GR 575 : Andenne → Vyle-et-Tharoul (25 km) - avril 2013
Charles Martel, fils de Pépin de Herstal et petit-fils de Begge, serait né à Andenne en 688. Selon la légende, vers 700, il aurait combattu et vaincu un ours monstrueux qui semait la terreur dans la région. Depuis lors, le grand-père de Charlemagne tient une place importante dans l’histoire de la ville d'Andenne ; son exploit a donné naissance au carnaval des ours qui a lieu chaque année.
La fontaine de l’Ours (située rue Saint-Roch) a été érigée à l’emplacement supposé de ce combat et une inscription commémore cet exploit : « Charles Martel de / Pépin 2 fils naturel / en l’an sept cent peu / plus me mist icy à mort / cruele ».
Andenne étant située en bord de Meuse, nous avons droit, dès le début de l'étape, à une bonne grimpette (80 mètres de dénivelé) ; cela se fait heureusement par un ravissant sentier.
Nous passons devant le moulin de Kevret. Ce vieux moulin en pierre de grès chaulé, situé au bord de la forêt, aurait été construit au XVe siècle par la famille Crèvecœur de Keveray. Des ancrages fixés dans le mur de la façade indiquent la date 1441, mais aucun écrit ne peut confirmer cette date.
Le moulin est aménagé au cours des siècles et quelques petites dépendances sont construites lorsqu'en 1935, le moulin devient une ferme. À partir de 1965, il changea souvent d'activité, hôtel-restaurant, brasserie, dancing,...
Le GR 575 suit un peu le ruisseau d'Andenelle avant de se diriger vers une imposante ferme. La première ferme de Grosse (du nom d'un ancien mayeur d'Andenne : Philippe de Grosse) aurait été construite au temps de sainte Begge. En 1678, lors de la guerre entre la France et la Hollande, la ferme fut incendiée et détruite.
Pendant la Première Guerre mondiale, quelques mécréants, après avoir placardé des affiches « Le beurre à deux francs ou l'on boute le feu à la ferme ! », profitant de la réquisition des hommes de l'exploitation par les troupes allemandes, mirent le feu à la ferme. Elle fut reconstruite, plus grande : les murs extérieurs sont devenus des murs intérieurs et la cour s'agrandit aussi.
Le parcours se poursuit à travers bois et, même si le chemin est un peu boueux, il n'en demeure pas moins très agréable jusqu'au hameau de Saint-Mort. L'église étant ouverte, nous en profitons pour y effectuer une pause.
Une légende raconte qu'un bébé naquit dans les environs d'Andenne et mourut rapidement. Toutefois, par une faveur divine, l'enfant retrouva la vie lorsqu'il fut présenté au baptême et on l'appela « mort-né » ! En 1621, une chapelle est construite sur le site où le saint serait décédé, assassiné par des brigands, en 1613. Sous l'autel, on découvre un mégalithe (trouvé dans la hutte où il vécut en ermite) qui, selon une autre légende, aurait été l'oreiller et le siège du saint.
Saint Mort fut l'objet d'une grande vénération, surtout avant la Première Guerre mondiale. Le premier dimanche d'août, jour de la procession, des milliers de pèlerins convergeaient vers Haillot et Saint-Mort, venant de toute la région du Condroz et de la Famenne. Cette église connaît encore aujourd'hui une procession et une vénération locale. Actuellement, les prières et les invocations concernent principalement les maux de dents des jeunes enfants.
Après Saint-Mort, nous traversons le village de Haillot avant un tronçon de près de 3 km en ligne droite. Est-ce la monotonie de ce morceau, le fait qu'il soit presque midi ou le ciel qui se fait de plus en plus menaçant, mais nous avançons tous plus rapidement.
Comme d'habitude, c'est Paul qui mène la marche et c'est lui qui trouve le banc où nous allons pique-niquer. Il fait frais et nous ne nous attardons pas, bien que l'endroit soit sympathique. Après le hameau de Filée, le tracé devient plus beau avec des petits chemins herbeux.
Nous passons à proximité du château d'Hodoumont, puis nous franchissons le Triffoy. Ce ruisseau qui prend sa source dans les bois de Flème, entre Evelette et Haillot, s'appelle la Flème jusqu'au château d'Hodoumont ; il devient ensuite le ruisseau de Goesnes, mais tout le monde l'appelle le Triffoy. Le cours d'eau se jette dans le Hoyoux, au lieu-dit « Roiseu ». Jusqu'à Grand-Marchin, nous resterons à proximité de ce ruisseau.
Le château ferme d'Hodoumont est une ancienne dépendance de la seigneurie de Goesnes. Initialement à vocation militaire, il se transforme au fil des siècles en une agréable demeure. Fin du XIIIe ou début du XIVe siècle, un imposant donjon carré est érigé sur l'emplacement d'une ancienne fortification qui remonte au début de l'an mil.
Au cours du XVIIe siècle, le donjon est nanti d'un logis seigneurial, daté de 1612, ainsi que d'une ferme fortifiée, bâtie en calcaire et flanquée de trois tours d'angle circulaires. Au XVIIIe siècle, le château est aménagé en une véritable résidence de plaisance.
La cour d'honneur est bordée de dépendances classiques et de deux remises à voitures. Les douves qui encerclaient le bâtiment font aujourd'hui place à d'agréables terrasses qui s'ornent d'un parc paysager. La porte d'entrée est couronnée d'une inscription en anglais, tirée d'un poème de Joseph Addison « True happiness is of a retired nature and an enemy to pomp and noise ».
Par la rue du pilori, nous atteignons le village de Goesnes. C'est sous un bel orne que se trouve le pilori qui serait le plus ancien de notre pays. Un peu plus bas, dans la même rue, nous admirons la ferme de la Cour. Ancien siège de la seigneurie de Poilvache, cette ferme appartenait à la famille de Beaufort et fut le point de départ, en 1274, de la célèbre « Guerre de la Vache »... qui causa aussi sa destruction.
L'ensemble des bâtiments fut presque totalement reconstruit par les seigneurs de Warnant-Waha en 1687, comme le rappelle la dalle armoriée du porche. Seule, la chapelle du XIIIe siècle, dédiée à Saint-Pierre, fut partiellement préservée. Le château, édifié au sud de l'ensemble, date pour sa part du XXe siècle.
La guerre de la Vache
En 1274, un paysan de Jallet vola une vache à un bourgeois de Ciney (dépendant de Liège) et tenta de la vendre au marché d'Andenne (dépendant de Namur), mais il fut démasqué et pendu. Le seigneur de Goesnes, dont dépendait le malfaiteur, ne l'entendit pas de cette oreille et déclencha les hostilités. Pendant deux ans, le comté de Namur et la principauté de Liège se livrèrent une bataille sanglante qui dévasta une soixantaine de villages et fit environ 15 000 morts avant de prendre fin grâce à l'intervention du roi de France, Philippe III le Hardi.
Peu avant le village de Jamagne, nous entrons dans la province de Liège. Même si l'endroit est très beau, la météo ne nous incite pas trop à la flânerie.
L'église Notre-Dame de Grand-Marchin est la plus ancienne église de la commune de Marchin. Sous sa forme actuelle, elle date du XVe siècle, mais elle a certainement connu une importante restauration vers la fin du XVIIe siècle.
Le clocher n'a pas toujours eu cet aspect. La charpente, soumise pendant des centaines d'années au souffle des vents de la région, a pris progressivement cette forme vrillée. La foudre l'ayant complètement détruit en mars 2001, il a été reconstruit, volontairement tors, en 2005.
C'est sous un léger crachin que nous circulons dans Grand-Marchin. Si le GR continue en direction de Huy et d'Esneux, nous prenons cependant la liaison vers Les Avins, car cette semaine, nous ne faisons que le tour du Condroz namurois (GR 575). Nous sommes contents que l'étape ne fasse que 25 km, car nous sommes fatigués par cette journée de marche et le dernier kilomètre (hors GR) vers l'église de Vyle-et-Tharoul nous semble bien long.