GR 128 : Bilzen → Maastricht (22 km) - mars 2022
Info : pour effectuer cette étape de 24 km dont 22 sur le GR, nous avons pris le bus De Lijn 20/a entre Maastricht (Mosae Forum/Centrum) et Bilzen (Station).
Depuis la gare de Bilzen, nous devons d’abord emprunter le Streek-GR Haspengouw pendant 2,5 km. De retour sur le GR 128, nous continuons encore, pendant 3,5 km, en compagnie de cet autre sentier de grande randonnée. Nous descendons un étroit sentier aboutissant à la Fonteinstraat puis, par d’autres sentiers ou chemins de terre, nous montons vers la commanderie d'Alden Biesen.
L'origine de cette commanderie remonte à 1220, lorsque le comte Arnoul III de Looz et sa sœur Mechtildis van Are, abbesse de Munsterbilzen, font la donation à l’Ordre Teutonique d’une chapelle de pèlerinage à Rijkhoven. Le nom d'Alden Biesen vient d'une particularité de l'endroit où poussaient énormément de joncs (Biezen en néerlandais). Alden Biesen signifie « Vieux Joncs ».
La donation de 1220 est suivie de beaucoup d’autres et Alden Biesen devient le siège principal de la province de Biesen qui comptera, au cours des siècles, jusqu'à douze commanderies situées dans les régions de la Meuse et du Rhin. Aux environs de 1361, l’Ordre Teutonique quitte le site pour s’installer à Maastricht.
Les bâtiments sont abandonnés et tombent presque en ruine, à l’exception de la chapelle. Vers la moitié du XVIe siècle, le grand commandeur entreprend de reconstruire une résidence majestueuse sur le domaine en ruine. Les travaux du château en lui-même prendront fin en 1566 avec l'achèvement de la grande tour.
Au XVIIe siècle, la chapelle moyenâgeuse est transformée en église de style baroque. Une galerie munie d'une colonnade est accolée à la chapelle. Cette galerie devait faire partie d'un nouvel hospice pour les voyageurs, mais celui-ci ne sera jamais réalisé.
Au début du XVIIIe siècle, le jardin à la française ainsi que l'orangerie sont aménagés par le grand commandeur Hendrik van Wassenaar. Celui-ci entame aussi des travaux de modernisation du château et fait réaménager bon nombre de pièces. Tous les grands commandeurs successifs en feront autant et transformeront le château au gré de leurs fantaisies.
Propriété de l'État depuis l’énorme incendie de 1971, le château a été complètement rénové et adapté pour être aujourd'hui utilisé comme centre de congrès ; il accueille aussi une exposition permanente sur l'histoire de l'Ordre Teutonique.
Nous laissons la commanderie sur notre droite et montons la drève pavée menant à la porterie qui se trouve précisément à 500 mètres du château. Ce bâtiment, datant des XVIIe et XVIIIe siècles, était l'ancienne entrée principale d'Alden Biesen. Sept drèves en forme d'étoile, dont six sont encore conservées, partaient de la porterie ; ces sept drèves sont une référence symbolique aux Sept Douleurs de Marie, patronne de l'Ordre Teutonique.
Par un chemin de terre, suivi d’un chemin de remembrement, nous descendons vers la N758. De l’autre côté de cette grand-route, nous nous séparons du Streek-GR Haspengouw. Un agréable sentier nous mène jusqu’au hameau de Weert puis, par un chemin bétonné, nous montons vers un bois que nous longeons.
Pour rejoindre Grote Spouwen, le GR 128 évolue, pendant 1 km, sur des chemins de remembrement entre les terres cultivées et les vergers. Au centre du village, nous découvrons une statue représentant un veau. Ce monument fait référence au surnom des habitants : « De Kaaver » (les veaux).
Ce surnom proviendrait de l'époque où Grote Spouwen comptait plusieurs grandes exploitations agricoles. Le village voisin de Kleine Spouwen ne comprenait lui que de modestes fermes qui géraient du petit bétail ; ces habitants sont eux surnommés « De Geiten » (les chèvres).
Nous prenons un chemin de terre jusqu’à la N745 que nous suivons ensuite sur 200 mètres. De l’autre côté de la grand-route, nous abordons un tronçon campagnard, relativement plat et rectiligne, d’1,8 km sur des chemins bétonnés.
Nous effectuons la pause de midi, au pied de l’église de Vlijtingen (un peu à l’écart du GR). Le tracé blanc et rouge s’éloigne de ce village en empruntant un chemin de terre, mais après 600 mètres, nous retrouvons déjà les chemins de remembrement. Pendant un peu plus de 3 km, nous progressons sur le béton, entre les terres cultivées.
À la fin de ce parcours, un peu monotone, nous prenons, sur la gauche, un chemin herbeux. Ce dernier traverse la N78 et continue dans la même direction, en légère descente, pendant 1,2 km ; ce tronçon fait partie d’une ancienne voie romaine.
Probablement construite vers -20 avant J.-C., cette voie, nommée plus tard Via Belgica, servait au déplacement des légions et allait de Gesoriacum (Boulogne-sur-Mer) à Colonia Claudia Ara Agrippinensium (Cologne), via Tongres, Maastricht et Heerlen, entre autres.
Le GR 128 atteint le canal Albert qu’il franchit grâce au pont de Vroenhoven, inauguré en 2010. Le pont initial avait été construit, en 1937, lors de l’aménagement du canal Albert. Détruit par l'armée allemande en retraite, ce pont fut reconstruit dans sa forme originale, en 1947. La construction du nouveau pont a commencé en 2007, juste à côté de l'ancien pont qui existait encore à l'époque.
Le remplacement du pont a permis d'élargir le canal à 86 mètres (contre 27 auparavant) afin que deux navires puissent désormais passer simultanément. Cet élargissement n'était pas possible auparavant, car les piliers de l'ancien pont étaient trop proches les uns des autres. Au centre du pont, on trouve un bunker de la Seconde Guerre mondiale, témoin silencieux de l’incursion allemande sur l’ancien pont.
Pendant 900 mètres, nous poursuivons la randonnée sur un chemin de terre situé à la frontière entre la Belgique et les Pays-Bas avant de pénétrer définitivement sur le territoire néerlandais. Nous montons (de 73 à 105 mètres d’altitude), entre les champs, et redescendons tout aussi vite afin de traverser le Geer (54 mètres d’altitude).
Ce cours d’eau, d’une longueur de 54 km, arrose successivement Geer, Waremme, Tongres, Bassenge, Eben-Emael et Maastricht où il se jette dans la Meuse. La rivière a pour particularité de traverser le canal Albert, à Kanne, par un système de siphon.
Au-delà d'un moulin, situé sur le Geer, nous grimpons un raidillon, de 54 à 92 mètres d’altitude, menant à la Montagne Saint-Pierre (Sint-Pietersberg). Celle-ci est principalement constituée de sédiments accumulés par la mer qui recouvrait la région, il y a 65 millions d'années.
Le site revêt un intérêt biologique remarquable, car il réunit des conditions de climat et de sols tout à fait exceptionnels qui permettent à des végétaux et à des animaux à caractère méridional de survivre dans notre région. Au sommet, nous suivons un large chemin et croisons le tracé du GR 5.
Un peu plus loin, nous longeons le fort Saint-Pierre. Au fil des siècles, la ville de Maastricht a été assiégée et conquise d'innombrables fois. La raison immédiate de la construction d'une forteresse, sur le Sint-Pietersberg, fut le siège et le bombardement de la ville, depuis cette colline, par les troupes de Louis XIV. Au cours de cette guerre (1673), Charles de Batz de Castelmore, mieux connu sous le pseudonyme d'Artagnan, trouva la mort.
Le commandant de la ville commença alors la construction d’une forteresse pentagonale en pierre avec pas moins de douze emplacements de canons. En 1794, les Français assiégèrent à nouveau Maastricht et tentèrent de faire sauter la forteresse. Celle-ci resta indemne, mais la ville et la forteresse ont finalement dû se rendre. Au début du XIXe siècle, le fort est radicalement modernisé pour répondre aux exigences de l'époque.
Fermé en 1867, le fort a été vendu quelques années plus tard et une période de déclin commença alors. Entre 2006 et 2012, une importante restauration a permis au fort de retrouver son aspect d'origine ; le site attire aujourd’hui de nombreux touristes.
Le tracé blanc et rouge descend vers la N278 et traverse ensuite un parc. Nous franchissons, à nouveau, le Geer avant de progresser à travers les ruelles de Maastricht où nous découvrons quelques vestiges de la première enceinte. En 1229, la ville, bien qu'elle n'ait pas eu les droits de cité en tant que tel, est autorisée, par le duc Henri Ier de Brabant, à construire des remparts. Vers 1375, une seconde muraille est construite.
La Helpoort est la seule porte médiévale qui subsiste à Maastricht. Au Moyen Âge, elle se trouvait juste derrière un haut pont sur le Geer (Jeker en néerlandais) et s'appelait Hoogbruggenpoort. Le nom « Helpoort » date du XVIIIe siècle et provient d’une maison voisine « In de Helle ». Jadis, de lourds battants en bois permettaient de fermer la porte et d’ainsi empêcher l’accès à la ville.
Nous contournons l’imposante basilique Notre-Dame. Jusqu'au XIIe siècle, la documentation sur l’édifice est très limitée, car les archives de l'église ont été perdues pendant la période française. Il est généralement admis que l'église actuelle en a remplacé une autre, voire plus. La première de ces églises pourrait être la plus ancienne de Maastricht, et donc des Pays-Bas.
Elle aurait été construite par saint Servais contre les murs du castrum romain d'origine, peut-être à l'emplacement d'un ancien sanctuaire païen. L'église actuelle date en grande partie des XIe et XIIe siècles. Elle a relativement bien traversé la période française en dépit de sa confiscation en 1794, après la prise de Maastricht ; durant cette période de 20 ans, elle a été utilisée comme écurie et forge.
De 1886 à 1916, une restauration majeure a eut lieu et, le 20 février 1933, l'église fut élevée au rang de basilique mineure par le pape Pie IX. Depuis 1837, une statue en bois polychrome du XVe siècle, icône de Marie étoile de la Mer, est attribuée à l'église. Celle-ci est exposée dans la chapelle qui jouxte la basilique et est portée en procession dans la ville lors de la fête de saint Servais.
En chemin vers le pont Wilhelmina, nous rencontrons, dans la Stokstraat, la statue de Pieke et son chien Maoke. Pieke est décrit, en dialecte maastrichtois, comme un « batteraof », c'est-à-dire un mauvais garçon. Il est le héros d’un roman de Bèr Hollewijn paru en 1976. Dans ce livre, l'écrivain décrit la misère sociale du quartier de la Stokstraat au milieu du XXe siècle, avant qu'il ne soit totalement rénové pour y accueillir notamment des boutiques de luxe. Cette statue n'a donc pas été érigée ici par hasard.
➔ Jonction avec d'autres GR
- Le Streek-GR Haspengouw est composé d'une grande boucle de 130 km et de 52 km de variantes. L'Haspengouw est principalement connue comme une région fruitière, mais l'on découvre bien d'autres choses grâce à ce sentier de grande randonnée : de belles vallées, des châteaux et des fermes monumentales, des villages agricoles et de nombreux joyaux verts cachés.
- Le GR 5 : Mer du Nord - Méditerranée. Ce sentier de grande randonnée relie la mer du Nord à la Méditerranée en 2 600 kilomètres. Du nord au sud, il parcourt ainsi les Pays-Bas, la Belgique, le Grand-Duché de Luxembourg, la France où il traverse les Vosges et le Jura, la Suisse près du lac Léman, puis à nouveau la France à travers les Alpes jusqu'à la Méditerranée.