GR 126 : Brussegem → Koekelberg (13 km) - novembre 2017
Depuis quelques années, le début du GR 126 se situe à Brussegem et non plus à la cathédrale des Saints-Michel-et-Gudule. Ces 18 km supplémentaires permettent ainsi une liaison directe entre ce sentier de grande randonnée et le GR 128. En février 2017, nous avions commencé notre périple sur ce GR à partir de la basilique de Koekelberg ; il nous manquait ce tronçon de 13 km que nous allons découvrir aujourd’hui... Pour le retour, non décrit dans ce résumé, nous avons suivi l’itinéraire proposé pour la troisième randonnée en boucle de Bruxelles et sa périphérie : « Les plateaux du nord-ouest ».
C’est donc tout près de Brussegem, au bord de la N296, que nous entamons la randonnée. Un marquage, très discret, sur un boitier électrique nous annonce que le GR 126 part à droite, tandis que le GR 128 : Vlaanderenroute s’en va vers la gauche. Ce sentier de grande randonnée relie, sur 680 kilomètres, Wissant (en France) à Aachen. S’il n’est pas mentionné ici, nous sommes aussi sur le tracé du Streek-GR Groene Gordel. Ce circuit de 145 km résulte de l'association de plusieurs sentiers de grande randonnée qui traversent le Brabant flamand. Ils sont reliés entre eux par de nouveaux tronçons afin d'effectuer une grande boucle autour de Bruxelles.
Nous descendons un chemin bétonné, avec une bande herbeuse au milieu, jusqu’à une grand-route. De l’autre côté de celle-ci, nous poursuivons sur une route bétonnée, au milieu de la campagne, jusqu’à une zone aménagée pour le pique-nique. Après cette aire de repos, nous continuons dans la même direction, mais cette fois, sur un chemin de terre.
À l’angle d’une vaste propriété, nous tournons à gauche et empruntons, sur 600 mètres, un chemin de terre. Nous sommes proches du village de Kobbegem où se situe la brasserie « Mort Subite » où sont produites la gueuze et la kriek du même nom. Mort Subite doit son nom à un ancien jeu de dés (421 actuel) qui se jouait sur une piste octogonale : le pietjesback, et faisait, vers 1910, fureur dans les bars et tout particulièrement dans le célèbre café « La Cour Royale », près de la Bourse de Bruxelles. Lorsque le temps manquait, on jouait à une version plus courte. Les dés étaient alors jetés une seule et dernière fois, à la vie à la mort ou plutôt « à la mort subite ». Le jeu devint si populaire parmi les habitués du café que le patron décida de rebaptiser son établissement « À la Mort Subite » et de donner ce nom à son délicieux breuvage.
Nous atteignons un carrefour de chemins où un poteau indicateur nous annonce que le Streek-GR Groene Gordel, après 2,5 km de parcours commun, se poursuit tout droit tandis que le GR 126 s’en va vers la droite.
Nous continuons à travers champs et atteignons, après 750 mètres, le village de Hamme où nous admirons une belle chapelle. Dédiée à Sainte-Gudule, elle a été érigée au XIIIe siècle à l’emplacement d’une église romane. Selon la légende, cette église romane remplaçait un premier édifice religieux, de l’époque carolingienne, construit sur la tombe de sainte Gudule.
C’est en suivant la Lindestraat que nous quittons Hamme. Le balisage blanc et rouge se dirige ensuite vers un sentier passant en bordure d’un champ. Un peu plus loin, nous contournons un bois et continuons, sur un chemin campagnard, vers le village de Relegem. Durant ce parcours, nous apercevons, dans le lointain, l’Atomium.
Dans le centre de Relegem, nous trouvons un sympathique café « De Groenvink » acceptant que nous y mangions nos tartines. Jusqu’au début du XXe siècle, l’église Saint-Jean-Baptiste avait une allure homogène dans un style gothique tardif des XVIe et XVIIe siècles. Son agrandissement, dans le style néogothique aux volumes complexes, date de 1913.
Nous empruntons l’Oude Jetseweg sur environ un kilomètre. Ce chemin, gravillonné au début, descend jusqu’à une petite chapelle puis, devenu asphalté, il remonte sur le plateau campagnard. Au bout de ce tronçon, nous prenons un chemin de terre, mais en l’absence de support pour le balisage, c’est sur un poteau d’éclairage, que la direction à suivre nous est dessinée.
Le chemin est rendu quelque peu boueux suite au passage de lourds engins agricoles. L’une de ces impressionnantes machines est d’ailleurs occupée, à quelques mètres de nous, à arracher les betteraves. Le bruit du ring se fait progressivement entendre, et c’est en passant dans un tunnel très boueux que nous le franchissons. De l’autre côté du ring, nous entrons dans la région de Bruxelles-Capitale où nous allons progresser durant les cinq derniers kilomètres.
Nous grimpons (de 62 à 92 mètres d’altitude) dans le bois du Laerbeek ; le plus grand espace boisé (34 hectares) du nord de Bruxelles. Ce bois est étroitement lié à l’histoire de l’abbaye de Dieleghem, fondée au XIe siècle. Pour construire, puis agrandir l’abbaye, les moines ouvrirent une carrière de moellons dans un endroit appelé « het laer », autrement dit « le terrain défriché ». Ces pierres ont permis la construction de plusieurs édifices importants comme l’église Notre-Dame de Malines ainsi qu'une partie de la cathédrale des Saints-Michel-et-Gudule à Bruxelles.
La présence de sources l’inondant sans cesse, la carrière fut abandonnée à la fin du XVe siècle. Pour tirer un revenu du site, les moines décidèrent de le boiser. Vers 1600, ce « Laerbeekbosch » s’étendait sur une superficie d’environ cinq hectares. Lorsque les biens abbatiaux ont été nationalisés après la Révolution française, il en faisait plus de 100 et s’étendait jusqu’au Molenbeek. En proie à la spéculation après le démantèlement de l’abbaye, le bois connut différents propriétaires entre 1796 et 1962. Programmant de nombreuses coupes, ceux-ci ont réduit sa superficie de près des deux tiers. L’un d’entre eux, l’avocat Eugène Van den Elschen, a fait construire en 1908 le pavillon de style normand, transformé aujourd’hui en restaurant.
Nous franchissons, au passage à niveau, la ligne de chemin de fer Bruxelles - Termonde et contournons, un peu plus loin, le nouveau cimetière de Ganshoren. Nous prenons, sur la gauche, un sentier longeant le Molenbeek et pénétrant ensuite dans le marais de Ganshoren.
Ce marais est, avec celui de Jette en aval, un des derniers vestiges des zones humides de la vallée du Molenbeek. Au Moyen Âge, plutôt que des moulins, peu nombreux en raison de la faible pente et donc du faible courant de cette rivière, on trouvait davantage de tours fortifiées le long de son cours. Elles avaient été dressées par le duc de Brabant qui voulait se prémunir de son vassal, le seigneur de Grimbergen. À Ganshoren, le château de Rivieren, autrefois directement relié par une drève au marais, eut à l’origine cette fonction militaire.
Au XIXe siècle, Jette et Ganshoren étaient des communes exclusivement agricoles qui fournissaient Bruxelles en légumes et houblon. L’urbanisation de cette campagne, entamée dans la seconde moitié du XIXe siècle, mais surtout effective au siècle suivant, n’épargna que partiellement la vallée du Molenbeek. Si le marais fut préservé, c'est sans doute en raison de l’établissement de la ligne de chemin de fer Bruxelles - Termonde. Certes, elle le coupait en deux, mais d’un autre côté, le rendait aussi moins attractif en terme immobilier.
Le marais fut fortement perturbé par la pose, en 1955, d’un collecteur d’eau usée. Le drainage généré par cette installation, la forte diminution du débit du Molenbeek due au détournement d’une grande partie de son cours et de ses affluents vers les égouts, de même que son approfondissement dans les années 60, asséchèrent le site lui faisant perdre une bonne partie de son intérêt écologique ; les espèces typiques des milieux humides étant progressivement remplacées par des espèces plus banales habituellement répandues dans les friches urbaines.
Le marais de Ganshoren est une zone spéciale de conservation Natura 2000. Il est reconnu comme aire de nourrissage et d’habitat pour 12 espèces de chauves-souris. Plus de 65 espèces d’oiseaux y ont été repérées, ainsi que des amphibiens, des petits rongeurs, et même des couleuvres à collier.
Nous traversons la ligne de chemin de fer Bruxelles - Gand, sur un passage à niveau peu sécurisé, et longeons, 300 mètres plus loin, le château de Rivieren. Le tracé blanc et rouge rejoint l’avenue Van Overbeke et emprunte, au bout d’un parking, un sentier longeant des terrains de sport.
Nous empruntons une allée en terre, au milieu d’un bosquet, et contournons ensuite l’athénée royal de Ganshoren. Nous suivons la rue de l’Ancien Presbytère et revenons ainsi sur l’avenue Van Overbeke. Après 200 mètres sur cette dernière, nous atteignons la N256 et pénétrons, de l’autre côté de l’axe routier, dans l’enceinte arborée de la basilique de Koekelberg. C’est l’un des bâtiments religieux les plus importants et les plus imposants de Bruxelles. De par ses dimensions (longueur 164 m, largeur 107 m, hauteur 93 m), c'est la cinquième église en ordre de grandeur du monde et le plus grand bâtiment Art Déco d'Europe occidentale.
Depuis 1880, le roi Léopold II rêvait d’ériger, sur le plateau de Koekelberg, un panthéon national à l’exemple de celui de Paris, et ceci à l’occasion du cinquantième anniversaire de l’indépendance de la Belgique. Le projet ne parvenant pas à faire l’unanimité, ni à rassembler les fonds nécessaires, sera finalement abandonné. Impressionné par la basilique du Sacré-Cœur à Paris, le roi opta pour un édifice religieux. Ce n’est que 25 ans plus tard, qu’il posa la première pierre, mais les travaux furent interrompus durant la Première Guerre mondiale. Le 11 novembre 1970, la cérémonie du 25e anniversaire d'épiscopat du Cardinal Suenens, archevêque de Malines-Bruxelles, marqua l'achèvement de la construction de la basilique.
Le bâtiment est inspiré par l'architecture Art Déco, mais également par le modernisme du début du XXe siècle. La structure de l'édifice est entièrement en béton armé recouvert de terre cuite émaillée. De l'intérieur, on a une belle vue d'ensemble sur les différentes chapelles et sur les nombreux vitraux, offerts par des personnalités, des associations et des congrégations du monde catholique. Grâce à un ascenseur, on peut accéder au panorama (à 52,80 mètres) sur la terrasse en dessous de la coupole. Par temps clair, la vue s'étend jusqu'à Vilvorde, Hal, Malines.