Dijleland : Wespelaar → Malines (20 km) - décembre 2020
Info : pour effectuer cette étape de 25 km dont 20 sur le GR, nous avons pris le train entre les gares de Malines (700 m hors GR) et de Wespelaar (4 km hors GR).
Afin de rejoindre le parcours du Streek-GR Dijleland, là où nous l’avons quitté il y a un mois, nous devons, depuis la gare de Wespelaar, marcher pendant près de quatre kilomètres sur le GR 128.
De retour sur le tracé jaune et rouge, nous progressons sur un chemin asphalté au milieu de la campagne. Après 900 m, nous prenons un chemin caillouteux rejoignant l’Antitankgracht (qui faisait partie de la ligne KW) et suivons celui-ci durant deux kilomètres.
En 1927, l’état-major belge commence à imaginer un nouveau système de défense du pays afin de faire face aux invasions allemandes. Si l’armée compte encore sur les forts, notamment autour de Liège, elle pense aussi à tirer à travers le territoire une série de lignes défensives derrière lesquelles les forces alliées doivent se positionner en cas d’invasion.
L’idée de la ligne KW (« K » pour Koningshooikt, au sud d’Anvers, et « W » pour Wavre) est de relier la place fortifiée d’Anvers à celle de Namur pour se prolonger par la Meuse vers la France. Fin 1939, des appels d’offres sont lancés aux entrepreneurs civils et les travaux réalisés début 1940, juste avant l’invasion.
Extrait du site lignekw.blogspot
En 1933, pour arrêter l'avancée des chars ennemis, le général français de Cointet conçoit un système performant qui ressemble à un lourd portail en métal monté sur rouleaux : l'élément Cointet. Un élément pèse environ 1 500 kilos et mesure 2,70 m de large, 2,50 m de haut et 3,35 m de profondeur. Ces éléments servent principalement à barricader les rues et autres passages des chars.
Ce n'est qu'en Belgique que les éléments Cointet sont également utilisés comme parties des lignes, où ils sont rivés par milliers pour former un mur impénétrable. En 1939, le pays en compte 77 000 dont environ 30 000 forment un « mur de fer » dans la ligne KW. Après la reddition de la Belgique, l'armée allemande utilisa les clôtures Cointet comme défense sur les plages de Normandie.
Photos du site lignekw.blogspot
À Haacht, les éléments Cointet sont notamment installés entre l'Antitankgracht et le canal. Ces clôtures sont efficaces, mais aussi très chères. Dans la mesure du possible, d'autres stratégies telles que les rivières et leurs plaines inondables naturelles sont choisies.
Ce n'est qu'ici qu'une idée très originale a été choisie : une zone de 700 ha, pratiquement inhabitée, entre Haacht, Werchter et Wakkerzeel est située plus bas que la zone environnante et peut être submergée d'un à deux mètres sans trop de dégâts. Au moment de l’invasion, le 10 mai 1940, l'Antitankgracht est terminé.
Lorsque l'armée allemande atteint la ligne KW, le 15 mai, l'inondation est un fait : une bande de 200 mètres de terres arables et de pâturages à l'est des douves a disparu sous un plan d'eau de 5 millions de m³. Cependant, la bataille attendue n'a pas lieu. Le 16 mai 1940, il est décidé que les unités de l'armée belge, française et britannique doivent se retirer derrière la position de la Lys.
Jusqu'en 1954, l'Antitankgracht était une zone militaire. Après cela, des peupliers du Canada ont été plantés et la nature s'est développée formant un biotope avec une faune et une flore très riches. En 2001, l'Antitankgracht et ses environs ont été officiellement reconnus comme réserve naturelle.
À la fin de ce tronçon, nous empruntons brièvement un chemin asphalté puis, par un agréable sentier, nous parvenons près du « Sluisbunker ». La ligne KW comptait plus de 400 bunkers ; si la plupart étaient conçus pour abriter des mitrailleuses, certains étaient des abris de connexion téléphonique ou de commandement.
Pour surprendre l'ennemi, de nombreux bunkers ont reçu une façade en brique pour ressembler à une maison ou à une écurie. Les fausses portes et fenêtres servaient souvent de salle de tir. Ici, le bunker de combat gardait l'écluse qui maintenait le niveau d’eau dans l'Antitankgracht. La peinture d’origine le faisait ressembler, de loin, à la maison d'un éclusier.
Par bunker (avec deux ouvertures de tir), il y avait un chef de section et pour chaque mitrailleuse un chef de pièce, un artilleur et un chargeur. Le lieu était donc occupé par pas moins de sept personnes. Les murs face à l'ennemi étaient en béton armé de 1,3 mètre d'épaisseur ; les autres avaient un mètre d'épaisseur et le toit un peu plus d'un mètre d'épaisseur.
Un peu plus loin, nous effectuons la pause de midi près d’un pont-levis, situé sur la Dyle à la frontière des communes de Haacht et Keerbergen. L’accès au « Oude Hansbrug » n’est autorisé que pour les piétons et les cyclistes. Depuis des siècles, ce pont se trouve sur la route reliant Louvain à Lier, et donc à Anvers.
Dès 1234, le Hansbrug est mentionné dans un acte par lequel le chevalier Walter van Haacht fait don de l'usufruit d'une partie de ses terres à l'abbaye de Villers. En 1893, le pont en bois a été remplacé par un pont-levis en fer ; celui-ci a été détruit, puis restauré, lors des deux guerres mondiales.
En 1958, un pont moderne et plus large, adapté à la circulation automobile, a été construit à 200 mètres en amont. Dès lors, l'Oude Hansbrug n'a plus été entretenu et a fini par rouiller complètement. En 2005, une rénovation n'étant plus possible, le pont a été entièrement reconstruit, dans le style originel de 1893, par le gouvernement flamand.
Après cette courte pause (en raison du froid), nous prenons un chemin de terre, puis une petite route de campagne aboutissant au bord de la Dyle. Pendant 2,5 km, nous marchons sur le chemin de halage gravillonné.
Le Streek-GR s’éloigne de la Dyle pour suivre un sentier le long du Hollakenbeek. Au terme de ce tronçon, nous arrivons sur une grand-route où nous sommes rejoints par le GR 128. Les deux parcours évoluent ensemble durant 450 mètres et passent devant le château de Hollaken ; de style néoclassique, il date de 1832.
Nous empruntons une drève se prolongeant par un sentier, partiellement sur des caillebotis. Par un portillon, nous accédons à une prairie, boueuse, où nous sommes suivis par quelques vaches. Nous traversons ensuite un bois et retrouvons déjà le GR 128 avec qui nous progressons, pendant 1,4 km, jusqu’au chemin de halage.
Là, un poteau, assez récent, nous informe que nous croisons le tracé du GR 12. Ce poteau a été placé ici par erreur, car ce n’est que dans quatre kilomètres que nous rencontrerons le GR 12 ; ce qui est exact par contre, et non indiqué, c’est que nous nous séparons du GR 128. Nous avançons le long de la Dyle durant 3,3 km.
Presqu’au terme de ce parcours, un peu monotone, nous franchissons le Barebeek. L'embouchure de cette rivière constitue, avec le Zuurreusel et le Pikhakendonk à Hever, une zone naturelle sur la rive gauche de la Dyle. Couvrant près de 90 hectares, elle fait partie de la réserve naturelle de la vallée de la Dyle inférieure qui comprend également le Mechels Broek, le Mispeldonk et le Cassenbroek sur la rive droite du cours d’eau.
Près du village de Muizen, nous traversons la Dyle et prenons la Muizenhoekstraat. Après 650 m, lorsque cette rue tourne vers la droite, nous continuons en face en franchissant le portillon donnant accès au Mechels Broek. C’est là que nous croisons réellement le GR 12 avec qui nous évoluerons pendant deux kilomètres. Le Mechels Broek appartient à l'ancienne zone naturelle d'inondation de la Dyle.
À la fin des années 1960, deux grandes fosses d'extraction de sable ont été creusées pour la construction de l’autoroute E19. Ces puits sont maintenant de profonds étangs ; le plus grand des deux fait partie du centre de loisirs De Nekker. Le plus petit est situé dans l’actuelle réserve naturelle ; c’est une importante aire de repos et de restauration pour de nombreux oiseaux aquatiques.
La quarantaine de cratères du Mechels Broek sont des témoins silencieux de la Seconde Guerre mondiale. Un certain nombre de bombes alliées ont raté leur cible : la gare de triage et le dépôt de munitions de l'armée allemande à Malines (Muizen) ; elles ont explosé dans les prés des Mechels Broek. Ces trous regorgent maintenant de vie aquatique : tritons, grenouilles, libellules, épinoches,...
Nous nous éloignons, hélas, rapidement de cette zone naturelle et revenons sur le chemin de halage. Nous restons sur ce chemin bétonné, longeant le grand étang de loisir, jusqu’à l’écluse de Nekkerspoel, où le GR 12 nous quitte.
Entre 1890 et 1907, d’importants travaux ont été entrepris sur le cours de la Dyle pour mettre fin aux inondations récurrentes du centre de Malines en construisant un canal de dérivation. Celui-ci utilise, en partie, le tracé des anciens remparts de la ville.
En suivant l’« ancienne » Dyle, nous passons sous plusieurs ponts ferroviaires et parvenons au Volmolen. Là, nous abandonnons le tracé jaune et rouge pour rejoindre, après 700 mètres, la gare de Malines.
➔ Jonction avec d'autres GR
- Le GR 128 : Vlaanderenroute part du village de Wissant, à mi-chemin entre le Cap Griz-Nez et le Cap Blanc-Nez, et parcourt quelque 170 km à travers la France. Il traverse ensuite toute la Flandre, en 480 km, pour se terminer dans la ville d'Aachen.
- Le GR 12 : Amsterdam - Bruxelles - Paris relie, en +/- 1 000 km, les trois capitales européennes. En Belgique, ce sentier de grande randonnée contourne d’abord Anvers, puis traverse Lier et Malines avant de rejoindre Grimbergen. À la sortie de Bruxelles, il se dirige vers Beersel et Braine-le-Château puis, de Ronquières à Seneffe, il progresse le long de l’ancien canal. Après avoir franchi la Sambre, à l’abbaye d’Aulne, le GR 12 suit l’Eau d’Heure jusqu’à Walcourt. Au-delà de Philippeville, par la vallée du Viroin, il se dirige vers la France.