 km avant de s’y rendre.

Nous découvrons la chapelle Saint-Denis, récemment restaurée, puis nous tournons à gauche et franchissons l’Aisne sur une passerelle. Cette rivière prend sa source, à une altitude de 630 m, dans la fagne du Pouhon sur le plateau des Tailles. Après un parcours d’une trentaine de kilomètres, le cours d'eau rejoint l’Ourthe à Bomal, à 140 mètres d'altitude. Le tracé blanc et rouge nous fait grimper vers la réserve naturelle du Mont des Pins par de beaux chemins au milieu des bois.

GR 57 entre Sy et Bomal, chapelle Saint-Denis à Juzaine

Un portique nous permet d’entrer dans la réserve naturelle. Au sommet du Mont des Pins, culminant à 271 mètres d’altitude, nous effectuons une petite pause en profitant du large panorama sur Barvaux et ses environs.

GR 57 entre Sy et Bomal, entrée dans la réserve naturelle du Mont des Pins

Initialement, le Mont des Pins était couvert d’une épaisse forêt. Très tôt, les populations humaines installées dans la région ont coupé cette forêt pour les besoins de l’agriculture. Une fois défrichées ces terres ingrates se prêtaient mieux au pâturage des moutons et des chèvres. Le pâturage se généralisa d’ailleurs dans toute la région du Moyen Âge jusqu’à la fin du XIXe siècle.

À la fin du XIXe siècle, des pins noirs d'Autriche et des pins sylvestres ont été plantés. À cette époque, ces essences étaient très prisées pour étançonner les galeries souterraines des nombreux charbonnages du bassin liégeois notamment. Le bois de pin présente en effet l'avantage de craquer bruyamment avant de céder, prévenant de la sorte les occupants de la galerie du danger imminent.

En 1990, le site ne comptait plus que quelques hectares de pelouses envahies de buissons et colonisées par les semis de pins, ce qui en faisait tout de même la plus grande pelouse calcicole de la vallée de l’Ourthe. Dès ce moment, chaque hiver, des bénévoles ont fauché et débroussaillé ces pelouses pour regagner petit à petit ce qui avait été perdu au profit de la forêt. En 2010, les moutons ont retrouvé les sentiers de la réserve pour assurer, comme jadis, le maintien de ce milieu précieux. Le pâturage itinérant, sous la surveillance d’un berger, n’est évidemment plus rentable aujourd’hui ; des clôtures ont donc été installées et le troupeau passe d’un enclos à l’autre selon un calendrier défini en fonction des espèces présentes.

Nous entamons la descente vers Bomal d’abord sur un sentier au milieu des pelouses calcicoles puis, après le passage d’un portique, sur une petite route. Nous longeons l’athénée royal avant d’atteindre le centre du village vers 17 h.

GR 57 entre Sy et Bomal, sentier dans la réserve naturelle du Mont des Pins

Plan du parcours

➔ Jonction avec d'autres GR

  • Le GR 575-576 : À travers le Condroz résulte de la réunion du GR 575 : Tour du Condroz namurois et du GR 576 : Tour du Condroz liégeois en une grande boucle de près de 300 kilomètres.