GRP 127 : Perwez → Orp-le-Grand (21 km) - août 2019
Dans le cadre de la ligne de défense alliée, en mai 1940, l’armée française mina plusieurs endroits stratégiques de la région, comme le centre de Perwez. Une mine y explosa et provoqua d’immenses dégâts. Le pâté de maisons complet qui s’écroula fut rasé après la guerre et devint la Grand Place actuelle.
C’est sur cette dernière que nous commençons l’étape, vers 9 h 15. Nous montons la rue Saint-Roch et, au niveau d’un petit square, nous prenons, vers la gauche, la rue Salmon. Une succession d’étroits sentiers herbeux, entre les prairies, nous mène à la N243.
De l’autre côté de cette grand-route, nous empruntons la rue de Seumay qui, après 700 mètres, devient une petite route de campagne. Le tracé jaune et rouge se poursuit sur un chemin de remembrement, entre les terres cultivées, jusqu’aux premières maisons de Petit-Rosière. À l’entrée du village, nous franchissons le ruisseau de Jausselette ; modeste rivière qui se jette à quelques mètres d’ici dans la Grande Gette.
Par la rue du Tombois, nous arrivons à la N91. Nous traversons la route et prenons la rue de l’Ermitage qui, après 500 mètres, rejoint le RAVeL. Nous longeons brièvement la piste cyclable et approchons ensuite de Gérompont. Le GRP 127 préfère cependant éviter ce village et effectuer un parcours d’1,5 km, sur des chemins de remembrement, entre les champs de betteraves.
Peu après avoir franchi le ruisseau de la Blanchisserie, nous quittons enfin le béton et progressons sur un chemin de terre. 400 mètres plus loin, c’est par un chemin pavé que nous revenons vers le RAVeL.
Nous effectuons une petite pause au niveau d’une aire de pique-nique, à quelques mètres de l’ancienne gare de Ramillies. Celle-ci était située au croisement, dénommé « Croix de Hesbaye », de deux voies ferroviaires : la ligne 142 Namur - Tirlemont, créée en 1869, et la ligne 147 Tamines - Landen datant de 1865. Ces deux voies de chemin de fer ont eu une influence économique et sociale de premier plan pour la région.
Normalement, la gare de croisement des deux lignes devait être construite à Geest-Gérompont, mais elle fut finalement établie à Ramillies pour la simple raison que la compagnie de chemins de fer avait des capitaux anglais ; le but était de rappeler la victoire de Ramillies, en 1706, où les Anglais avaient battu les Français. Après un siècle d'exploitation, les trains ont été remplacés par des bus.
Entre 1959 et 1961, les deux lignes furent désaffectées ; elles font aujourd’hui partie du réseau RAVeL. Un peu avant le passage du RAVeL sous la N279, nous le quittons pour grimper vers cette route. Par la rue d’Offus, nous atteignons la chapelle Notre-Dame de Lourdes, située à un carrefour de cinq voies. Le tracé jaune et rouge opte pour la rue de Fagneton qu’il délaisse après 200 mètres pour un chemin pavé (en partie herbeux).
Au croisement suivant, à côté de la chapelle Saint-Donat, une plaque commémorative évoque la bataille de Ramillies ; un événement historique majeur dans le cadre de la guerre de succession d’Espagne. Le 23 mai 1706, la bataille opposa l'armée alliée anglo-hollandaise (62 000 hommes), commandée par le duc de Marlborough, à l'armée française (60 000 hommes), commandée par François de Neufville, duc de Villeroy.
Grâce à sa maîtrise de la stratégie militaire et à la disposition judicieuse de ses troupes sur le terrain, Marlborough remporta le combat. Cette victoire entraîna l'annexion, par les alliés, de la presque totalité des Pays-Bas espagnols.
600 mètres plus loin, à l’entrée d’Autre-Eglise, nous passons devant la ferme Hamoir ; un imposant quadrilatère des XVIIIe et XIXe siècles avec son porche-colombier. En raison de la chaleur, nous effectuons une petite pause sur la place du village où l’église Notre-Dame et son presbytère forment un bel ensemble architectural du XVIIIe siècle. Le canon, au centre de la place, a été abandonné par l’armée allemande lors de sa retraite en 1918.
Deux hypothèses sont avancées pour expliquer l’origine du nom du village. Selon la première, une vieille inscription atteste que saint Materne, évêque de Tongres au IVe siècle, aurait consacré l’église Notre-Dame juste après avoir consacré la cathédrale de sa ville. La deuxième hypothèse est plus pragmatique : l’église Notre-Dame aurait pu être appelée « l’autre église » par référence à la chapelle Saint-Feuillen, antérieure de construction et qui desservait la plus ancienne partie du village, le hameau de Hédenge.
Nous prenons la rue de Frambay qui devient, après 350 mètres, un chemin de terre. Plus loin, nous franchissons la Petite Gette… nous serons souvent à proximité de ce cours d’eau jusqu’à la fin de l’étape (7 km). La Petite Gette prend sa source à Ramillies, traverse Jauche, Orp-Jauche et les trois villages de la commune d'Hélécine. Elle continue ensuite dans le Brabant flamand où elle arrose Orsmaal et Zoutleeuw avant de rejoindre, après 41 km, la Grande Gette à Budingen. Un chemin herbeux, en surplomb du RAVeL, nous mène aux premières maisons de Jauche.
Par une succession de sentiers, nous atteignons la Grand Place où se situe le café « Le Rustique ». Nous effectuons la pause de midi dans cet établissement et testons deux bières locales : la Mousse’Tico et l’Ambras. La première, dont le nom fait référence à la mousse de la bière, mais surtout à sa traduction wallonne : « mousse-t-elle encore ? », a vu le jour en 2016 ; cette bière artisanale, ambrée, de type Ale, est brassée ici à Jauche. L’Ambras est une bière blonde au parfum fruité rafraîchissant qui a été développée, en 2015, par deux habitants de Noduwez et brassée dans ce village.
Durant l’Ancien Régime, Jauche était le siège d’une des plus puissantes familles seigneuriales de la région comme en témoigne le château dont une aile conservée domine la Grand Place. Celle-ci ne représente qu’une toute petite partie de l’ensemble des bâtiments qui composait le complexe castral et s’étendait jusqu’à la Petite Gette. À côté du château, l’église Saint-Martin, de style classique, a été édifiée entre 1763 et 1766.
Nous quittons Jauche en traversant la N240, puis nous entamons un parcours campagnard de deux kilomètres jusqu’à Orp-le-Petit. Le premier chemin de terre laisse rapidement la place à une sente herbeuse en bordure d’un champ. Petit à petit, ce chemin se rétrécit, car l’agriculteur l’annexe en peu plus chaque année, et ce qui reste du chemin est envahi par les orties et les ronces. À la fin, nous n’avons d’autres choix que de circuler directement dans la terre cultivée.
Au centre d'Orp-le-Petit, en face de l’église Notre-Dame désacralisée, nous découvrons une statue représentant un membre de la confrérie des « Mougneûs d’vète trëpe ». Cette confrérie, fondée en 1981, a pour but de promouvoir la spécialité locale : le boudin vert au chou frisé. Dès le Moyen Âge, chaque chaumière avait son cochon et quand il arrivait à « maturité », famille, voisins et amis étaient invités à faire ripaille. Cette tradition s’est perpétuée jusqu’à la guerre de 1940.
Le boudin vert est coloré de la verdure des choux récoltés au jardin. Plus tard, le chou frisé donnera un goût plus onctueux à la préparation. À Orp, après avoir dégusté le premier morceau, on dit « C’ènn’è ! » à savoir « cela en est » sous-entendu, « c’est bien du véritable boudin vert et c’est du bon ! ». Pour les amateurs, cette préparation se déguste chaude ou froide, accompagnée d’une bonne bière ou d’un vin blanc.
En suivant la rue Joseph Jadot, nous passons devant le château Rose bâti, vers 1782, par le baron Albert Stier. Dominant le village, le château devint la résidence des seigneurs d’Orp-le-Petit et d’Orp-le-Grand ; il remplaça l’ancienne habitation seigneuriale installée jusqu’alors à la Grande Ferme. Au début du XXe siècle, les Schiller, maîtres des lieux à l’époque, agrandissent le château en y adjoignant une tourelle.
Dans la prairie, en contrebas du château, se dresse un vieux pilori de la fin du XVIIIe siècle. Il fait partie de la cinquantaine de piloris recensés dans notre pays par l’Institut Royal du Patrimoine Architectural, dont une vingtaine en région wallonne.
Cet instrument, auquel on attachait les condamnés pour les exposer aux railleries de la foule, rappelle les anciens privilèges de la noblesse qui avait droit de justice. Admirablement restauré, le pilori se compose d’un socle quadrangulaire sur lequel est érigé un fût hexagonal surmonté d’une boule en pierre.
Le parcours longe le mur d’enceinte du château et, près de la chapelle Notre-Dame des Affligés, descend un sentier aboutissant sur les berges de la Petite Gette. Nous poursuivons parallèlement à la rivière et passons, dans un tunnel, sous le RAVeL (ancienne ligne 147 déjà rencontrée à Ramillies). Vers 15 h 20, nous atteignons la place principale d’Orp-le-Grand où se termine cette étape.
Joyau du patrimoine architectural de l’entité d’Orp-Jauche, l’église romane, dont Sainte-Adèle partage, depuis 1948, la dédicace avec Saint-Martin, est, avec la collégiale de Nivelles et l’église de Bertem, un des sanctuaires les plus représentatifs et les plus achevés de l’art roman en Brabant. Le monument a succédé à trois constructions antérieures, toutes dédiées à Saint-Martin, dont la plus ancienne remonte au VIIIe siècle, lors de la fondation d’un monastère par sainte Adèle à Orp-le-Grand.
Cette église primitive et celle qui suivit furent détruites lors des invasions et des troubles que connut la région aux IXe et Xe siècles. Si l’on ne connaît pas les raisons de la disparition du troisième sanctuaire ; on sait par contre que c’est sur ses fondations que fut édifiée, au XIIe siècle, l’église actuelle. Après avoir été la proie des flammes en 1356 et en 1674, l’édifice est à nouveau ravagé, en mai 1940, par un incendie désastreux qui détruit tout le mobilier, mais laisse, fort heureusement, les murs intacts.
La restauration d’après-guerre fut particulièrement soignée. C’est ainsi, par exemple, que pour préserver l’homogénéité de l’édifice, on alla même jusqu’à rouvrir, dans le village, la carrière abandonnée depuis longtemps pour en extraire la pierre d’Orp ; la même que celle utilisée par les bâtisseurs au XIIe siècle. Une seule des deux tours qui signalaient l’avant-corps est conservée ; la tour côté sud s’étant écroulée lors de l’incendie de 1674. La tour restante a été renforcée, au XVIIe siècle, par deux puissants contreforts.
➔ Jonction avec d'autres GR
- Le GR 121 : De Liège à la Côte d’Opale. Depuis Liège, ce sentier de grande randonnée se dirige vers le château de Jehay et la vallée du Geer pour atteindre Jodoigne. Au-delà de Wavre, il traverse la forêt de Soignes et le centre de Bruxelles avant de passer par Beersel et Ittre. Via Braine-le-Comte, le château de Beloeil et Bernissart, le GR 121 quitte la Belgique. Il évolue ensuite dans les Hauts-de-France jusqu’à la Côte d’Opale.