GR 129 : Dinant → Gendron-Celles (17 km) - avril 2021
Info : pour effectuer cette étape, nous avons pris le train entre les gares de Gendron-Celles et de Dinant.
Depuis la gare, nous nous dirigeons vers le pont enjambant la Meuse (100 mètres d’altitude). Nous y découvrons une statue de cuivre, haute de 2,5 mètres, représentant Charles de Gaulle lorsqu'il avait 24 ans. Il s'agit de la seule statue représentant Charles de Gaulle lorsqu'il n'était encore que lieutenant.
Le 15 août 1914, les Allemands bombardent Dinant et se rapprochent de la citadelle qu'ils veulent prendre. La compagnie de Charles de Gaulle est appelée pour couvrir la retraite des Français qui sont surpassés. Après avoir fait 20 mètres sur le pont, Charles de Gaulle est grièvement blessé à la jambe droite et trouve refuge dans une maison voisine.
Le 23 août 1914, les Français se retranchent sur la rive gauche de la Meuse et, sous prétexte que des francs-tireurs auraient participé aux combats, les Allemands investissent la ville, pillent les habitations, les incendient et s’en prennent à la population. 674 civils seront tués par les troupes allemandes, la plupart lors de cette journée du 23 août.
Nous passons près de l’imposante collégiale Notre-Dame, reconnaissable entre toutes en raison de son clocher en forme de bulbe (daté de 1566). Conçue d’abord sous la forme d’un oratoire, elle fut l’objet d’agrandissements pour devenir, en 934, une collégiale de style roman. En 1228, le décrochage d’un pan de rocher réduisit à néant l’édifice religieux.
L’église fut progressivement reconstruite au cours du XIIIe siècle, avec quelques travaux de réparation après le sac de la ville, par Charles le Téméraire et son armée, en 1466. À l'intérieur, on peut notamment admirer le buste reliquaire de Saint-Perpète.
Cet évêque de Maastricht affectionnait la cité dinantaise ; il y décède en 617. Au XIe siècle, son corps est transféré dans la collégiale et placé dans une châsse qui disparaît à la Révolution. Sa tête avait toutefois été déposée dans un autre reliquaire en argent qui, grâce à la diligence de deux Dinantais, a été préservé des révolutionnaires.
Le tracé blanc et rouge suit brièvement le fleuve, puis emprunte la rue des Trois Escabelles. Le nom de cette petite rue pavée provient de l’atelier, à l’enseigne « Aux trois escabelles », des frères Stilmant. Peintres, architectes et sculpteurs, Michel et Jaspard Stilmant sont connus pour avoir conçu les plans de l’église de Foy-Notre-Dame et peint son plafond à caissons de chêne.
Par un sentier en lacets, nous quittons le centre de Dinant. Au sommet (175 mètres d’altitude), nous poursuivons sur un agréable sentier, à flanc de coteau, jusqu’à la rue du Grand Pré. C’est là, à côté d’une chapelle érigée par la Fédération Nationale des Anciens Prisonniers de Guerre, que nous nous séparons du GR 126 et du GRP 125.
Désormais seul, le GR 129 monte la rue du Grand Pré et continue ensuite l’ascension sur un chemin herbeux, encaissé, à l’arrière d’un lotissement. Nous traversons le chemin d’Herbuchenne (une route à grande circulation) et prenons, en face, un chemin de terre évoluant, pendant 1,4 km, au milieu des champs. Progressivement, la brume matinale s’estompe et nous permet ainsi de mieux profiter du paysage…
Jusqu’à Foy-Notre-Dame, nous progressons sur le « Chemin des Pèlerins ». Depuis l’épidémie de peste de 1625, les Dinantais viennent tous les ans à Foy en empruntant ce chemin qui relie la cité mosane au sanctuaire en traversant bois et campagnes. Le parcours est ponctué de potales (les plus anciennes datent du XVIIIe siècle) qui constituent autant de haltes de prière ou de repos.
Après la traversée d’un quartier résidentiel, nous descendons un chemin de terre, en lisière de forêt, puis nous progressons dans ce bois pendant un kilomètre. Par un chemin, assez boueux, entre les terres cultivées, nous nous dirigeons vers Foy-Notre-Dame. C’est sur un banc, au pied de l’église du village que nous effectuons la pause de midi.
Selon la tradition, en 1609, un bûcheron aurait découvert une statuette de la Vierge Marie au cœur d'un vieux chêne qu'il était en train d'abattre. Cette découverte a, dans le cadre du renouveau religieux né de la Contre-Réforme, donné à cette terre une destinée aussi inattendue qu'internationale.
Vers 1613, une chapelle fut construite par le baron de Celles, et un premier miracle a été attesté en 1616. Devant l'affluence qu'il provoqua et suite à la visite, en 1619, des archiducs Albert et Isabelle, le prince-évêque nomma le prélat de l'abbaye de Leffe, administrateur du sanctuaire et des pèlerinages.
La chapelle fut complétée par une nef et quelques bâtisses ont été érigées afin de loger les pèlerins. L'élément le plus remarquable de l'édifice est son célèbre plafond à caissons. Celui-ci est constitué de 145 panneaux peints à l'huile (par les frères Stilmant) représentant des scènes de la vie de Marie et des portraits de saints.
Cette pratique architecturale, issue de la renaissance italienne, présente plusieurs avantages. Un plafond est plus léger et moins coûteux qu'une voûte ; il autorise la construction d'une grande halle sans contreforts avec des murs moins massifs. En permettant aux pèlerins d'offrir un panneau, les frais de construction ont été diminués.
Dans la nuit du 23 décembre 1944, deux membres de l’armée secrète (le baron Jacques de Villenfagne et le vicomte Philippe le Hardy de Beaulieu) ont contribué, ici, à l’arrêt de l’offensive allemande von Rundstedt.
Leur repérage visuel cartographié, communiqué aux forces alliées, a permis à l’artillerie anglaise et américaine de bombarder le lendemain une colonne de chars et d’infanterie. Sur recommandation des deux observateurs, l’église de Foy-Notre-Dame fut épargnée ; seul un vitrail a été brisé.
Le calvaire d'allure baroque, situé à l'entrée du cimetière, date de 1633 et se situerait là où se trouvait le chêne abritant la statue. Au sommet de la colonne, deux médaillons en bronze, du début du XXe siècle, figurent un calvaire et, de l’autre côté, un pèlerin agenouillé devant Notre-Dame de Foy.
Dans le village, nous croisons le GR 575 - 576 avec qui nous ferons parcours commun durant trois kilomètres. Nous montons vers la N97 aussi appelée « Route Charlemagne » et prenons, de l’autre côté, à l’angle d’une ferme, un chemin herbeux longeant, pendant 1,2 km, la grand-route. C’est sur ce tronçon que nous atteignons le point culminant de l’étape : 292 mètres d’altitude.
À l’entrée du hameau de Boisseilles, nous traversons la N94 et admirons ensuite le château construit à la fin du XVIIIe siècle. Nous nous séparons du GR 575 - 576 et descendons un chemin caillouteux, entre les champs, aboutissant à la ferme d’Hubermont. Là, nous rejoignons la route de Furfooz au bord de laquelle nous marchons pendant 600 m.
Nous quittons cette route pour prendre, sur la droite, un chemin caillouteux montant à travers bois. Il est possible, en restant sur la route (400 mètres hors GR), d’atteindre le château de Celles, dit château de Vêves, l'un des spécimens les plus remarquables de l’architecture militaire du XVe siècle.
Les fondations du château primitif remonteraient à Pépin de Herstal (670-714), attiré en ces lieux par le voisinage de Saint-Hadelin et par la situation favorable de la colline qui domine et commande l’ancienne route de Dinant vers Rochefort. Détruits en 1200, reconstruits en 1230, les bâtiments brûlèrent au début du XVe siècle et furent rétablis après l’incendie.
Le plan du château forme un triangle irrégulier flanqué de quatre grosses tours ainsi que deux autres plus petites. Les principales transformations extérieures ont été apportées aux XVe et XVIe siècles ; la belle galerie en colombage qui longe le côté nord-ouest de la cour intérieure, date de cette époque.
Au XVIIIe siècle, les espaces intérieurs furent aménagés pour accueillir des appartements décorés en style Louis XV et Louis XVI. Lors des travaux de restauration entrepris entre 1969 et 1979, la vaste salle d’armes a retrouvé son aspect initial ; son beau pavement en grès a notamment pu être reconstitué.
Pendant près de deux kilomètres, nous progressons sur le plateau agricole avant d’amorcer la descente (de 200 à 135 mètres d’altitude), à travers bois, vers la N910. En suivant cette route, sur 400 mètres, nous parvenons à la gare de Gendron-Celles où nous terminons, vers 14 h, cette étape.
➔ Jonction avec d'autres GR
- Le GRP 125 : Tour de l’Entre-Sambre-et-Meuse. Au départ de Walcourt, ce sentier de grande randonnée effectue une grande boucle de 270 km, à travers l’Entre-Sambre-et-Meuse. Il passe notamment par les lacs de l’Eau d’Heure, Nismes, la vallée de l'Hermeton, Dinant, Namur et Fosses-la-Ville.
- Le GR 126 : De Bruxelles à la Semois débute au pied de l'Atomium et passe au centre de Bruxelles avant de traverser le Brabant wallon. Il suit les rives de la Meuse entre Namur et Dinant, puis s’engage, au-delà du château de Freyr, le long de la Lesse. Ce sentier de grande randonnée pénètre ensuite dans la forêt ardennaise pour terminer son parcours, de 236 km, au bord de la Semois.
- Le GR 575-576 : À travers le Condroz résulte de la réunion du GR 575 : Tour du Condroz namurois et du GR 576 : Tour du Condroz liégeois en une grande boucle de près de 300 kilomètres.