Les Randos de Fred & Paul

GRP 573 (Variante) : Polleur → Pont de Belleheid (15 km) - octobre 2022

Nous débutons cette étape, devant l’église Saint-Jacques, au centre de Polleur. Cet édifice, en moellons de grès et calcaire, est déjà mentionné au XIIe siècle comme chapelle dédiée à Notre-Dame et à Saint-Jacques. De style gothique, l'église aurait été construite, vers 1450, sur les ruines d’un ancien temple ; des restes ayant été trouvés à la suite de fouilles vers 1900. Le clocher unique en son genre, car tordu volontairement daterait de la fin du XVIe siècle ou du début du XVIIe siècle.

Contrairement à d'autres clochers « tordus » de la région (Goé, Herve, Baelen), ici, la forme ne résulte pas de déformations ou de torsions dues au travail du bois dans le temps. L'ossature du clocher de Polleur montre une volonté déterminée de réaliser un clocher tors. Cette forme vrillée, qui offre une prise aux vents moins importante, pourrait être la solution trouvée par les constructeurs pour augmenter sa résistance.

GRP 573 : église de Polleur

Par la rue Félix Close, nous atteignons la N640 qui relie Verviers à Stavelot. La statue du Congrès de Polleur se trouve au bord de cette grand-route. Ce monument commémore la réunion tenue par des délégués des divers bans de la région, en 1789, afin de rétablir les libertés et franchises du pays de Franchimont.

Après plusieurs jours de réunions, le congrès a adopté le texte d’une « Déclaration des Droits de l’Homme et du Citoyen », s’inspirant de la déclaration proclamée à l’Assemblée nationale française peu de temps auparavant et ponctuée d’accents locaux. Le Congrès de Polleur jouera ainsi un rôle non négligeable dans la révolution liégeoise. Ce monument aux Droits et aux Libertés a été érigé en 1989, à l’occasion du 200e anniversaire dudit Congrès de Polleur.

GRP 573 : statue du Congrès de Polleur

Ici, nous aurions normalement dû traverser la N640 et rejoindre le hameau de Neufmarteau en empruntant un sentier en bordure d’une terre cultivée, puis franchir la Hoëgne grâce à une passerelle métallique. Cette passerelle ayant été détruite, suite aux inondations de juillet 2021, nous devons opter pour un autre itinéraire qui longe la grand-route sur 450 mètres.

Par une rue annoncée « sans issue », nous retrouvons le tracé et parvenons ensuite à Neufmarteau dont le nom évoque le passé métallurgique de la vallée de la Hoëgne. En 1374, un écrit relate l’exploitation de mines de fer dans la région de Polleur. Les Pollinois convertissent le bois en charbon dans les forêts avoisinantes et profitent de l’eau de la Hoëgne pour activer les fourneaux, forges et marteaux.

En novembre 1468, Charles le Téméraire, duc de Bourgogne, organise une expédition punitive contre le Marquisat de Franchimont ; il établit son camp près du village de Polleur et fait brûler toutes les maisons et rompre tous les moulins à fer. Fin du XVe, début du XVIe siècle, les installations métallurgiques sont reconstruites, mais elles disparaîtront presque toutes au siècle suivant.

Au-delà de l’ancienne forge de Neufmarteau, nous franchissons la Hoëgne et atteignons, peu après, le lieu-dit « Trou Colas » où nous nous séparons du GR 15 (qui nous tenait compagnie depuis le centre de Polleur). Nous traversons encore deux fois la rivière avant de poursuivre, le long de celle-ci, vers l’ancien moulin Gohy.

GRP 573 entre Polleur et Charneux

Le tracé jaune et rouge grimpe vers la N629 (Eupen - Spa) et continue, en face, sur un chemin empierré. Nous montons en lisière d’un bois et, 600 m plus loin, nous descendons un sentier rocailleux aboutissant au ruisseau de Charneux. De l’autre côté du cours d’eau, nous entamons la longue ascension (de 289 à 362 m d’altitude) en direction de Charneux ; ce tronçon s’effectue d’abord à travers bois, puis entre les prairies.

GRP 573 entre Polleur et Charneux GRP 573 entre Polleur et Charneux GRP 573 entre Polleur et Charneux

Après 1,3 km, nous arrivons dans le village dont le nom viendrait du wallon « tcharnale » qui signifie : endroit planté de charmes. À la sortie de Charneux, nous passons une chicane permettant d’entrer dans une prairie ; par d’autres chicanes ou échaliers, nous évoluons à travers plusieurs pâtures. Après un dernier portillon, nous descendons vers le ruisseau de Dison que nous franchissons sur une étroite passerelle en bois.

GRP 573 entre Charneux et le rocher de Bilisse GRP 573 entre Charneux et le rocher de Bilisse GRP 573 entre Charneux et le rocher de Bilisse, ru de Dison

Nous grimpons un sentier (de 331 à 359 m d’altitude) et rejoignons un chemin empierré suivi jusqu’à la route de Jalhay, à hauteur de la maison forestière de Gospinal. Là, nous découvrons un chêne à sept troncs dénommé « Les Sept Frères ». Ce chêne, doté à l’origine d’un tronc unique, fut recépé au milieu du XVIIIe siècle, époque à partir de laquelle il fut conduit en sept troncs qui finirent par se souder pour ne plus former qu’un seul corps. Avec ses 744 centimètres de circonférence, il est le plus gros chêne à troncs multiples du pays.

Par une belle allée bordée d’épicéas : la drève Émile Graff, nous aboutissons sur un chemin forestier que nous empruntons sur 400 mètres. Des chemins asphaltés, toujours au milieu de la forêt, nous mènent au pont de l’Ermitage sous lequel coule la Sawe ; ce cours d’eau de 5 km est le principal affluent de la Statte.

GRP 573 entre Charneux et le rocher de Bilisse, les Sept Frères GRP 573 entre Charneux et le rocher de Bilisse

Un peu plus loin, nous profitons d’un beau point de vue sur le village de Solwaster avant de progresser, pendant un kilomètre, sur une large allée forestière montant de 390 à 466 m d’altitude (point culminant de cette étape). Nous nous dirigeons ensuite vers le sommet du rocher de Bilisse avant de descendre un sentier en lacets ; ce parcours abrupt est quelque peu facilité par une rampe en bois.

GRP 573 : vue sur Solwaster GRP 573 entre Charneux et le rocher de Bilisse

Nous effectuons une petite pause au pied du rocher de Bilisse. Les roches schisto-gréseuses de la région datent d’environ 500 millions d’années. Elles ont été plissées lors de divers soulèvements qui ont provoqué des failles et des fractures, tel le rocher de Bilisse. Les schistes, sensibles à l’érosion, ont été altérés laissant en place, avec cet aspect de tranches disjointes, les roches gréseuses les plus dures.

Le rocher, d’une soixantaine de mètres de haut, porte le nom de Bilisse, appellation qui serait d’origine celtique : « bîl » signifiant saillant, et « lisse » provenant de lech (la pierre). D’où « bîl lech » : rocher saillant.

GRP 573 : rocher de Bilisse

Peu après le rocher de Bilisse, un petit pont de bois, nous permet de traverser la Statte. Cette rivière (6 km), qui prend sa source dans les Hautes Fagnes, coule au pied du rocher de Bilisse et traverse ensuite Solwaster. À la sortie du village, la Statte reçoit la Sawe avant de se jeter dans la Hoëgne, au hameau de Parfondbois.

GRP 573 entre le rocher de Bilisse et le pont de Belleheid

Le tracé jaune et rouge monte le long d’un ruisseau, puis évolue sur un sentier sinuant entre les arbres et passant quelques caillebotis avant de rejoindre un chemin plus large. Sur ce tronçon, nous admirons un dolmen ; un gros bloc de quartzite connu depuis la fin du XIXe siècle. En septembre 1887, Théodore Britte, un fontainier verviétois, découvre cette grande dalle de 3,8 m de long, 2,6 m de large et 0,8 m d’épaisseur. D’emblée, il s’interroge sur son origine et s’adresse à Elisée Harroy, directeur de l’école normale de Verviers et passionné de préhistoire.

Ce dernier prétend voir dans cette pierre un dolmen et ameute archéologues et historiens. Pourtant, les uns après les autres, ceux-ci réfutent ses interprétations et concluent qu’il s’agit uniquement d’un phénomène géologique. En 1921, néanmoins, la Commission Royale des Monuments et des Sites reconnaissait à ce gros bloc de pierre, qualifié de « Dolmen de Solwaster », un mérite historique et pittoresque justifiant son inscription sur la liste des sites intéressants du pays.

Dans un rapport de 2012, des géologues de l’université de Liège réactualisent la critique géologique de ce pseudo-monument mégalithique en concluant : « Nous proposons donc d’abandonner l’hypothèse du dolmen, et de présenter cette roche comme un simple mégalithe mis en place par des processus naturels ayant agi en climat périglaciaire ».

GRP 573 : dolmen de Solwaster

Après avoir franchi une barrière canadienne, nous avançons sur une petite route au bord de laquelle se trouve une aire de pique-nique ; une stèle y rend hommage à Alexis Bastin (poète wallon, né à Solwaster). Nous prenons un chemin de terre et admirons, sur la droite, la vue sur le village de Sart.

GRP 573 entre le rocher de Bilisse et le pont de Belleheid, stèle Alexis Bastin

Le chemin, devenu plus encaissé, descend (de 429 à 371 m d’altitude) jusqu’au pont de Belleheid, où nous retrouvons la Hoëgne ainsi que le tracé « officiel » du GRP 573. C’est là, sur le parking, que nous terminons cette étape.

GRP 573 entre le rocher de Bilisse et le pont de Belleheid

Plan du parcours

➔ Jonction avec d'autres GR

  • Le GR 15 : Sentiers de l'Ardenne permet de relier, en 230 km, Arlon à Monschau (Allemagne). Ce sentier de grande randonnée passe notamment par Martelange, Bastogne, Houffalize, Aywaille, Spa et Eupen.