Les Randos de Fred & Paul

GRP 573 : Signal de Botrange → Pont de Belleheid (16 km) - octobre 2015

En 1919, après le traité de Versailles, la Belgique a reçu, en compensation des destructions causées par les combats et les services allemands dans les forêts belges, les cantons d'Eupen - Malmedy et leurs 33 000 ha de forêts. En effet, pendant la guerre, 22 000 hectares de forêts belges ont été mis à mal tant par les destructions provoquées par les combats que par des exploitations abusives liées aux besoins militaires ou commerciaux des Allemands.

Par cette annexion d'une partie de la Prusse, la Belgique s'est agrandie de 1 050 km², répartis sur 31 localités à l'est du pays. L'altitude maximale du pays a ainsi été rehaussée de 20 mètres ! Alors que jusque-là, la Baraque Michel, du haut de ses 674 mètres, était le point culminant du territoire, celui-ci a été détrôné par le Signal de Botrange, et ses 694 mètres d'altitude. La première tour en bois, érigée à l’époque prussienne (1889), a été remplacée par la tour actuelle, haute de 24 m, construite en 1934.

Aménagée en 1923, la « butte Baltia » permet d'atteindre artificiellement l'altitude symbolique de 700 mètres. Ce petit tertre a été érigé à l’initiative d'Herman Baltia. Ce major, promu lieutenant-général, assuma la fonction de « haut-commissaire royal » des cantons de l'Est entre janvier 1920 et juin 1925. Avant de démarrer le parcours, nous gravissons la vingtaine de marches de cette butte.

GRP 573 : signal de Botrange, butte Baltia

Cette étape, qui se déroulera entièrement sous un beau soleil, mettant en valeur les magnifiques couleurs automnales, débute par un sentier rectiligne, de près d’un kilomètre, sur les caillebotis.

GRP 573 entre le signal de Botrange et Mont Rigi

Nous traversons la N68 (Eupen - Malmedy) et abordons un parcours de 2,5 km à travers la fagne de Polleur (ou de la Poleûr). Celle-ci s’étend entre la Baraque Michel et Mont Rigi sur 54 hectares, à une altitude variant de 640 à 675 mètres. Depuis 1984, elle a le statut de réserve naturelle. Le paysage de cette fagne est le résultat de plusieurs siècles d’activités humaines (exploitation de la tourbe, fauchage, pâturage…) qui ont peu à peu transformé les zones boisées originelles en vastes étendues de landes.

En suivant les caillebotis (parfois en mauvais état), nous passons à proximité du Mont Rigi. Ce nom vient d'un des bourgmestres de Waimes qui avait attribué à certains endroits de sa commune le nom de lieux célèbres ; Rigi est le nom d’une montagne suisse située à proximité du lac des Quatre-Cantons.

En 1861, quelques années après la fin de la construction de la route reliant Eupen à Malmedy, Jacques Walther Hoen créa au milieu des Hautes Fagnes, à l’embranchement de la route qui conduit à Robertville, une auberge. Celle-ci était destinée à offrir une possibilité de repos aux hommes (et à leurs montures) qui s’étaient aventurés sur ce chemin difficile.

GRP 573 entre le signal de Botrange et Mont Rigi, Fagne de Polleur GRP 573 : auberge du Mont Rigi

Auberge du Mont Rigi, vers 1900

Nous passons à côté du parc synoptique et météorologique de l’IRM. C'est le fils du fondateur de l’auberge du Mont Rigi qui commença, à la fin du XIXe siècle, à relever des données météorologiques comme les températures, les précipitations, la pression barométrique et la direction du vent. Sur la base de ces données et de celles collectées par d’autres stations météorologiques, on créa des bulletins météo qui furent affichés dans tous les bureaux de poste et bâtiments publics de Rhénanie.

Après avoir suivi un large coupe-feu, le sentier balisé nous emmène le long du ruisseau de Polleur qui deviendra un peu plus loin la Hoëgne. Le GRP 573 longe ensuite, pendant 800 mètres, l'escarpement du Bèleu, un versant abrupt (le plus important du haut plateau fagnard) dominant, d'une hauteur de vingt mètres, le ruisseau de Polleur.

GRP 573 entre Mont Rigi et Hockai, Fagne de Polleur GRP 573 entre Mont Rigi et Hockai, ruisseau de Polleur GRP 573 entre Mont Rigi et Hockai, escarpement du Bèleu

Si jusqu’ici le parcours était relativement aisé, notamment grâce aux caillebotis, il n’en est plus de même à présent. Après le « pont de Bèleu », qui permet de franchir le ruisseau, nous avons bien du mal à trouver notre chemin et tentons autant que possible d’éviter de nous mouiller les pieds.

GRP 573 entre Mont Rigi et Hockai

Nous traversons à nouveau le ruisseau de Polleur et suivons un coupe-feu qui monte doucement. Presqu’au sommet, nous prenons un chemin herbeux, quasi rectiligne, durant 1,7 km.

GRP 573 entre Mont Rigi et Hockai

Au niveau des « Six hêtres », nous laissons le GR 56, qui nous accompagnait depuis le début de l'étape, partir vers la gauche. Perdus au milieu de la pessière, les « Six hêtres » sont des vieux arbres qui abritaient jadis les bergers en cas d’intempéries. C’est donc sur le GRP 573 seul que nous poursuivons notre périple à travers les sentes forestières.

Nous atteignons les premières maisons du village de Hockai et quittons ainsi les Hautes Fagnes avec un certain soulagement, car malgré la beauté du parcours, le cheminement n’y était pas toujours facile. Nous empruntons brièvement un sentier entre des arbustes avant de rejoindre une petite route descendant vers le « pont du Centenaire ». Situé sur la Vecquée, une des premières routes tracées à travers les Hautes Fagnes, ce pont permet de franchir la Hoëgne. Il porte ce nom parce qu’il a été construit en 1930, lors du centenaire de la Belgique.

GRP 573 entre Mont Rigi et le pont du Centenaire GRP 573 : pont du Centenaire sur la Hoëgne

Nous trouvons un banc où nous installer pour manger nos tartines avant d’entamer, selon moi, la plus belle partie de la randonnée : la descente de la vallée de la Hoëgne. Nous sommes en effet, à présent, au bord de la Hoëgne qui est issue du ruisseau de Polleur auquel se sont joints les flots du ruisseau de la Baraque (sous-entendu Michel). Tout en suivant la rivière, que l’on peut ici qualifier de torrent, nous allons passer de 520 à 380 mètres d’altitude.

Durant 3,5 km, le parcours qui se fait principalement sur les caillebotis traverse à plusieurs reprises le cours d’eau sur des passerelles, bien aménagées et sécurisées, portant chacune un nom. Nous admirons des cascades telles la « Léopold II » ou la « Marie Henriette », car c’est la seconde reine des Belges qui, en 1899, inaugura ce parcours aménagé grâce à des bénévoles. Parmi ceux-ci, on peut citer Léonard Legras qui fut, au début du XXe siècle, le promoteur des promenades dans la vallée de la Hoëgne. Une stèle, à proximité de la cascade Léopold II, rappelle son souvenir.

GRP 573 entre le pont du Centenaire et le pont de Belleheid, vallée de la Hoëgne GRP 573 entre le pont du Centenaire et le pont de Belleheid, vallée de la Hoëgne GRP 573 entre le pont du Centenaire et le pont de Belleheid, vallée de la Hoëgne

Le chemin, de plus en plus facile, débouche sur le parking du « pont de Belleheid » où se termine cette étape. C'est ici que démarre ou s'achève la variante Hoëgne. En 28 km, ce parcours relie Pepinster et le pont de Belleheid ; il passe notamment par Polleur et Theux.

Séparation du GR 573 et de la variante vers Spa au pont de Belleheid

Plan du parcours

➔ Jonction avec d'autres GR

  • Le GR 56 : Sentiers de l'Est de la Belgique. Ce sentier de grande randonnée se compose de quatre itinéraires : le « Sentier des Frontières », le « Sentier des Fagnes » ainsi que les variantes Warche et Amblève. Ils permettent de découvrir, sur plus de 330 km, l’Est de la Belgique et plus particulièrement le parc naturel Hautes Fagnes - Eifel.