Les Randos de Fred & Paul

GR 65 : Golinhac → Conques (21 km) - juin 2014

L’église de Golinhac, dédiée à Saint-Martin (ce qui indique une origine très ancienne), conserve des assises romanes d'un prieuré bénédictin qui dépendait, au XIe siècle, de l'abbaye de Conques. C’est devant l'édifice religieux que commence cette étape qui, comme les deux précédentes, se déroulera sous un généreux soleil avec une température supérieure à 25°.

GR 65 : Golinhac, église Saint-Martin

Dans le centre du village, une lauze avec une inscription en occitan, visant à préserver la langue et le patrimoine oral, a été posée en août 2003. On peut y lire ceci (en français) : « Chemine o marcheur sur le chemin de Compostelle. À la fin, tu verras l’étoile de Saint-Jacques l’éclaireur ».

GR 65 : Golinhac, lauze en occitan

Le GR 65 emprunte un sentier, à l’arrière du camping, avant de rejoindre une petite route qu’il quitte rapidement pour un agréable sentier au milieu de la campagne. Nous découvrons, tout comme hier, de nombreuses croix avec pour chacune un panneau explicatif.

GR 65 entre Golinhac et Espeyrac

Pour atteindre Les Albusquies nous empruntons brièvement la D42, puis nous bifurquons dans un chemin à travers champs et forêts. À la sortie de ce hameau, le tracé blanc et rouge descend lentement vers Campagnac par une succession de petites routes et de sentiers au milieu des prés.

GR 65 entre Golinhac et Espeyrac

À partir d’ici, nous entamons une longue descente vers Espeyrac ; en quatre kilomètres, nous allons passer de 600 à 370 mètres d’altitude. Malheureusement, les deux tiers de ce tronçon se dérouleront sur l’asphalte. Le GR 65 retrouve, ici à Campagnac, le GR 6 qu’il avait abandonné à la sortie d’Estaing ; les deux chemins de randonnée seront communs jusqu'à Figeac.

La route passe par les hameaux de Le Soulié et Carboniès. Dans Carboniès, nous croisons un charmant couple réalisé avec des pots de fleurs. À la sortie du hameau, nous quittons l’asphalte pour un sentier à travers bois et passons par-dessus le ruisseau : la Daze des Vernhettes. Ce petit cours d’eau est rejoint, dans Espeyrac, par la Daze de Saint-Félix de Lunel et la Daze de la Molinarie pour former une rivière qui, après avoir serpenté dans les prés, se jette dans le Lot. Du Moyen Âge au XVIe siècle, le long des Dazes, on exploita des mines de fer et des moulines (moulins qui battaient le minerai de fer). Il ne reste plus aucune trace visible de cette activité.

GR 65 entre Golinhac et Espeyrac : Le soulié GR 65 entre Golinhac et Espeyrac : Carboniès GR 65 entre Golinhac et Espeyrac

Vers 11 h, nous atteignons le village d’Espeyrac. Golinhac, Espeyrac,... cette terminaison en -ac indique l'origine celte (le Rouergue était jadis le territoire de la tribu des Rutènes) ou gallo-romaine d’une propriété. Le suffixe celte -acos, signifiant « domaine de » est passé ultérieurement au latin sous la forme -acum.

GR 65 : Espeyrac

Bâti en amphithéâtre sur un promontoire rocheux, face à la vallée, Espeyrac comporte des rues pentues et des ruelles en escalier. Le village est nommé dans le cartulaire de Conques dès le XIe siècle ; il devait donc dépendre de cette abbaye. En 1356, le bourg fut fortifié et devint le siège d’une baronnie importante jusqu’en 1681. Le village possédait deux châteaux ; de celui des seigneurs d'Espeyrac, subsiste un bâtiment avec une tourelle. Au XVe siècle, le second château, ruiné, est transformé en église.

GR 65 : Espeyrac, château et église

Le Livre des miracles de Sainte-Foy rapporte l'histoire d'un habitant de Spariacus (ancien nom d’Espeyrac), Guibert, miraculeusement guéri en 960.

Comme il s'en revenait d'un pèlerinage à Conques, le malheureux Guibert est assailli par une horde de brigands, à la solde de son oncle, prêtre du diocèse de Rodez. Non contents de détrousser le pieu voyageur, ces mécréants lui arrachèrent les yeux. Une fois qu'ils furent partis, deux oiseaux vinrent secrètement recueillir les yeux de Guibert, avant de s'envoler en direction de Conques. Un an s'était passé depuis sa tragique mésaventure, quand, une nuit, sainte Foy lui apparut en songe, lui conseillant de venir la visiter à nouveau dans son sanctuaire. Son métier ne lui rapportant que de maigres subsides, Guibert hésitait, se demandant comment il pourrait pourvoir à la dépense du voyage. Sainte Foy lui prédit alors que s'il faisait une quête à la messe, il obtiendrait six deniers. Cette prédiction se réalisa et Guibert se mit en route. Arrivé à Conques, il passa la nuit en prières auprès du tombeau de sainte Foy, que veillait également une foule de pèlerins et leur ferveur fut telle, cette nuit-là, que Guibert recouvra la vue.

Après une pause boisson, nous quittons Espeyrac en passant à côté du cimetière. Le GR 65 franchit la Daze et remonte sur l’autre versant en direction de Sénergues (506 mètres d’altitude). Par un sentier, à travers bois et prés, nous rejoignons la D42 que nous suivons pendant 500 mètres. Le parcours tourne ensuite à gauche, au niveau du hameau de Célis, pour emprunter un sentier grimpant vers le cimetière de Sénergues, à l’entrée de la localité.

GR 65 entre Espeyrac et Sénergues GR 65 entre Espeyrac et Sénergues

Située entre la vallée du Lot et Conques, sur un éperon granitique, l’agglomération de Sénergues est très ancienne. Son origine remonterait à la période gallo-romaine et peut-être au-delà.

GR 65 : Sénergues

L’église actuelle est l’œuvre d’Antoine de Rousselet, abbé de Conques au XVIe siècle, qui a presque entièrement reconstruit l’édifice précédent détérioré. Il a laissé sa signature, avec ses armoiries qui figurent au-dessus du portail du parvis. L’église est dédiée au culte de Saint-Martin et a conservé, à l’intérieur, de nombreux remplois de l’édifice primitif.

GR 65 : Sénergues, église Saint-Martin

Cette tour carrée a été édifiée, en 1385, à l’époque de la guerre de Cent Ans pour se défendre contre l’envahisseur Anglais et les bandes de routiers. Les mâchicoulis, à l’origine couverts d’un toit, protégeaient le château et un souterrain le reliant à l’église offrait une sortie en cas d’extrême danger. Symbole de pouvoir, la tour a été conservée lors de la reconstruction du corps de logis à la fin du XVe siècle.

GR 65 : Sénergues, château

Nous profitons de l’aire de pique-nique, située dans le petit parc à côté de l’église, pour casser la croûte. Près de nous, un groupe de randonneurs franco-allemands discute avec un Alsacien. Ce dernier dit être parti à 6 h ce matin d’Estaing... il a donc déjà parcouru, à midi, 28 km !

À la sortie de Sénergues, l’itinéraire traverse un lotissement et emprunte ensuite un large chemin montant dans la forêt et se poursuivant entre les champs. L’ascension terminée, le GR 65 continue son périple sur ce beau chemin au milieu de la campagne, parallèlement à la D42. À un carrefour de plusieurs routes, nous prenons la D137 sur 500 mètres avant de tourner, à gauche, dans un chemin à travers champs qui rejoint la D42.

GR 65 entre Sénergues et Conques

Nous poursuivons sur cette départementale, pendant deux kilomètres, jusqu’au hameau de Fontromieu. De temps à autre, un sentier parallèle à la route a été aménagé pour la sécurité des pèlerins ; de grands panneaux routiers invitent d’ailleurs les automobilistes à la prudence.

GR 65 entre Sénergues et Conques

À Fontromieu, le tracé blanc et rouge quitte la D42, mais continue cependant sur le goudron en direction de Saint-Marcel. Nous traversons ce hameau et restons encore sur cette route circulant sur la crête. Finalement, nous amorçons une longue descente d’un kilomètre, vers Conques, et passons de 530 à 280 mètres d’altitude.

GR 65 entre Sénergues et Conques, église de Saint-Marcel

Au début, le chemin est pentu et assez large. Mais bien vite, c’est un petit sentier rocailleux, au milieu d’une végétation très dense, que nous empruntons. Et puis, tout à coup, apparaissent les tours de l’abbatiale Sainte-Foy. Nous n’avons plus qu’à descendre une rue pavée pour atteindre le centre du village de Conques, à 14 h 30.

GR 65 entre Sénergues et Conques, descente vers Conques GR 65 : Conques, abbatiale Sainte-Foy