GR 129 : Bruges → Beernem (19 km) - septembre 2020
Info : pour effectuer cette étape de 21 km dont 19 sur le GR, nous avons pris le train entre les gares de Beernem (1,5 km hors GR) et de Bruges (1 km hors GR).
Depuis la gare de Bruges, nous devons d’abord marcher un kilomètre sur le GR 5A : Wandelronde van Vlaanderen afin de rejoindre le point de départ officiel du GR 129. Nous passons ainsi à côté de la Poertoren et du Minnewater.
Construite en 1398, cette tour massive, servant à entreposer les réserves de poudre, culmine à 18 m. La tour se compose d’une partie principale ronde dotée d’une porte au niveau du sol, de quelques ouvertures et d’un ancien système à poulie permettant de hisser de lourdes charges jusque dans l’édifice. Accolée et dépassant en hauteur de quelques mètres la tour principale, une petite tour hexagonale, fendue de meurtrières, accueille un escalier en colimaçon.
C’est au niveau de la Katelijnepoort que nous nous séparons du GR 5A et que commence réellement notre étape du jour. Cette ancienne porte faisait partie de la deuxième enceinte de la ville, réalisée en 1297. À l'époque, elle menait à la paroisse Sainte-Catherine, dont l'église (démolie en 1578) se trouvait à l'extérieur des murs de la ville. Reconstruite en pierre naturelle blanche au début du XVe siècle, la porte a été démolie, à la dynamite, en 1862.
Grâce à un pont tournant (qui s’ouvre et se ferme transversalement au cours d’eau), nous franchissons le canal reliant Gand à Bruges. Pendant deux kilomètres, nous évoluons sur la piste cyclable longeant ce canal. Au début de ce parcours, nous apercevons, sur l’autre rive, plusieurs péniches amarrées qui sont en fait des hôtels ou des restaurants. Un peu plus loin, nous devinons les installations de l’usine Bombardier qui fabrique des trains et des trams.
Près de Steenbrugge, nous quittons le bord du cours d'eau et traversons le parking d’un magasin pour atteindre la N50. De l’autre côté, nous prenons quelques instants pour découvrir l’église de l’abbaye Saint-Pierre. En 1875, le père Filip Pollet acheta un terrain où il fit construire un presbytère, une église, un monastère et une école, le tout dans le style néogothique. En 1896, le monastère fut élevé en abbaye bénédictine ; celle-ci a été gravement endommagée pendant la Première Guerre mondiale et le clocher de l'église a été détruit durant la Seconde Guerre mondiale. Les anciens bâtiments abbatiaux sont aujourd’hui utilisés par le service diocésain de conseil pédagogique.
Le tracé blanc et rouge emprunte, sur 2 km, une piste cyclable évoluant sur l’ancienne ligne de chemin de fer qui reliait Bruges à Eeklo via Maldegem. Celle-ci est majoritairement bordée de chênes ou d’aulnes, lorsque l'environnement est plus humide. En chemin, nous passons le long du bois de Steenbrugge (50 hectares) puis, peu après un hôpital, nous franchissons deux canaux dont le Sint-Trudole.
Par un chemin de terre, nous parvenons à la Michel van Hammestraat que nous traversons pour suivre un sentier parallèle à la route aboutissant à l’entrée de Ver-Assebroek. Après un petit tronçon dans un quartier résidentiel, nous parvenons à une belle place arborée (Pastoor Vehaeghe) où nous trouvons un banc pour effectuer la pause de midi.
L’église, dédiée à Notre-Dame Immaculée, se dresse à l’est de cette place. Datant de 1628, elle a été agrandie en 1746 puis rénovée en 1888. Les vitraux colorés du chœur donnent vie à la légende de la statue miraculeuse de la Vierge. Un jour de 1680, alors que leur bateau de commerce revenait des Indes orientales, les marins protestants découvrirent que leur collègue catholique Balthasar Lannoy adorait secrètement une statue de la Vierge. Ils se moquèrent de lui et jetèrent la statue par-dessus bord. À leur grande surprise, celle-ci flotta et suivit le navire. En pensant à de la sorcellerie et à une alliance avec le diable, les membres de l'équipage voulurent également jeter Balthasar à la mer. Cependant, le capitaine intervint et demanda au garçon de cabine, Abraham Zut, de repêcher la statue ; ce dernier la garda cachée.
Lorsque le navire arriva à Dokkum (Frise), Abraham donna la statue à Jacobus De Mets, un catholique qu'il connaissait. Ce dernier l’envoya ensuite à sa sœur Cornelia, une béguine résidant à Dixmude. À la mort de Cornelia en 1719, le directeur spirituel des béguines, le pasteur Pieter Verhaeghe, hérita de la statue de la Vierge. Un an plus tard, il en fit don à l'église paroissiale de Ver-Assebroek, où il venait d’être nommé curé. La présence de la statue entraîna un afflux important de pèlerins, raison pour laquelle l'église a été agrandie en 1746.
Après la pause, nous prenons la direction de la réserve naturelle d'Assebroekse Meersen (82 hectares) où nous progressons pendant quelques kilomètres. Le terme « meers », signifie prairie marécageuse. Jadis, cette zone était presqu’exclusivement constituée de pâturages. Dans le courant du XIXe siècle, on creusa des canaux de drainage (le Sint-Trudole et le Hoofdsloot par exemple) et on aménagea des chemins. Le long des drèves et des parcelles, on planta des rangées d’arbres (saules têtards et peupliers), créant ainsi un paysage plus fermé : un bocage. Au fil des ans, des efforts ont été faits pour rendre la zone plus adaptée à un usage agricole.
Au détour de ces beaux chemins, de terre ou herbeux, nous découvrons une stèle érigée, en 1982, pour commémorer les 600 ans de la bataille du Beverhoutsveld. Le 3 mai 1382, cette bataille fut l’une des phases de la révolte de Gand menée par Philip van Artevelde contre Louis II de Male, comte de Flandre. Diverses découvertes archéologiques, qui pourraient être liées à cette bataille, ont été faites sur les champs du Beverhoutsveld, notamment des épées, des lances et des boulets de canon.
Après cette stèle, nous avançons le plus souvent sur de larges drèves gravillonnées, rectilignes, bordé de peupliers ou de chênes, entre les champs et les prairies. Sur cette vaste plaine, il est assez facile de deviner d’où provient le vent dominant en observant la courbure supérieure des arbres.
À la fin de ce beau tronçon, de six kilomètres, nous suivons brièvement une petite route et rejoignons, un peu plus loin, le canal Gand - Bruges. Grâce à un portique en bois, nous pénétrons dans la réserve naturelle de la vallée de Zuidleie. Entre 1856 et 1864, le cours du canal a ici été modifié par le creusement d’une haute crête sablonneuse de 1 500 mètres de long. La réserve (7 ha) abrite des bovins et des ânes qui, par leurs pâturages intensifs, maintiennent le caractère naturel des lieux. De nombreuses plantes et animaux rares des landes et des sols sableux pauvres y trouvent refuge. Les berges offrent un habitat idéal pour les martins-pêcheurs et les hirondelles.
Par un autre portillon, nous quittons ce site et avançons, pendant 400 mètres, sur la route longeant le canal. Nous grimpons ensuite vers le pont permettant à la N370 de franchir le cours d’eau. De l’autre côté du canal, il est possible, en restant au bord de la grand-route de rejoindre plus rapidement la gare de Beernem. Toutefois, nous décidons de rester encore un peu sur le GR 129 (cela raccourcira la prochaine étape) même si ce parcours se déroule entièrement sur le goudron. C’est au bord de la N368, alors que le tracé blanc et rouge s’en va traverser l’autoroute E40, que nous terminons la randonnée. Nous devons encore marcher 1,5 km le long de cette nationale afin d’atteindre la halte ferroviaire.
➔ Jonction avec d'autres GR
- Le GR 5A : Wandelronde van Vlaanderen décrit une grande boucle d'environ 600 km autour de l'ancien comté de Flandre, les provinces actuelles de Flandre orientale et de Flandre occidentale. Ce sentier de grande randonnée passe notamment par De Panne, Oostende, Brugge, Anvers, Alost, Grammont et Renaix.