GR 575 : Conjoux → Spontin (22 km) - avril 2013
Le GR 575 traverse tout le village de Conjoux, puis passe sous l'autoroute E411. Nous cheminons à travers bois avant de prendre un beau chemin campagnard pour atteindre Celles, reconnu comme étant un des « Plus beaux villages de Wallonie ».
Celles vient du latin « cella » (cellule) et doit son origine, suivant la tradition, à saint Hadelin (617 - 690). Après un long périple pendant lequel il fut un temps accompagné par saint Remacle, le fondateur de l'abbaye de Stavelot, saint Hadelin se retira au milieu des forêts, dans une grotte.
Plusieurs compagnons, attirés par son renom de sainteté et le bruit de ses miracles, vinrent se joindre à lui. Les cellules que firent construire les compagnons du saint pour y vivre ont donné leur nom au village. Depuis le XIVe siècle, les reliques de saint Hadelin se trouvent à Visé.
La collégiale Saint-Hadelin, remarquablement bien conservée, est considérée comme l'un des plus beaux exemples de l'architecture romane mosane. Construite en moellons de calcaire et de grès, elle serait antérieure au XIIe siècle, tandis que la crypte daterait du IXe siècle.
La tour massive, ancienne tour de défense dont on peut encore voir les meurtrières, est flanquée de deux tourelles saillantes. Si l'édifice est superbe de l'extérieur, à l'intérieur la blancheur et le dépouillement sont tout aussi impressionnants.
À flanc de colline, un chemin de croix relie la collégiale à l'ermitage Saint-Hadelin. La belle rampe d'accès se décline en une suite de triples marches disposées à intervalles réguliers et ponctuées de quatorze stations d'un chemin de croix néogothique en pierre bleue.
De 1858 à 1973, l'ermitage a été habité par les sœurs de Saint-Vincent de Paul. Celles-ci allaient deux à trois fois par jour faire leur dévotion à l'église, le chemin de croix leur permettait donc de faire leurs prières en chemin.
Nous traversons ce charmant village et montons, une rue asphaltée, jusqu'au « chêne des amoureux ». Là, nous continuons à travers bois, vers Boisseilles où nous admirons le château, construit à la fin du XVIIIe siècle. C'est dans ce hameau que le GR 575 croise le GR 129 avec qu'il fera parcours commun pendant 3 km.
Nous longeons, sur un sentier herbeux, la N97 aussi appelée « Route Charlemagne » avant d'atteindre Foy-Notre-Dame. Selon la tradition, en 1609, un bûcheron aurait découvert une statuette de la Vierge Marie au cœur d'un vieux chêne qu'il était en train d'abattre. Cette découverte a, dans le cadre du renouveau religieux né de la Contre-Réforme, donné à cette terre une destinée aussi inattendue qu'internationale.
Vers 1613, une chapelle fut construite par le baron de Celles et un premier miracle a été attesté en 1616. Devant l'affluence qu'il provoqua et suite à la visite, en 1619, des archiducs Albert et Isabelle, le prince-évêque nomma le prélat de l'abbaye de Leffe, administrateur du sanctuaire et des pèlerinages. La chapelle fut complétée par une nef et quelques bâtisses ont été érigées afin de loger les pèlerins.
L'élément le plus remarquable de l'édifice est son plafond à caissons. Celui-ci est constitué de 145 panneaux peints à l'huile (par les frères Stilmant) représentant des scènes de la vie de Marie et des portraits de saints.
Cette pratique architecturale, issue de la renaissance italienne, présente plusieurs avantages. Un plafond est plus léger et moins coûteux qu'une voûte ; il autorise la construction d'une grande halle sans contreforts avec des murs moins massifs. En permettant aux pèlerins d'offrir un panneau, les frais de construction ont été diminués.
Dans la nuit du 23 décembre 1944, deux membres de l’armée secrète (le baron Jacques de Villenfagne et le vicomte Philippe le Hardy de Beaulieu) ont contribué, ici, à l’arrêt de l’offensive allemande von Rundstedt. Leur repérage visuel cartographié, communiqué aux forces alliées, a permis à l’artillerie anglaise et américaine de bombarder le lendemain une colonne de chars et d’infanterie. Sur recommandation des deux observateurs, l’église de Foy-Notre-Dame fut épargnée ; seul un vitrail a été brisé.
Le calvaire d'allure baroque, situé à l'entrée du cimetière, date de 1633 et se situerait là où se trouvait le chêne abritant la statue. Au sommet de la colonne, deux médaillons en bronze, du début du XXe siècle, figurent un calvaire et, de l’autre côté, un pèlerin agenouillé devant Notre-Dame de Foy.
Nous laissons le GR 129 continuer tout droit, vers Dinant, et suivons les balises du Tour du Condroz qui tournent vers la droite. Les trois kilomètres nous séparant de Taviet se font, à travers la campagne, sur des chemins essentiellement herbeux si ce n'est le tronçon asphalté entre la ferme de Jauvelan et la N936. Un sentier, en lisière de bois, nous mène à proximité du château de Taviet.
Situé dans un grand parc vallonné et arboré, jadis partiellement cerné de douves aujourd'hui comblées, le château a été presque totalement reconstruit, durant le dernier quart du XIXe siècle, dans une optique « romantique », par le baron d'Huart. De nouveaux travaux ont été réalisés vers 1960, lui conférant un aspect plus classique.
À l'origine, il s'agissait d'un donjon construit au XIVe siècle dont quelques témoignages (arquebusières, meurtrières) subsistent encore. Aujourd'hui, il est propriété de la famille Le Hardy de Baulieu.
Nous effectuons la pause pique-nique à proximité de l'église de Taviet. Les neuf kilomètres de l'après-midi passent d'abord par le moulin de Taviet. Le bâtiment actuel et ses dépendances datent de la fin du XVIIIe siècle. Aujourd'hui, son mécanisme a disparu et le moulin a été transformé en double habitation.
Déjà attesté au XVIe siècle, ce moulin est alimenté par la Leffe. Aussi dénommé « Fonds de Leffe » ou « Ruisseau du Polissoir », ce ruisseau prend sa source à proximité de Taviet et se jette, après 14 km, dans la Meuse, en aval de l'abbaye de Leffe qu'il traverse dans une galerie souterraine.
À la sortie du bois de Thynes, nous apercevons, sur le plateau, plusieurs éoliennes vers lesquelles nous nous dirigeons. Ce parc éolien, situé à cheval sur les territoires des communes de Dinant et Yvoir, comprend actuellement six éoliennes. D'une hauteur de 139 mètres (pale comprise), ces éoliennes sont chacune dotée d'une puissance de 2 MW. Ensemble, les six machines génèrent une production annuelle équivalente à la consommation d'environ 7 500 familles.
Les trois kilomètres de ce parcours rectiligne, sur le plateau, ne sont pas très passionnants. Au niveau d'une cabine électrique, le balisage blanc et rouge tourne vers la droite pour emprunter un chemin herbeux qui suit le tracé d'une ancienne chaussée romaine. Il ne s'agit pas d'une voie de première importance, ni d'une voie très ancienne ; il est probable qu'elle date du quatrième siècle de notre ère. Cette voie reliait Dinant à Tongres, en passant par Huy.
Peu à peu, nous descendons vers Spontin que nous atteignons à 14 h 30. Le village se situe très exactement au centre de la Région wallonne. Établi dans la vallée du Bocq, il s'est principalement développé sur la rive opposée à celle occupée par le château. C'est au pied de ce dernier que nous terminons cette étape.
Dans une région où les châteaux du Moyen Âge ont tendance à profiter du relief pour s'accrocher au flanc des collines et aux éperons rocheux, le château féodal de Spontin joue la différence ; il est l'unique château fort de plaine à des kilomètres à la ronde. À l'origine, vers le XIIe siècle, le château de Spontin était une tour défensive carrée, construite sur un îlot du Bocq, destinée à protéger les usagers de l'antique voie romaine Dinant - Huy.
Après de hauts faits d'armes, le chevalier de Spontin transforma, à la fin du XIIe siècle, le bâtiment primitif en une demeure fortifiée de trois étages, aux murs plus épais et y ajouta deux tourelles de défense avec pont-levis. C'est seulement au XIVe siècle que la demeure prit réellement son aspect de château fort classique.
Dès le XVIe siècle, les fortifications devenues inutiles, le château se transforme en résidence de style par le percement de fenêtres et la construction des toitures actuelles sur les tours. Les deux dernières transformations ont été la construction d'une ferme fortifiée sur la façade (XVIIe siècle) et la démolition d'une partie des fortifications situées à l'arrière.
Depuis une dizaine d'années, le château n'est plus accessible au public. Aujourd'hui, on ne peut l'approcher, mais il reste partiellement visible depuis le parc communal.
➔ Jonction avec d'autres GR
- Le GR 129 : La Belgique en diagonale relie, en 575 km, Bruges à Arlon. Ce sentier de grande randonnée passe notamment par Audenarde, Ath, Mons, Thuin, Gerpinnes, Maredsous, Dinant, Lavaux-Sainte-Anne, Maissin, Florenville, Virton et Messancy.