GR 12 : Malines → Grimbergen (24 km) - octobre 2020
Nous commençons cette étape sur la Grand-Place (Grote Markt) de Malines où nous admirons l’hôtel de ville. L’histoire de cet édifice commence avec une halle aux draps (la partie de droite). Celle-ci devait comporter un beffroi qui symbolisait alors la puissance de la ville, à l’image de la halle aux draps de Bruges.
Mais ce beffroi n’a jamais été achevé, car au XIVe siècle, le commerce des draps a connu un rapide déclin et la ville a manqué d’argent pour terminer la construction. La tour resta donc à l'état de gros œuvre jusqu'à recevoir enfin un toit provisoire deux siècles plus tard ; ce dernier est toujours en place.
Sur la gauche, on trouve le palais du Grand Conseil… qui ne s’y est jamais réuni car cette aile n’a été achevée qu’au début du XXe siècle, selon les plans originaux du XVIe siècle dessinés par le grand architecte Rombout Keldermans. Du côté de la Befferstraat, on peut voir 36 médaillons qui représentent plusieurs dirigeants, de Pépin de Landen (622-639) à Philippe le Bon (1478-1506).

La statue de bronze, devant l'hôtel de ville, représente « Opsinjoorke ». Lors des cortèges folkloriques, cette poupée mascotte est portée dans un grand drap de lin et jetée en l'air.

L’habitante la plus célèbre de Malines est probablement Marguerite d’Autriche dont la statue occupe une position centrale sur la Grand-Place. Au début du XVIe siècle, la jeune veuve de Philibert le Beau, duc de Savoie, écrivit les pages les plus glorieuses de l’histoire de la ville en y installant le gouvernement des Pays-Bas bourguignons. Il s’agissait alors d’assurer l’indispensable intérim pendant la minorité de son neveu Charles, le futur empereur Charles Quint.
Marguerite, femme très cultivée, attira à Malines les artistes et les plus grands esprits de l’époque. Elle fit aussi construire un palais où siégea le Grand Conseil, institution judiciaire en forme de Cour Suprême qui rendait la justice sur les 17 provinces. Depuis la fin du XVIIIe siècle, le bâtiment sert de palais de justice.
La Maison échevinale est le premier hôtel de ville en pierre construit à Malines ; il daterait du XIIIe siècle. Aux XIIIe et XIVe siècles, la situation économique de la ville est prospère et l’hôtel de ville s’avère rapidement trop petit pour faire face aux tâches communales qui se multiplient. En 1473, les échevins déménagent et le bâtiment accueille le Grand Conseil qui y siège jusqu’en 1616. Le bâtiment a ensuite été utilisé pour de nombreuses autres activités. Sa dernière fonction est, depuis septembre 2018, celle d’office de tourisme.

Par l’Ijzerenleen, nous parvenons sur le pont Grootbrug ou Hoogbrug (Grand Pont ou Haut Pont). Cet ouvrage de grès, surplombant la Dyle, date du XIIIe siècle et serait le plus ancien pont en pierre de Flandre. Autrefois, un péage, à la fois sur l'eau et sur la route, y était installé. C’est sur ce pont que la variante du GR 12 provenant d’Anvers rejoint le parcours « normal ».

Aux XIIIe et XIVe siècles, les remparts qui entouraient le centre de Malines comportaient douze portes. Ces fortifications ont été abattues, au XIXe siècle, pour laisser place aux actuels boulevards extérieurs. Au bout de la Hoogstraat s'élève l'unique porte ayant été conservée, la Brusselpoort érigée, au XIIIe siècle, en pierre de Tournai et de Balegem. Son étage supérieur a été supprimé, vers 1580, sur ordre de l’occupant espagnol.

Nous quittons le centre-ville en franchissant le canal Louvain - Dyle. Au départ de Louvain, il dessert Malines avant de rejoindre, après 30 km, à l'écluse du « Zennegat », la partie navigable de la Dyle donnant accès à l'Escaut via le Rupel. Le canal a été creusé en 1750 pour desservir les brasseries installées à Louvain ; il fait partie des plus anciens canaux du pays. Son parcours, longeant la vallée de la Dyle, compte cinq écluses.

Le tracé blanc et rouge nous emmène dans le Vrijbroekpark, un bel espace vert de 50 hectares en bordure de la ville, où nous progressons pendant environ un kilomètre. À la sortie de ce parc, nous suivons, sur un kilomètre, la Stuivenbergbaan et passons ainsi sous l’autoroute E19.

C’est devant une chapelle dédiée à Notre-Dame de la Miséricorde que ce tronçon routier, peu passionnant, se termine. Si l’origine de cette chapelle n’est pas connue, il semble qu’elle date de la seconde moitié du XVIIIe siècle.

À l’intérieur de l’édifice, nous découvrons une quarantaine de figurines en céramique regroupées en deux processions : une procession mariale à gauche et une procession funéraire à droite ; elles ont été réalisées par Georges Herregodts.

Si le ciel était bleu au départ de Malines, ce n’est à présent plus le cas et la grisaille nous tiendra compagnie le reste de la journée. Tandis que nous évoluons sur un chemin herbeux (et boueux) au milieu d’un champ de maïs, nous essuyons une petite averse. Après 1,5 km, nous traversons la Senne (suivie depuis 400 mètres) et continuons brièvement sur l’autre rive.
Cette rivière prend sa source à une quarantaine de kilomètres de Bruxelles, près de Soignies. Ses eaux traversent Rebecq, Tubize et Hal avant d’atteindre Bruxelles. À la sortie de la capitale, la Senne coule vers Vilvorde et Zemst puis se jette, après 103 km, dans la Dyle.

Un tunnel, aménagé pour les cyclistes, nous permet de franchir en toute sécurité une voie ferrée, puis nous marchons, pendant 1,3 km, sur un sentier asphalté passant entre la Senne et l’Eglelemvijver. Cet étang, de 43 hectares, a été creusé, à la fin des années 1960, comme une fosse d'extraction de sable pour construire l'autoroute E19. Le site est fréquenté par de nombreux pêcheurs, mais aussi par les amateurs de voile ou de planche à voile.


Nous quittons la province d’Anvers pour celle du Brabant flamand et empruntons un chemin dont l’accès nous est pourtant interdit par une barrière de chantier. Nous contournons ainsi le château de Relegem. Ce bel édifice, entouré de douves, date, dans son état actuel, de la seconde moitié du XVIIIe siècle ; son origine remonterait au XIVe siècle.

Après avoir traversé la Hoogstraat, nous progressons sur des chemins herbeux au milieu de la campagne et parvenons à un croisement où le Streek-GR Dijleland nous quitte tandis que le GR 128 nous rejoint.

Nous prenons encore un chemin où nous n’avons normalement pas le droit de circuler puis, pendant près de deux kilomètres, nous avançons sur de petites routes de l’entité de Zemst. Nous abordons ensuite un parcours très agréable avec une succession de sentiers herbeux zigzaguant entre les terres cultivées.


Le tracé blanc et rouge atteint le canal maritime de Bruxelles à l’Escaut (anciennement canal de Willebroek). Jusqu’en 1561, les bateaux quittant Bruxelles suivaient les cours sinueux de la Senne, du Rupel et de l’Escaut pour rejoindre Anvers. La navigation sur la Senne était longue et rendue difficile en période de basses eaux et de crues.
De plus, les droits de passage des villes situées sur son parcours (dont Malines) freinaient le développement économique de Bruxelles. En 1477, Marie de Bourgogne autorise la construction d’un canal avec un tracé différent de celui de la Senne. Mais il faut attendre près d’un siècle, et une nouvelle autorisation de Charles Quint, pour que les travaux débutent.
Construit entre 1551 et 1561, il relie, en ligne droite, Bruxelles à Willebroek en 28 km (soit 1 à 2 jours de navigation), nettement moins que les 120 km de méandres de la Senne (8 jours de navigation ou plus). Lors de la dernière modernisation, entamée en 1965, le canal a été élargi à 55 m (25 m pour les écluses) et le tirant d'eau adapté.
La construction de deux nouvelles écluses à Zemst et Hingene permet aujourd’hui de déboucher non plus dans le Rupel à Willebroek, mais directement dans l'Escaut à Wintam. Le port de Bruxelles est maintenant accessible aux navires de mer de 4 500 tonnes et aux convois poussés de péniches de 9 000 tonnes. En 1997, le canal a changé de nom pour devenir le canal maritime de Bruxelles à l’Escaut.
Nous franchissons le pont levant qui enjambe le canal. Construit en 1968, il présente une partie mobile, en acier, d'une longueur de 38,4 m et d'une largeur de 11,6 m. De l’autre côté du cours d’eau, même si rien ne l’indique, nous nous séparons du GR 128. Le GR 12 évolue ensuite au bord du canal durant 1,4 km.


Au-delà de la Benedestraat, nous progressons, en légère montée, pendant 1,5 km, sur des chemins de terre au milieu des champs.

Après un bref tronçon routier, nous pénétrons dans le Lintbos. En 1939, un aérodrome de réserve a été construit à Grimbergen. Peu de temps après le déclenchement de la Seconde Guerre mondiale, ce dernier est tombé aux mains des Allemands. Après la libération, le gouvernement a décidé de donner à l'aéroport une fonction récréative. Une piste a été préservée ainsi que deux hangars à avions, ronds, datant de 1947.
Depuis l’an 2000, l'Agence pour la nature et la forêt dispose d'un bail emphytéotique sur la majeure partie de l'aéroport via un accord avec la commune de Grimbergen. Environ 150 000 arbres et arbustes indigènes ont été plantés, représentant 55 hectares de forêt. Deux larges percées perpendiculaires offrent un bel axe visuel sur la basilique de Grimbergen et sur l'église de Beigem.


À la sortie de la forêt, nous empruntons un dernier chemin de terre campagnard et parvenons, un peu plus loin, face au Tommenmolen où nous croisons le tracé du Streek-GR Groene Gordel avec qui nous terminerons l’étape. Tout comme au croisement précédent (pont de Humbeek), rien n’annonce la rencontre des deux sentiers de grande randonnée !

Nous suivons, sur la droite, un sentier longeant, pendant un kilomètre, le Maalbeek. Ce ruisseau prend sa source à Relegem (Asse) et se jette dans le canal maritime de Bruxelles à l’Escaut, près de Verbrande Brug, après un parcours d’une douzaine de kilomètres. Sur le territoire de Grimbergen, il actionnait plusieurs moulins, dont le Tommenmolen et le Liermolen devant lequel notre parcours passe. Nous traversons la N211 et rejoignons ainsi le centre de Grimbergen.
➔ Jonction avec d'autres GR
- Le Streek-GR Dijleland effectue, au départ de Louvain, une grande boucle de 131 km qui passe, notamment, par Malines et Tervuren. Ce sentier de grande randonnée évolue à travers la vallée de la Dyle et certains de ses affluents : la Voer, la Lasne, l'IJse et la Senne.
- Le GR 128 : Vlaanderenroute part du village de Wissant, à mi-chemin entre le Cap Griz-Nez et le Cap Blanc-Nez, et parcourt quelque 170 km à travers la France. Il traverse ensuite toute la Flandre, en 480 km, pour se terminer dans la ville d'Aachen.
- Le Streek-GR Groene Gordel est une grande boucle de 157 km permettant de découvrir la ceinture verte qui entoure la région bruxelloise. Le circuit passe, notamment, par Hal, la forêt de Soignes, Hoeilaart, le parc de Tervuren, Eppegem, Grimbergen, le Jardin botanique de Meise, les hameaux bruegheliens (Sint-Anna-Pede et Sint-Gertrudis-Pede), le château de Gaasbeek.