Camino : Atapuerca → Burgos (20 km) - juin 2019
Il est 8 h quand nous quittons notre hébergement… assez décevant malgré un accueil en français. L'étape du jour ne présente qu'une seule côte et celle-ci se présente à nous dès la sortie d'Atapuerca. Par un chemin de terre, devenant caillouteux par la suite, nous montons (de 954 à 1 073 mètres d’altitude) vers une vaste plaine où se trouve une grande croix en bois. Le Chemin est régulièrement délimité par des fils barbelés qui protègent les pâturages.
Un peu plus loin, un grand panneau métallique nous annonce que la vue qui s'offre ici à nous est, depuis Burguete, la plus belle de tout le Chemin. S'il est vrai que l'on profite d'un vaste panorama, avec Burgos dans le lointain, notre point de vue préféré reste cependant celui de l'Alto del Perdón entre Pampelune et Puente la Reina.
Du sommet, nous descendons d'abord par un chemin caillouteux, puis par un large chemin de terre vers Villalval. Pour la plupart des marcheurs, c'est dans ce village, après cet agréable tronçon de 2,5 km, que commence un long parcours totalement routier vers Burgos… il n'en sera heureusement pas de même pour nous !
De Villalval à Cardeñuela Riopico, nous empruntons, sur un kilomètre, la petite route qui descend lentement (de 945 à 924 mètres d’altitude) entre les champs de céréales. À la sortie de ce village, nous abandonnons provisoirement le Camino Francés pour un chemin herbeux. Ce parcours, sur une ancienne voie de chemin de fer, est quand même préférable au tracé officiel qui reste sur la route ; les deux itinéraires étant parallèles, la distance est donc identique : 2,3 km.
De retour sur le Camino Francés, nous franchissons l'autoroute A1 et optons, 200 mètres plus loin, pour la variante qui passe par Castañares et entre dans Burgos en suivant la rivière Arlanzón. Nous prenons un chemin caillouteux, au milieu de la campagne ; celui-ci atteint, après 1,5 km, l’aéroport de Burgos. Sur un autre chemin caillouteux, nous longeons, pendant deux kilomètres, le site, bien protégé par un grillage.
Peu avant Castañares, nous traversons la rivière Pico, un affluent de l'Arlanzón ; tout le parcours, depuis Cardeñuela Riopico, s'est effectué à proximité de ce cours d’eau. Dans le centre de la localité, nous franchissons la N120 et prenons ensuite la direction du terrain de football. Nous rejoignons ainsi la rivière Arlanzón et débutons la plus belle partie de cette variante. Pendant six kilomètres, nous avançons à côté de ce cours d’eau sur des sentiers ou petits chemins de terre ; un tronçon qui a l'avantage d’être bien ombragé grâce aux nombreux peupliers et châtaigniers.
C’est par le pont San Pablo que nous entrons dans le centre historique de Burgos, sur l'autre rive de l’Arlanzón. Au bout de ce pont, on trouve l'imposante statue du Cid Campeador. Rodrigo (Rodrigue) Diaz est né près de Burgos dans les années 1040. Il se met au service du roi Sanche II de Castille qu'il aide à conquérir le royaume de Léon et acquiert le nom de Campeador (« vainqueur de batailles »). Quand Sanche est assassiné, il sert le nouveau roi Alphonse VI de Castille, mais avec méfiance, car il le soupçonne d'avoir trempé dans l'assassinat de son frère. Néanmoins, en 1074, il épouse une cousine du roi, doña Jimena (Chimène).
Les relations entre Alphonse VI et Rodrigo se dégradent ; en 1081, le roi le bannit du royaume de Castille. À partir de là, il mène une vie de mercenaire combattant en fonction des circonstances, soit aux côtés des chrétiens soit aux côtés des musulmans. Sa réputation d'invincibilité s'est étendue dans tous les royaumes, on l'appela alors le « Cid » (seigneur en arabe). Rodrigue finit par se réconcilier avec Alphonse VI et participa à la lutte contre les musulmans. Il s'empara de Valence en 1095 où il se constitua une véritable principauté ; il y meurt en 1099. Rodrigue et Chimène ont été inhumés au monastère San Pedro de la Cardena, une dizaine de kilomètres à l'est de Burgos.
Un peu plus loin, nous franchissons la porte Santa Maria. Cette ancienne porte du XIVe siècle, la plus imposante de toutes celles donnant accès à la ville, a été rénovée vers 1536. L'image de Santa María la Mayor préside l'arc de triomphe, construit en l'honneur de l'empereur Charles Quint. Cet arc est décoré par des statues qui représentent des hommes importants dans l'histoire de Burgos. Dans la rangée du bas, les fondateurs de Burgos : Diego Porcelos Rodriguez (au centre) et deux juges ayant dirigé la Castille au Xe siècle. Dans la rangée du haut se trouvent, de gauche à droite, Fernan Gonzalez, Charles Quint et le Cid Campeador.
Après un très bon repas dans un restaurant du centre-ville, nous profitons de l'après-midi pour découvrir la cathédrale Santa Maria ; c'est la seule cathédrale espagnole inscrite au patrimoine mondial de l’Unesco. Auparavant, il y avait ici une cathédrale romane construite, entre 1080 et 1095, dans l'espace occupé par le palais des rois de Castille. Burgos était une ville royale, moderne et en constante expansion vers l'Europe grâce aux alliances politiques et au Camino de Santiago. Pour cette raison, une nouvelle cathédrale était nécessaire.
Le roi Ferdinand et Mgr D. Mauricio décidèrent de construire une cathédrale dans le style gothique qui se répandait déjà dans toute l'Europe. Ils posèrent la première pierre en juillet 1221 et, 39 ans plus tard, l'édifice était terminé. Un nouveau cloître a cependant été construit à côté de l'allée sud du déambulatoire dans le dernier tiers du XIIIe siècle et les chapelles absidales ont été remodelées. Dans la seconde moitié du XVe siècle, trois ouvrages fondamentaux ont été construits dans la cathédrale : la chapelle du connétable, les flèches et le dôme, qui fut remplacé à partir de 1539 par l'actuel.
Le dôme octogonal (cimborio) s'élève à plus de 50 mètres au-dessus de la croisée avec huit pinacles très travaillés, il comporte deux étages avec d'innombrables sculptures. Philippe II a dit de lui que « cela semblait plus être l'œuvre des anges que des hommes ». Toutes les parures gothiques et tous les luxes de la Renaissance se réunissent dans une telle construction, principalement dans l'étonnante étoile à huit branches. Au pied de ce dôme, se trouvent les dalles funéraires du Cid et de son épouse Chimène ; leurs corps ont été transférés dans la cathédrale en 1921.
Au-delà du chevet, on peut admirer la capilla del condestable (chapelle du connétable) dont les pinacles sont ornés de clochetons ajourés et de statues. Cette chapelle a été construite, de 1482 à 1492, à l'initiative du connétable de Castille, Fernàndez de Velasco, d'où son nom. Elle est éclairée par une lanterne coiffée d'une élégante coupole étoilée. Tous les grands sculpteurs du début de la Renaissance ont collaboré à l'exubérante décoration des murs et du retable. Le connétable et son épouse, Mencía de Mendoza y Figueroa, gisent sur un mausolée en marbre de Carrare, à côté d'une immense dalle de marbre grenat qu'ils destinaient à leurs enfants.
L'intérieur de l'édifice religieux recèle encore de très nombreux trésors et chefs-d’œuvre qu'il serait trop long d’énumérer ici…
La « Casa del Cordón » tire son nom de la corde franciscaine sculptée qui entoure la porte principale. Ce palais, construit par les connétables de Castille, est un symbole de l'architecture civile de Burgos de la fin du XVe siècle. Ses murs ont accueilli des rois et ont été le théâtre de nombreux événements politiques et sociaux importants. Sur sa façade principale, on trouve une inscription qui rappelle l'accueil, le 23 avril 1497, de Christophe Colomb par les rois catholiques après son retour du deuxième voyage en Amérique. Aujourd'hui, le palais appartient à une société bancaire.
En arpentant la ville, nous avons découvert plusieurs statues en bronze.