GR 5 : Herentals → Westerlo (18 km) - mai 2021
Info : pour effectuer cette étape de 19 km dont 18 sur le GR, nous avons pris le bus De Lijn 510 entre Westerlo (de Merodedreef) (600 m hors GR) et Zoerle-Parwijs (Dorp), puis le bus De Lijn 305 entre Zoerle-Parwijs (Dorp) et Herentals (Station perron 6).
Nous commençons cette étape à la gare d’Herentals où un autocollant nous informe que nous croisons le Streek-GR Kempen ; il s’agit en fait d’un itinéraire de liaison permettant, en 3,5 km, de rejoindre ce sentier de grande randonnée.
En suivant la Belgiëlaan, nous nous dirigeons vers le centre de la cité qui est la capitale historique de la Campine. Le nom « Herenthals » est mentionné dès 1150 et signifie « la colline où pousse le charme ». Après un petit détour par un parc, nous parvenons sur la Grand-Place (Grote Markt) où nous admirons, en son centre, la halle aux draps.
Au XIVe siècle, au moment où le commerce de la laine et du drap était en plein essor, la ville a connu une grande prospérité. Au XVe siècle, les tisserands en laine et les drapiers ont construit la halle aux draps pour pouvoir y exercer leur commerce. Le bâtiment presque entièrement détruit par un incendie en 1512 a été reconstruit en 1534.
Le beffroi, avec sa tour d’environ 35 mètres de haut, est installé, depuis 1534, sur le côté nord de la halle aux draps. Les privilèges qui, selon la tradition brabançonne, étaient conservés dans l’église Sainte-Waudru, y ont été transférés vers ce beffroi par la suite. Depuis le début du XVIIIe siècle, on y trouve un carillon, encore utilisé de nos jours.
La statue que l’on peut observer sur le côté sud de la halle date de 1898. Elle commémore la bataille d'Herentals (28 octobre 1798) qui fut l’épisode le plus sanglant de la révolte des paysans Campinois contre l’occupant français.
Plutôt que de suivre le balisage, nous effectuons un petit détour afin de découvrir la « Bovenpoort ». Cette porte, mentionnée pour la première fois en 1361, faisait, tout comme la « Zandpoort », partie des remparts de la ville ; elle a été détruite et reconstruite à plusieurs reprises.
En 1754, faute d’argent pour la restauration, on décida de démolir une grande partie de la porte vu qu’elle n’avait plus aucune utilité militaire. Une restauration, qui a été déterminante pour son aspect actuel, a cependant eu lieu en 1772 ; c’est alors que l’on plaça deux vases ornementaux sur le toit.
L’église Sainte-Waudru, communément appelée « Bovenkerk », a été édifiée au centre de la plus ancienne implantation d'Herentals. C’est un bel exemple du style gothique brabançon. Le positionnement de la tour entre le chœur et la nef est étrange ; cela donne l’impression que la tour s’enfonce dans la nef. Ceci s’explique probablement par le fait que la tour et la croisée du transept sont les seuls témoins qui nous sont restés de l’église du XIVe siècle.
Nous passons le long d’une zone commerciale et traversons la N13 avant de franchir une écluse. Celle-ci se trouve sur le canal Bocholt - Herentals qui relie le Zuid-Willemsvaart, près de Bocholt, au canal Albert à Herentals. Ce canal, de 57 km, traverse les provinces du Limbourg et d’Anvers ; son dénivelé de 33 m est compensé par 10 écluses. Pendant 1,4 km, nous progressons au bord du canal.
À la fin de ce tronçon, nous traversons à nouveau la N13 et prenons, en face, la Honingstraat. Cette rue, qui devient rapidement un chemin de terre, nous mène, entre champs et prairies, jusqu’au complexe d’écluses d’Olen.
Situé sur le canal Albert, l’ensemble, édifié dans les années 1930, comprend deux écluses de 136 x 16 mètres et une écluse à barge de poussée de 196 x 24 mètres ; elles permettent aux bateaux de franchir un dénivelé de 10 mètres. En moyenne, 120 navires franchissent ces écluses toutes les 24 heures.
En 2014, des installations de pompage ont été construites. En période de pénurie d'eau, elles pompent l'eau du niveau inférieur du canal vers le niveau supérieur, de sorte que la même eau puisse être utilisée pour l'éclusage. Pendant les périodes où l'eau est disponible en quantité suffisante, ces installations produisent de l'électricité verte.
De l’autre côté du canal Albert, nous découvrons le « Buulmolen » dont la toute première mention remonte à 1362. En 1938, suite à la construction du canal, le moulin a dû être démonté et transféré au Noordkasteel d'Anvers ; il a encore déménagé par la suite.
Dans la perspective de la célébration des 1 000 ans d'Olen (1994), des tentatives ont été faites pour ramener le moulin, mais sans succès. L’édifice est finalement revenu sur ses terres d’origine en 2003. Le contraste esthétique entre ce vieux moulin et la nouvelle éolienne, toute proche, est frappant.
Nous contournons un petit bois et parvenons à l’entrée d’Olen. Le tracé blanc et rouge passe sous l’autoroute E313 et atteint, 500 mètres plus loin, le centre de la localité. À côté du presbytère, un beau bâtiment construit en 1769, nous découvrons un ensemble de petites statues représentant les plus célèbres légendes d'Olen, dont l'empereur Charles Quint et son pot à trois oreilles.
Charles Quint aurait exprimé son souhait de visiter Olen, mais les fermiers des environs avaient à l’époque la réputation de boire leur bière dans des pots démunis d’anse. Afin d’honorer l’empereur et de lui montrer que les Campinois avaient de belles manières, il fut décidé de fabriquer des pots munis d’une anse.
Lorsque le souverain arriva dans le village, l’aubergiste qui lui offrit une pinte de bière tint le récipient par la poignée et donc, Charles Quint fut contraint de prendre l’objet à pleines mains ! À la suite de cela, lorsque l’empereur annonça qu’il revenait dans la localité, on décida d’avoir des chopes porteuses de deux anses !
L’aubergiste chargé d’offrir la boisson présenta la pinte en la tenant par ses deux anses, et le monarque n’eut donc d’autre choix que de prendre l’objet par le corps ! Lors de la troisième visite impériale à Olen, les habitants avaient prévu une chope munie de trois anses. Mais une nouvelle fois, l’aubergiste gaffa : il tendit le breuvage en le tenant par deux anses, mais en laissant la troisième dirigée vers lui…
Nous quittons Olen et avançons, pendant six kilomètres, tantôt au milieu des bois (dont le Teunenberg et le Stassenbos), tantôt entre les terres cultivées ; les sentiers et chemins de terre alternent avec les petites routes.
Le GR 5 rejoint l'Oevelse Dreef qu’il suit pendant 800 m avant de prendre, sur la gauche, un sentier asphalté évoluant à l’arrière d’un quartier résidentiel. Au bout de ce sentier, nous longeons l’enceinte de l’abbaye de Tongerlo.
Nous pénétrons sur le site par un imposant portail ; le soubassement roman (XIVe siècle) est surmonté d’un étage gothique (XVIe siècle). Au-dessus du portail, on peut voir les statues de Sainte-Barbe, Sainte-Catherine et Notre-Dame, la patronne de l'abbaye.
Fondée en 1128, l'abbaye de Tongerlo s’est rapidement développée. Un grand nombre de paroisses des alentours lui sont confiées ; au plus fort de son rayonnement, 42 paroisses étaient desservies par des chanoines de Tongerlo. Aux XVe et XVIe siècles, l’abbaye atteint son âge d’or. Elle possède de vastes domaines dans tout le Brabant avec une centaine de fermes, moulins, bois et maisons de rapport.
L'abbaye joue également un grand rôle social et politique dans le duché de Brabant. Des centaines de nécessiteux sont secourus par l’abbaye où l’on distribue du pain trois fois par semaine. En décembre 1796, les 125 chanoines sont expulsés par les lois de sécularisation de la République française. Les biens sont confisqués, la riche bibliothèque, les trésors religieux et artistiques étant vendus.
Le domaine est démembré : l'église, les bâtiments et la ferme sont vendus séparément ; certains bâtiments, dont l’église, sont démolis. Au début du XIXe siècle, des chanoines prémontrés parviennent à racheter certaines parties du domaine (environ la moitié), mais ce n’est qu’en 1840 que la communauté (14 chanoines) peut réintégrer Tongerlo.
Aussitôt, une nouvelle église, flanquée d’un cloître, est mise en chantier. C’est l’édifice néogothique, construit entre 1852 et 1858, que l’on peut voir aujourd’hui.
Le palais abbatial, de style classique, date de 1728. Il porte, au centre, des armoiries écartelées du père abbé Joseph P. Van der Achter avec la devise « Festina lente » (Hâte-toi lentement) ; les armes sont surmontées de deux crosses, symbole d'une double dignité.
Nous quittons le site de l’abbaye en empruntant une drève bordée de tilleuls tricentenaires. Après avoir franchi une grand-route, nous avançons, pendant 500 mètres, sur la piste cyclable longeant la Boerenkrijglaan. Le GR 5 traverse un quartier résidentiel et se dirige ensuite vers l’auberge de jeunesse de Westerlo. C’est là que nous quittons le tracé blanc et rouge pour rejoindre la voiture, laissée, le matin, près de l’arrêt de bus (600 m hors GR).