Les Randos de Fred & Paul

Le Puy-en-Velay

Le Puy-en-Velay est une petite ville d'environ 20 000 habitants (appelés les Ponots ou les Aniciens). Située en Auvergne, elle est la préfecture du département de la Haute-Loire et la capitale du pays du Velay. Le mot « Puy » correspond aux mots occitans puech, pech : lieu élevé, hauteur au sommet plus ou moins arrondi. Dans le Massif central, les puys sont des sommets d'origine volcanique, parfois réduits à des cheminées ou necks. Parmi les puys célèbres, on trouve notamment le Puy de Dôme, le Puy de Sancy ou encore le Puy Mary. Avant de découvrir les trois monuments les plus connus que sont la cathédrale Notre-Dame, le rocher Corneille avec sa statue de Notre-Dame de France et la chapelle Saint-Michel d'Aiguilhe, nous arpentons les rues et ruelles pavées pour admirer quelques anciennes demeures des XVIe et XVIIe siècles.

Cette tour, datant du XIVe siècle, est le dernier vestige de la porte Pannessac. Cette porte, principale voie d'accès au centre-ville, a vu passer de nombreux rois de France. Elle faisait partie du système de défense de la cité qui comprenait 18 portes fortifiées réparties le long de l'enceinte de la ville. Lorsque des travaux d'urbanisme sont entrepris, vers 1850, afin de faciliter la circulation dans la rue, il est décidé de détruire une partie de la porte et... la tour perdit sa jumelle. Ce qu'il reste aujourd'hui de ce monument montre une tour circulaire couronnée de mâchicoulis tréflés. Ce beau vestige mériterait une plus belle affectation que celle qu'il a depuis quelques années : une agence de pompes funèbres !

GR 65 : Le Puy-en-Velay, porte Pannessac

Dans la rue Pannessac, nous contemplons la façade, de style Renaissance, de l'Hôtel des chirurgiens Ganirol dont voici, en gros-plan, deux sympathiques éléments décoratifs du second étage...

GR 65 : Le Puy-en-Velay, Hôtel Ganirol

Au XVIIe siècle, la rue Chamarlenc, une des plus étroites de la ville, accueillait le siège de la confrérie des Cornards ; confrérie bachique toute dévouée à la fête et à la bonne chair. Cette maison est malheureusement à l'abandon aujourd'hui. Les inscriptions et les mascarons de la « Maison des Cornards » reflètent le sens de l'autodérision de ces maris trompés, mais philosophes : « voies le cornar rian » peut-on lire au-dessus d'une figure grimaçante à laquelle une tête cornue et moustachue répond : « a que les cornes vont bien sur un front comme le mien ».

GR 65 : Le Puy-en-Velay, maison des Cornards

Le cœur de la vieille ville porte la marque de l'époque romaine, puisqu'il est structuré en forme de croix, comme toute ville d'origine gallo-romaine et médiévale. Il s'agit, en fait, du croisement des deux axes principaux de la ville, le cardo et le decumanus, que l'on retrouve encore dans de nombreuses villes actuelles ; la place du Plot en constitue l'épicentre. Plot est un pléonasme, car le nom est tiré du latin « planum » qui signifie : place.

Au Moyen Âge, les pèlerins se rassemblaient sur cette place avant de partir soit vers Compostelle, soit vers Saint-Gilles du Gard ; chacun cherchant des compagnons afin que la route soit plus sûre. Les rues Saint-Jacques et Saint-Gilles, attenant à la place, en perpétuent aujourd'hui le souvenir. En 1548, les consuls firent dresser sur cette place un pilori où les ivrognes étaient exposés aux moqueries des passants. La fontaine, dite de la « Bidoire », est la plus ancienne de la ville.

GR 65 : Le Puy-en-Velay, fontaine de la Bidoire

Nous quittons la ville basse pour nous rendre vers le quartier cathédrale via la rue Raphaël. C'est dans celle-ci que se trouve aujourd'hui le centre d'enseignement de la dentelle au fuseau. Selon la légende, c'est une jeune brodeuse du Puy qui aurait inventé la dentelle au fuseau à l'occasion du Grand Jubilé de mars 1407. L'évêque lui aurait demandé de décorer le manteau de la Vierge Noire. En cherchant, pendant plus d'un mois, à réaliser un ouvrage exceptionnel et des plus fins, elle eut l'idée de fixer des épingles sur une planchette de bois et d'y faire courir le fil à l'aide de navettes de bois. Par la suite, les dentellières se sont multipliées en Velay, car cette activité leur fournissait un salaire d'appoint tout en leur permettant de travailler chez elles. Depuis 1931, la dentelle faite à la main à l'aide de fuseaux est reconnue par une appellation d'origine.

La rue des Tables, particulièrement escarpée, tire son nom des nombreux étals que les commerçants disposaient, à l'époque médiévale, tout au long du parcours menant à la cathédrale. Leur but évident était de vendre aux pèlerins toutes sortes d'objets de piété. La rue dispose d'un trottoir en escalier dont les marches sont adaptées au pas des ânes. Tandis que nous montons vers la cathédrale, nous croisons quelques randonneurs qui eux descendent vers la ville. Si la Via Podiensis débute sur la place du Plot, c'est bien à la cathédrale que la majorité des pèlerins commencent leur route.

GR 65 : Le Puy-en-Velay, rue des Tables

Plutôt que de monter les 134 marches menant à la cathédrale, nous préférons d'abord nous rendre vers le rocher Corneille. Ce rocher, d'origine volcanique, qui culmine à 757 mètres d'altitude et à 132 mètres au-dessus de la ville, est couronné par la statue de Notre-Dame de France. Édifiée avec la fonte de 213 canons pris aux Russes lors du siège de la ville de Sébastopol, la statue a été inaugurée en 1860. Elle était la plus grande statue au monde avant la réalisation de la Statue de la Liberté.

L'originalité de cette statue est le positionnement inhabituel de l'enfant : la Vierge le porte sur le bras droit afin qu'il bénisse la ville sans cacher le visage de sa mère. D'une hauteur de 16 mètres, la statue repose sur un piédestal en maçonnerie de 6,70 mètres. La structure en elle-même est dite autoportante : les éléments en fonte constituant l'enveloppe extérieure de la statue ne s'appuient sur aucune ossature intérieure. Un escalier est aménagé dans le piédestal et permet d'accéder à l'intérieur de la statue qui est creuse. Un autre escalier, tournant, dessert les trois étages ; il est prolongé par une échelle de 16 barreaux permettant d'accéder à la couronne de la Vierge. Le poids total de cette construction est de 835 tonnes : 110 pour la statue, 680 pour le piédestal et 45 pour son revêtement.

GR 65 : Le Puy-en-Velay, statue Notre-Dame de France

C'est sur l'esplanade, devant cette statue grandiose, que nous effectuons la pause de midi tout en profitant du panorama sur la ville et ses environs.

GR 65 : Le Puy-en-Velay

Située au pied du rocher Corneille, d'où elle domine toute la ville, la cathédrale Notre-Dame est une des églises les plus intéressantes et les plus insolites de France. Le chœur repose directement sur le rocher, mais pour agrandir la cathédrale, aux XIe et XIIe siècles, afin d'accueillir les pèlerins toujours plus nombreux, quatre travées supplémentaires ont été audacieusement construites sur le vide ; pour rattraper un dénivelé de 17 m, d'importants piliers soutiennent les hautes arcades. La façade de la cathédrale est surprenante dans sa composition et dans sa polychromie : le sommet est une mosaïque de pierres volcaniques noires, blanches et rouges qui lui donne un aspect byzantin. Autour de chaque porche, l'alternance de claveaux dessine comme des rayons lumineux qui semblent émaner de l'intérieur de l'édifice. L'escalier qui se poursuit sous le porche, débouche dans la nef.

GR 65 : Le Puy-en-Velay, cathédrale Notre-Dame

À l'intérieur, quelques œuvres attirent notre attention dont la Pierre des Fièvres qui serait à l'origine de la construction de la cathédrale et proviendrait d'un dolmen dont elle servait de table. Au IIIe siècle, une femme, souffrant de fièvre maligne vint, sur les conseils de la Vierge, se coucher sur la dalle et se releva guérie. Le temps passa, une autre guérison miraculeuse eut lieu dans des conditions quasiment identiques : un paralytique étendu sur la table se releva guéri, et la Vierge renouvela son désir de voir édifier ici une église.

L'évêque s'en fut alors à Rome pour obtenir l'autorisation du Pape de construire une basilique sur ce rocher indiqué par la Vierge, à l'emplacement d'un sanctuaire païen, et de transférer son siège épiscopal sur le mont sacré. Dès lors commencent les pèlerinages chrétiens succédant aux cérémonies druidiques du Mont Anis. De nos jours encore, des personnes s'allongent sur la pierre afin d'en recevoir les bienfaits.

GR 65 : Le Puy-en-Velay, cathédrale (pierre des Fièvres)

Le Puy-en-Velay est, avec Chartres, le plus ancien sanctuaire marial de la Gaule chrétienne. La statue qui se trouve actuellement sur le maître-autel a été couronnée par l'évêque du Puy, en 1856, le jour de l'anniversaire de la destruction de la précédente effigie qui avait été brûlée par les révolutionnaires en 1794. Cette première Vierge Noire, une statue de cèdre provenant d'Égypte et représentant une déesse orientale ou une vierge copte, aurait été offerte par le roi Louis IX (St-Louis) au retour de la septième croisade.

Notre-Dame du Puy dispose d'une garde-robe bien garnie. Le changement du manteau de la Vierge fait partie de la vie liturgique de la cathédrale. Au-delà de l'aspect historique et artistique, chaque manteau a une signification, un symbolisme, qui soulignent le sens d'une fête ou d'un moment de l'année liturgique. Chaque 15 août, une procession solennelle de la Vierge Noire est organisée à travers les rues de la ville.

GR 65 : Le Puy-en-Velay, cathédrale (statue ND du Puy)

Derrière l'abside, entre la sacristie et le clocher, la petite cour de la prévôté renferme un puits du Moyen Âge, auquel se rapporte une inscription latine gravée sur le mur de chevet : « Cette fontaine, par force divine, sert de remède aux malades venant gratuitement en aide quand l'art d'Hippocrate fait défaut ». Sous cette inscription, des fragments de bas-reliefs gallo-romains, provenant d'un grand édifice, ont été encastrés dans les assises inférieures du chevet.

GR 65 : Le Puy-en-Velay, cathédrale (cour de la prévôté)

Le rocher d'Aiguilhe, qui tire son nom de sa forme effilée, est le dernier site que nous visitons. En 950, l'évêque du Puy prend la tête du premier pèlerinage français vers Saint-Jacques-de-Compostelle. À son retour, une chapelle dédiée à Saint-Michel est édifiée sur le rocher volcanique d'Aiguilhe. Pour atteindre la chapelle, située 85 mètres plus haut, un seul itinéraire : grimper un escalier de 268 marches taillées dans le roc. À intervalles réguliers, on dépasse des niches de la taille d'un homme, creusées également à flanc de colline. C'était en fait des abris utilisés par les pèlerins médiévaux, trop fatigués ou malades pour monter au sommet d'une seule traite.

GR 65 : Le Puy-en-Velay, Saint-Michel d'Aiguilhe GR 65 : Le Puy-en-Velay, Saint-Michel d'Aiguilhe

Au XIIe siècle, la chapelle d'origine, d'inspiration orientale, a été enveloppée dans une construction plus importante ; la façade et le clocher datent de cette époque. On s'attarde devant le très beau portail avec ses pierres colorées disposées en mosaïques. L'intérieur est étonnant, car le plan de la chapelle suit les contours du rocher, lui donnant une certaine irrégularité. Les architectes de l'époque ont dû s'adapter au site comme en témoigne la complexité du système de voûtes. Une guide nous explique les différentes peintures présentes sur les voûtes ; si certaines sont évidentes à voir, d'autres resteront pour nous énigmatiques.

GR 65 : Le Puy-en-Velay, Saint-Michel d'Aiguilhe (intérieur)