GRP 127 : Ohain → Wauthier-Braine (25 km) - avril 2018
C’est au tennis club d’Odrimont (là où nous avons terminé l’étape précédente) que nous débutons cette journée. Nous empruntons d’abord un chemin pavé qui se prolonge par le sentier de l’Hayette. Au croisement avec un autre sentier, nous prenons celui qui part à droite rejoindre la N27. De l’autre côté de l’axe routier, nous ne nous dirigeons pas vers la place communale d’Ohain.
Cette place triangulaire, en pente légère, possède en son centre un kiosque et est encadrée de maisons des XVIIe et XVIIIe siècles. Nous prenons, à côté d’une boucherie, la ruelle des Trépassés et rejoignons, un peu plus bas, le sentier du Bosquet. C’est là que nous rencontrons le tracé du GR 126 avec qui nous cheminerons pendant 1,5 km.
Après avoir franchi le Smohain (un affluent de la Lasne), nous suivons, à travers champs, le chemin du Bois des Pauvres et prenons un peu de hauteur. Au sommet, nous suivons brièvement une petite route et continuons ensuite, sur un sentier, au milieu d'une terre cultivée. Nous croisons le chemin du Vieux Monument et, tandis que le GR 126 tourne à gauche, le GRP 127 continue tout droit sur ce chemin de terre.
Nous traversons un petit bois et continuons, dans la même direction, sur un chemin pavé. Le tracé jaune et rouge emprunte le sentier du Peuty passant entre une haie et un champ. Nous poursuivons sur un autre sentier, au milieu d’une terre cultivée ; ce sentier doit probablement être très boueux à certaines périodes. Un peu plus loin, à la sortie d’un bois, nous apercevons, dans le lointain, la butte du Lion de Waterloo.
Par des chemins creux, nous arrivons près de la ferme de la Papelotte. Le 18 juin 1815, lors de la bataille de Waterloo, cette ferme constituait l'un des trois points d'appui de l'armée de Wellington, avec le château-ferme d'Hougoumont et la ferme de la Haie Sainte. Défendue par deux régiments de Nassauviens (soldats allemands originaires du Duché de Nassau, intégrés à l'armée hollandaise), elle fut partiellement incendiée lors de la bataille et n'a été reconstruite qu'en 1858, époque à laquelle la tour octogonale surmontant le porche fut érigée.
La ferme de la Papelotte, exemple typique de ferme brabançonne en quadrilatère dont les bâtiments sont disposés autour d'une cour centrale, abrite actuellement un centre équestre. Nous contournons la ferme en suivant une rue pavée montant légèrement. Au croisement suivant, nous prenons, sur la gauche, un chemin de terre au milieu des terres cultivées.
Nous effectuons une petite pause, à l’angle d’un terrain de golf, en face de la chapelle Notre-Dame du Rosaire, dite chapelle Saint-Jacques. Cet édicule a été reconstruit dans la première moitié du XIXe siècle, en briques et calcaire gréseux. L'édifice d'origine avait été élevé en 1779 par Jacques Vandeveld, comme l'atteste la dalle calcaire de remploi au-dessus de la porte. Nous avions déjà admiré une belle chapelle, dédiée à Saint-Roch, à proximité de la ferme de la Papelotte.
Avec la butte du Lion en point de mire, nous progressons sur un chemin de terre campagnard pendant 1,5 km. Peu avant le croisement avec un chemin pavé, nous longeons un couvent, construit entre 1927 et 1945 par les sœurs Dominicaines Missionnaires de Fichermont. De style néogothique flamand, il a été érigé sur le champ de bataille de Waterloo alors que celui-ci était protégé par une loi de 1914. Il se dit que le roi Albert Ier serait intervenu auprès de son gouvernement pour empêcher la destruction du bâtiment construit illégalement à cet endroit.
Le couvent Notre-Dame de Fichermont est surtout connu parce que Sœur Sourire, Jeanne (dite Jeanine) Deckers, y a vécu de 1959 à 1966. En 1963, Sœur Sourire est devenue une star internationale avec son tube Dominique (nique, nique) classé en tête des hit-parades de nombreux pays, dont les Etats-Unis.
Par un chemin pavé, nous parvenons jusqu’à la N5. Au bord de cette grand-route, très fréquentée, nous découvrons quelques monuments commémoratifs en rapport avec la bataille de Waterloo. Certains ont été érigés à la mémoire de chacune des nations présentes sur le champ de bataille ; d’autres ont été construits par les familles en souvenir des vaillants combattants.
Rentré de l'île d'Elbe, début mars 1815, Napoléon est aussitôt mis hors la loi par le congrès de Vienne. L'Angleterre, la Prusse, la Russie et l'Autriche s'engagent à marcher contre lui. Fidèle à sa tactique, il veut gagner l'ennemi de vitesse et manœuvrer en position centrale.
Avant d'affronter les armées russe et autrichienne restées sur le Rhin, il se porte donc, à marche forcée, entre l'armée anglo-hollandaise (forte de 100 000 hommes) sous le duc de Wellington, concentrée vers Bruxelles, et l'armée prussienne (115 000 hommes) sous le maréchal Blücher, regroupée vers Namur. Il compte les battre séparément avec son armée de 120 000 hommes qui comprend la garde impériale, cinq corps d'armée et une réserve de cavalerie.
Le 16 juin, Blücher est battu à Ligny, mais il réussit à échapper à Grouchy. Le 17, Wellington s'installe défensivement au sud de Waterloo, en s'adossant si dangereusement à la forêt de Soignes que Napoléon décide de l'y attaquer dès le lendemain. Le dimanche 18, les troupes françaises multiplient les assauts meurtriers, sous les ordres de Ney, sans parvenir à rompre l'infanterie de Wellington.
Au moment décisif, alors que Napoléon espérait voir déboucher Grouchy sur sa droite, Blücher fait irruption sur le champ de bataille, prenant à revers l'armée française qui fuit en déroute. Napoléon s'échappe, avant d'être arrêté un peu plus tard et exilé sur l'île de Sainte-Hélène.
Les combats ne se sont pas déroulés à Waterloo, mais plus au sud, sur le territoire des communes actuelles de Lasne, Braine-l’Alleud et Genappe. Aujourd’hui connu sous le nom de bataille de Waterloo, nom qui lui a été donné par le duc de Wellington (il y avait son quartier général), cet événement historique était alors appelé bataille de Mont-Saint-Jean en France et bataille de la Belle-Alliance en Allemagne.
Nous passons au pied de la butte du Lion, érigée, entre 1824 et 1826, à la demande du roi Guillaume Ier des Pays-Bas à l’endroit présumé où son fils aîné, le prince Guillaume d’Orange, fut blessé à l’épaule. Pour la formation de cette butte artificielle, 250 000 m³ de terre ont été prélevées sur le champ de bataille. Le cône de terre présente 169 m de diamètre et 41 m de hauteur.
Pour atteindre la plate-forme de visite, il faut gravir un escalier de 226 marches. Posé sur un piédestal de pierre, le lion en fonte de fer, d’un poids total de 28 tonnes, symbolise la victoire des monarchies. Tourné vers la France, l’animal a la patte posée sur un globe terrestre, annonçant la paix européenne retrouvée.
Juste après la rotonde du Panorama, le GRP 127 tourne à gauche en direction de la ferme d’Hougoumont. Un kilomètre plus loin, nous franchissons le ring et la N24 et nous nous dirigeons ensuite vers le complexe sportif Gaston Reiff. Cet habitant de Braine-l’Alleud fut le premier Belge à gagner une médaille d'or en athlétisme aux Jeux Olympiques en remportant l'épreuve des 5 000 mètres, en 1948, à Londres.
Les dix prochains kilomètres vont s’effectuer sur le territoire de Braine-l’Alleud qui tire son nom de la Braine, ancien nom du Hain, cours d'eau qui traverse son territoire et d'alleu, terme qui, au Moyen Âge, désignait une terre franche. Ce dernier nom (alleud) fut sans doute accolé au premier (braine) pour distinguer la localité des trois autres du même nom qui l’avoisinaient : Braine-le-Château, Wauthier-Braine et Braine-le-Comte.
Après avoir longé le site du collège Cardinal Mercier (où nous trouvons un banc pour la pause pique-nique), nous progressons, sur des sentiers, au milieu de quartiers résidentiels. À la fin d'un tronçon semi-campagnard, nous atteignons la ligne de chemin de fer (Bruxelles - Charleroi). De l’autre côté de la voie ferrée, nous empruntons un sentier, peu marqué, longeant cette dernière sur 250 mètres.
Nous poursuivons, pendant 1,5 km, sur des petits chemins (herbeux, dallés ou de terre) bien agréables. Par la rue Pierre Flamand, nous arrivons au pied du viaduc de l’Estrée. En 1885, une nouvelle ligne de chemin de fer, reliant Braine-l'Alleud à Tubize, a été créée ; ce qui obligea la construction de l'un des viaducs les plus longs jamais érigés en Belgique. Il compte 16 arches d'une largeur de 16,5 m.
Juste avant de passer sous le viaduc, nous tournons à droite dans un sentier qui longe l’ancienne ligne ferroviaire et atteint la chaussée d’Alsemberg. Au bord de cette dernière, nous découvrons un Manneken-Pis, copie conforme du célèbre petit bonhomme bruxellois à qu’il est jumelé. Baptisé « El Gamin qui Piche », la statuette trône fièrement au pied du viaduc de l’Estrée.
En 1926, de joyeux lurons eurent l'idée, à force d'aller se soulager dans la cour du café où ils se réunissaient, d'y installer un Manneken-Pis. Ils se sont donc rendus à Bruxelles où ils ont acheté une statuette grandeur nature du célèbre gamin qu'ils ont placée dans le jardin du café en question. Vu le succès que remporta le « ketje » de Bruxelles, ils décidèrent de lancer une pétition auprès des habitants du quartier afin de pouvoir lui ériger un monument. En 1928, leur requête fut entendue par le bourgmestre et la fontaine fut érigée.
Nous franchissons le viaduc et tournons, près du parking d’un hôpital, sur un sentier asphalté descendant vers le Hain. Cette rivière prend source à Lillois-Witterzée et arrose les villages d’Ophain-Bois-Seigneur-Isaac, Wauthier-Braine, Braine-l'Alleud et Braine-le-Château avant de rejoindre, après 25 km, le canal Bruxelles - Charleroi à Clabecq.
De l’autre côté du cours d’eau (84 mètres d’altitude), nous montons un sentier entre des prairies. Un peu plus loin, nous prenons un chemin de terre encaissé, au milieu des champs. Après le nouveau cimetière de Braine-l'Alleud, au sommet (126 mètres d’altitude), nous poursuivons, à travers bois, sur l’asphalte, en direction d’un centre hospitalier psychiatrique.
Nous descendons, sur des sentiers forestiers, vers le ri des Vervois et remontons, en lisière d’un champ, jusqu’à la chaussée d’Ophain. Nous montons cette route, sur environ 300 mètres, et prenons, le long de la dernière maison, un chemin de terre.
Le GRP 127 descend ensuite la rue de la Carrière vers un quartier résidentiel. Au-delà de ce dernier, nous traversons un bosquet et descendons vers une plaine de jeux, en longeant le ruisseau du Bois d’Hautmont. Nous rejoignons la rue Robert Ledecq et suivons celle-ci en montée, de 66 à 91 mètres d’altitude, jusqu’au pont sur l’autoroute E19. Nous franchissons cette voie rapide et descendons, après un cimetière, vers Wauthier-Braine.
C’est sur la place de ce village, devant l’église, que nous terminons cette longue étape qui s’est totalement déroulée sous un beau ciel bleu avec une température très printanière (23°). À l’intérieur de l’église Saints-Pierre-et-Paul, construite en 1829, on peut admirer de remarquables fonts baptismaux du XIIe - XIIIe siècle, vestiges probables d’une église précédente. De style roman, en pierre bleue, ils sont ornés de quatre têtes d’angle ; le couvercle en laiton date de 1656.
➔ Jonction avec d'autres GR
- Le GR 126 : De Bruxelles à la Semois débute au pied de l'Atomium et passe au centre de Bruxelles avant de traverser le Brabant wallon. Il suit les rives de la Meuse entre Namur et Dinant, puis s’engage, au-delà du château de Freyr, le long de la Lesse. Ce sentier de grande randonnée pénètre ensuite dans la forêt ardennaise pour terminer son parcours, de 236 km, au bord de la Semois.