Les Randos de Fred & Paul

GR 65 : Livinhac-le-Haut → Figeac (25 km) - juin 2016

Il est 7 h lorsque nous descendons prendre le petit déjeuner, qui se révèlera être le plus copieux de la semaine avec notamment, pour chacun, un croissant et une salade de fruits frais. Nous sommes les derniers à quitter le gite, vers 8 h 30. Le ciel est brumeux ce qui annonce une belle journée ensoleillée.

Nous suivons brièvement la D627 pour sortir de Livinhac-le-Haut. Le nom du village, qui doit se prononcer « Livignac », ne se réfère pas à l’altitude, mais bien au fait qu’il se situe en amont sur le Lot par rapport à un autre Livinhac (commune de Capdenac). Le GR 65 s’écarte de la route pour amorcer la montée vers Montredon. L’ascension se fait par des sentiers entre sous-bois et campagne et, bien vite, nous nous retrouvons au-dessus de la masse nuageuse recouvrant la vallée du Lot. Le parcours se poursuit sur de larges chemins tantôt en terre, tantôt gravillonnés. Peu avant de découvrir la croix des Trois Évêques, nous observons le manège amoureux d’un taureau dans un pré voisin...

GR 65 entre Livinhac-le-Haut et Montredon GR 65 entre Livinhac-le-Haut et Montredon GR 65 entre Livinhac-le-Haut et Montredon

Une croix, datant de la moitié du XVIIe siècle, marquait ici le carrefour de trois provinces : le Quercy, le Rouergue et l’Auvergne. Après la Révolution, cette petite croix (80 cm) devint le point de jonction des trois départements : le Lot, l’Aveyron et le Cantal. Vers 1950, devant sa dégradation avancée, le curé de Montredon fit construire une croix plus haute et plus monumentale, en bordure de la D21. La découverte fortuite, dans les années 60, de la partie haute de l’ancienne croix relança le débat sur l’authenticité du site.

En 2013, les trois municipalités limitrophes (Montredon, Livinhac-le-Haut et Montmurat), conscientes de l’importance patrimoniale, symbolique et sentimentale du site, ont décidé de prendre en charge la conception d’une croix à l’identique et la mise en valeur du site originel.

GR 65 entre Livinhac-le-Haut et Montredon, croix des Trois Evêques

Passé cette croix, nous quittons le département de l’Aveyron, dans lequel nous cheminions depuis le village d’Aubrac, pour entrer dans celui du Lot. La pente devient plus douce, et le GR 65 s’en va sur le goudron jusqu’à Montredon. Nous profitons d’un point d’eau, à l’arrière de l’église, et apposons le cachet paroissial sur notre credencial. Montredon, « le mont arrondi », s’étale sur un mamelon dominé par l’église Saint-Michel.

GR 65 entre Livinhac-le-Haut et Montredon, département du Lot GR 65 : Montredon, église Saint-Michel

Lentement mais sûrement, nous rattrapons les pèlerins partis avant nous de Livinhac-le-Haut. Le tronçon du Chemin de Saint-Jacques que nous allons maintenant suivre jusqu’à Figeac est inscrit au Patrimoine mondial de l’Unesco. Après deux kilomètres sur l’asphalte, nous bifurquons sur un chemin de terre qui laisse rapidement la place à un sentier au milieu d’une abondante végétation. Par endroits, ce sentier est devenu très humide et boueux à cause des nombreuses intempéries ; nous devons jouer les équilibristes afin de garder les pieds secs.

GR 65 entre Montredon et Saint-Félix GR 65 entre Montredon et Saint-Félix

Un peu avant 11 h, nous atteignons la chapelle romane de Sainte-Marie de Guirande. Construite aux XIIe et XIIIe siècles, cette chapelle, qui n’a que peu de charme à l’extérieur, est remarquable pour ses peintures murales du XVe siècle. Elle se compose d’une nef et d’une abside portée par des ogives dont la base repose sur des culots représentant des masques de pierre datant du XIIe siècle.

GR 65 : chapelle Sainte-Marie de Guirande GR 65 : chapelle Sainte-Marie de Guirande, intérieur

L'abside est ornée, dans sa partie supérieure, d'un Christ en majesté encadré au nord par un aigle, symbole de l'évangéliste Saint-Jean, et au sud par un homme, symbole de l'évangéliste Saint-Matthieu. La partie inférieure est consacrée à deux scènes : côté nord, on distingue le martyr de Saint-Namphaise, (ermite qu’un taureau éventra, et qu’on implorait pour la guérison de l’épilepsie), tandis que sur le côté sud est décrit le ravissement de Sainte-Marie-Madeleine. Sur la voute, côté nord, une représentation d’un lion, symbole de l'évangéliste Saint-Marc, et côté sud, un taureau, symbole de l'évangéliste Saint-Luc.

GR 65 : chapelle Sainte-Marie de Guirande, peintures murales

La Via Podiensis suit quelques instants la départementale avant de monter vers le hameau de Guirande. À la sortie de celui-ci, le tracé blanc et rouge continue le long d’une allée de chênes. Le chemin bien que très beau, est aussi très boueux, mais heureusement, des passages latéraux ont été aménagés par les randonneurs précédents. Nous continuons sur de larges chemins herbeux au milieu de la campagne avant un petit tronçon de départementale.

GR 65 entre Montredon et Saint-Félix GR 65 entre Montredon et Saint-Félix

Nous descendons vers le lac de Terly, un plan d’eau calme que le chemin inondable traverse de part en part, avant de remonter jusqu’au hameau de Bord. Cette ascension s'effectue d’abord sur une route, puis sur des chemins herbeux à travers champs et bosquets.

GR 65 entre Montredon et Saint-Félix, lac de Terly

Un peu plus loin, un écriteau nous annonce la fermeture définitive du chemin après l’été, mais aujourd’hui nous pouvons encore y passer, donc tout va bien ! De sentiers herbeux en chemins boueux, de prairies en sous-bois, nous voici arrivés à Saint-Félix où nous profitons d’une aire de pique-nique, à côté de l’église, pour effectuer la pause de midi. Nous sommes rapidement rejoints par Joëlle, une randonneuse bretonne, avec qui nous avions déjà sympathisé à Conques.

GR 65 entre Montredon et Saint-Félix, fermeture du GR GR 65 entre Montredon et Saint-Félix

L’église romane, dédiée à Sainte-Radegonde, appartenait à l’abbaye de Figeac. Sur le tympan du XIe siècle, on peut voir Adam et Eve devant l’arbre et le Serpent.

GR 65 : Saint-Félix, église Sainte-Radegonde

En compagnie de Joëlle, nous quittons Saint-Félix. Un charmant sentier, semblant passer dans un tunnel de verdure, nous mène jusqu’à une route qui monte, pendant un kilomètre, vers Saint-Jean-Mirabel. La toponymie du village fait référence à Saint-Jean-Baptiste et « Mirabel », de l’occitan mirar : une hauteur avec une belle vue. L'église, datant du XIIIe siècle, fut sous la dépendance de l'abbaye de Conques. L'agrandissement de l'église, au XIXe siècle, dissimule le premier édifice. De cette période, reste le tympan, inscrit sous l'arc brisé du portail occidental, qui représente la crucifixion avec la Vierge, Saint-Jean, le soleil et la lune.

GR 65 entre Saint-Félix et Saint-Jean Mirabel GR 65 : église de Saint-Jean Mirabel

Après un petit détour pour admirer l’église, nous entamons la moins belle partie de l’étape : 1,5 km de départementale ! Heureusement, un sentier s’est peu à peu créé sur le côté permettant de ne pas marcher sur la route. Sur le trajet, nous découvrons, accroché au mur d’une maison, une poésie sur le Chemin de Compostelle.

GR 65 entre Saint-Jean Mirabel et Figeac GR 65 entre Saint-Jean Mirabel et Figeac

Soudain, le tracé blanc et rouge quitte la D2 pour un emprunter un sentier herbeux d’abord, un chemin empierré ensuite. Nous retrouvons la départementale, pendant une centaine de mètres, avant de tourner vers la gauche et d’entamer la longue descente sur Figeac. Si le début du parcours se passe sur des sentiers rocailleux bien vite, c’est l’asphalte qui prend le relais. Dans cette descente, nous quittons Joëlle qui termine à Figeac son périple débuté au Puy-en-Velay.

GR 65 entre Saint-Jean Mirabel et Figeac GR 65 entre Saint-Jean Mirabel et Figeac

En deux kilomètres, nous passons de 380 à 210 mètres d’altitude et, en bas, ce sont les genoux qui nous font savoir qu’ils n’apprécient pas les fortes descentes. Nous atteignons les rives du Célé que nous suivons jusqu’à l’entrée de la ville. Étant arrivés trop tôt, nous devons patienter un peu devant la grille du gîte du Gua. À 15 h 30, nous sommes chaleureusement accueillis par Frédérique et Théophile.

Nous sommes installés dans une chambre à 3 lits, où nous ne serons que nous deux. Tout comme hier, les bagages sont interdits dans les chambres, mais ici, nous pouvons utiliser nos sacs de couchage. À 19 h, nous descendons prendre le repas, dans la salle à manger, en compagnie de dix autres randonneurs. C’est dans une bonne ambiance que nous savourons le plat de rougail, suivi du fromage et du dessert. Nous passons la soirée, sur la terrasse, à discuter avec d’autres pèlerins dont une Française qui va relier Cahors en empruntant le GR 651 qui passe par la vallée du Célé.

GR 65 : Figeac,  gite du Gua

Au IXe siècle, une abbaye bénédictine est fondée dans un lieu nommé Figeac, et une ville se constitue peu à peu auprès de cet établissement religieux. L’essor économique de la cité s’intensifie à partir du XIIe siècle. Les marchands de la ville développent alors des échanges réguliers avec des cités commerçantes de toute la France, avant d’étendre, à partir du XIIIe siècle, leurs activités dans plusieurs villes et ports d’Europe et du bassin méditerranéen. La richesse de ces marchands s’exprime dans l’architecture et dans le décor de leurs demeures. Celles qui sont aujourd’hui conservées rappellent que Figeac fut, jusqu’à la guerre de Cent Ans, l’une des villes les plus prospères du midi de la France.

La guerre de Cent Ans signe la fin du commerce international et, à la fin de la Renaissance, Figeac souffre des guerres de Religion. Néanmoins, aux XVe et XVIe siècles, la ville se dote de quelques édifices reflétant les innovations architecturales de cette époque : des constructions de trois étages dominées au rez-de-chaussée par de grandes arcades. Le premier étage, réservé aux appartements privés, est souvent doté de fenêtres aux formes gothiques et d’une galerie. Le trait marquant de cette architecture est surtout le « soleilho » : une haute galerie s’ouvrant sous le toit et qui comme son nom l’indique est offerte au soleil. Cet espace servait au séchage du linge ou au stockage des récoltes. À partir du XVIIIe siècle, la ville engage sa modernisation, mais un tournant s’opère à la fin du XXe siècle avec la reconnaissance de la qualité du patrimoine architectural de la ville ancienne.

Lors de notre promenade dans Figeac, nous avons notamment remarqué :

  • La maison dite de la Monnaie. La façade principale de cette maison médiévale, qui était jadis un bureau de change, est l’une des mieux conservées de la ville.

  • GR 65 : Figeac, maison de la Monnaie
  • L’église Saint-Sauveur est le principal vestige de l’abbaye bénédictine qui a déclenché le développement de la cité au Moyen Âge. L’édifice, endommagé au cours des guerres de Religion, fut en partie reconstruit au XVIIe siècle. L’ancienne salle capitulaire de l’abbaye a été transformée en chapelle et dotée, au XVIIe siècle, d’un riche décor de bois sculpté.

  • GR 65 : Figeac, église Saint-Sauveur GR 65 : Figeac, église Saint-Sauveur
  • La maison du Griffon, construite dans la seconde moitié du XIIe siècle, est considérée comme la plus ancienne de Figeac. Les sculptures de la façade, de style roman, présentent des motifs variés.

  • GR 65 : Figeac, maison du Griffon
  • Cette demeure médiévale, sur la place Champollion, dont la façade est l’une des plus spectaculaires de la ville. À l’étage, les hautes baies laissent largement entrer la lumière et témoignent d’une recherche de confort.

  • GR 65 : Figeac, maison médiévale sur la place Champollion
  • La place des Écritures, conçue en 1990, accueille, en hommage au déchiffreur des hiéroglyphes, une grande reproduction de la pierre de Rosette. Champollion est, en effet, né à Figeac en 1790, sa maison natale est aujourd’hui un musée.

  • GR 65 : Figeac, places des Ecritures et musée Champollion