GR 128 : Maastricht → Fouron-le-Comte (17 km) - juillet 2022
Nous commençons l'étape au niveau du pont Saint-Servais ; considéré comme le plus ancien pont des Pays-Bas. En l'an 57 avant J.-C., les Romains ont construit un premier pont au croisement des routes Cologne - Bavay et Nimègue - Trèves. Pour protéger ce pont, ils ont bâti une forteresse qui a reçu le nom de « Mosae Trajectum » : où les gens peuvent traverser la Meuse ; qui deviendra plus tard Maastricht.
Suite à l’effondrement du pont, en 1275, lors d'une procession, le Chapitre de Saint-Servais a ordonné la construction d’un nouveau pont. Celui-ci comptait neuf arches en pierre et une portion en bois du côté du Wyck qui était destinée à être rapidement démontée en cas de siège. En 1932, le pont a été complètement reconstruit. Cependant, en raison de l'augmentation du trafic maritime, les deux arches du côté du Wyck ont été remplacées par une section de levage en acier.
Juste après le pont Saint-Servais, le GR 128 tourne à droite et s’en va suivre la Meuse pendant environ quatre kilomètres. La Meuse prend sa source, à une altitude de 402 mètres, sur le plateau de Langres. Elle traverse les départements des Vosges et de la Meuse, qui lui doit son nom. Elle sillonne ensuite le département des Ardennes en passant par Sedan, Charleville-Mézières et Givet.
La Meuse pénètre en Belgique, à Heer-Agimont, et traverse la Wallonie de part en part en passant notamment par Hastière, Dinant, Namur, Huy et Liège. Après avoir bordé sur quelques kilomètres le Limbourg, elle franchit la frontière néerlandaise, où elle baigne Maastricht et Roermond avant de se mêler au Rhin avec lequel elle forme un large delta. Après environ 925 km (492 km en France, 194 km en Belgique et 239 km aux Pays-Bas), la Meuse finit sa course dans la mer du Nord.
Nous découvrons quelques vestiges, restaurés ou reconstitués, des remparts médiévaux qui ceinturaient jadis la ville, dont la Maaspunttoren. Cette tour, qui à partir de 1318 faisait partie du mur d’enceinte, a été reconstruite en 1913 après avoir été démolie en 1869. Un peu plus loin, nous passons au pied du Bonnefantenmuseum, à la silhouette assez particulière, qui abrite un musée d'art ancien et contemporain.
Au-delà du pont Kennedy, nous apercevons une étrange construction, toute en briques, au milieu d’une île sur la Meuse. Il s’agit du siège du parlement de la province du Limbourg. C’est dans ce bâtiment que fut signé, le 7 février 1992, le traité de Maastricht. Ce traité est le deuxième acte fondamental de la construction européenne après le traité de Rome du 27 mars 1957.
Après un passage dans la réserve naturelle « De Kleine Weerd », nous suivons, pendant deux kilomètres, la Hoge Weerd, une route très fréquentée parallèle à la Meuse. Ce parcours, plat et presque rectiligne, s’effectue essentiellement sur des sentiers herbeux ou gravillonnés en contrebas de la route. Sur la droite, nous longeons d'abord un vaste camping, puis le « Pieterplas » : un grand lac (114 ha), relié à la Meuse, qui sert notamment de port de plaisance.
Nous abordons ensuite le moins beau tronçon de l’étape puisqu’il se déroule sur l’asphalte dans un zoning industriel. Heureusement, après 1,5 km, nous retrouvons un chemin caillouteux progressant entre des prairies et des vergers. Celui-ci se rapproche de la ligne de chemin de fer Liège - Maastricht qu’il finit par rejoindre et suivre sur 200 mètres.
À hauteur d’un passage à niveau, nous tournons à droite vers Oost-Maarland. À la sortie de ce village, nous empruntons, sur 500 mètres, la Kasteellaan qui longe l’ancien château d’Oost. Ce dernier, bien caché derrière une épaisse végétation, appartenait jadis au comté de Dalhem.
Au bout de cette ligne droite, nous pénétrons, par un portillon, dans la réserve naturelle « Eijsder Beemden » composée de prairies, de mares, de saussaies et d’un ancien verger à haute tige. Pendant un peu plus d’un kilomètre, nous évoluons sur des chemins herbeux passant au milieu de ce bel environnement.
Tout au long de l’année, l’ensemble du site (tout comme De Kleine Weerd où nous étions tout à l’heure) est pâturé par un troupeau de chevaux Konik et de vaches Galloway. Ces animaux, parfaitement adaptés à la vie en pleine nature, contribuent au maintien de ce paysage naturel. La grande variété du sous-sol et des conditions orographiques, l’influence du pâturage et surtout de la Meuse concourent à créer un biotope idéal, gage d’une grande richesse faunistique et floristique.
Nous atteignons Eijsden où nous effectuons une petite pause. De 1794 à 1814, ce charmant village a appartenu au département français de la Meuse Inférieure. Puis, avant l’établissement d’une frontière définitive entre les Pays-Bas et la Belgique, en 1839, Eijsden fut, pendant neuf ans, une commune belge. Si c’est actuellement la Meuse qui marque la frontière entre les deux pays, on peut cependant voir, au bord du fleuve, une ancienne borne frontière.
Sur la place (Vroenhof), on peut admirer une sculpture représentant le « Cramignon » : un serpentin ondoyant de danseurs, avec, à la tête, un meneur, le capitaine, souvent armé d'un bouquet de fleurs. Cette danse traditionnelle se pratique essentiellement dans les localités au nord de Liège, comme Visé, Dalhem et dans la vallée du Geer.
L'origine de ces longues danses, dans la région liégeoise, semble remonter au XIIIe siècle. À l'occasion de la fin des moissons, on organisait des fêtes de village. Les cramignons offraient un prétexte aux jeunes des différents villages de se rencontrer, et pour la plus grande joie des parents, de se marier.
Après cette pause, nous nous dirigeons vers le château d’Eijsden dont le parc est libre d’accès. Arnold de Lamargelle est celui qui fit construire, en 1636, l’édifice de style Renaissance mosane. Le château est resté longtemps dans sa famille avant que le comte Van Hoensbroek n'en hérite et qu’il se retrouve par la suite entre les mains d'Hubert de Geloes ; il appartient aujourd’hui à la famille de Liedekerke.
Le château, entouré de douves, a été reconstruit en 1767 et restauré en 1881-1886. Il se compose de deux ailes perpendiculaires reliées par une tour d'angle flanquée d’une étroite tour d'escalier. Le parc a été construit vers 1900 par le français Achille Duchêne, célèbre architecte de jardin, en remplacement d'un parc de la fin du XVIIIe siècle.
Nous empruntons une large allée bordée de hêtres pourpres avant de retrouver l'asphalte sur lequel nous progressons pendant deux kilomètres. Sur ce trajet, nous franchissons, au niveau de la gare d’Eijsden, la ligne de chemin de fer Liège - Maastricht, puis nous nous dirigeons vers l’église de Mariadorp.
Le village a été construit pendant la Première Guerre mondiale pour héberger le personnel de l'usine de zinc blanc d’Eijsden. L’église qui ressemble plus à un bâtiment industriel qu’à un édifice religieux, a été consacrée en octobre 1960.
Nous passons par-dessus l’autoroute E25 et peu après, la partie vallonnée et campagnarde de l’étape commence. En suivant un chemin de terre, dénommé « Ezelsweg » : chemin des ânes, nous montons, en un kilomètre, de 75 à 118 mètres d’altitude. Depuis le chemin herbeux, en bordure de champs, nous profitons d’un beau point de vue sur la vallée de la Meuse et ses cimenteries.
Près du sommet, un poteau nous informe que nous nous séparons du Krijtlandpad (qui nous accompagnait depuis le début de l'étape). Au même endroit, nous croisons le tracé du Pelgrimspad avec qui nous cheminerons durant 400 m. Ce sentier de grande randonnée, en lien avec le pèlerinage de Saint-Jacques-de-Compostelle, relie en 470 km Amsterdam à Visé.
Arrivé à 126 m d'altitude, le tracé blanc et rouge entame la descente, entre champs et vergers, vers Fouron-le-Comte et passe à côté d'une borne frontière. Après l'indépendance de la Belgique en 1830, plus de dix ans se sont passés avant que la frontière avec les Pays-Bas ne soit officiellement fixée.
Le premier pas fut la signature du traité des XXIV articles, le 19 avril 1839 à Londres. Un deuxième traité, signé à Maastricht le 8 août 1843, fixa définitivement le tracé de la frontière. Celle-ci fut matérialisée par la pose de 365 poteaux en fonte.
Après l'endigage de l'ancien bras de mer du Zwin en 1869, quatre poteaux supplémentaires ont été ajoutés. Ceux-ci sont essentiellement placés aux endroits où la frontière change de direction. Historiquement, depuis un poteau frontalier, on devait pouvoir voir le poteau suivant ; de nos jours, cela n'est plus toujours possible.
En chemin, nous découvrons la chapelle « Trichterbeeldje », déjà citée en 1213, qui se situe sur l'ancienne voie romaine reliant Trèves à Maastricht. Selon la légende, saint Lambert y aurait placé une statue du Christ. Restauré en 1853, l'édifice porte l'inscription latine : In hoc signo vinces (dans ce signe, tu vaincras).
Par d'agréables chemins, nous arrivons au centre de Fouron-le-Comte ('s-Gravenvoeren) ; nous terminons l'étape près de la chapelle Notre-Dame. Construite en 1715, dans le style baroque, cette chapelle a fait l’objet d’une restauration récente qui laisse apparaître la belle alternance de briques et de couches de marne. Une niche dans la façade abrite une statue de la Vierge.
➔ Jonction avec d'autres GR
- Le Krijtlandpad. Au départ de Maastricht, ce circuit décrit une boucle de 90 km à travers le Limbourg hollandais.