GR 126 : Moustier-sur-Sambre → Namur (19 km) - août 2017
Info : pour effectuer cette étape de 22 km dont 19 sur le GR, nous avons pris le train entre les gares de Namur (1 km hors GR) et de Moustier (2 km hors GR).
Depuis la gare de Moustier, où nous laissons la voiture ce matin, nous devons d’abord marcher deux kilomètres afin de retrouver le tracé du GR 126. C’est par un chemin caillouteux que nous débutons l’étape. Nous suivons ensuite, sur 400 mètres, la rue des Muriers avant de prendre un large chemin de terre. Celui-ci, assez boueux par endroits, passe entre le bois des Terres Holles et des prairies.
Au niveau d’un ancien bras de la Sambre, envahi par la végétation, le tracé blanc et rouge tourne à gauche et grimpe (de 97 à 120 mètres d’altitude) vers le plateau. La première canalisation de la Sambre a lieu en 1829. La rivière est alors déviée, ce qui provoque la création de bras isolés (des petits lacs) du reste du cours d'eau. Après un bref tronçon asphalté, nous suivons, pendant un kilomètre, un chemin, quasi rectiligne, à l’orée du bois de Soye.
Dans le village de Soye, près de la chapelle dédiée à Saint-Amand, nous devinons, au bout d’une longue allée privée, le château-ferme. Déjà cité en 1546, le château actuel relève d’une construction plus ancienne dont on ignore tout. De grands noms présideront aux destinées de Soye et chacun laissera sa marque dans l’évolution et l’agencement des bâtiments. Les dernières transformations importantes datent de la première moitié du XIXe siècle.
En 1692, lors du siège de Namur, le Grand Dauphin (fils de Louis XIV) logea au château de Soye. Jouxtant le château, une ferme, de la seconde moitié du XVIIe siècle, qui aurait été conçue d’après des croquis de Vauban. À l’origine, la ferme et le château étaient ceinturés de douves alimentées par le Ry des Minias tout proche. Depuis 1923, les deux bâtiments sont dissociés et appartiennent à des propriétaires différents.
À la sortie de Soye, nous suivons un sentier herbeux, entre deux clôtures, descendant vers un étang. Ce plan d'eau, d'environ 2,5 hectares, est le vestige de l'un des trois viviers de l'abbaye de Floreffe ; l'intérêt du site est principalement ornithologique.
Nous traversons la rue Emile Lorent et entamons un tronçon asphalté d’1,5 km. Sur ce parcours, nous découvrons, sur la droite, le châssis à molettes d’un ancien charbonnage. Le « charbonnage de Floreffe - Soye », autrefois dénommé « charbonnage de Sainte-Barbe du Bois Planté », a été ouvert au XIXe siècle ; il cessa ses activités en 1892. En 1907, le site de Floriffoux fut repris par les charbonnages de Baudour, qui le rénovèrent.
La société exploitait un gisement de charbon trois-quart-gras par un puits de 120 mètres de profondeur et une concession s'étendant sur plus de 500 hectares. Le transport de la houille jusqu'à la gare de Floreffe (située sur l'autre rive de la Sambre) était le principal problème du charbonnage. Entre 1910 et 1912, on fit construire un pont en béton armé ; celui-ci était surmonté d'une voie ferrée aérienne qui menait le contenu des wagonnets directement dans les wagons du chemin de fer à la gare de Floreffe.
En 1924, le rendement étant insuffisant pour maintenir en vie cette modeste exploitation, le charbonnage ferma ses portes. Subsiste encore sur le site, le châssis à molettes (servant d'antenne pour la téléphonie), la salle des machines, les bureaux, le local des ouvriers de surface, les bains douches et la forge. Les bâtiments disposent encore d'inscriptions mentionnant leurs vocations d'origines.
Au terme de ce parcours asphalté, nous descendons un sentier, dont nous n’avions pas vu le commencement à cause d’une voiture stationnée devant. Avant d’emprunter un autre sentier, envahi par la végétation, nous admirons, sur la gauche, la ferme de la Tour. En bordure d'une prairie rejoignant un ancien méandre de la Sambre, c'est une importante ferme en quadrilatère marquée au sud-est par une tour d'angle carrée du début du XVIIIe siècle. Nous atteignons ensuite la Sambre et suivons, pendant 500 mètres, le chemin de halage.
Après être passés sous la N958, nous tournons à gauche et prenons la direction du château de Floriffoux. Si jadis, il se mirait dans les eaux de la Sambre, qui développait un de ses méandres à ses pieds, le château de Floriffoux semble aujourd’hui coincé entre la N958 et une zone industrielle. Les bases de l'édifice sont médiévales, mais l’ensemble actuel date principalement des XVIIe et XIXe siècles.
Du château primitif subsistent deux ailes et trois tours carrées ; l’aile nord et la tour orientale ayant disparu. Propriété des de Coppin de Grinchamps, le château a été acheté par la branche locale de la famille de Dorlodot en 1870. C’est la cinquième génération de cette famille qui occupe actuellement le château.
Peu avant l’église Sainte-Gertrude, nous prenons, sur la droite, un chemin de terre grimpant en lisière d’un bois. 200 mètres plus loin, nous poursuivons l’ascension dans le bois d’abord, à travers la campagne ensuite. Au sommet, à 177 mètres d’altitude (la Sambre se trouvant à 83 mètres d’altitude), nous passons à côté du cimetière de Flawinne avant d’atteindre un carrefour.
Sur la plaine de jeux, nous trouvons un banc, à l’ombre, où effectuer la pause pique-nique. Le tracé blanc et rouge emprunte la rue Joseph Warègne, qu’il quitte, après une centaine de mètres, pour suivre la rue « Sur le Fond Barbette ». Celle-ci, à la suite d’une descente assez raide, rejoint à nouveau la rue Joseph Warègne. Un peu plus loin, nous continuons la descente, via un chemin forestier, pour rejoindre la rue Fernand Marchand (92 mètres d’altitude).
Pendant un kilomètre, nous marchons sur cette rue, le long de la voie ferrée (Namur - Charleroi). À gauche, sur les hauteurs, nous apercevons l’église Notre-Dame de l’Assomption. Après la gare de Flawinne, nous tournons à droite pour franchir successivement la ligne de chemin de fer et la Sambre.
Le nom « Sambre », pourrait venir du gaulois « Samara » : tranquille. Cette rivière prend sa source en France, près du Nouvion-en-Thiérache sur le plateau de Saint-Quentin. Après avoir arrosé Maubeuge, la Sambre entre en Belgique à Erquelinnes ; elle passe par Thuin, Charleroi, Sambreville et Floreffe avant de se jeter dans la Meuse à Namur. Son cours est long d'environ 180 km (dont 88 en France).
Au niveau d’un rond-point, nous traversons la N90 et entamons ensuite la seconde montée de la journée. C’est sur les chemins de terre, parfois boueux, du bois de la Vecquée que nous grimpons (de 98 à 220 mètres d’altitude). Au sommet, un kilomètre plus loin, nous poursuivons, sur des chemins caillouteux, dans le bois de la Basse Marlagne. Ce parcours bien agréable, en légère descente, passe près d’un bunker avant de rejoindre un chemin plus important.
C’est ici que s’effectue la séparation entre les GR (125 et 126) et la liaison vers Namur. Vu que nous devons prendre le train à la gare de Namur, afin de retourner à Moustier, nous optons pour l’itinéraire de liaison.
Pendant un kilomètre, nous progressons sur le chemin Fernand Séverin. Celui-ci passe entre les futaies, les prairies et les haies d’importantes villas. Nous atteignons ainsi la N954, au lieu-dit « Milieu du Monde », où la liaison vers le centre de Namur part à gauche, tandis que celle vers l’auberge de jeunesse de La Plante va vers la droite. Il faut être bien attentif pour apercevoir la plaquette annonçant les deux directions différentes.
Nous suivons brièvement la N954, puis nous tournons deux fois à droite pour emprunter l'avenue de l’Ermitage. Celle-ci, en serpentant entre les résidences, atteint le château de Namur (un hôtel-restaurant), puis la citadelle.
Bien que le site soit occupé de façon ponctuelle dès la Préhistoire, sa fonction militaire n’apparaît qu’au IIIe siècle de notre ère avec la construction d’un mur et l’approfondissement d’un creux naturel en fossé de défense. Au Moyen Âge, une résidence fortifiée est érigée à la pointe de l’éperon rocheux et est, peu à peu, transformée en un véritable château fort. Cette partie, aujourd’hui appelée « Strate médiévale », comprend à l’époque deux ensembles : le château en lui-même et un mur d’enceinte situé en avant.
À partir de 1519, le conflit qui oppose Charles Quint et le roi François Ier entraine une véritable course à l’armement. Une nouvelle forme de défense apparaît : la construction enterrée ou citadelle (murs plus bas, plus larges et recouverts d’une couche de terre protectrice). La partie dite « Médiane » est ainsi érigée. Elle comprend une courtine et deux bastions de flanquement qui renferment chacun une casemate à canon. Malgré des modifications postérieures, la forme de cette partie est toujours visible, de même que les casemates.
Suite à l’entrée de l’Espagne dans la guerre de Trente Ans (1618-1648), la citadelle subit des aménagements considérables et des travaux de fortification. Une nouvelle partie de défense, appelée « Terra Nova », voit le jour entre 1631 et 1675.
Après plusieurs campagnes de démilitarisation et des reconstructions partielles et épisodiques, les derniers grands travaux de fortification ont lieu entre 1815 et 1830. La citadelle est alors reconstruite par les Hollandais en suivant en partie le tracé des anciens remparts. Ces aménagements restent visibles puisque 90 % de la citadelle telle qu’on peut l’observer aujourd’hui date de cette période.
Dès la fin du XIXe siècle, la construction de neuf forts en béton autour de Namur rend la citadelle inutile en tant qu’outil de défense. Elle se transforme alors en centre de loisirs et de promenades. L’accessibilité au site est facilitée par le tracé de deux routes panoramiques et par l’installation d’un funiculaire. Seules les parties « Médiane » et « Terra Nova » conservent leur fonction militaire, mais servent principalement de lieu de casernement.
La citadelle joua néanmoins un dernier rôle militaire durant la Seconde Guerre mondiale en tant que poste de commandement de la Position Fortifiée de Namur. Le dernier régiment (des para-commandos) a quitté les lieux en 1977.
Nous traversons l’ensemble du site, très fréquenté en cette période estivale, et descendons vers le Grognon. En chemin, nous admirons les différents points de vue sur la ville et ses environs. Afin de rejoindre la gare, il nous faut encore parcourir tout le centre de Namur, soit 1 km (non balisé) de rues et ruelles commerçantes.
➔ Jonction avec d'autres GR
- Le GR 412 : Sentier des Terrils traverse, sur plus de 300 kilomètres, la Wallonie d'ouest en est. Entre Bernissart et Blegny-Mine, il passe notamment par le Grand-Hornu, l’ancien canal du Centre, le Bois du Cazier et le château de Franc-Waret. Le numéro d'attribution de ce sentier de grande randonnée fait référence au 4 décembre qui est le jour de la fête de Sainte-Barbe, sainte vénérée des mineurs.
- Le GRP 125 : Tour de l’Entre-Sambre-et-Meuse. Au départ de Walcourt, ce sentier de grande randonnée effectue une grande boucle de 270 km, à travers l’Entre-Sambre-et-Meuse. Il passe notamment par les lacs de l’Eau d’Heure, Nismes, la vallée de l'Hermeton, Dinant, Namur et Fosses-la-Ville.