Les Randos de Fred & Paul

GRP 571 : Aywaille → Stoumont (21 km) - août 2016

Info : pour effectuer cette étape, nous avons pris le bus TEC 142 entre Stoumont (Eglise) et Aywaille (Gare SNCB) (500 m hors GR).

L’histoire d’Aywaille a toujours été étroitement liée à l’Amblève et par conséquent aux différents ponts qui, au fil des siècles, l’ont franchie. L’appellation « Aywaille » tire probablement son origine du wallon : « êye » signifiant eau et « wayî » signifiant passer à gué. Il est avéré que c’est à cet endroit de la vallée qu'on traversait autrefois l'Amblève à gué. Les Romains l’appelaient « Aqualia » (lieu humide et fangeux) qui donna naissance au nom des habitants : les Aqualiens.

Depuis la gare d’Aywaille, nous devons marcher environ 500 mètres et franchir le pont sur l’Amblève afin de retrouver le balisage jaune et rouge. Nous empruntons brièvement la rue de la Heid avant de prendre, sur la gauche, un sentier montant à travers bois ; en un kilomètre, nous passons de 150 à 235 mètres d’altitude. Durant cette ascension, nous découvrons le monument commémorant la libération d’Aywaille, le 9 septembre 1944, par l’armée américaine et la Résistance.

GR 571 entre Aywaille et Remouchamps GR 15 entre Aywaille et Remouchamps, monument commémorant la libération d’Aywaille

À la sortie du bois, nous suivons un chemin empierré longeant la réserve naturelle de la « Heid des Gattes ». Celle-ci appartient à la commune d'Aywaille et est administrée par l'ASBL « Ardenne et Gaume ». Ce massif, de près de cinquante hectares, longe la rive droite de l'Amblève entre Aywaille et Remouchamps. Comme le souligne son nom wallon, cette colline boisée est parcourue par un troupeau de chèvres sauvages.

La falaise qui s'élève presque verticalement à 55 mètres au-dessus de la rivière est entourée par les carrières de la Falize et du Goiveux. C'est sa flore exceptionnelle qui fait la réputation internationale de cette falaise. Des plantes très rares, mais surtout des associations végétales inédites poussent sur un grès à ciment calcaire finement stratifié exposé plein sud.

GR 571 entre Aywaille et Remouchamps

À la suite d’un petit tronçon asphalté, nous prenons un sentier herbeux descendant vers un bois. Depuis le belvédère Walter Fostier (243 mètres d’altitude), où nous effectuons une première pause, nous profitons d’un beau panorama sur Remouchamps, la vallée de l’Amblève et le viaduc de l’autoroute E25 (sous lequel nous passerons plus tard).

GR 15 entre Aywaille et Remouchamps, vue depuis le belvédère Walter Fostier

Nous entamons ensuite la descente vers Sougné. Celle-ci s’effectue d’abord sur des chemins rocailleux à travers bois, puis sur l’asphalte. Avant le passage sous la N633d, nous laissons partir à gauche une route qui n’est autre que la célèbre Côte de la Redoute. Cette côte, sur le parcours de la doyenne des courses cyclistes : Liège - Bastogne - Liège, d'une longueur de 1,7 km a un dénivelé de 161 m passant de 131 à 292 mètres d’altitude au sommet ; elle a un pourcentage moyen de 9,5 % et un pourcentage maximum de 20 %.

Cette côte doit son nom à une « redoute » de la bataille de Sprimont qui se déroula le 18 septembre 1794 et opposa les troupes républicaines françaises aux troupes impériales autrichiennes. Une redoute est un ouvrage fortifié isolé, fermé et de forme carrée, destiné à ne fournir qu’une résistance limitée dans le temps.

GR 571 entre Aywaille et Remouchamps Côte de la Redoute

Sur la droite, nous découvrons les rochers de la réserve naturelle de la « Heid des Gattes » où nous étions tout à l’heure.

GR 571 entre Aywaille et Remouchamps, Heid des Gattes

Nous atteignons Sougné que nous traversons pour rejoindre les rives de l’Amblève. Le village a gardé un caractère ancien avec ses rues étroites, bordées de vieilles maisons en pierre du pays, qui serpentent autour de l’église. Cette dernière, consacrée à l'Immaculée Conception, est entourée d’un ancien cimetière et précédée, devant le porche, de deux beaux marronniers. La tour carrée, construite en moellons de calcaire en 1230, est la seule partie de l'église primitive qui subsiste encore actuellement. En prolongement de la tour, l’église actuelle date de 1739.

L’intérieur se présente sous la forme d’un vaisseau à nef unique. Il est éclairé par 12 verrières qui étaient jadis ornées de vitraux, mais cinq d'entre eux, situés sur la façade sud, ont été pulvérisés lors de la destruction du pont de Sougné, le 10 mai 1940 ; ils n'ont jamais été remplacés. On peut notamment y admirer une châsse contenant les reliques de Sainte-Apolline (que l'on prie pour soigner les maux de dents) et une chaire de vérité de style Louis XIV.

GR 571 : Remouchamps, église de Sougné GR 571 : Remouchamps, église de Sougné

Près de l’église, au bord de l’Amblève, nous découvrons deux panneaux évoquant des légendes locales : « Le passeur d’eau de Sougnez » et « Le dernier Sottai de la grotte de Remouchamps ».

Légende du Passeur d'eau de Sougnez

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Légende du Dernier Sottai de la grotte de Remouchamps

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Un peu plus loin, nous passons devant l’entrée des grottes de Remouchamps. Ces grottes, qui servirent d’abri aux chasseurs du paléolithique il y a 8 000 ans, ont été découvertes en 1828 et sont visitées depuis 1912. Pendant la Seconde Guerre mondiale, elles ont servi de refuge aux Remoucastriens. Les grottes se sont formées dans le calcaire, il y a plus d'un million d'années, par la présence d'une rivière souterraine : le Rubicon. Cette petite rivière provient du vallon des chantoirs, entre Louveigné et Deigné, où elle s'engouffre sous terre pour ne réapparaître que quelques mètres avant son confluent avec l'Amblève.

GR 15 : Grottes de Remouchamps

À l’intérieur des grottes, on découvre successivement, au fil d'un parcours pédestre de 800 mètres : la galerie du précipice qui est la salle d'entrée, la salle des ruines et son bloc suspendu d'une quarantaine de tonnes, la grande draperie d'une hauteur de 7 mètres formée par l'eau de pluie se transformant en dépôts cristallins, la salle de la Vierge et sa stalagmite, la grande galerie et enfin la cathédrale, haute de 40 mètres et profonde de 100 mètres.

Par une arche naturelle, on accède à la rivière où la visite se poursuit en barque à fond plat. Au milieu du Rubicon, se dresse le palmier, étrange et magnifique colonne formée par la jonction d'une stalactite et d'une stalagmite. La navigation est tranquille, mais le plafond s'abaisse par endroits. Par un ancien siphon agrandi, on accède au débarcadère au terme d'une navigation souterraine de 700 mètres, soit la plus longue au monde.

Grottes de Remouchamps

Après la traversée de la N666, nous poursuivons le parcours le long de la rue de Spa (N697) et passons ainsi sous le viaduc de l’autoroute E25. Juste après celui-ci, nous tournons à droite dans le Thier de Nonceveux ; en 500 mètres, nous grimpons de 164 à 236 mètres d’altitude. Sur la droite, nous apercevons le château de Montjardin, perché sur une arête rocheuse qui surplombe l'Amblève. S'articulant autour d'un imposant donjon, l’ensemble a été construit en style Renaissance sur les ruines d'un manoir féodal (XIVe siècle). Depuis 1734, la seigneurie de Montjardin est la propriété de la famille de Theux de Meylandt et Montjardin.

GR 571 entre Remouchamps et Sedoz GR 571 : Remouchamps, château de Montjardin

Au terme de cette rude montée, le tracé jaune et rouge continue, pendant 1 km sur un chemin asphalté, entre les prairies. Nous entrons ensuite dans le bois et descendons en direction du hameau de Sedoz et de la N633. Le GRP 571 évolue au bord de la grand-route sur 600 mètres, puis emprunte une petite route passant sous la ligne de chemin de fer (Rivage - Gouvy). Après les dernières habitations, nous poursuivons, au milieu d'une végétation luxuriante, sur un sentier longeant l’Amblève sur environ un kilomètre. C’est au début de ce sentier que nous trouvons un banc où nous installer pour manger nos tartines.

GR 571 entre Sedoz et Stoumont, sentier du Fonds de Quarreux

Nous cheminons à présent dans les « Fonds de Quarreux », un site classé au Patrimoine exceptionnel de Wallonie depuis 1970. La balade révèle de mystérieux rochers arrondis dans le lit de l’Amblève, défiant immuablement le temps malgré leur lutte séculaire avec la rivière. La légende (à lire un peu plus bas) raconte que ces pierres de quartzites sont le fruit d’un pacte passé entre Hubert Chefneux, meunier du Fonds de Quarreux, et le Diable. Les amateurs de géologie préféreront cependant l’explication scientifique : très résistant et quasi inaltérable à l’érosion, le quartzite, contrairement aux pierres schisteuses, n’a pas été altéré par le travail de l’Amblève creusant son lit.

GR 571 entre Sedoz et Stoumont, Fonds de Quarreux

Légende du Meunier du Fonds de Quarreux

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Arrivés à l’entrée d’un camping, nous quittons le cours de l’Amblève pour entamer une longue ascension : nous allons grimper pendant six kilomètres et ainsi passer de 180 à 571 mètres d’altitude ! C’est le long du vallon de la Chefna que commence cette montée. Le sentier franchit, à plusieurs reprises, le ruisseau grâce à des ponceaux faits de troncs d’arbres sciés en long. Parfois, il y a des mains courantes, mais le plus souvent, il faut jouer les équilibristes. Pour compliquer encore un peu plus le périple, par endroits, des arbres ont été déracinés emportant avec eux le sentier...

La Chefna est un ruisseau moins connu et un peu moins spectaculaire que le Ninglinspo, mais tout aussi beau, plus sauvage et beaucoup moins fréquenté. Il vient de Ville-au-Bois et descend vers le hameau de Quarreux pour se jeter dans l'Amblève en amont des Fonds de Quarreux. La Chefna marque la limite entre les communes d'Aywaille et de Stoumont et jadis entre le duché de Luxembourg et la principauté de Stavelot-Malmedy.

GR 571 entre Sedoz et Stoumont, Vallon de la Chefna GR 571 entre Sedoz et Stoumont, Vallon de la Chefna

Malgré la beauté du site, nous sommes contents lorsque le GRP 571 rejoint un chemin forestier sur lequel l’ascension se poursuit. De temps à autre, le tracé jaune et rouge quitte le bois pour cheminer entre les bruyères et les fougères. Au terme de ce parcours de 4,5 km, nous gagnons le hameau de Ville-au-Bois où nous retrouvons l’asphalte.

GR 571 entre Sedoz et Stoumont

Après 700 mètres, cette route rejoint la N606 que nous suivons brièvement avant de prendre, à gauche, un large chemin herbeux. Au début de ce chemin, nous sommes au croisement de deux très anciennes voies de communication : la voie de la Porallée et la Vecquée. La voie de la Porallée est une large allée rectiligne d’environ 7 km, jalonnée de neuf anciennes bornes, qui était la frontière orientale d’un territoire dénommé Porallée. Ce chemin marque aujourd'hui la limite communale entre Aywaille et Theux.

Située le long de la vallée de l'Amblève, la Porallée faisait partie des duchés de Limbourg et de Luxembourg. Dans la Porallée (« pour aller »), les habitants pouvaient aller et venir à leur gré d'un duché à l'autre sans payer de taxe ni de dîme. Dans cette zone franche, ils avaient la possibilité de cultiver un champ, de mettre du bétail en pâture, de prélever du bois de chauffage et de pêcher dans l'Amblève. Toutefois, il leur était interdit d’y bâtir ou d'y ériger une construction.

GR 571 entre Sedoz et Stoumont, Bornes de la Porallée

Pendant 1,5 km, nous progressons, sur la Vecquée, dans un environnement faisant penser aux fagnes. Cet ancien chemin reliait la cité des princes-évêques (Liège) à l'abbaye de Stavelot. La Vecquée était aussi utilisée, comme voie de desserte locale et comme chemin d'exploitation, par la population autochtone pour desservir les terrains où se pratiquaient les nombreux droits d'usage.

GR 571 entre Sedoz et Stoumont, la Vecquée

Lorsque le chemin devient enfin horizontal, nous le quittons pour un sentier revenant sous le couvert forestier, ce qui n’est pas pour nous déplaire, car il fait très chaud. Nous passons à côté de la croix Honnay, qui se situe au point le plus élevé de cette étape à 571 mètres d’altitude.

GR 571 entre Sedoz et Stoumont, croix Honnay

Sur un chemin empierré, nous entamons la descente vers le hameau de Monthouet, puis vers Stoumont situé 2 km plus loin. Il est un peu plus de 16 h lorsque nous parvenons, au pied de l’église, au terme de cette étape.

Plan du parcours

➔ Jonction avec d'autres GR

  • Le GR 15 : Sentiers de l'Ardenne permet de relier, en 230 km, Arlon à Monschau (Allemagne). Ce sentier de grande randonnée passe notamment par Martelange, Bastogne, Houffalize, Aywaille, Spa et Eupen.

  • Le GR 575-576 : À travers le Condroz résulte de la réunion du GR 575 : Tour du Condroz namurois et du GR 576 : Tour du Condroz liégeois en une grande boucle de près de 300 kilomètres.