Les Randos de Fred & Paul

Camino : Pampelune → Puente la Reina (26 km) - juin 2019

Après un bon petit déjeuner, nous quittons notre hébergement et longeons tout d’abord le parc de la Taconera. La documentation médiévale indique que ce nom viendrait d’un mot roman dont la signification serait : « endroit où il y a des souches d’arbres ». La Taconera figure déjà comme espace vert sur des plans de la ville datant de 1719.

En 1850, le jardin devient le lieu de promenade de l’aristocratie de Pampelune. Une des entrées du parc est la porte monumentale de San Nicolás qui était, à l’origine (1660), l’un des six points d’accès à la cité fortifiée. L’édifice a été démonté et transféré ici en 1929, lorsque la croissance urbaine imposa la démolition des murailles.

Pampelune, porte de San Nicolas

Nous contournons ensuite la citadelle ; celle-ci a été construite en 1571, sur ordre de Felipe II, pour protéger Pampelune des incursions de l'armée française. Initialement conçu comme un pentagone régulier avec un bastion à chaque angle, deux d'entre eux seront rasés pour le premier agrandissement de la ville.

En 1964, la municipalité est devenue propriétaire des lieux. Avec la Vuelta del Castillo qui l'entoure, la citadelle forme le grand poumon vert de Pampelune : un espace de 28 hectares dont les pavillons, fossés, bastions, demi-lunes, glacis et bâtiments mineurs sont aujourd'hui des espaces publics destinés aux activités de loisirs, au sport et à la culture.

Citadelle de Pampelune

En suivant la rue Fuente del Hierro, sur 800 mètres, nous atteignons les abords de l’Université de Navarre. Dans un des bâtiments du campus, après un détour de 500 mètres, nous faisons tamponner la credencial… probablement parce que nous sommes dimanche, c’est par une fenêtre, située à près de deux mètres de hauteur, que la dame nous appose les deux cachets.

Université de Pampelune

De retour sur le parcours, nous progressons en direction de Cizur Menor. Ce parcours d’environ deux kilomètres, sur la piste cyclable longeant la route nationale, monte doucement et franchit successivement une ligne de chemin de fer et l’autoroute A15.

Camino Francés entre Pampelune et Cizur Menor

Le village de Cizur Menor possède deux églises, nous visitons l’une d’elles et y effectuons une petite pause boisson, car même s’il n’est que 10 h, il fait déjà chaud !

L'église San Miguel Arcángel faisait partie d'une commanderie des Hospitaliers de Saint-Jean de Jérusalem établie au XIIe siècle. L'église actuelle, dont l’originalité tient à sa tour-donjon surmontée de créneaux, est une construction du début du XIIIe siècle.

Constitué d'une seule nef avec une voûte en berceau renforcée par des contreforts, l'édifice conserve une belle façade avec un portail roman. Abandonnés au début du XIXe siècle, l'église et les vestiges du monastère sont restaurés dans les années 1990 et cédés à l'Ordre de Malte en 1998. Ce dernier a aménagé un refuge pour les pèlerins dans un bâtiment annexe.

Cizur Menor, église San Miguel Arcángel Cizur Menor, église San Miguel Arcángel

Nous quittons Cizur Menor et longeons, un peu plus loin, Cizur Mayor. Au-delà de la localité (440 mètres d’altitude), nous entamons la lente ascension vers l’Alto del Perdón. Les nombreuses éoliennes, situées sur la ligne de crête, nous indiquent la direction à suivre. Jusqu’à Guenduláin, le Camino Francés circule, entre les champs de céréales, sur de larges pistes caillouteuses.

Camino Francés entre Cizur Menor et Zariquiegui Camino Francés entre Cizur Menor et Zariquiegui

À l’approche de ce village, nous bénéficions d’un tronçon, entre des haies, d’environ 500 mètres ; comme il est agréable d’avoir un peu d’ombre et de profiter du parfum de ces arbustes. Guenduláin est dépeuplé et abandonné depuis 2009.

La collégiale de Roncevaux y détenait des possessions au XIIIe siècle et, au XVIe siècle, la localité fut sous la protection du comte de Guenduláin et du seigneur d'Ayanz. Nous pouvons voir, sur la droite, les ruines de l’église et d’un ancien palais.

Guenduláin

Nous reprenons notre périple campagnard, sur des sentiers caillouteux, jusqu’à Zariquiegui. L’église San Andrés, de style roman tardif, commande l'entrée de ce village perdu au milieu des champs. À l’intérieur, se trouve un retable de style roman, mais datant du début du XVIIe siècle.

Camino Francés entre Cizur Menor et Zariquiegui Zariquiegui, église San Andrés

500 mètres après la sortie de Zariquiegui, le chemin caillouteux se rétrécit et la pente devient plus forte. Vers midi, nous atteignons l’Alto del Perdón, le point culminant de cette étape (750 mètres d’altitude). C’est au pied d’une éolienne que nous effectuons la pause pique-nique tout en profitant du vaste panorama.

Camino Francés entre Zariquiegui et l'Alto del Perdón Alto del Perdón

L’Alto del Perdón appartient à la Sierra del Perdón, un chaînon montagneux pré-pyrénéen qui culmine à 1 036 mètres d'altitude. Un champ de 40 éoliennes s'est progressivement installé de 1994 à 2008 sur le massif, contribuant à faire de la Navarre une région pilote dans ce type d'énergie renouvelable.

La compagnie qui exploite ces éoliennes a cofinancé la sculpture monumentale, en métal, représentant une suite de pèlerins de différentes époques. Cette œuvre intitulée « Où le chemin du vent croise celui des étoiles », a été installée en 1996.

Alto del Perdón

Étant au sommet, il nous faut à présent descendre sur l’autre versant. Le parcours emprunte d’abord un large chemin assez désagréable avec de nombreux galets roulants sous les chaussures. Un kilomètre plus loin (et 190 mètres plus bas), le Camino Francés continue sur des chemins de terre passant entre les champs de céréales.

Camino Francés entre l'Alto del Perdón et Uterga Camino Francés entre l'Alto del Perdón et Uterga

Nous traversons le village d’Uterga et continuons notre périple campagnard sur d’étroits sentiers progressant sur la ligne de crête. C’est à Muruzábal que nous quittons le tracé officiel pour effectuer un détour, totalement au milieu des champs, d’environ trois kilomètres, afin d’admirer l'église Santa María d'Eunate.

Camino Francés entre Uterga et Muruzábal

Construit en 1170, les origines de l'édifice ne sont pas connues avec certitude. Certains historiens ont évoqué une construction templière, qui aurait été un hôpital de l'Ordre de Saint-Jean, tandis que la tradition populaire attribue sa construction à une reine, dont la sépulture se trouverait sous l'église, en guise de chapelle funéraire.

La découverte de tombes entre les colonnes du cloître et les restes d'une sépulture au pied du portail, parmi lesquels on a retrouvé une coquille Saint-Jacques, confirment que l'église était un lieu d'enterrement de pèlerins.

Eunate, église Santa María

La construction est entourée d'une galerie à 33 arcades. Les chapiteaux situés sur le côté nord, et reposant sur des colonnes jumelles, sont les plus richement décorés. L'harmonie dégagée par le plan octogonal est brisée par l'abside pentagonale (dont les modillons représentent des visages humains) et la petite tour carrée. Les murs extérieurs voient alterner fenêtres et baies aveugles.

À l’intérieur, les murs présentent deux niveaux, avec deux colonnes superposées à chaque angle. La voûte repose sur huit nervures aux angles inégaux, ce qui met en évidence la dissymétrie des huit côtés du bâtiment. L'abside pentagonale, présidée par une reproduction de la statue de la vierge d’Eunate, présente les plus anciennes sculptures de l'église.

Eunate, église Santa María

En suivant le Camino Aragonés, nous rejoignons Obanos où nous récupérons l’itinéraire quitté à Muruzábal. Le Camino Aragonés, qui commence au col du Somport, est en fait la suite de la via Tolosana (passant par Toulouse) et dont le point de départ se situe à Arles d'où son autre nom de chemin d'Arles.

Même s’il est souvent dit que c’est à Puente la Reina que les différents Chemins se rejoignent, c’est dans le village d’Obanos que se trouve le vrai point de rencontre entre le Camino Aragonés et le Camino Navarro ; celui que nous suivons depuis Ostabat (stèle de Gibraltar). Le Camino Francés commence donc réellement ici à Obanos.

Dans Obanos, nous découvrons l'église San Juan Bautista, construite en 1912 dans le style néogothique ; elle remplace l'église précédente qui était en mauvais état et s'avérait trop petite. Sur la même place que l’édifice religieux, nous passons sous une arche à l’aspect médiéval.

Obanos, église San Juan Bautista

À la sortie d’Obanos, il nous reste un dernier kilomètre à parcourir pour rejoindre notre hébergement. Ce tronçon se passe, lui aussi, en descente et progresse, au-delà de la grand-route, au milieu de potagers. En fin d’après-midi, nous nous rendons dans le centre de Puente la Reina, situé à environ un kilomètre du logement (parcours que nous effectuerons demain matin), afin d’y découvrir ses deux églises.

Les Templiers ont été invités à s'établir dans la ville dès 1142 et reçurent, du roi Garcia V Ramírez de Navarre, le droit de vendre du pain et du vin. À l'entrée de Puente la Reina, ils firent construire l'église Santa Maria de las Huertas, appelée aujourd'hui l’église del Crucifijo (Crucifix).

Après la dissolution de l’Ordre du Temple par le roi de France Philippe le Bel, en 1312, ce sont les Hospitaliers de Saint-Jean de Jérusalem qui reprirent ses biens. En 1442, Jean de Caumont, le grand prieur des Hospitaliers, fonda, à proximité de l'église du Crucifix, un hôpital pour les pèlerins.

Le portail ogival affiche trois archivoltes : une lisse, la deuxième ornée de coquilles et la troisième décorée de figures à caractère souvent moralisateur. L’intérieur de l’église est à l'image du dépouillement voulu par les « moines-soldats ». La simple nef romane du XIIe siècle a été doublée, au XIVe siècle, d'une autre nef ; c’est sous cette dernière que se trouve un Christ en bois du XIVe siècle, cloué sur la croix en position de Y, œuvre sans doute apportée par un pèlerin allemand.

Puente la Reina, église del Crucifijo

L’église Santiago el Mayor, située au centre de la rúa Mayor, se dresse comme une flèche de pierre pour dépasser en hauteur tous les immeubles de Puente la Reina. Mentionnée dès 1142 et restaurée au XVIe siècle, elle garde de ses origines un portail roman, à cinq voussures, exécuté à la fin du XIIe siècle.

Il offre l’exemple de l’un des rares emprunts effectués par les portails navarrais à l’art musulman : le dessin polylobé et ajouré de la voussure centrale. Sur les voussures historiées, le décor, disposé dans le sens de la courbure des arcs, s’ordonne de part et d’autre d’environ 90 personnages.

Puente la Reina, église Santiago el Mayor

À l'intérieur de l’édifice, le retable baroque raconte la vie de saint Jacques. Face à l'entrée, on peut admirer la statue, taillée dans le cèdre, de saint Jacques pèlerin, pieds nus, bourdon en main, coquilles sur le chapeau. Jadis, on l'appelait beltza (le noir en basque) car la fumée des cierges l'avait noirci.

Puente la Reina, église Santiago el Mayor

Plan du parcours