GR 126 : Namur → Godinne (26 km) - juin 2018
Info : pour effectuer cette étape de 27 km dont 26 sur le GR, nous avons pris le train entre les gares de Godinne et de Namur (1 km hors GR).
Nous voici de retour à Namur, près de dix mois plus tard, pour poursuivre notre périple sur le GR 126. Vers 9 h, nous descendons du train et, afin de rejoindre le tracé blanc et rouge, nous devons marcher environ un kilomètre dans la ville.
Arrivés sur le site du Grognon, au confluent de la Sambre et de la Meuse, nous décidons de continuer le long du fleuve en direction de l’auberge de jeunesse. Ayant choisi l’option du passage par la citadelle lors de l’étape précédente, nous voulons cette fois découvrir l’autre variante.
Pendant 2 km, nous progressons sur le chemin de halage et admirons, sur l’autre rive, « l’Elysette ». Cette demeure, construite en 1877 par Xavier Thibaut, un maître tanneur, est vendue en 1923 et occupée par plusieurs propriétaires, dont le bourgmestre de Jambes (dans les années 1960), avant de devenir propriété publique. Depuis 1991, le bâtiment abrite les bureaux du ministre-président wallon ainsi que sa résidence de fonction ; l’édifice fait face au Parlement de Wallonie.
Après l’auberge de jeunesse et l’église du hameau de La Plante, nous tournons à droite et quittons ainsi le bord de Meuse. Nous traversons la N92 et prenons, de l’autre côté, un escalier devenant rapidement un sentier bétonné. La montée jusqu’à la N954 (de 99 à 208 mètres d’altitude) est éprouvante !
Au sommet, au bord de la grand-route, nous découvrons un bâtiment en bois qui est une ancienne chapelle dite « canadienne », aujourd'hui église orthodoxe Saint-Séraphin de Sarov. L'édifice a été érigé en 1911 pour le baron Maurice Fallon, commanditaire de la villa Bois Vauban située en vis-à-vis.
Nous marchons une centaine de mètres le long de la N954. Au lieu-dit « Milieu du Monde », nous prenons, sur la gauche, le chemin Fernand Séverin. Pendant un kilomètre, nous progressons sur ce chemin passant entre les futaies, les prairies et les haies d’importantes villas.
De retour sur le tracé « officiel » du GR 126, nous traversons à nouveau la N954 et continuons, en face, dans le bois. Avant d’atteindre la rue Marcel Lecomte, nous apercevons l’ancienne ferme Notre-Dame-au-Bois. Celle-ci était l’habitation du prêtre qui desservait la chapelle voisine, construite en 1696 et disparue depuis.
Un peu plus loin, nous empruntons le chemin Bouillot, un chemin herbeux passant à travers les cultures. Nous revenons ensuite au bord de la N954 que nous longeons sur une dizaine de mètres. Le tracé blanc et rouge vire à gauche et progresse, pendant 800 mètres, sur un beau chemin forestier.
À la sortie du bois, après avoir aperçu un bunker sur notre gauche, nous descendons (de 215 à 172 mètres d’altitude) en lisière d’un pré et effectuons, au bord du chemin de Wépion, une petite pause boisson. Les deux kilomètres suivants s’effectuent sur des petites routes asphaltées.
Nous reprenons lentement de la hauteur et, juste avant une maison isolée, nous tournons à droite en direction de l’ancienne ferme de l’Aquisse. Au-delà de cette dernière, nous pénétrons dans un bois où nous randonnons, en descente, durant 400 mètres. Nous traversons, une dernière fois, la N954 ainsi que le ruisseau de Maulenne et prenons, en face, la rue de la Charlerie. Après une fermette, nous nous engageons sur un chemin herbeux se faufilant entre les clôtures.
Nous rejoignons une petite route empruntée vers le hameau de Haute-Charlerie (ce nom proviendrait du mot « charron », cet artisan, qui jadis, concevait, fabriquait et entretenait les véhicules). Nous passons à côté d’une belle chapelle et prenons, un peu plus haut, un chemin passant dans la cour d’une ferme. Par une succession de petites routes et d’étroits sentiers, de part et d’autre de la N951, nous arrivons, vers 12 h 30, à Bois-de-Villers.
Nous profitons d’un banc, plus ou moins à l’ombre, sur la place du village, pour effectuer la pause pique-nique. En 1231, les moines de l'abbaye de Villers-en-Brabant (Villers-la-Ville) reçoivent une partie de la forêt de la Marlagne. Le site fut tout naturellement appelé « Bois des moines de Villers ». Lorsque plus tard un village s'y développa, il prit le nom de Bois-de-Villers.
Derrière nous se dresse l'église Saint-Roch. Cet édifice moderne, consacré en décembre 1972, remplace l'ancienne église frappée par la foudre, durant la nuit du 14 juillet 1965, et complètement détruite par le feu.
Pour quitter le village, le GR 126 emprunte une série de sentiers, parfois fortement envahis par la végétation. Après 1,5 km, nous prenons la rue Camille Stavaux qui traverse, en ligne droite, le plateau campagnard. Ce dernier est dénommé « Sibérie » ; ce nom proviendrait du fait qu’un soldat de Napoléon, rentrant dans sa famille après la guerre, se serait exclamé : « Il fait aussi froid ici qu’en Sibérie ».
À la lisière de la forêt, nous prenons, sur la droite, un chemin herbeux pénétrant progressivement sous le couvert forestier. Après 400 mètres, alors que nous sommes au point le plus haut de l’étape (264 mètres d’altitude), nous descendons un sentier en lacets atteignant le point de vue de « la Sibérie ».
Nous dominons ici un méandre abandonné de la Meuse. Lorsqu’un cours d’eau s’écoule dans une zone de très faible pente, il développe un système de méandres. La dynamique propre aux méandres les amène à s’allonger et à se recouper. Le méandre court-circuité devient un « bras mort ». Souvent inondé au début, lors des périodes de crues, celui-ci se comble d’alluvions et de colluvions et finit par être définitivement asséché ; il devient un « méandre abandonné ».
Devant nous s’étalent Profondeville, la butte du bois de la Petite Hulle et la carrière de Lustin. Cette dernière a permis de mettre à jour une structure en forme de U : le « synclinal de Walgrappe ». Dans la carrière, les différentes couches de roches se distinguent les unes des autres par leurs couleurs et leurs compositions. Ces variations s’expliquent par les fluctuations du niveau de la mer qui a engendré ces couches en arrachant des éléments à un continent situé au nord du site, il y a quelque 360 millions d’années.
Les couches, à l’origine déposées horizontalement dans le fond de la mer, vont suivre une évolution géologique complexe : écrasées et pliées dans le mouvement de rapprochement des continents, érodées sur les reliefs et enfin incisées par la Meuse, elles donnent aujourd’hui un gisement de grès de très bonne qualité ; la production annuelle est d’environ 400 000 tonnes.
Après une petite pause, nous reprenons le sentier dévalant la pente en lacets. Arrivé à 180 mètres d’altitude, le tracé rejoint un chemin qui s’étire à flanc de coteau. Celui-ci traverse le bois de la Grande Hulle où, çà et là, pointent des ouvrages bétonnés. Ceux-ci sont des puits d’entretien du collecteur Spontin - Mazy - Boitsfort.
Ce collecteur, long de 82 km, est l’un des plus anciens aqueducs de la société Vivaqua. Il permet d’acheminer de l’eau brute (issue directement du captage sans traitement de potabilisation) depuis son lieu d’origine vers son lieu de distribution. L’eau s’y écoule uniquement par gravité, grâce à une pente de l’ordre de 15 à 20 cm au kilomètre. Ce collecteur est formé de tronçons d’aqueduc reliés entre eux par des conduites forcées, appelées siphons, permettant la traversée des vallées.
Nous longeons une prairie et profitons ensuite d’un banc pour nous reposer quelques instants. Avant d’entamer la descente vers Burnot-Rivière, nous effectuons un petit détour afin d’admirer le point de vue de « la Couleuvrine » (173 mètres d'altitude). Depuis ce dernier, nous pouvons observer le pont de Lustin ainsi que l’écluse de Rivière.
Par un sentier sinueux, taillé dans le roc par endroits, nous descendons jusqu’à la N92. Nous traversons prudemment la grand-route et rejoignons, 100 mètres plus loin, le bord de Meuse. Le tracé blanc et rouge longe brièvement le fleuve et dépasse ainsi le confluent du Burnot et de la Meuse, puis l’écluse de Rivière. Le Burnot prend sa source près de Saint-Gérard ; il passe par Besinne et Arbre avant de se jeter, après 13 km, dans la Meuse ici à Burnot-Rivière.
Nous franchissons à nouveau la N92 et, après avoir contourné l’église de Rivière, nous abordons la dernière côte de la journée, et non des moindres ! Nous grimpons durant 1,5 km et passons de 105 à 256 mètres d’altitude. Au sommet, au niveau d’une aire d’envol de parapentes, nous découvrons le point de vue des « 7 Meuses » ; si le panorama est très beau, malgré une observation attentive, nous ne verrons pas la Meuse à sept reprises.
Un peu plus loin, nous passons à côté de l’émetteur de la RTBF ; un impressionnant pylône de métal dominant toute la vallée de ses 163 mètres pour un poids de 150 tonnes. Après une longue ligne droite, le chemin oblique à droite et descend, à travers bois, en formant des lacets. Avant d’atteindre la N932, nous passons devant le château de Rouillon ; à ne pas confondre avec celui d’Annevoie, tout proche. C'est ici que le GRP 125 : Tour de l’Entre-Sambre-et-Meuse nous quitte.
Revenus dans la vallée, nous descendons la N932, sur 100 m, et traversons ensuite la N92 pour rejoindre le hameau de Rouillon, situé en bord de Meuse. Après avoir longé le fleuve, dans le sens du courant, sur une centaine de mètres, nous passons sur l’autre rive grâce au pont de Godinne... reconstruit et ouvert à la circulation depuis peu, à la suite de trois ans de travaux.
Pour rejoindre la gare de Godinne, il ne nous reste plus qu’à longer, sur un kilomètre, la rive droite de la Meuse. En chemin, nous passons près d’un bel ensemble architectural composé du château, de l’église et d’une ferme seigneuriale. Le château, attenant à l'église, a probablement été construit à la fin des années 1500, par Henry de Wildre.
La tour carrée, implantée au bord de l’eau, en est le plus ancien élément. Sous l’Ancien Régime, les différents propriétaires occupaient tous la fonction de décimateur (personne qui avait le droit de lever la dîme) de la paroisse de Godinne. C’est probablement l’origine de son appellation de « Prieuré de Godinne » même si, en réalité, ce bâtiment n’a jamais rempli aucune fonction monastique.
La construction de l’église Saint-Pierre remonterait à la période romane. Il reste peu de traces visibles de cette époque, car une importante partie de l’édifice a été détruite par une violente tempête en 1606. La ferme seigneuriale, quant à elle, s'ouvre à l'est par un portail en plein cintre surmonté du blason des Mesnil de Wolkrange, millésimé 1623. Les bâtiments, édifiés en moellons et en pierres de taille, sont répartis autour d'une grande cour pavée et sont protégés par quatre murs d'enceinte flanqués de tours d'angle.
➔ Jonction avec d'autres GR
- Le GRP 125 : Tour de l’Entre-Sambre-et-Meuse. Au départ de Walcourt, ce sentier de grande randonnée effectue une grande boucle de 270 km, à travers l’Entre-Sambre-et-Meuse. Il passe notamment par les lacs de l’Eau d’Heure, Nismes, la vallée de l'Hermeton, Dinant, Namur et Fosses-la-Ville.