GR 15 : Sedoz (Ninglinspo) → Polleur (23 km) - juillet 2019
Info : pour effectuer cette étape, nous avons pris le bus TEC 294 entre Polleur (Hôtel de la Hoëgne) et Verviers (Gare Centrale), le bus TEC 727 entre Verviers (Gare Centrale) et Louveigné (Plein-Vent), le bus TEC 64 entre Louveigné (Plein-Vent) et Remouchamps (Grottes) et le bus TEC 142 entre Remouchamps (Grottes) et Nonceveux (Ninglinspo).
Afin de réaliser cette étape, en n’utilisant qu’une seule voiture, nous avons dû (comme indiqué ci-dessus) prendre quatre bus différents. Heureusement, tout s’est bien passé et 1 h 30 après notre départ de Polleur, nous étions à Sedoz pour continuer notre périple sur le GR 15.
Vers 9 h 15, nous entamons la première côte qui nous mène, en 3,5 km, de 174 à 407 mètres d’altitude ; cette ascension s’effectue en remontant d’abord le cours du Ninglinspo. Ce ruisseau dévale, sur près de trois kilomètres, un dénivelé de 238 mètres (pente moyenne 7,9 %), ce qui en fait l’un des seuls torrents de Belgique. Le Ninglinspo, en se faufilant entre de gros blocs de quartzite, donne naissance à de nombreuses cascades et des « cuves » ou « bains ».
Le Ninglinspo, formé par les ruisseaux des Blanches Pierres et du Hornay, se jette dans l’Amblève. Le nom d'origine du ruisseau : le « Doulneux » rappelle que celui-ci est issu d'une aulnaie. Ce patronyme figure déjà en 647 dans une charte de Sigebert III, roi des Francs d'Austrasie, pour situer une frontière de son territoire. Nous parcourons ce site, inscrit au patrimoine exceptionnel de Wallonie, en empruntant de nombreux ponts et passerelles.
Près du « Bain de Vénus », le tracé blanc et rouge s’éloigne du ruisseau et se dirige vers Vert-Buisson. C’est par un large chemin caillouteux que nous atteignons ce hameau situé à 417 mètres d’altitude, point culminant de l’étape. Vert-Buisson trouve son origine dans sa fonction : un relais routier sur la Vèquée (ou Vecquée) ; l’ancienne voie reliant la cité des princes-évêques (Liège) à l'abbaye de Stavelot.
Le hameau se situait exactement à la frontière du marquisat de Franchimont et d'une « terre franche » farouchement monopolisée par un duché de Luxembourg jaloux de ses privilèges. Cette situation donnera naissance à quatre siècles de guerre : les « guerres de la Porallée », du nom de la terre franche.
Nous prenons un chemin de terre, entre des haies vives, menant, après 800 mètres, à un croisement. C’est là que devrait aboutir la variante permettant de découvrir la charmille du Haut-Marais, mais nous ne trouvons aucune balise indiquant cet itinéraire ; le début de cette variante, situé dans le vallon du Ninglinspo, près du « Bain de Vénus », n’était pas renseigné non plus... Un peu plus loin, le GR 15 traverse la N606 et descend ensuite, à travers bois, vers Winamplanche.
Pour atteindre Winamplanche, nous empruntons un sentier, très rocailleux, en lisière de prairies. À l’entrée du village (255 mètres d’altitude), nous croisons le GR 5 avec qui nous ferons parcours commun jusqu’à Spa (7 km).
Winamplanche pourrait avoir vu le jour au Xe siècle. Aux XVe et XVIe siècles, le village était habité par des bucherons et des forgerons. En 1654, un moulin à farine, dépendant de celui de Spa, y fut construit ; il fonctionnait encore au XXe siècle. En 1714, la première messe a été célébrée dans la chapelle nouvellement construite. L’église actuelle, achevée en 1859, est placée sous le patronage de Saint-André. Jadis, on venait à Winamplanche prier le saint paroissial pour qu’il protège la famille de la coqueluche.
Nous franchissons l’Eau Rouge et grimpons un étroit sentier rocailleux, fortement envahi par la végétation. Le ruisseau de l’Eau Rouge, aussi appelé ruisseau de Winamplanche, marque la limite entre les communes de Spa et de La Reid (Theux depuis 1977). Jusqu'à la fin de l’Ancien Régime, il indiquait la limite des bans de Spa et de Theux.
Après cette côte, assez raide, nous poursuivons l’ascension sur une route asphaltée, pendant 1,3 km. Ce tronçon n’est guère passionnant même s’il se déroule principalement à travers bois. Les deux GR contournent le village de Creppe en empruntant, entre les prairies, des chemins herbeux encaissés. Après avoir longé un centre équestre, nous pénétrons dans le bois de Mambaye où nous cheminons durant 1,5 km. Ce parcours s’effectue, sur de beaux sentiers, essentiellement le long du ruisseau du Vieux Spa. Nous trouvons, dans ce bois, un banc où effectuer la pause de midi.
Nous franchissons le cours d’eau et suivons un chemin forestier grimpant de 316 à 347 mètres d’altitude. Le tracé blanc et rouge redescend, en suivant la « Promenade de Walque », jusqu’à la rue de Barisart et suit cette dernière sur une petite centaine de mètres. Nous montons une rue étroite et descendons ensuite la N686 en direction du centre de Spa.
Située aux confins du massif ardennais, la ville doit sa renommée à ses sources d'eau minérale déjà hautement appréciées par les Romains. Au XVIe siècle, la réputation des eaux favorise son développement. C’est ainsi que le tsar Pierre le Grand vient passer quelques semaines à Spa, en juin 1717, et cette cure d’eau minérale le guérit d’une maladie du foie.
Dès le XVIIIe siècle, Spa devient le lieu de rendez-vous des têtes couronnées et des personnages illustres. L'empereur Joseph II la nomme « le Café de l’Europe ». Tout le monde y vient sous prétexte de cure, mais il s’agit surtout de s’y montrer, et de préférence, en bonne compagnie. À cette époque, on ne prend pas de bains d’eau minérale, on l’ingurgite.
Pour occuper tout ce beau monde, on organise toute une série de passe-temps agréables. L’ouverture des premiers véritables casinos d’Europe, la Redoute en 1764 et le Waux-Hall en 1770, marquent le destin de Spa, ville d’eaux, de jeux et de divertissements. Par ailleurs, l’eau de source est déjà embouteillée et expédiée dans toute l’Europe.
Au milieu du XIXe siècle, l’aristocratie fait place à la bourgeoisie, la villégiature remplace le séjour mondain et la balnéothérapie supplante la crénothérapie. L’urbanisme suit cette évolution et Spa se dote de l’infrastructure indispensable à une ville thermale digne de ce nom.
Au bord de la N62, nous nous séparons du GR 5 et pénétrons, de l’autre côté de l’axe routier, dans le Parc de Sept Heures. Aménagé en promenade publique en 1758, ce parc est ainsi nommé parce que les Bobelins (nom donné aux curistes de Spa) s’y promenaient en fin de journée. La Galerie Léopold II, réalisée en 1878, figure sur la liste du patrimoine exceptionnel de Wallonie. Constituée d’un long promenoir couvert, supporté par une centaine de colonnettes en fonte, elle relie les deux pavillons de briques dits des « Petits Jeux ».
En empruntant d’abord des escaliers, puis un sentier en zigzag, nous montons vers les thermes de Spa (inauguré en 2004) ; ceux-ci se situent sur la colline de Spaloumont, aussi dénommée Anette et Lubin. S’il n’avait pas été en réparation, nous aurions pu grimper grâce au funiculaire. Entièrement automatisé, il relie la place royale au centre thermal une centaine de mètres plus haut. Une des cabines est réservée aux curistes ; l’autre est ouverte au public, moyennant le paiement d’1,50 € le billet aller. Le funiculaire, qui fonctionne plutôt comme un ascenseur, termine sa course à l'intérieur même du centre thermal.
Nous pénétrons dans le bois de Staneu dans lequel nous allons progresser durant cinq kilomètres. C’est à l’entrée de ce massif forestier que le GR 15 rencontre le GRP 573 ; ce croisement, tout comme la variante en début d’étape, mériterait un meilleur balisage ! Par un large chemin caillouteux, nous descendons vers l’étang de Chawion alimenté par le ruisseau du même nom. Le cours du Chawion (environ 6 km) se passe presque exclusivement en milieu forestier.
Au-delà de ce plan d’eau, le tracé blanc et rouge longe une réserve naturelle avant de monter, toujours à travers bois, de 267 à 363 mètres d’altitude. Ce parcours s’effectue tantôt sur d’étroits sentiers fortement encaissés, tantôt sur de larges chemins de terre. Arrivés au sommet, il ne nous reste plus qu’à descendre vers Polleur en passant sous l’imposant viaduc autoroutier. La construction de ce dernier a débuté en juin 1976 ; le tablier, d’une longueur totale de 464 m, se situe 45 mètres au-dessus de la Hoëgne.
C’est sur un ancien pont que nous franchissons la Hoëgne. On ne connaît pas exactement la date de construction de ce pont qui se trouvait sur l’antique voie romaine allant de Trèves à Tongres. En moellons calcaires, le tablier du pont est construit en léger dos d’âne, au-dessus de deux arches en anse de panier.
Ce pont a été reconstruit deux fois (en 1767 et en 1978) car les années l’ont abîmé des suites de très nombreux passages. De part et d’autre, sur les parapets, deux œuvres remarquables en bronze : un Christ, daté de 1767, et la Vierge à l’Enfant. Celle-ci fut volée dans les années 1990 et remplacée par une œuvre de Jacques Dubois.
Près de l’église, nous croisons à nouveau le tracé du GRP 573 avec qui nous ferons parcours commun durant 2,5 km (500 mètres aujourd’hui et la suite lors de la prochaine étape). L’édifice religieux, en moellons de grès et calcaire, est déjà mentionné au XIIe siècle comme chapelle dédiée à Notre-Dame et à Saint-Jacques. De style gothique, l'église aurait été construite, vers 1450, sur les ruines d’un ancien temple ; des restes ayant été trouvés à la suite de fouilles vers 1900.
Le clocher unique en son genre, car tordu volontairement serait, selon la légende, le fait du diable lui-même qui, en colère, donna d’un coup de pied cette forme actuelle. Contrairement à d'autres clochers « tordus » de la région (Goé, Herve, Baelen), ici, la forme ne résulte pas de déformations ou de torsions dues au travail du bois dans le temps. L'ossature du clocher de Polleur montre une volonté déterminée de réaliser un clocher tors. Cette forme vrillée, qui offre une prise aux vents moins importante, pourrait être la solution trouvée par les constructeurs pour augmenter sa résistance.
Nous traversons le village de Polleur qui a emprunté son nom au cours d’eau qui le traverse, la Poleda, devenue aujourd’hui la Hoëgne. La localité s’est développée principalement sur la rive droite de la rivière. C’est au bord de la N640, près de la statue du Congrès de Polleur, que se termine cette étape. Ce monument commémore la réunion tenue par des délégués des divers bans de la région, en 1789, afin de rétablir les libertés et franchises du pays de Franchimont.
Après plusieurs jours de réunions, le congrès a adopté le texte d’une « Déclaration des Droits de l’Homme et du Citoyen », s’inspirant de la déclaration proclamée à l’Assemblée nationale française peu de temps auparavant et ponctuée d’accents locaux. Le Congrès de Polleur jouera ainsi un rôle non négligeable dans la révolution liégeoise. Ce monument aux Droits et aux Libertés a été érigé en 1989, à l’occasion du 200e anniversaire dudit Congrès de Polleur.
➔ Jonction avec d'autres GR
- Le GRP 571 : Tour des Vallées des Légendes (Amblève - Salm - Lienne). Au départ de Pont-de-Scay, ce sentier de grande randonnée remonte le cours de l’Amblève en passant par Aywaille, Remouchamps, les Fonds de Quarreux et la cascade de Coo. À partir de Trois-Ponts, il quitte la vallée de l’Amblève pour longer la Salm. Arrivé à Gouvy, le GRP 571 s’en va rejoindre la Lienne qu’il croise peu avant Lierneux ; il suit et franchit plusieurs fois cette rivière jusqu’à Pont-de-Targnon où la Lienne se jette dans l’Amblève. Le parcours se dirige ensuite vers La Rouge-Minière, Xhoris et Comblain-au-Pont avant de revenir, après 185 km, à Pont-de-Scay.
- Le GR 5 : Mer du Nord - Méditerranée. Ce sentier de grande randonnée relie la mer du Nord à la Méditerranée en 2 600 kilomètres. Du nord au sud, il parcourt ainsi les Pays-Bas, la Belgique, le Grand-Duché de Luxembourg, la France où il traverse les Vosges et le Jura, la Suisse près du lac Léman, puis à nouveau la France à travers les Alpes jusqu'à la Méditerranée.
- Le GRP 573 : Tour de la vallée de la Vesdre et des Hautes Fagnes. Au départ de Chaudfontaine, ce sentier de grande randonnée sinue le long de la Vesdre en passant par Pepinster et Verviers. Après Eupen, il remonte la Helle pour déboucher dans les Hautes Fagnes. À partir du signal de Botrange, le GRP 573 suit la Hoëgne jusqu’au pont de Belleheid. De là, il s’en va vers Spa et Banneux avant de revenir, via Fraipont, à Chaudfontaine.