GRP 127 : Tourinnes-la-Grosse → Archennes (21 km) - février 2019
Ce n'est que depuis le XIXe siècle que Tourinnes, jadis surnommée la « Teutonique » ou la « Flamande », doit à l'imposante tour carrée de son église le qualificatif de « Grosse ». L'origine de son nom reste par contre mystérieuse. Avant de commencer cette étape, quelques mots sur l’église Saint-Martin.
Campé sur sa colline, l'édifice, construit en grès, domine toute la vallée de la Nethen. Datant de la première moitié du XIIIe siècle, l’imposante tour-refuge est construite en pierres de Gobertange ; l'épaisseur de ses murs varie de 1,6 m à 1,8 m. La nef centrale, partie la plus ancienne de l'église (XIe et XIIe siècles), est constituée de cinq travées ; elle se prolonge par un chœur datant de la même époque que la tour.
Les nefs latérales ont été reconstruites après l'incendie qui a ravagé le sanctuaire en 1640. C'est à cette époque que les deux bras du transept, datant du XIIIe siècle, ont été reconstruits et coiffés d'une flèche surmontée d'un petit bulbe. L'édifice a fait, dès 1946, l'objet d'un classement comme monument ; en 2002, il a été repris parmi le patrimoine immobilier exceptionnel de la Région wallonne.
À l’intérieur, on peut notamment découvrir une chaire de vérité baroque du XVIIe siècle et une cuve baptismale, en pierre bleue, de la même époque. L'église renferme plusieurs sculptures des XVe et XVIe siècles qui côtoient les œuvres modernes du céramiste Max van der Linden, dont une châsse recouverte de cuivre et de céramiques contenant des reliques de saint Corneille et de plusieurs martyrs.
En contrebas du cimetière, on trouve un canon de la marine de guerre allemande, trophée de la Première Guerre mondiale. Nous descendons un escalier et traversons la rue de Beauvechain. Après avoir franchi un ruisseau (la Nethen), le tracé jaune et rouge emprunte la rue Valise ; celle-ci, après un bosquet, progresse pendant 900 mètres au milieu des terres cultivées.
Nous longeons ensuite une exploitation d’arbres fruitiers et atteignons la chapelle Gosin, dédiée à Notre-Dame de Bonsecours ; ce bâtiment néoclassique, en briques chaulées, est planté au carrefour de chemins de campagne. En 1831, dans la ferme d’Agbiermont, Jean-Charles Gosin et son épouse attendent la naissance de leur premier enfant. Ils font le vœu, à Notre-Dame, de lui construire une chapelle en reconnaissance de l’heureux événement. Le 2 octobre, une petite fille, Marie-Thérèse, vient au monde.
Hélas, peu après avoir célébré cette naissance, les parents quittent ce monde laissant l’enfant orpheline. En 1836, la petite Marie-Thérèse pose la première pierre de la chapelle ; elle en assure l'entretien jusqu'à sa mort, en 1907. La chapelle est décorée par un ensemble de céramiques polychromes conçues, en 1957, par Max van der Linden (arrière-petit-fils de Marie-Thérèse). Une céramique, sur le mur extérieur, est dédiée à tous les pilotes de la base de Beauvechain (toute proche).
Nous empruntons un chemin de terre, longeant la ferme d’Agbiermont, et entrons dans Nodebais. À la sortie du village, nous passons à côté d’une belle ferme en quadrilatère datant de la première moitié du XVIIIe siècle.
Par un chemin de terre entre les terres cultivées, le GRP 127 rejoint la N91. De l’autre côté de l’axe routier, nous continuons ce parcours campagnard et contournons ensuite le parc du château de la Fresnaye (ou de Guertechin) ; ensemble du XIXe siècle, à l'exception d'une tour-colombier datée de 1657.
Nous traversons la N25 et prenons la route se dirigeant vers les fermes du Petit et du Grand Royal cachées, dans un fond, à l'abri des regards à partir de la chaussée de Louvain. Nous passons près de la ferme du Grand Royal, ancienne dépendance de l'abbaye de Valduc à Hamme-Mille, citée depuis 1686 et devenue aujourd’hui un manège équestre. Un peu plus loin, nous entamons la descente, à travers champs, vers le village de Nethen.
Dans la rue Emile Vandervelde, nous prenons un discret sentier franchissant la Nethen. Cette rivière prend sa source au plateau de la « Grande Bruyère », sur le territoire de Beauvechain. Elle traverse ensuite les villages de Beauvechain, Tourinnes-la-Grosse, Hamme-Mille et Nethen. Après un parcours d’environ 14 km, les eaux de la Nethen se jettent dans la Dyle à Sint-Joris-Weert.
Le Mille et le Nodebais sont les principaux affluents de ce cours d’eau. Dès le Moyen Âge, les activités artisanales se sont implantées le long de la Nethen, participant ainsi à l’essor de la région. Tout le long de son cours, on dénombrait plusieurs moulins à eau dont plus aucun n’est en activité aujourd’hui.
Pour rejoindre le centre de Nethen, le tracé jaune et rouge monte la rue Tienne Binard ; celle-ci porte bien son nom puisque nous grimpons fortement de 45 à 77 mètres d’altitude. Près du sommet, nous empruntons un sentier longeant une ancienne sablière avant de redescendre tout ce que nous venons de monter.
Le « Tour du Brabant wallon » suit la rue de Hamme-Mille pendant 550 mètres et atteint l’église Saint-Jean Baptiste. Construite en briques et en pierres blanches au XVIIIe siècle, sa conception de style néoclassique ne laisse pas apparaître le fait qu'elle a été agrandie vers 1860.
Dos à l’église, nous prenons la rue de Pécrot que nous quittons rapidement pour suivre un chemin herbeux entre les prairies. Ce dernier, devenant de plus en plus encaissé, nous fait passer, sur un kilomètre, de 48 à 85 mètres d’altitude. Au sommet, nous tournons à droite le long d’un bois ; une centaine de mètres plus loin, nous pénétrons dans ce bois et entamons la descente vers la gare de Pécrot.
De l’autre côté de la ligne de chemin de fer (Ottignies - Louvain), par la rue Georges Pensis, nous aboutissons à l’étang de Pécrot situé sur l'ancien lit de la Marbaise. Cet étang est un site intéressant pour l'avifaune ; on y a observé près de 120 espèces d'oiseaux au cours des dernières années, dont 58 espèces nicheuses. L'étang sert aussi de reposoir ou de lieu de nourrissage pour plusieurs espèces. Pendant la saison de la pêche, le côté sud-ouest est réservé à la nidification et son accès en est interdit, le nord-ouest est réservé aux pêcheurs.
Au-delà de l’étang, nous franchissons une chicane et débutons un parcours d’1,5 km sur le « sentier de la Dyle ». Nous sommes ici dans un site classé Natura 2000 très intéressant aux points de vue faune et flore, car de nombreuses espèces vulnérables menacées de disparition sont présentes le long de ce tronçon. Le chemin progresse, en quasi ligne droite, en lisière de prairies. Sur la droite, on devine le cours de la Dyle qui marque ici la frontière entre les provinces du Brabant wallon et du Brabant flamand.
La Dyle prend sa source sur le territoire de Houtain-le-Val. Dans sa partie wallonne, la rivière traverse les communes de Genappe, Court-Saint-Étienne, Ottignies-Louvain-la-Neuve, Wavre et enfin Grez-Doiceau. Elle poursuit ensuite son cours en région flamande pour se jeter dans le Rupel, après un parcours de 86 km. Le Rupel, quant à lui, se jette dans l’Escaut quelques kilomètres plus loin.
Les peupliers succèdent aux saules têtards puis, après une zone de caillebotis, nous contournons une station d’épuration et atteignons la rue de Florival ; suivie vers la gauche jusqu'à la gare de Florival.
La fondation de l'abbaye de Florival remonte à 1096 et serait due au comte Werner de Grez, suite à un vœu fait, avant de partir en croisade en Terre Sainte, avec son cousin Godefroy de Bouillon. L'abbaye abritait des femmes de l'ordre de Cîteaux. Celles-ci auraient été miraculeusement averties de choisir ce lieu « couvert de fleurs » pour s'y établir, d'où ce nom de « Val fleuri ».
Comme tous les monastères de l'ordre de Cîteaux, l’abbaye est dédiée à la Vierge Marie. Les armoiries représentent une maison sur le toit de laquelle est assise la Vierge Marie, portant son enfant sur le bras gauche. De 1218 à 1792, on recense +/- 40 abbesses qui se sont succédé à la tête de l'abbaye. En 1798, l'abbaye est supprimée et ses biens vendus ; l'église et les bâtiments conventuels sont rasés afin de récupérer les matériaux.
Au cours de la seconde moitié du XIXe siècle, F. Oldenhove implante une filature de lin sur le site du moulin de l'ancienne abbaye. Les dépendances et la basse-cour sont intégrées dans la filature. Il construit un château de style néoclassique et ne garde que quelques vestiges de l'abbaye. Aujourd'hui, le site est occupé par le Centre d'Instruction de la Protection Civile et seuls quelques colonnes, pierres armoriées ou datées rappellent le curieux destin de ce lieu.
Après la pause de midi, au café « Au Val Fleuri », nous traversons la voie ferrée (Ottignies - Louvain) et abordons la dernière côte de l’étape. Par un sentier sablonneux, au milieu de la forêt, nous passons de 50 à 98 mètres d’altitude. Près du sommet, nous progressons, pendant un kilomètre, entre bois et prairies.
Durant 600 mètres, nous marchons sur le plateau campagnard puis, à un carrefour, nous laissons le GR 579 (devenu GR 121 en 2024) continuer tout droit en direction du village de Bossut. Le GRP 127 tourne vers la droite et se dirige vers le bois de la Hocaille. Nous descendons, en lisière du bois, jusqu'à la rue de Florival où nous quittons le tracé jaune et rouge, pour rejoindre, 600 mètres plus loin, la gare d'Archennes.
➔ Jonction avec d'autres GR
- Le GR 121 : De Liège à la Côte d’Opale. Depuis Liège, ce sentier de grande randonnée se dirige vers le château de Jehay et la vallée du Geer pour atteindre Jodoigne. Au-delà de Wavre, il traverse la forêt de Soignes et le centre de Bruxelles avant de passer par Beersel et Ittre. Via Braine-le-Comte, le château de Beloeil et Bernissart, le GR 121 quitte la Belgique. Il évolue ensuite dans les Hauts-de-France jusqu’à la Côte d’Opale.