GR 14 : Trois-Ponts → Malempré (27 km) - juillet 2017
Jusqu'en 1860, Trois-Ponts n'est qu'un hameau d'une dizaine de maisons, mais sa situation à la croisée des axes routiers en fait un lieu de passage fréquenté ; d'ailleurs, un relais de poste y est attesté dès le XVIIIe siècle. C’est à Trois-Ponts que la Salm et le Baleur se jettent dans l'Amblève. Un pont sur la Salm, un sur l'Amblève et un sur le Baleur, c'est de cette particularité qu'est né le nom de la commune.
Vers 9 h 30, au départ de la gare, nous descendons vers le centre-ville et, juste avant de franchir la Salm, nous laissons partir le GRP 571 (nous le retrouverons plus tard, à Lierneux). Après avoir brièvement suivi la N66, nous empruntons la rue des Écoles jusqu’au pont sur le Baleur.
Pendant six kilomètres, nous allons remonter la rive gauche de ce cours d’eau. Le Baleur, aussi appelé ruisseau de Bodeux, prend sa source près du hameau d’Erria, dans la commune de Lierneux. Passant par Basse-Bodeux, le ruisseau se jette dans la Salm à Trois-Ponts, après un parcours de 11 km.
Nous longeons un étang et, par de larges chemins forestiers, nous grimpons de 297 à 352 mètres d’altitude. Nous passons sous une ligne à haute tension et découvrons, sur la gauche, un beau point de vue. Le tracé blanc et rouge descend ensuite vers le village de Basse-Bodeux qu’il atteint en empruntant, sur un kilomètre, la rue du Moulin.
Au rond-point sur la N66, décoré avec un grand vélo, nous suivons la rue des Tronlays. 500 mètres plus loin, nous prenons, sur la droite, un chemin caillouteux. Pendant deux kilomètres, nous progressons, à travers bois, à quelques pas du Baleur. Grâce à une passerelle, nous traversons le ruisseau et montons le sentier, en face, vers Réharmont.
Dans ce hameau, complètement entouré de bois, nous effectuons une première pause. La chapelle, dédiée à Saint-Remacle, a probablement été achevée en 1801 (date figurant sur le linteau du portail). Bâtie en moellons de grès, elle est surmontée d'un clocheton à quatre pans.
En 2012, Mélissa Résimont, en association avec son frère Nicolas, achète, rénove et aménage une microbrasserie dans une ancienne fermette, en face de la chapelle. La brasserie prend le nom de la Lienne. Le premier brassin de Lienne (blonde) est réalisé au printemps 2013.
Les étiquettes, représentant une chèvre, s'inspirent de la légende locale de la « Fée de la Lienne et de la Chèvre d'Or ». Sous le nom de la bière, quelques ondulations évoquent les flots de la Lienne.
Nous quittons Réharmont et, par de beaux chemins au milieu de la forêt, nous continuons à prendre de la hauteur. Au niveau d’un chemin plus important, sous une ligne à haute tension, nous trouvons un banc où effectuer la pause de midi. Le GR 14 poursuit son ascension jusqu’à atteindre, au lieu-dit « Hêtre du Berger », l’altitude de 540 mètres. Nous entamons ensuite la lente descente, toujours à travers bois, vers Arbrefontaine, situé 2 km plus loin.
Nous entrons dans le village en descendant une route encaissée. Le long du talus, on peut observer 14 édicules, d'environ 1,5 m sur 90 cm, recouverts d’une dalle de schiste. Ces 14 haltes de prières conduisent, en fin de parcours, à une chapelle carrée. On n’a pas vraiment d'indication sur les origines de ces constructions, mais elles datent probablement du XVIIIe siècle.
Le tracé blanc et rouge traverse ce charmant village. Contrairement à ce que l'on pourrait penser, le nom d’Arbrefontaine ne provient pas du mot « Arbre » mais était à l'origine « Albam Fontanam », ce qui signifie : blanche fontaine. L’usage populaire fit peu à peu évoluer l’appellation et l'on trouve le nom actuel depuis 1713.
L’église Saint-Maurice, rebâtie au milieu du XIXe siècle, est élevée sur des bases datant d’environ 1600. Le long du bâtiment, on trouve de vieilles pierres tombales. À l’intérieur, le plafond en bois peint attire l’attention ; en forme de coque de bateau renversé, on peut y voir plusieurs figures de saints. Les vitraux datent d’après la Seconde Guerre mondiale ; l’un d’eux comporte les noms des dix-huit prisonniers, originaires du village, revenus vivants des camps de concentration.
Après 12 km, presqu’exclusivement forestier, l'itinéraire devient désormais campagnard. Nous progressons sur une petite route et, peu après la fin de l’asphalte, nous tournons à gauche vers Brux. Nous traversons ce hameau, ainsi que la N822, et nous nous dirigeons vers une exploitation agricole.
Sur le chemin herbeux, suivi en descente, nous profitons d’un large panorama sur Lierneux et ses environs. Nous retrouvons la N822, à l’entrée de La Falize. Ce hameau, faisant partie de la commune de Lierneux, doit son nom à la grande falaise verticale qui surplombe la route à son entrée.
La « Roche Jehenson », autre appellation en ce lieu, est un accident géographique naturel assez curieux. Les parois envahies par les pluies excavent son sein et la mousse qui l’enrobe rend cette falaise sauvage et magnifique.
Juste avant le pont sur la Lienne, nous tournons à gauche sur un chemin empierré, partiellement herbeux, et longeons la rivière, jusqu’à la N645. Nous traversons la Lienne et empruntons la grand-route, sur une centaine de mètres. Nous suivons ensuite l’assiette de l’ancienne ligne vicinale, en surplomb de la N645.
La Lienne prend sa source entre Lierneux et la Baraque de Fraiture, sur le plateau des Tailles, à 460 mètres d’altitude. Après Lierneux, la rivière crée la réserve naturelle des « Prés de la Lienne », puis elle arrose Trou de Bra et Les Forges. Au terme d'un parcours de 29 km, le cours d’eau se jette dans l'Amblève à Targnon (190 mètres d’altitude).
C'est en 1892 que le conseil communal de Lierneux mit pour la première fois à l'ordre du jour cette importante question qui consistait à relier par un vicinal le village à la ligne de chemin de fer Vielsalm - Liège. Les travaux du vicinal Lierneux - Vielsalm commencent en 1903. Le 23 octobre 1904, le tram fait sa sortie d'essai et le premier voyage, en exploitation commerciale, s’effectue le lendemain.
La distance Lierneux - Vielsalm (15,25 km) est franchie en 1 h 07, ce qui n'est pas un record de vitesse. Les locomotives à vapeur circuleront jusqu'en 1935, moment où des autorails diesel font leur apparition sur la ligne rénovée ; le trajet dure alors 45 minutes. Ce tram a véhiculé beaucoup de voyageurs entre les deux entités, mais il a également transporté de nombreuses marchandises (bois, charbon, engrais, pierres, ...).
Raccourcie de quelques centaines de mètres, à cause de dégâts dus à la Seconde Guerre, la ligne fonctionnera jusqu'en 1958 ; elle sera alors remplacée par un service d'autobus et l'enlèvement des rails se fera peu à peu. La majeure partie de cette ligne suivait la route entre Hébronval et Salmchateau. Un tronçon en site propre existait entre Lierneux et Hébronval.
Par un sentier, entre deux prairies, nous rejoignons un chemin de terre où nous retrouvons le GRP 571 (déjà croisé au début de l’étape) ; pendant 800 mètres, nous cheminerons avec ce sentier de grande randonnée.
Un peu plus loin, grâce à une chicane, nous pénétrons dans une prairie où sont dressés des panneaux solaires. Une seconde chicane, à hauteur d’une ferme, nous permet de sortir du pré. Nous laissons partir le GRP 571, vers la gauche, et descendons vers Lierneux.
Juste avant d’atteindre la ville, nous effectuons presqu’un demi-tour et montons un chemin herbeux encaissé. Nous passons à côté de la « Pierre de la Falhotte ». Dédiée à la déesse Viking Fal ou Faule, sœur de Thor (dieu de la foudre), cette pierre était aussi appelée Pierre du Diable.
Nous descendons, une dernière fois, vers Lierneux. Ce tronçon, au milieu des prés, passe sous les pylônes du téléski, car nous sommes ici sur les pistes de ski du Monty. Cette station familiale, à 500 mètres d’altitude, propose deux pistes de ski alpin, quinze kilomètres de pistes balisées pour le ski de fond ainsi qu’une piste de 200 mètres pour faire de la luge.
La descente se poursuit, sur un étroit sentier, jusqu’à la N822. Nous ne restons pas longtemps sur la grand-route puisqu’après 100 mètres, nous tournons à gauche et grimpons vers Baneux. Cette ascension d’1,5 km s’effectue d’abord sur un chemin de terre puis, à l’approche du hameau, sur une petite route asphaltée.
Si Baneux est formé de quelques belles anciennes fermettes en pierre du pays, il y aussi de nombreuses constructions plus récentes, avec moins de charme.
À la sortie du hameau, le tracé blanc et rouge, poursuit sa montée en se dirigeant vers un bois. À l’orée de celui-ci, sur la droite, une table d’orientation (550 mètres d’altitude) permet d’apprécier le panorama sur Lierneux et ses environs.
C’est à travers bois que s’effectuent les deux kilomètres nous menant à l’E25. Après avoir atteint les 580 mètres d’altitude (point le plus élevé de l’étape), nous poursuivons en légère descente et entrons, sans le remarquer, dans la province de Luxembourg. Il est presque 17 h lorsque nous arrivons à Malempré, petit village situé de l’autre côté de l’autoroute, où se termine cette longue randonnée.
➔ Jonction avec d'autres GR
- Le GRP 571 : Tour des Vallées des Légendes (Amblève - Salm - Lienne). Au départ de Comblain-au-Pont, ce sentier de grande randonnée remonte le cours de l’Amblève en passant par Remouchamps et la cascade de Coo. À partir de Trois-Ponts, il longe la Salm en direction de Gouvy. Le GRP 571 s’en va ensuite rejoindre la Lienne qu’il croise peu avant Lierneux. Au-delà de Pont-de-Targnon, où la Lienne se jette dans l’Amblève, le parcours se dirige vers La Rouge-Minière et Xhoris avant de revenir, après 185 km, à Comblain-au-Pont.