GR 5 : Stavelot → Vielsalm (16 km) - mai 2018
Info : pour effectuer cette étape de 25 km dont 16 sur le GR, nous avons pris le train entre les gares de Vielsalm (1,2 km hors GR) et de Trois-Ponts (8,3 km hors GR).
Il est midi quand nous arrivons à Stavelot, après avoir déjà parcouru plus de 8 km. Nous avons aujourd’hui opté pour les transports en commun et le plus « simple » était de prendre le train entre Vielsalm et Trois-Ponts, puis de marcher jusqu’ici en suivant le GR 14 ; un beau tronçon que nous avions découvert l’an dernier.
Avant de réellement commencer l'étape, nous effectuons un petit détour afin de découvrir le centre de la cité des Blancs Moussis. L’église Saint-Sébastien a été construite, entre 1750 et 1754, en remplacement de l’ancienne église paroissiale qui se dressait au centre du cimetière actuel.
L’édifice contient un mobilier intéressant dont un orgue classé et restauré, diverses statues en bois et surtout la châsse de saint Remacle. Placée dans le chœur de l’église, cette pièce maîtresse d’orfèvrerie rhéno-mosane, achevée en 1268, provient de l’ancienne abbatiale ; elle contient toujours les reliques de saint Remacle.
Pour nous rendre à l’abbaye, nous passons par la place Saint-Remacle. L’ensemble architectural qui entoure ce vaste espace recouvert de galets de l’Amblève est classé. La plupart des maisons datent des XVIIIe et XIXe siècles. Au centre, la fontaine porte le perron de la ville, symbole des libertés acquises par le peuple.
La double abbaye de Stavelot et Malmedy a été fondée, aux alentours de 650, par saint Remacle, au centre d’un vaste domaine octroyé par le roi des Francs Sigebert III. Grâce à la générosité des divers souverains, ce domaine s’accrut encore au cours des siècles ; il devint dès lors un État à part entière avec à sa tête un prince-abbé, prince territorial du Saint Empire.
Mis à sac par les Normands en 881, les deux monastères frôlèrent la séparation et procédèrent au partage de leurs biens. La présence des reliques du saint fondateur à l’abbaye de Stavelot lui apporta la prééminence sur Malmedy. C’est la Révolution française qui mit fin à l’existence de l’abbaye.
En 1815, par le congrès de Vienne, Stavelot se vit rattachée aux Pays-Bas et Malmedy à la Prusse. Si la Première Guerre mondiale n’épargna pas la région, c’est surtout au cours de la Seconde Guerre, et tout particulièrement lors de l’offensive des Ardennes durant l’hiver 1944, que les deux villes sœurs auront à souffrir terriblement.
De nos jours, les bâtiments conventuels constituent la partie la plus imposante des vestiges de l’abbaye. Devenus propriété de la Région wallonne, et restaurés entre 1999 et 2002, ils abritent aujourd’hui le musée de la principauté de Stavelot-Malmedy ainsi que le musée du circuit de Spa-Francorchamps et le musée Apollinaire.
Les trois ailes actuelles, construites autour du cloître, avaient été édifiées aux côtés de l’ancienne abbatiale, entre 1740 et 1780, en briques et calcaire dans le plus pur esprit classique de l’époque. La quatrième aile du cloître a disparu en même temps que l’église détruite à la Révolution.
Le seul témoin conservé de l’imposante église abbatiale est la tour carrée, élevée en moellons de grès et de calcaire. Elle présente des bases romanes appartenant à l’avant-corps ouest de l’église consacrée, en 1040, par le prince-abbé Poppon. Reconstruite en 1536, cette tour domine aujourd’hui les vestiges archéologiques de l’église.
Au niveau du pont enjambant l’Amblève, près d’un half-track américain, nous croisons le tracé du GR 14 (par lequel nous sommes arrivés ce matin).
L’Amblève prend sa source aux confins du parc naturel des Hautes Fagnes - Eifel, à une altitude d’environ 600 mètres et se jette, après 93 km, dans l’Ourthe à proximité de Comblain-au-Pont. Le nom germain signifierait « rivière des aulnes » (ambla = « aulne » et ah va = « eau »). Ses principaux affluents sont la Warche, l’Eau Rouge, la Salm et la Lienne.
De l’autre côté de la rivière, nous abordons la principale difficulté de l’étape. Pendant 5,5 km, nous allons grimper et ainsi passer de 279 à 580 mètres d’altitude. Nous empruntons d’abord brièvement le chemin du Château, puis nous prenons un sentier herbeux longeant des prairies.
À la fin de ce sentier, avant de circuler durant 500 mètres sur l’asphalte, nous profitons du point de vue sur Stavelot.
Au terme du tronçon routier (398 mètres d’altitude), le GR 5 monte un chemin de terre, au milieu d’un petit bois, jusqu’à une exploitation agricole. Après cette ferme, nous continuons l’ascension, mais avec une pente nettement moins forte.
Pendant 900 mètres, nous progressons sur un large chemin de terre passant au milieu des prés. Ce chemin est bordé d’arbres assez jeunes, mais qui nous offrent quand même un peu d’ombre.
Nous effectuons une petite pause près du lieu-dit « Croix de la Belle Femme ». Le tracé blanc et rouge prend ensuite la direction du hameau de Logbiermé. Ce parcours de 3,5 km s’effectue à travers bois jusqu’au point culminant de l’étape, puis sur un chemin de terre, entre les prairies, offrant de beaux panoramas.
Logbiermé, autrefois à la frontière entre la Belgique et la Prusse du XIXe siècle, est littéralement au bout du monde ; la forêt protège ce hameau cul-de-sac comme un écrin. Nous traversons la place centrale et remontons légèrement afin de revenir dans la forêt. À la sortie de Logbiermé, nous passons à côté du chalet « Les Gattes », un gîte rural appartenant aux Amis de la Nature.
Après un tronçon forestier, relativement plat, de deux kilomètres, nous arrivons à Mont-le-Soie. Ce nom vient du wallon « Amon l’sôye » : « amon » signifiant « chez » et « sôye » pouvant être à la fois un nom de famille et une profession : scieur de bois. Isolé dans la forêt, ce lieu-dit est en réalité une clairière de 17 hectares.
Il abrite une des deux bases d’activités du Centre européen du Cheval mis en place, depuis l'an 2000, par la Région wallonne. Toutes ses missions et objectifs visent à valoriser l’élevage équin en général et de Wallonie en particulier, que ce soit via le sport, le tourisme, la recherche vétérinaire, la génétique ou la structuration et la promotion commerciale de la filière équine.
Nous effectuons une pause près d’un panneau touristique évoquant le débardage, en forêt du Pays de Salm, réalisé avec le cheval de trait ardennais. « Ce type de débardage respecte les sols fragiles et permet un travail sans bruit de moteur ni pollution » (sic). Une belle phrase que nous lisons tandis que passe à côté de nous un gros et bruyant tracteur effectuant... du débardage !
Le GR 5 emprunte une route asphaltée, sur 600 mètres, et entame ensuite la descente (de 535 à 355 mètres d’altitude) vers Vielsalm. Pendant deux kilomètres, nous progressons sur d’agréables chemins forestiers.
Au croisement de six chemins, nous découvrons le « Rond Chêne ». Cet arbre remarquable, un chêne pédonculé, constitue un vestige de la grande forêt qui existait au XVIIIe siècle. L’utilisation abusive de celle-ci la réduisit à une portion congrue. Le « Rond Chêne » a probablement été épargné parce qu’il servait de point de repère sur la route de Stavelot.
Au XIXe siècle, l’État et les communes décidèrent de reboiser les vastes étendues déboisées. Pour des raisons de rentabilité, les essences résineuses ont été choisies pour repeupler nos forêts.
Au-delà de ce bel arbre, nous continuons la descente, au milieu du bois, sur 1,5 km. De retour sur l’asphalte, nous longeons, pendant 500 mètres, un village de vacances. Vers 16 h, nous atteignons la N68 qui nous amène jusqu’au centre de Vielsalm.
Le mot salm viendrait du celtique salwa (noir, brouillé). À moins que ce nom provienne de l'allemand Salm « saumon », ce qui expliquerait les armoiries de l'ancienne maison de Salm et de la commune actuelle.
Au Xe siècle, le château des comtes de Salm s’érigeait fièrement à Vielsalm, face à l’église actuelle ; il a été détruit lors d’une attaque. Les comtes de Salm firent reconstruire un autre château à quelques kilomètres de là, sur un promontoire rocheux. L’ancien bourg fut dès lors dénommé la « vieille » Salm (Vielsalm), tandis que la « nouvelle » Salm devint Salmchâteau.
La première église de Vielsalm, datant de 1715, a été détruite en 1944. Le bâtiment actuel, dédié à Saint-Gengoul, a été construit en 1953 sur l’emplacement du précédent. De style pseudo-gothique, sa flèche pointe à 50 mètres du sol. On y trouve des fonts baptismaux du XIe siècle et une pierre tombale qui serait celle d’Henri VI de Salm, décédé en 1360.
Les cadrans de l'horloge, avec leurs chiffres remplacés par des figures en métal doré évoquent, suivant le côté, la vie religieuse, l'histoire locale ou la chasse à courre.
Nous quittons ici le tracé blanc et rouge et rejoignons la gare, située à un peu plus d’un kilomètre hors GR. Pour atteindre la station ferroviaire, nous longeons le « lac des Doyards » ; un plan d’eau de 11 hectares. Érigé en barrage sur la Salm en 1978, il avait pour objectif initial de constituer un tampon en cas de crue.
Comme de nombreux plans d’eau en Wallonie, le lac des Doyards n’a jamais réellement rempli ce rôle et a, aujourd’hui, une vocation exclusivement récréative. Sa profondeur varie de 90 cm au point d’entrée de la Salm à 6 m au niveau du barrage.
➔ Jonction avec d'autres GR
- Le GR 14 : Sentiers de l'Ardenne permet, en 276 km, de relier Monschau (Allemagne) à Sedan (France) en passant par Malmedy, Trois-Ponts, La Roche-en-Ardenne, Saint-Hubert, Transinne et Bouillon. Ce sentier de grande randonnée propose ainsi une traversée de l’Ardenne en s’enfonçant dans les forêts et en longeant plusieurs rivières : Warche, Amblève, Lienne, Ourthe, Lomme, Lesse, Our ou Semois.