Les Randos de Fred & Paul

GR 65 : Aumont-Aubrac → Nasbinals (24 km) - juin 2014

Vers 9 h, nous quittons Aumont-Aubrac en empruntant la D987, puis une petite route le long de la voie ferrée. Nous passons sous l'autoroute A75, aussi appelée « La Méridienne », avant d'emprunter un large chemin caillouteux passant à travers une forêt de conifères.

GR 65 entre Aumont-Aubrac et La Chaze-de-Peyre

Après une heure de marche, nous entrons dans le village de La Chaze-de-Peyre où nous découvrons l'église ainsi que l'ancien four à pain. L'édifice religieux du XIIe siècle, rénové au XVIIIe siècle, est remarquable pour son clocher de granit. Le four est, apparemment, remis en fonction de temps à autre pour la plus grande joie des habitants et des estivants.

GR 65 : La Chaze-de-Peyre, four à pain

À la sortie du village, l'itinéraire suit une petite route goudronnée jusqu'à la chapelle dite « de Bastide ». Deux inscriptions gothiques, sur des pierres enchâssées, racontent son histoire : « L'an 1522, le sieur Pierre Bastide, ancien cellérier (chargé du cellier) du chapitre et bénéficier (pourvu d'un bénéfice) de l'église de Mende, fait faire cette croix et ce toit ». Ainsi, tout commence en ce lieu, au XVIe siècle, par une simple croix protégée par un auvent. La croix fut remplacée par une petite chapelle carrée, puis par l'édifice actuel dédié à la Sainte-Croix. C'est en 1968 que le curé de La Chaze-de-Peyre, après une importante restauration, fit mettre la chapelle sous le vocable de Notre-Dame de la Salette.

GR 65 : La Chaze-de-Peyre, chapelle de Bastide

Au-delà du village de Lasbros, nous quittons la départementale pour un chemin de terre d'abord à travers champs, puis au milieu d'une forêt. Nous croisons le GR de Pays « Tour des Monts d'Aubrac », cet itinéraire en boucle permet, en 260 km, de découvrir cette belle région. Nous arrivons ensuite aux Quatre Chemins, un carrefour où se trouve un petit café tenu par Régine.

GR 65 entre La Chaze-de-Peyre et Finieyrols GR 65 : Chez Régine

Après quelques centaines de mètres sur le goudron, le GR 65 s'en va dans la campagne. À partir d'ici, c'est vraiment l'Aubrac qui commence. Ce plateau, limité au nord par la vallée de la Truyère et au sud par la vallée du Lot, se caractérise par sa faible superficie (40 km sur 20 km environ). L'Aubrac s'étale sur trois départements : le Cantal, l'Aveyron et la Lozère. L'altitude moyenne est de 1000 à 1400 m, le point culminant se situe au signal de Mailhebiau (Lozère) : 1469 mètres.

L'Aubrac tire son nom d'« Alto Braco » qui veut dire : lieu élevé. Jusqu'aux alentours de l'an 1000, la région était couverte de forêts de hêtres et de sapins. Ces bois abritaient des brigands qui y trouvaient la tranquillité et de quoi se cacher. Ceux-ci détroussaient les pèlerins qui venaient du Puy-en-Velay et utilisaient l'ancienne voie romaine (Via Agrippa) menant de Lyon à Bordeaux et Toulouse pour se rendre au sanctuaire de Saint-Jacques-de-Compostelle. Les difficultés liées au climat et à l'insécurité de la traversée du plateau conduisirent un dénommé Adalard, comte d'origine flamande, à fonder, au voisinage du point le plus élevé, une abbaye pour protéger les pèlerins. L'abbaye d'Aubrac a été construite, par des moines, en 1120.

Les moines pendirent les brigands et défrichèrent au fur et à mesure autour de leur abbaye. Ces espaces déboisés étaient trop en altitude pour y cultiver de façon rentable des céréales. Par contre, l'herbe poussait bien et était très riche. C'est ainsi que l'élevage a commencé et qu'est née la race Aubrac : une race rustique, très résistante. Ici, le climat est typiquement montagnard avec des hivers longs et rudes où la neige envahit le plateau balayé par la tourmente. Mais dès le printemps, la végétation renaît riche d'une flore exceptionnelle, abritant plus de 1 000 espèces de plantes dont certaines sont très rares.

Nous marchons sur un petit sentier entre deux clôtures, mais à cause du nombre important de randonneurs sur ce tronçon, nous sommes obligés de progresser en file indienne. Nous franchissons, presque à gué, le ruisseau de La Planette avant d'ouvrir la première des nombreuses clôtures qui nous permettront de passer d'une prairie à une autre.

GR 65 entre La Chaze-de-Peyre et Finieyrols GR 65 entre La Chaze-de-Peyre et Finieyrols, ruisseau de La Planette

Nous laissons la variante pour Prinsuéjols à gauche et passons à proximité du moulin de la Folle (1156 m d'altitude). Nous longeons, à distance, la Rimeize. D'une longueur de 37 km, cette rivière prend naissance sur le flanc oriental du massif de l'Aubrac, sur le territoire de la localité de Malbouzon. Elle se jette dans la Truyère entre les localités de Rimeize et de Saint-Alban-sur-Limagnole.

Pendant 5 km, jusqu'à la ferme des Gentianes à Finieyrols, nous cheminons sur un beau chemin, bordé de petits murs de pierres, au milieu des prairies. Le ciel devient peu à peu plus nuageux et un petit vent très frais, qui ne nous quittera plus aujourd'hui, nous oblige à mettre l'écharpe autour du cou.

GR 65 entre La Chaze-de-Peyre et Finieyrols

Au bord de la D73, que nous traversons, se trouve une stèle en mémoire de Louis Dalle. Né en avril 1922 à Finieyrols, il est interné au camp de Buchenwald pendant dix mois. En 1947, après avoir été ordonné prêtre, il part pour le Pérou en tant que missionnaire. Il est intronisé évêque d'Ayaviri, en décembre 1971 ; poste qu'il occupe jusqu'à sa mort, en mai 1982. Un peu plus loin, dans le hameau de Finieyrols, on peut lire ce sympathique panneau...

GR 65 : Finieyrols, stèle Louis Dalle GR 65, panneau sympathique dans Finieyrols

Arrivés aux dernières maisons de Finieyrols, nous prenons un chemin, à travers champs, qui conduit vers un petit dôme à 1273 mètres d'altitude, puis nous empruntons la Grande Draille pour descendre jusqu'à une route asphaltée. La draille est un mot employé en Languedoc pour désigner un chemin de transhumance. Pendant des siècles, les troupeaux hébergés l'hiver (dès la mi-octobre) dans les étables des vallées montaient l'été (vers le 25 mai), par ces chemins, pour pâturer librement sur l'Aubrac. Aujourd'hui, on pratique encore la transhumance même si cela se fait moins qu'auparavant.

La draille est en général marquée par des murets de pierres qui s'élargissent de temps en temps pour ménager des espaces plus larges permettant de regrouper le troupeau. Certaines drailles, qui utilisaient le tracé d'anciennes voies romaines, ont été récupérées sous forme de sentier ; elles passent souvent sur les lignes de crête, tirent droit dans les montées, et offrent de splendides paysages.

GR 65 entre Finieyrols et Rieutort d'Aubrac, Grande Draille GR 65 entre Finieyrols et Rieutort d'Aubrac, Roc des Loups

C'est sur une route asphaltée que nous effectuons les trois kilomètres suivants, mais le paysage autour de nous est tellement beau que nous oublions vite ce petit désagrément. Dans le village isolé de Rieutort d'Aubrac (« ruisseau tortueux »), nous admirons deux magnifiques abreuvoirs fontaines ainsi qu'un four banal et un ferradou.

GR 65 : Rieutort d'Aubrac, abreuvoir GR 65 : Rieutort d'Aubrac, four banal

Nous randonnons parallèlement à la rivière Le Bès ; celle-ci prend sa source sur le plateau de l'Aubrac et rejoint la Truyère dans le lac de retenue du barrage de Grandval. Avec ses 67 km, c'est la rivière la plus importante de l'Aubrac. C'est sur la D900 que nous franchissons Le Bès, sur un pont dit « romain » alors qu'il date de 1722 ! Il est ainsi nommé parce qu'il est situé sur l'ancienne voie romaine : la Via Agrippa.

GR 65 entre Rieutort d'Aubrac et Nasbinals, Le Bès GR 65 entre Rieutort d'Aubrac et Nasbinals, pont romain sur le Bès

Après une centaine de mètres sur la départementale, nous prenons un chemin caillouteux montant vers le village de Montgros (commune de Nasbinals) où nous finissons cette étape, à 14 h 30.