Camino : Viana → Navarrete (22 km) - juin 2019
Vers 9 h, nous quittons le centre de Viana en franchissant la porte San Felices. Le Camino Francés traverse ensuite la N7230 et passe à côté d’une école. Après avoir serpenté entre des jardins potagers et un verger, nous rejoignons la N111 que nous longeons sur 400 mètres.
Grâce à un souterrain, nous passons, en toute sécurité, de l’autre côté de la nationale où nous progressons, sur l’asphalte, au milieu des vignes. Un kilomètre plus loin, nous arrivons devant l’ermitage de la « Virgen de Cuevas ». Cet ensemble de bâtiments, dont l’origine remonterait au XIVe siècle, a été réaménagé au XVIIIe siècle. Le site dispose d’une vaste aire de pique-nique.
Au-delà de cet ermitage, nous avançons sur un chemin de terre, au milieu des terres cultivées, pendant 1,2 km. Juste avant de franchir, grâce à une passerelle, la N111, nous entrons dans une pinède. Ce tronçon boisé, bien agréable, se poursuit en parallèle de la route nationale, sur 600 mètres.
À la sortie de la pinède, nous quittons la Navarre (dans laquelle nous étions depuis notre entrée sur le territoire espagnol) pour la communauté de La Rioja. Le parcours jusqu’à Logroño (3,5 km) ne s’effectuera malheureusement que sur le goudron. Nous évoluons dans une zone industrielle avant de grimper (de 389 à 438 mètres d’altitude), entre les vignes, vers le Mont Cantabria.
Du sommet, nous bénéficions d’un beau point de vue sur la ville et la vallée de l’Èbre. Ce fleuve traverse la Cantabrie, la Castille-et-León, La Rioja, la Navarre et l'Aragon avant de se jeter, après 930 km, dans la Méditerranée, en Catalogne. Le toponyme de Logroño provient de « gronio », qui signifie « gué » en celte, et rappelle la naissance de la ville sur les rives de l’Èbre.
Dans la descente, nous nous arrêtons chez la fille de Mme Felisa. Cette dame, tout comme sa mère (décédée en 2002 à l’âge de 92 ans), accueille, sur le bord de la route, les pèlerins. Elle propose différents petits objets à la vente et appose son cachet « Higos - agua y amor » (Figues, eau et amour) sur les credenciales. Chaque randonneur qui passe devant chez elle est recensé… peut-être tient-elle des statistiques ?
Nous rejoignons l’Èbre que nous longeons, sur une belle allée arborée, jusqu’au « puente de piedra ». Ce « pont de pierre » (198 mètres de long) est l'un des quatre ponts qui enjambent le fleuve pour rejoindre la capitale de La Rioja.
Il se dénomme aussi « pont San Juan de Ortega », en référence à la chapelle qui existait dans sa marge gauche (en l'honneur du saint à qui est traditionnellement attribuée la construction du pont originel). L'ouvrage actuel date de 1884, après l’effondrement du précédent, emporté par une crue en 1871.
Avant la traversée du fleuve, nous effectuons un arrêt aux octrois. Ces anciennes maisons de taxes, bâties au XIXe siècle pour y payer l’impôt d’accès à la ville, sont devenues l’actuel office d’information aux pèlerins. Nous apposons le cachet sur la credencial et prenons quelques informations touristiques sur la ville.
De l’autre côté de l'Èbre, nous décidons de ne pas suivre exactement le Camino Francés afin de visiter « librement » la ville. Les édifices religieux sont nombreux à Logroño ; nous découvrons d’abord l'église Santa María de Palacio, dont la flèche gothique domine la ville.
Cette église doit son nom à un palais, autrefois situé à cet emplacement, qui avait été érigé par Alphonse VII de Castille. Également surnommée « la aguja » (l’aiguille), l'église a été bâtie au XIe siècle, reconstruite au XIIe, puis agrandie au XVIe. En face de l’édifice religieux, nous admirons une première fresque évoquant le Chemin de Saint-Jacques.
Tout près de là, nous apercevons la tour mudéjare (datant du XVIe siècle) de l'église San Bartolomé. Construit au XIIIe siècle, l’édifice conserve un beau portail sculpté ; il constitue le seul exemplaire d'art roman de la ville. Les sculptures du portail se composent de 19 scènes représentant le martyre de San Bartolomé et la découverte de ses restes.
La cathédrale Santa María la Redonda, dont les imposantes tours baroques se dressent sur la plaza del Mercado, renferme de nombreuses sculptures, dont en particulier celles de Gregorio Fernández ainsi qu'une représentation du chemin de croix, œuvre de Michel-Ange.
La construction de cet édifice, sur une ancienne église romane de forme arrondie, s'est étalée du XVe au XVIIIe siècle. L'église est devenue une cathédrale en 1959. La façade est remarquable avec son grand portail, décoré de sculptures, encadré par deux hautes tours construites, en 1769, en style baroque.
Dans la rue Barriocepo, nous observons la fuente de los Peregrinos (fontaine des pèlerins) ainsi qu’une mosaïque géante représentant un jeu de l’oie dont les motifs font référence au Chemin de Saint-Jacques. Un peu plus loin, l'église Santiago el Real reflète elle aussi l'importance du Camino.
C’est dans cette église que se réunissait le conseil municipal et qu’étaient conservés les documents les plus importants de la mairie. La façade, datant du XVIIe siècle et conçue comme un arc de triomphe, est ornée de deux sculptures de saint Jacques : la première le représente en pèlerin et la seconde, en guerrier à cheval.
Avant d’atteindre la « puerta del Revellin », nous découvrons une seconde fresque sur le thème du Chemin de Compostelle. Cette porte fortifiée, la seule conservée dans la ville, est un vestige de la muraille qui protégeait Logroño au XVIe siècle.
En quittant le centre-ville, à la recherche d’un snack pour la pause de midi, nous passons à côté d’une statue représentant deux pèlerins. Après le repas, nous progressons, pendant un kilomètre, le long de larges avenues en suivant le balisage au sol.
Le Camino Francés atteint un premier parc qu'il traverse en empruntant l'allée centrale. Nous franchissons une ligne de chemin de fer et marchons ensuite dans un second parc, durant 1,5 km. Un tunnel nous permet de traverser la rocade de Logroño et de poursuivre notre cheminement, en légère montée, dans le parc de la Grajera.
La superficie de ce parc est de 87 hectares, dont 32 pour le lac ; ce dernier a été aménagé, en 1883, afin de constituer une réserve d’eau qui est utilisée pour l’irrigation des cultures. Au fil des ans, l'un des écosystèmes lagunaires les plus importants de la région s'est développé dans le parc.
Nous longeons le lac pendant environ 1 km avant de rejoindre une petite route. Celle-ci monte (de 445 à 523 mètres d’altitude), entre les vignobles, en direction des N120 et N232. Du sommet, nous profitons d'un beau point de vue sur le lac de la Grajera et les faubourgs de Logroño.
Nous progressons ensuite, pendant un kilomètre, sur un chemin parallèle aux deux routes ; la clôture métallique, servant de séparation, est recouverte de nombreuses croix en bois fabriquées par les pèlerins (une tradition qui s’étend sur l’ensemble du Chemin). Après avoir dépassé une scierie, nous franchissons la N120 et descendons un chemin caillouteux, au milieu des vignobles.
Peu après le pont surplombant l'autoroute A68, nous découvrons, sur la gauche, les ruines d'une église. Celle-ci faisait partie d'un hôpital pour pèlerins construit, en 1185, grâce à María Ramírez. Quand cette dame est décédée, son corps a été enterré dans l'édifice religieux et l'hôpital fut légué à l'Ordre Militaire et Hospitalier de Saint-Jean-dʼAcre, qui l'a dirigé jusqu’au XIXe siècle.
700 mètres plus loin, nous retraversons la N120 et entrons dans Navarrete. La place centrale est, depuis le XVIe siècle, le centre névralgique du village. Sur cette place, se trouve la fontaine publique, la seule conservée intramuros, et une sculpture représentant une dame transportant une cruche d’eau sur la tête. Un hommage à ce travail que les femmes du village ont dû réaliser jusqu’à l'arrivée de l’eau potable dans les maisons en 1960.
Tout près, une autre sculpture évoque le travail de la poterie. Au fil des siècles, les habitants de Navarrete ont façonné la terre pour la changer en pièces de céramique de qualité reconnue. Cet artisanat persiste encore dans le village à travers divers ateliers de poterie qui se sont adaptés aux nouvelles modes.
Du centre de Navarrete, il nous reste encore un dernier kilomètre à parcourir afin de rejoindre, vers 16 h 30, notre hébergement.