Les Randos de Fred & Paul

GRP 127 : Sart-Dames-Avelines → Blanmont (20 km) - avril 2019

Vers 9 h 30, le temps d’effectuer le transfert des voitures, nous commençons cette sixième étape sur le « Tour du Brabant wallon ». La première moitié du parcours va se dérouler dans l’entité de Villers-la-Ville dont Sart-Dames-Avelines fait partie. Au début du XIXe siècle, on y recensait trois brasseries, deux distilleries, trois moulins à huile et deux moulins à eau.

Près d’un bâtiment qui semble être une ancienne école, nous prenons un sentier menant au chemin de l’Escavée ; ce terme provient du wallon « scavée  qui signifie chemin creux, dépression profonde. Nous descendons ce chemin et grimpons, 400 mètres plus loin, un raidillon.

GRP 127 Sart-Dames-Avelines et Villers-la-Ville

Au sommet (141 mètres d’altitude), nous pénétrons dans un bois dans lequel nous progressons durant 600 mètres. À la sortie de ce dernier, le tracé jaune et rouge descend un chemin herbeux, entre deux terres cultivées, avant d’atteindre « Le Châtelet ».

GRP 127 Sart-Dames-Avelines et Villers-la-Ville

Cet ancien château a été érigé en 1219 par les seigneurs de Marbais. Au centre de la cour, se dresse un donjon massif, en schiste, du XIIe ou XIIIe siècle, à trois niveaux. Il a appartenu, entre autres, à Jean t'Serclaes, comte de Tilly.

GRP 127 Sart-Dames-Avelines et Villers-la-Ville, le Châtelet

Peu après « Le Châtelet », nous nous dirigeons vers Villers-la-Ville en suivant, sur 700 mètres, la Thyle. Cette rivière prend sa source à Sart-Dames-Avelines, traverse Villers-la-Ville, puis les ruines de l'ancienne abbaye où elle circule en site couvert ; les moines l’avaient canalisée et l’utilisaient pour leurs moulins et leur brasserie.

La Thyle continue ensuite vers Tangissart et Court-Saint-Étienne où elle se jette, après 16 km, dans la Dyle. Le nom de la rivière signifierait « eau qui a la couleur du purin ». Après avoir franchi le cours d’eau, sur un ponceau en métal, nous traversons une prairie et arrivons près du moulin d’Hollers.

GRP 127 Sart-Dames-Avelines et Villers-la-Ville, la Thyle GRP 127 Sart-Dames-Avelines et Villers-la-Ville, la Thyle

Par un sentier, au bord de la Thyle, nous atteignons le centre de Villers-la-Ville où nous prenons quelques instants pour découvrir l’église Notre-Dame de la Visitation. Bâtie sur les fondations d'une chapelle romane construite par les seigneurs de Marbais, l'église conserve une tour des XIe et XIIe siècles dont les murs font un mètre d’épaisseur.

La nef s'est écroulée en 1923 et a été reconstruite, deux ans plus tard, en style néo-roman. L'intérieur de l'église abrite un important patrimoine, comme le tympan (représentant l'agneau pascal flanqué de fleurs de lys) qui surmonte la porte de la nef, le monument funéraire de François de Marbais et des retables en bois des XVe et XVIe siècles.

GRP 127 : Villers-la-Ville, église ND de la Visitation

Nous contournons l’église et retrouvons, un peu plus loin, la Thyle, suivie brièvement. Par un chemin raviné, nous grimpons (de 112 à 131 mètres d’altitude) rejoindre un large chemin de terre. Nous passons devant une propriété privée qui est la ferme de l’Abbaye ou de la Basse-Cour ; ce bâtiment, dépendance de l’abbaye, remonte au XVIIIe siècle.

GRP 127 Sart-Dames-Avelines et Villers-la-Ville GRP 127 : Villers-la-Ville, ferme de l'abbaye

Le GRP 127 descend jusqu’à la N275 où il rejoint le tracé du GR 126 avec lequel il fera parcours commun pendant trois kilomètres. En suivant la grand-route, nous traversons le site des ruines de l’abbaye de Villers-la-Ville. En 1146, le chevalier Gauthier de Marbais et sa mère invitent des moines de l’abbaye de Clairvaux (France) à fonder une nouvelle abbaye sur leurs terres. Dix-sept moines s’installent à Villers où ils disposent de matériaux de construction (carrière de pierres, forêt et rivière) pour construire une abbaye de style roman.

La même année, saint Bernard rend visite à la communauté et l’encourage. Un nouveau chantier débute en 1197. L’abbaye, devenue gothique, met ainsi 100 ans à se construire. À cette époque de grande richesse, les quelque 400 moines de la communauté possèdent près de 10 000 hectares de terres. De 1508, date de la première invasion, jusqu’à la fin du XVIIe siècle, les moines doivent quitter les lieux à neuf reprises pour des raisons d’insécurité. La brique est utilisée pour réaménager les bâtiments qui se sont dégradés pendant l’absence des moines.

Le XVIIIe siècle constitue le second âge d’or de l’abbaye. Les bâtiments médiévaux sont réaménagés en style néoclassique. Le palais abbatial et ses jardins sont construits. La Révolution française chasse les moines ; l’abbaye est saccagée, pillée en 1794, puis vendue à un marchand de matériaux qui la démonte pièce par pièce. La végétation et la pluie font le reste… l’abbaye tombe en ruine.

GRP 127 : ruines de l'abbaye de Villers-la-Ville

Les ruines majestueuses attirent les romantiques tout au long du XIXe siècle ; Victor Hugo, en visite à trois reprises à Villers, dessine les ruines de l’hôtellerie - brasserie. En 1854, la ligne de chemin de fer Ottignies - Charleroi est construite et amène les premiers touristes à l’abbaye. Comme les citoyens ne sont pas encore suffisamment sensibilisés au patrimoine, la ligne traversera les jardins du palais de l’Abbé.

En 1893, l'État, propriétaire des lieux, entame un grand chantier de restauration et de consolidation ; la nef de l’église est déblayée et les pierres de taille triées. Cent ans plus tard, l’abbaye est classée patrimoine exceptionnel de Wallonie. L’ensemble du domaine est conservé : ses 50 000 m² de murs préservés hors-sol et ses 5 000 m² de voûtes, romanes et gothiques, en font l’un des plus grands ensembles archéologiques de Belgique.

Aujourd’hui, après les religieux, les pauvres et les pèlerins, l’abbaye continue d’attirer une centaine de milliers de visiteurs par an en quête de dépaysement, de détente ou de spiritualité.

GRP 127 : ruines de l'abbaye de Villers-la-Ville

Comme il n’est que 11 h, nous décidons de continuer encore un peu en espérant trouver un endroit paisible où effectuer la pause de midi. Nous nous éloignons du site en passant sous les arches du chemin de fer et sous la porte de Namur. Par une route pavée, nous montons vers la chapelle Notre-Dame des Affligés.

GRP 127 entre Villers-la-Ville et Chastre

Juste avant cette chapelle, nous prenons un chemin de terre montant dans le bois de l’Ermitage Saint-Jean Baptiste. Au sommet (148 mètres d’altitude), nous tournons vers la gauche et descendons le long d’un ruisseau. 300 mètres plus loin, nous faisons pratiquement demi-tour pour franchir, à gué, le ruisseau et remonter sur l’autre rive.

GRP 127 entre Villers-la-Ville et Chastre

À un carrefour à cinq branches, nous laissons partir le GR 126 et suivons les quelques rares marques jaune et rouge. Nous progressons encore dans la forêt pendant un kilomètre avant de rejoindre un chemin pavé. Le « Tour du Brabant wallon » va, sur 1,4 km, emprunter cette voie passant entre le bois du Sartage et le bois de Haute Heuval.

GRP 127 entre Villers-la-Ville et Chastre GRP 127 entre Villers-la-Ville et Chastre

Au sommet, 157 mètres d’altitude, nous traversons une route et abordons ensuite un premier tronçon campagnard de 2,5 km. Ce parcours commence par un chemin de terre, mais à mi-chemin, c’est le béton qui prend le relais jusqu’à Villeroux.

À l’entrée de ce village, faisant partie de la commune de Chastre, nous franchissons le ruisseau de la Houssière. Ce cours d’eau, de neuf kilomètres, prend sa source à Sombreffe ; avant de se jeter dans l'Orne, dans l'entité de Mont-Saint-Guibert, il traverse les villages de Gentinnes, Saint-Géry et Villeroux.

GRP 127 entre Villers-la-Ville et Chastre

Nous quittons rapidement Villeroux (où le balisage est très sommaire) en montant, de 125 à 151 mètres d’altitude, un chemin encaissé. Après la traversée de la rue des Quinze Bonniers, nous avons droit au second tronçon campagnard de l’après-midi. Alors que nous cheminons sur le plateau, nous apercevons, sur la gauche, un drapeau français…

GRP 127 entre Villers-la-Ville et Chastre GRP 127 entre Villers-la-Ville et Chastre

Le cimetière militaire français de Chastre a été créé pour regrouper les sépultures de soldats Français tombés en 1940 en différents endroits du territoire belge ; il a été inauguré le 10 mai 1970. Propriété de l'État français, il accueille la sépulture de plus de mille combattants dont 905 soldats (603 Français, 168 Marocains, 131 Algériens et 3 Tunisiens) tombés lors de la bataille de Gembloux, les 14 et 15 mai 1940. La nécropole accueille aussi 192 soldats morts pendant la Grande Guerre et d'autres décédés durant la période 1940-1945.

Après 1,5 km, au milieu des champs, ce chemin herbeux nous amène à Chastre. Par une succession de rues et ruelles, nous parvenons devant l’église. Celle-ci fut longtemps un centre de pèlerinage à Notre-Dame dite « Alerne », dont l'effigie miraculeuse, datant du XVIIe siècle, est traditionnellement invoquée pour la guérison ou la réduction des hernies et autres protubérances inquiétantes. Le village s'est d'ailleurs appelé, pendant longtemps, Chastre-Dame-Alerne. Au-delà de l’édifice religieux, le tracé jaune et rouge suit une belle drève rectiligne jusqu’à la maison communale.

GRP 127 : Chastre

Classée en 1981, la ferme Rose ou ferme de Perbais (une ancienne propriété agricole) abrite la maison communale et le syndicat d’initiative de Chastre. Cet imposant ensemble architectural (XVIIe siècle) est bâti sur le site de l’ancien domaine relevant des seigneurs de Walhain vers l’an 1200. Prolongeant le corps de logis, daté de 1688 par les ancres, la grosse tour « donjon » est surmontée d’un toit pyramidal terminé par un lanternon qui abritait un pigeonnier, privilège de la noblesse.

GRP 127 : Chastre, maison communale ou ferme Rose

Le dernier tronçon de cette étape s’effectue en suivant la ligne de chemin de fer (Bruxelles - Namur) ainsi que l’Orne ; en 1,6 km, nous franchirons trois fois ce cours d’eau. L'Orne prend sa source au nord de la ville de Gembloux, à la limite de la commune de Chastre. La rivière qui traverse les villages de Cortil-Noirmont, Chastre, Blanmont et Mont-Saint-Guibert accueille différents petits ruisseaux avant de se jeter, après 18 km, dans la Thyle à Court-Saint-Étienne.

GRP 127 entre Chastre et Blanmont

Peu avant 15 h, nous retrouvons, à la gare de Blanmont, la seconde voiture laissée là le matin.

Plan du parcours

➔ Jonction avec d'autres GR

  • Le GR 126 : De Bruxelles à la Semois débute au pied de l'Atomium et passe au centre de Bruxelles avant de traverser le Brabant wallon. Il suit les rives de la Meuse entre Namur et Dinant, puis s’engage, au-delà du château de Freyr, le long de la Lesse. Ce sentier de grande randonnée pénètre ensuite dans la forêt ardennaise pour terminer son parcours, de 236 km, au bord de la Semois.