Les Randos de Fred & Paul

GR 65 : Uzan → Maslacq (24 km) - août 2018

Vers 7 h 30, nous nous rendons dans la maison du couple Perarnaud pour prendre le petit déjeuner. Malgré la présence de nombreuses mouches (et de quelques souris), nous apprécions ce repas et particulièrement les confitures maison. Une heure plus tard, nous débutons l’étape et prenons la direction de Géus-d’Arzacq. Ce parcours, de 2 km, entièrement sur le goudron, s’effectue principalement entre les champs de maïs. Nous traversons néanmoins un petit bois où une aire de pique-nique a été installée.

GR 65 entre Uzan et Géus-d’Arzacq GR 65 entre Uzan et Géus-d’Arzacq

Le village de Géus-d’Arzacq (prononcé géouss) apparaît en 1515 sous le nom de Gieus ; il ne prit son nom actuel (pour le distinguer de son homonyme d'Oloron) qu’en décembre 1956. Nous passons devant l’église Notre-Dame et continuons encore 500 mètres sur l’asphalte avant de profiter du premier chemin de terre de la journée.

GR 65 entre Géus-d’Arzacq et Pomps

Le tracé blanc et rouge atteint le village de Pomps où il retrouve une petite route qu’il va suivre, au milieu de la campagne, pendant 1,5 km. De l’autre côté de la D945, peu après une maison abandonnée, nous tournons, vers la droite, sur un chemin herbeux passant entre les champs de maïs. Ce beau tronçon, d’un kilomètre, s’achève à la jonction avec la D269.

GR 65 entre Pomps et Castillon

Nous franchissons le ruisseau « Lech » et poursuivons, durant 1,5 km, le long de la départementale jusqu’à Castillon. Si les ¾ de ce parcours s’effectuent à plat, nous avons droit, à la fin, à un bon raidillon (de 140 à 200 mètres d’altitude). Au sommet, nous découvrons, dans le centre du village, près de l’église Saint-Pierre, un beau manoir Renaissance.

GR 65 entre Pomps et Castillon GR 65 : château de Castillon

À la sortie de Castillon, après avoir admiré le point de vue sur les Pyrénées, nous descendons un chemin de terre forestier. Nous passons le ruisseau « Aubin » (139 mètres d’altitude) et retrouvons la D269 sur laquelle nous marchons durant un kilomètre. Nous quittons cette départementale pour prendre, sur la gauche, une petite route montant vers la D263.

GR 65 entre Castillon et Arthez-de-Béarn GR 65 entre Castillon et Arthez-de-Béarn

Au sommet, nous effectuons une pause et admirons la chapelle de Caubin dont l'origine est difficile à déterminer. Probablement construite sur l'ordre de Gaston IV de Béarn par les Chevaliers de Saint-Jean de Jérusalem, au retour de la première croisade, « Espital de Calvi » voit le jour vers 1160. Cette commanderie, richement dotée par les Chevaliers de Malte, va connaître une grande période de prospérité.

Le 15 août 1569, durant les guerres de Religion, l'hôpital est en grande partie détruit. L'ordre de Malte rentre en possession de Caubin vers la fin du XVIe siècle, mais la commanderie ne se relèvera jamais véritablement de cette épreuve. Elle continuera à perdre de sa puissance jusqu'à la Révolution qui marquera la fin de sa grande histoire. Il ne reste aujourd'hui que la chapelle, classée Monument historique. En 1966, une association visant la sauvegarde du monument a été créée. Depuis sa restauration, achevée en 1974, « Les Amis de Caubin » se sont consacrés à la redécouverte de l'histoire du pays et à l'animation de la chapelle.

GR 65 : chapelle de Caubin

La chapelle se distingue par son architecture romane, avec un toit quasiment plat (plutôt rare en Béarn), un plan simple à nef unique, un portail sculpté et un clocher-mur. Le trésor de Caubin réside essentiellement dans l'enfeu de style gothique flamboyant et le gisant qu'il contient. Ce monument, unique en Béarn, a été construit en 1324 pour servir de tombeau au baron Guilhem Arnaud d'Andoins, seigneur du pays. Ce chevalier, finement sculpté, est recouvert d’une cotte de mailles et a une épée à ses côtés.

GR 65 : chapelle de Caubin, enfeu

De l’autre côté de la route, on trouve un oratoire, fait de galets ; ces pierres, roulées dans les eaux des gaves, sont très utilisées dans les constructions traditionnelles en Béarn. Pendant la Seconde Guerre mondiale, le curé d'Arthez-de-Béarn avait promis de faire édifier un oratoire pour remercier la Vierge si les 37 prisonniers de guerre du village revenaient sains et saufs de captivité. Un artisan maçon local réalisa cet ouvrage qui fut inauguré, le 15 août 1951, en présence des habitants d’Arthez-de-Béarn et des environs. Ceux-ci transportèrent en procession la statue de la Vierge de l’église du bourg à Caubin.

GR 65 : chapelle de Caubin, oratoire

Nous nous dirigeons ensuite vers Arthez-de-Béarn (205 mètres d’altitude) et empruntons pour cela la départementale sur deux kilomètres. L'occupation du village et de sa région est fort ancienne, comme en témoigne la présence de nombreux sites de l'époque préhistorique, réaménagés à l'époque gallo-romaine et couronnés de mottes féodales dès le début du Moyen Âge.

Arthez-de-Béarn, juché sur une crête défensive, constituait jadis une véritable citadelle. C’est pour cette raison qu’il fut inclus dans le système défensif mis en place par Gaston Phébus, chargé de défendre le Béarn face aux régions voisines. Au centre du bourg se trouvait le château (XIIe siècle) avec ses deux tours carrées, dont une seule subsiste et sert aujourd'hui de clocher pour l'église Saint-Etienne (1887). La rue centrale était fermée aux deux extrémités par des ponts tendus de chaînes.

Nous traversons tout le village et continuons le long de la D946, puis de la D275, pendant 1,5 km. Si nous quittons la départementale, nous poursuivons cependant sur l’asphalte durant encore un kilomètre. C’est à la fin de ce parcours qui, depuis la chapelle de Caubin, nous paraît interminable que nous trouvons une aire de pique-nique ombragée.

Après cette pause, nous progressons, pendant 2,5 km, sur un chemin caillouteux descendant progressivement. Ce tracé, bien agréable, passe notamment dans le bois de Leire. De retour sur le goudron, que nous ne quitterons plus aujourd’hui, nous prenons la direction d’Argagnon. Durant ce tronçon, passant principalement entre les champs de maïs, nous devons, comme précédemment, nous méfier des canons enrouleurs servant à l’irrigation. Même s’il fait très chaud, nous préférons éviter une grosse douche !

GR 65 entre Arthez-de-Béarn et Argagnon GR 65 entre Arthez-de-Béarn et Argagnon

Nous effectuons une petite pause boisson près de l’église Saint-Pierre d’Argagnon. Le tracé blanc et rouge descend ensuite, derrière les glissières de sécurité, la D817. Nous traversons la départementale un peu plus loin et empruntons la D275 jusqu’à Maslacq, soit sur 1,5 km. Sur cet itinéraire, nous franchissons successivement la voie ferrée (Toulouse - Bayonne), le gave de Pau (74 mètres d'altitude) et l’autoroute A64.

GR 65 : Argagnon, église Saint-Pierre

Le gave de Pau, qui porte ce nom à partir de Luz-Saint-Sauveur, naît dans le Cirque de Gavarnie (Hautes-Pyrénées). Le long de ses 193 kilomètres, il arrose notamment Lourdes et Pau. À partir de sa confluence avec le gave d'Oloron, il prend le nom de « gaves réunis » ; ce dernier se jette dans l'Adour, à Peyrehorade (Landes). La rivière, dès ses origines et tout au long de son cours, est altérée par la présence de nombreux barrages et centrales hydroélectriques. Parmi les sources qui alimentent le gave de Pau, on compte notamment la source réputée miraculeuse de Lourdes.

Avant la Révolution, le château de Maslacq était la résidence des abbés laïques de cette agglomération villageoise. Parmi les titulaires qui se sont succédé au Moyen Âge, la famille d'Abbadie d'Arboucave a laissé un souvenir particulier, car elle a assumé cette fonction par filiation pendant près de trois siècles. Le bâtiment actuel est la reconstruction, en 1774, de la résidence d'origine.

GR 65 : château de Maslacq

À proximité du château, on peut découvrir une tour qui est le seul vestige d'un édifice ruiné adjacent (ni identifié, ni daté). Il pourrait s'agir d'un belvédère faisant partie d'un ensemble d'agrément, ménageant à son sommet une salle fenestrée qui permettait de découvrir la totalité de l'horizon. L'autre hypothèse envisage que l'emplacement de cette tour serait celui du premier château. En dépit de son état de délabrement, l'architecture et le décor sculpté de la tour rappellent sa forte référence à l'art renaissant italien.

GR 65 : tour de Maslacq

Vers 14 h 30, nous arrivons à la chambre d’hôte où nous passerons la nuit. Malgré la chaleur, les propriétaires ne proposent pas de boissons fraiches... à moins de payer ! Notre chambre, avec un lit double, dispose d’une douche et d’un lavabo. Le repas du soir, pris sur la terrasse, est préparé avec de bons produits locaux ; nous regrettons le « rationnement » sur le vin. La soirée se passe en compagnie de Thierry (déjà rencontré à Aire-sur-l’Adour), d’un couple de Nice et d’un couple d’Allemands que nous reverrons souvent les prochains jours. Ces derniers sont partis de Berlin début avril et espèrent rejoindre Saint-Jacques-de-Compostelle fin septembre.