GRP 125 : Dinant → Lustin (25 km) - mai 2018
Info : pour effectuer cette étape de 26 km dont 25 sur le GR, nous avons pris le train entre les gares de Lustin (1 km hors GR) et de Dinant.
C’est sous un ciel très gris, mais avec une température bien estivale, que nous débutons cette étape. Depuis la gare de Dinant, notre groupe, d’une trentaine de randonneurs, se dirige d’abord vers Bouvignes-sur-Meuse, village situé à trois kilomètres.
Après avoir traversé la ligne de chemin de fer, nous prenons, sur la gauche, un sentier grimpant fortement, de 117 à 184 mètres d’altitude. Nous passons le long d’une école et poursuivons ensuite l’ascension au milieu d’un bois. Au sommet, nous tournons à droite et suivons les balises redescendant, dans le bois, jusqu’à la rue de Bonsecours.
Au bord de la route, nous découvrons la chapelle Notre-Dame de Bonsecours, entourée par quatre imposants tilleuls. Un mur de pierre, avec une porte grillagée, ceinture l’ensemble qui appartient à la commune de Dinant. De plan carré, l’oratoire est bâti en briques et pierres de taille. Selon la tradition, une famille dinantaise aurait construit l’édifice pour remercier Notre-Dame de Bonsecours d’avoir épargné un proche parent enrôlé dans les armées napoléoniennes.
Le GRP 125 emprunte le sentier de Meez grimpant en lisière de forêt. Par endroits, le parcours est rendu difficile à cause d’arbres tombés récemment à la suite d’une tempête. Nous atteignons la rue de Meez et descendons, pendant quelques centaines de mètres, sur celle-ci. Nous obliquons à gauche et continuons la descente, à travers bois, vers Bouvignes-sur-Meuse. En chemin, nous apercevons les ruines de Crèvecœur vers lesquels nous allons devoir grimper.
C’est dans le courant du Xe siècle que Bouvignes devient possession des comtes de Namur ; elle reçoit le statut de ville en 1213. Le donjon du château féodal a été construit au XIIe siècle, sur un promontoire rocheux dominant la petite bourgade en développement. L'évolution de ce vaste château se poursuivra jusqu'au XVe siècle.
Peu à peu, la ville s'entoura de murailles, de tours et de portes. Très tôt, la cité développa l’artisanat de la « dinanderie » (battage du cuivre), qui fit sa puissance et sa renommée pendant près de trois siècles. Ce fut aussi le début d'une interminable guerre avec Dinant, sa rivale.
Le prince-évêque de Liège, avec le renfort des Dinantais, assiégea vainement Bouvignes en 1321. Les armées liégeoises n'eurent guère plus de chance en juillet 1430. Philippe le Bon avait acheté le comté de Namur et Bouvignes, quelques années plus tôt, les faisant ainsi entrer dans les possessions de la Maison de Bourgogne. Sous le règne de Charles Quint, la cité, qui avait mis à profit la destruction de sa rivale en 1466, était à l'apogée de sa puissance économique.
Mais cette prospérité fut de courte durée, car le roi de France, Henri II, projeta d'envahir les Pays-Bas espagnols. À la tête d'une armée considérable, il arriva sous les murs de la ville en juillet 1554. Les habitants durent céder sous les coups de l'artillerie française et le jour même, la ville fut emportée et mise à sac. La légende rapporte que trois jeunes filles, mariées à des défenseurs tués au cours de ce siège, se sont réfugiées tout en haut de la tour de « Crèvecœur » et préférant la mort à la capture, se sont jetées dans le vide.
Rentrée sous l'autorité de Charles Quint, la cité, ruinée et dépeuplée, sera reconstruite et conservera un plan très caractéristique des villes neuves médiévales, mais elle subira encore de nombreux assauts. L’abandon progressif de la dinanderie, à la fin du XVIIe siècle, entrainera le lent déclin de la bourgade qui ne retrouvera jamais sa splendeur d'antan.
Nous passons au pied de l'église Saint-Lambert, dont on situe généralement la construction dans la première moitié du XIIIe siècle. L’édifice est accolé à la porte de la Val, vestige des fortifications entourant Bouvignes depuis 1213 jusqu’à leur démantèlement en 1672. Cette porte, située entre deux tours, la tour Sainte-Barbe et la tour du Val, donnait accès à un ravin où coulait le ruisseau qui a donné son nom à l’édifice.
Sans vraiment visiter le village, nous attaquons la rude grimpée, en lacets, vers les vestiges de la forteresse de Crèvecœur, située sur un éperon dominant la Meuse et Bouvignes. Depuis sa naissance et surtout au XIVe siècle, auquel remonte l'essentiel des vestiges en place, elle a participé directement au système de défense de la ville et du comté de Namur face à Dinant et à la principauté de Liège.
De plan irrégulier parce qu'adapté à la configuration du terrain, et de forme plus ou moins triangulaire, l'ensemble de quelque 25 mètres sur 36, s'étage sur deux terrasses. À l'extrémité du roc, devant la Meuse, au plan inférieur, s'élève une tour hémisphérique du XVe siècle. Au niveau supérieur, le donjon et son enceinte du XIVe siècle sont encore visibles. La forteresse, définitivement démantelée en 1672, subit plusieurs phases de restauration au XIXe siècle qui ont défiguré le site et rendu sa compréhension difficile.
Après une pause photos et boisson, nous reprenons le parcours et rejoignons une petite route, suivie pendant 1,5 km. Celle-ci progresse entre le plateau champêtre, sur la gauche, et le versant boisé, sur la droite. À la fin de la partie bétonnée, nous descendons le long d’un bois avant d’y entrer pour un agréable parcours. En remontant un chemin caillouteux, entre un champ et une plantation de sapins de Noël, nous arrivons à la ferme de Grange datant des XVIIe et XVIIIe siècles.
Après avoir contourné les bâtiments, transformés en hébergements, nous progressons, pendant deux kilomètres, à travers la forêt. Au terme de ce beau tronçon, nous arrivons à proximité de Haut-le-Wastia où nous nous séparons du GR 129 qui se poursuit, vers la gauche, en direction de Maredsous.
Par un sentier, en bordure d’un pré, nous atteignons le centre de Haut-le-Wastia. Nous traversons le village et empruntons ensuite un chemin descendant (de 180 à 100 mètres d’altitude) en lisière d’un bois. Ce tronçon, reliant Haut-le-Wastia à Warnant, est dénommé « chemin de Pauline ». Après un camping, situé au bord de la Molignée, nous rejoignons la N971, suivie, vers la gauche, sur une centaine de mètres.
Née de la fusion de plusieurs ruisseaux, près d’Ermeton-sur-Biert, la Molignée se jette, après un parcours de 16 km, dans la Meuse, près d’Anhée. La rivière a donné son nom à une charmante vallée boisée qui compte de nombreuses curiosités liées au riche patrimoine de la région et quelques attractions touristiques comme le château de Montaigle, les abbayes de Maredsous et de Maredret ou encore les « draisines de la Molignée ».
Nous quittons la vallée de la Molignée et, par un étroit sentier traversant des prairies, nous montons vers Warnant. C’est sur la place de ce village que nous effectuons la pause pique-nique. La place actuelle constitue le noyau primitif du village divisé en deux par la petite vallée du ruisseau de Bati. L’église en moellons de calcaire, dédiée à Sainte-Adèle, a été construite en 1764 ; il n’y avait pas d’église dans le village avant cette date.
Après la pause, alors que le ciel se dégage de plus en plus, nous entamons la seconde moitié de l’étape... l’arrêt de midi ayant été prévu à mi-parcours. Nous longeons le cimetière et descendons, entre champ et prairie, jusqu’à la rue de Bioul. Le tracé jaune et rouge suit cette rue sur 300 mètres, franchit le ruisseau de Bati, et monte (de 121 à 187 mètres d’altitude) en direction de la ferme de Corbais. Ce parcours s'effectue sur des sentiers campagnards au début, plus boisés ensuite.
Au-delà de la ferme (XVIIe siècle), nous progressons sur le plateau, entre les champs de céréales, avant de descendre vers la Meuse et le hameau de Hun (commune d’Anhée). Par la rue des Campagnes, nous rejoignons la N92 et suivons cette dernière, vers la gauche, sur une centaine de mètres. Au bord de la route, nous découvrons la chapelle du Sacré-Cœur, mais un culte à saint Christophe s’y développant elle est plus connue sous ce nom-là.
Construite, par le comte Philippe de Lannoy, en 1926 et cédée à la commune d’Anhée trois ans plus tard, elle subit de sérieux dégâts lorsque Hun fut incendié par les Allemands en 1944. Son clocher, endommagé, a été reconstruit en style mosan. Tous les ans, à une date proche de la fête de saint Christophe, patron des voyageurs et automobilistes, une messe y est célébrée avec bénédiction des véhicules dans le parking voisin.
Nous empruntons un chemin empierré rapidement suivi d’un sentier, entre des prairies. Après un bref tronçon forestier, nous continuons au milieu des champs et arrivons en surplomb du château d’Annevoie ; bien connu pour ses jardins. La façade du château, côté jardin, montre bien les différentes époques de construction dont la première date de 1627. On peut remarquer que l’ensemble du château forme une légère courbe qui suit celle de la vallée du Rouillon dans laquelle les jardins ont été aménagés en s’inspirant de l’art italien, « l’art s’accommode à la nature ».
Avant de cheminer, durant 700 mètres, sur la N932, nous passons au centre du village d’Annevoie où nous effectuons une petite pause. En face de l’église Saint-Antoine, on trouve une ancienne forge dont la roue à aubes est alimentée par le Rouillon (ou ruisseau d'Annevoie).
Nous passons devant le château de Rouillon et attaquons ensuite la dernière difficulté de l’étape : la montée (de 120 à 256 mètres d’altitude) vers le point de vue des « 7 Meuses ». Nous suivons, à travers bois, un large chemin en lacets puis, au terme d’une longue ligne droite, nous arrivons au sommet et donc, au point de vue. Si le panorama est très beau, malgré une observation attentive, nous ne verrons pas la Meuse à sept reprises.
Après une pause boisson, bien méritée, nous redescendons vers la Meuse. En bas, nous contournons l’église de Rivière et franchissons la N92. Nous longeons brièvement le fleuve (90 mètres d’altitude) et dépassons ainsi l’écluse de Rivière, puis le confluent du Burnot et de la Meuse.
Tandis que le GRP 125 et le GR 126 tournent vers la gauche et montent vers Bois-de-Villers, nous restons au bord de la Meuse. Il ne nous reste plus qu’un kilomètre à parcourir (hors GR) pour atteindre, de l’autre côté du fleuve, la gare de Lustin.
➔ Jonction avec d'autres GR
- Le GR 129 : La Belgique en diagonale relie, en 575 km, Bruges à Arlon. Ce sentier de grande randonnée passe notamment par Audenarde, Ath, Mons, Thuin, Gerpinnes, Maredsous, Dinant, Lavaux-Sainte-Anne, Maissin, Florenville, Virton et Messancy.
- Le GR 126 : De Bruxelles à la Semois débute au pied de l'Atomium et passe au centre de Bruxelles avant de traverser le Brabant wallon. Il suit les rives de la Meuse entre Namur et Dinant, puis s’engage, au-delà du château de Freyr, le long de la Lesse. Ce sentier de grande randonnée pénètre ensuite dans la forêt ardennaise pour terminer son parcours, de 236 km, au bord de la Semois.