GR 5 : Soumagne → Banneux (19 km) - février 2018
Il est presque 11h lorsque nous commençons cette étape qui s’annonce bien vallonnée : 415 mètres de dénivelé positif, 360 mètres de dénivelé négatif. Si le ciel est bleu, la température est, par contre, proche du zéro degré et le vent renforce encore un peu plus cette impression de froid.
Nous traversons prudemment la N3 et descendons la rue Pansery. Après 500 mètres, grâce à un tourniquet, nous pénétrons dans une prairie où nous cheminons parallèlement au ruisseau des Marais. Par un échalier, constitué de deux poteaux métalliques, nous entrons dans une autre prairie. Un peu plus loin, nous franchissons une dernière chicane, très étroite, et poursuivons la progression, à flanc de coteau, dans un sous-bois.


Au bout de ce beau tronçon d’un kilomètre, nous tournons à droite tandis que la boucle (Micheroux - Soumagne) du GR 412 s’en va vers la gauche. Nous suivons la rue des Carmes, sur une centaine de mètres, avant de nous engager dans un étroit sentier passant entre une clôture et une haie vive. Nous longeons ensuite le château de Foxhalle, une belle bâtisse de la seconde moitié du XVIIIe siècle.

Nous franchissons un ancien portail, avec deux grilles, et atteignons une place triangulaire où nous tournons à gauche. Le tracé blanc et rouge descend la rue Longue Voie et passe, en 600 mètres, de 240 à 187 mètres d’altitude. En bas, nous traversons successivement la N621 et la Magne. Ce ruisseau prend sa source à Herve et se jette dans la Vesdre à Prayon. Au gré de son parcours, il traverse Soumagne et disparaît à Saint-Hadelin pour ressurgir au Bay-Bonnet. Particularité sémantique, selon l’endroit où il passe, mais aussi selon les époques, il lui arrive de changer de nom.
Par un étroit sentier herbeux, nous montons, entre les prairies, vers la rue Pont Al Plantche, suivie sur 400 mètres. L’asphalte laisse rapidement place à un chemin empierré puis, sous une ligne à haute tension, nous prenons un sentier fortement raviné. Ce dernier, très glissant au début, s’élargit progressivement et se poursuit au milieu d’un petit bois.


Peu après 12h, nous arrivons à Saint-Hadelin où nous faisons une brève infidélité au GR 5 pour aller admirer ce hameau. Ancien fief de l'abbaye de Stavelot, ce petit territoire d'une dizaine de maisons, groupées autour de l'église et du presbytère, rejoint Olne aux alentours de 1700. Située sur l'éperon rocheux dominant la vallée de la Magne, qui serpente au milieu des prairies, l’église, dédiée à Saint-Hadelin, a été construite en 1676 puis prolongée en 1830.
À côté de l’édifice religieux, on trouve un vieux tilleul, plusieurs fois centenaire, connu comme arbre à clous ayant des vertus médicinales et matrimoniales. En clouant sur l'arbre un morceau de tissu qui avait touché une dent douloureuse, le mal était supposé disparaître (principe du transfert). Il semble que le curé du lieu n'appréciait pas ces croyances païennes et préférait qu'on vienne prier dans l'église pour remédier à la douleur...

De retour sur le tracé blanc et rouge, nous prenons un chemin de terre circulant sur le plateau campagnard. Nous passons ainsi à côté d’un vieux tilleul : le Tilleul Charlemagne. Certainement âgé de près de 500 ans, c’était l’arbre de justice de saint Hadelin. Il donne son nom à la campagne du Tiyou où l’armée française a établi son campement en 1690.

Après 1,5 km, nous parvenons à une petite route et atteignons ensuite Olne où nous effectuons rapidement (à cause du froid) la pause pique-nique. Depuis 2004, Olne est classé parmi les « Plus beaux villages de Wallonie ». C’est au début du XIe siècle que se développe le domaine primitif d’Olne, don de l’empereur Henri II au chapitre de l’église Saint-Adalbert d'Aix-la-Chapelle.
L’habitat traditionnel, issu des XVIIe et XVIIIe siècles ainsi que de la Renaissance mosane, propose une architecture relativement homogène, entremêlant maçonneries de calcaire et de briques. Il est le reflet de la population de l’époque, essentiellement constituée d’artisans, ouvriers, commerçants et marchands. Ainsi, les constructions plus modestes côtoient des maisons bourgeoises, témoignage ostensible de l'essor économique lié à la proximité des grandes villes de Verviers et Liège. Au centre du village, la maison communale, ancienne demeure de notable, a été bâtie en 1747.

Le charme de l’église Saint-Sébastien est dû, en partie, à l’ancien cimetière qui l’entoure et à sa position surélevée au cœur du village. Bâti en 1005, sur ordre d’Henri II, cet édifice de style roman ne comprenait qu’un chœur et une nef. Au XVIe siècle, suite au délabrement de son église, le curé Bodeson entreprend des travaux de restauration pour consolider le bâtiment ; il y adjoint une tour carrée en pierres calcaires. Au départ des protestants hollandais, Olne retrouve sa sérénité et, en 1761, l’église prend l’aspect qu’on lui connaît aujourd’hui : trois nefs réunies sous une même toiture et un large chœur à cinq pans. 25 croix funéraires sont encastrées dans le mur d’enceinte du vieux cimetière. Deux portails classés permettent l’accès à l’église : le plus ancien, en moellons, est couvert d’un « teûtê », l’autre est pourvu d’une haute grille en fer forgé datée de 1774.

Nous quittons Olne (235 mètres d’altitude) en empruntant un chemin de terre qui s’enfonce dans un vallon. Un kilomètre plus loin, à hauteur d’une entrée de prairie, nous prenons, sur la droite, un sentier de plus en plus encaissé et raviné. Presqu’en bas, nous rejoignons une petite route et entrons dans le hameau de Touvoye (140 mètres d’altitude).

Sur un petit pont, nous franchissons le ruisseau de la Hazienne et suivons ensuite, sur 300 mètres, la rue Tonvoie. Nous quittons cette voie asphaltée pour grimper, à droite, vers le hameau de Grihanster. Cette montée, assez rude, s’effectue d’abord dans la rocaille, puis à travers bois. Au sommet, nous débouchons sur une route et lorsque celle-ci s’incurve à gauche, nous nous séparons du GRP 563 : Tour du Pays de Herve qui nous tenait compagnie depuis Dalhem.

Nous poursuivons tout droit, sur un chemin herbeux, jusqu’à un échalier nous permettant de pénétrer dans une prairie. Par un autre « va et vient », nous sortons de cette pâture et suivons ensuite un étroit sentier à flanc de coteau. Après ce passage, nous offrant de beaux points de vue, nous amorçons la descente, en lacets, vers la vallée de la Vesdre (de 177 à 107 mètres d’altitude).


Le GR 5 emprunte brièvement la N604 et traverse, sur cette route, la Vesdre. Cette rivière prend sa source dans les Fagnes de Steinley, près de Monschau, à 605 m d’altitude (valeur moyenne de ses différentes sources, au nombre de 9) et se jette, après un parcours de 72,5 km, dans l’Ourthe à Chênée, à 70 m d’altitude. En raison de sa pente importante, la Vesdre est qualifiée de rivière torrentielle.
Nous atteignons la N61 où nous rencontrons le tracé du GR 573 : Vesdre et Hautes Fagnes. Ce sentier de grande randonnée sinue d'abord le long de la Vesdre vers Pepinster, Verviers et Eupen avant de remonter la Helle et de déboucher dans les Hautes Fagnes. Ensuite, il suit la Hoëgne au milieu des tourbières jusqu’à Polleur, pénètre dans la région de Theux, puis revient vers Pepinster.
Après 200 mètres, juste avant le pont sur la Vesdre, nous tournons à gauche et quittons déjà le GR 573 qui se poursuit tout droit. Nous passons sous la voie ferrée (Liège - Verviers - Aachen) et découvrons, sur le côté du pont, un panneau peint renseignant toutes les distances qu’offre le GR 5. D’ici, il ne nous reste plus que 1550 km pour rejoindre Nice... alors que sur un précédent panneau, vers Saive (il y a environ 18 km), il nous fallait encore parcourir 2115 km pour voir la Méditerranée !

Nous montons un sentier, à flanc de colline, en lisière d’un bois, en parallèle de la Vesdre. 700 mètres plus loin, nous retrouvons l’asphalte et descendons vers le village de Fraipont (110 mètres d’altitude). Pour parvenir à ce dernier, nous empruntons la drève Patureau qui mène jusqu’à une école.

Peu après la gare de Fraipont, le tracé blanc et rouge grimpe, sur la gauche, un discret sentier entre deux maisons... si discret que nous ne l’avons pas vu au premier passage ! Ce sentier qui, au début, semble taillé dans le rocher, atteint un banc et la croix Saint-Jean (restaurée en août 1931). D’ici nous pourrions, avec un peu moins de végétation, profiter du panorama sur la vallée de la Vesdre ; « la plus ravissante vallée qu'il y ait au monde » selon Victor Hugo.

Les quatre derniers kilomètres de l’étape s’effectuent, en montée, sur de larges chemins. Sur ce parcours, l'alternance des sombres forêts d'épicéas et des lumineuses forêts feuillues se conjugue aux paysages agricoles plus ouverts. Après 2,5 km d’ascension, le chemin, dénommé « Thier Mère-Dieu », rejoint la route Fraipont - Banneux (297 mètres d’altitude). Nous suivons celle-ci jusqu’au panneau « Louveigné » et prenons, avant le cimetière, un sentier menant au terrain de football.

Par de larges chemins de terre, nous nous dirigeons vers Banneux où se termine, à proximité du sanctuaire dédié à Notre-Dame, cette belle journée.