GR 57 : Esneux → Comblain-la-Tour (21 km) - mai 2016
Info : pour effectuer cette étape de 22 km dont 21 sur le GR, nous avons pris le train entre les gares de Comblain-la-Tour et d'Esneux (900 m hors GR).
Depuis la gare d’Esneux, pour rejoindre le tracé du GR 57, nous devons marcher 900 mètres et traverser l’Ourthe. Du Moyen Âge jusqu'à la Révolution française, Esneux constituait une seigneurie dépendante du duché de Limbourg. À cette époque, son territoire était beaucoup plus étendu que celui de la commune actuelle. Jusqu'au début du XIXe siècle, Esneux resta un village assez pauvre, mais la vie changea réellement après la mise en exploitation du chemin de fer, en 1865. À partir de ce moment, Esneux connut un réel essor et devint un centre de villégiature très renommé.
De retour sur le tracé blanc et rouge, nous passons dans le parc du Mary. En 1845, M. Francotte, propriétaire du Rond-Chêne (un ancien fief, déjà cité en 1298), crée l’étang du Mary (« mauvais ruisseau ») et aménage le parc. En 1882, la propriété est acquise par M. Montéfiore qui autorise l’accès au parc certains jours de la semaine. En 1917, la commune achète le parc, d’environ 22 hectares, afin de le maintenir comme parc public. Classé depuis 1941, il fait actuellement partie d’un ensemble de parcs et forêts couvrant 100 hectares.

Après le passage au bord d’un étang, la première côte de la journée se présente devant nous. Si depuis le départ nous sommes déjà montés de 60 mètres (en deux kilomètres), ici nous aurons le même dénivelé, mais en 700 mètres !


Au terme de cette ascension, sur un beau sentier, nous poursuivons, en faux plat, sur un chemin plus large : la promenade Delsaux. Sur ce tronçon d’un kilomètre, nous découvrons quelques-uns des obstacles du parcours santé d’Esneux ainsi qu’une partie de l’arboretum forestier de la Tessenire. Datant de 1918, ce dernier a été restauré puis étoffé ces vingt dernières années. Avec près de 900 espèces et variétés, c'est actuellement l'un des trois arboretums publics les plus importants de Wallonie.
Nous atteignons une clairière dénommée « Rond-Bâti » où convergent six chemins ou sentiers. Le parcours, toujours à travers bois, passe à côté d’un menhir, transformé en banc, avant de descendre vers une petite route. Nous traversons cette dernière et prenons le sentier en face qui monte (de 213 à 288 mètres d’altitude) d’abord dans un bois de feuillus, puis dans une petite forêt d’épicéas.


Après ce parcours forestier, nous sommes obligés de contourner la carrière du Bois d’Anthisnes. Celle-ci exploite les célèbres grès durs du Condroz, dits de « Monfort », depuis 1899. Juste avant la Seconde Guerre mondiale, la production annuelle se répartissait déjà comme suit : 11 000 tonnes de pavés, 14 500 tonnes de moellons bruts, 3 200 tonnes de moellons de parement et 72 000 tonnes de concassés.

Cette carrière, à ciel ouvert, exploite une voûte anticlinale assez plate à très faible pente. La partie supérieure, sous la couche terrestre, présente une pierre de couleur claire, un jaune ensoleillé, dénommée « pierre d’avoine ». Plus tendre, plus friable, elle convient principalement pour le façonnage de moellons. Les couches intermédiaires et inférieures révèlent des teintes plus variées, dans la gamme de gris-vert-bleu, beige-brun-ferrugineux. À l’heure actuelle, environ 25 % de la production est exportée vers les pays limitrophes.
La carrière n’étant heureusement pas en activité aujourd’hui, nous pouvons passer sur le site sans crainte de voir surgir des camions. Le GR 57 traverse un quartier résidentiel puis descend vers le village de Sart. Cet ancien fief, relevant de la cour féodale de Stavelot-Malmedy, était au Moyen Âge plus important que Poulseur et possédait une cour de justice : l’avouerie. Nous empruntons un sentier discret, car envahi par la végétation, nous amenant dans la rue du Fond du Sart.


Nous suivons cette rue sur une centaine de mètres avant de prendre, sur la gauche, un chemin traversant le site des carrières Moris où sont extraits du petit granit et d'autres pierres. Les blocs de petit granit (ou pierres bleues) sont destinés aux travaux publics et/ou à une utilisation par des particuliers : plans de cuisine, tables,... L'extraction d'enrochements est principalement dédiée au renforcement des digues et/ou à la stabilisation de bases instables. L’important volume de pierres naturelles de cette carrière lui permet de garantir la production de blocs pendant encore au moins 50 ans.


Cette carrière est, elle aussi, à l’arrêt aujourd’hui ce qui nous permet de la traverser sereinement. Le tracé blanc et rouge nous mène vers le hameau de Mont et, comme le nom l’indique, nous allons devoir monter pour y parvenir (de 190 à 248 mètres d’altitude). L’ascension se fait progressivement, sur une large voie caillouteuse d’abord, sur d’étroits sentiers en bordure de prairies ensuite. Nous croisons un jeune couple d’Hollandais qui, parti d’Esneux ce matin espère atteindre Hamoir ce soir (soit une étape de 28 km !).

Nous trouvons un banc, à l'ombre, pour effectuer la pause pique-nique, puis nous reprenons notre itinéraire, entre prairies et terres de culture, sur des chemins nous offrant de beaux panoramas. Au lieu-dit « Au-dessus des Roches Noires », nous laissons partir à gauche l’itinéraire de liaison vers le GRP 571 : Tour des Vallées des Légendes.


Après la descente d’un chemin escarpé, nous prenons un beau sentier, entre deux prairies, en direction de Comblain-au-Pont. En nous retournant, nous découvrons le site des Roches Noires qui porte bien son nom, car le calcaire dolomitique qui le constitue est de teinte très sombre. Ces roches dominent un ancien méandre de l'Ourthe occupé maintenant par des prairies.


Sur le chemin menant à la tour Saint-Martin, nous découvrons quelques sculptures réalisées par des artistes qui ont participé aux six éditions du symposium international de sculpture monumentale, entre 1995 et 2006. Les artistes tiraient une pierre au sort et devaient imaginer une création à partir de celle qui leur était attribuée.


De 1277 à 1795, Comblain-au-Pont faisait partie du domaine de l'abbaye de Stavelot. C'est pendant cette période paisible qu'une église a été construite, remplaçant une forteresse qui n'a probablement pas subsisté plus de quelques dizaines d'années. Le donjon, ayant heureusement échappé à la démolition du château, fut repris comme tour. Cette église Saint-Martin, de style ogival, fut détruite après 1843 ; les matériaux servant à la construction de l’église actuelle, située place Leblanc.

En contrepartie, à la fin du XIXe siècle, le curé fit restaurer la tour, ainsi que le mur d'enceinte, et fit placer des meurtrières pour lui donner un aspect plus médiéval. La tour Saint-Martin est entourée d’un cimetière, où les monuments révèlent l’amour des villageois pour la pierre. L’endroit offre une très belle vue sur le centre du village et les rochers classés, notamment les célèbres Tartines.

Le GR 57 ne passe pas dans le centre de Comblain-au-Pont ; il préfère se diriger vers la rue des Grottes menant à l’entrée des grottes de l’Abîme. Celles-ci ont été ouvertes au public en 1929 et fermées en 1973. Elles ont été rachetées par la commune qui les a, à nouveau, ouvertes au public en 1995. Situées à 60 mètres au-dessus du niveau de l'Ourthe, ces grottes ont été formées par les infiltrations des eaux du plateau. L'eau s'est engouffrée dans les fissures de la roche calcaire, plissée par les mouvements de l'écorce terrestre ; elle a élargi ces fissures par un travail continu pendant plusieurs milliers d'années et certaines fissures sont devenues des cavités accessibles à l'homme. Dix « salles » sont ouvertes au tourisme et on peut notamment voir l'abîme, d’une profondeur de 22 m. Ces salles sont très riches en concrétions dont la formation a débuté, il y a environ 12 à 15 000 ans.
À la sortie du parking des grottes, nous grimpons un sentier menant sur le plateau. Pendant 800 mètres, nous avançons sur un chemin de terre, contournant un champ de colza, jusqu’à atteindre la ferme du Raideux. Au niveau de cette ferme, nous sommes à 230 mètres d’altitude, soit 110 mètres plus haut qu'à Comblain-au-Pont.

La ferme du Raideux est mentionnée pour la première fois dans un acte rédigé, à Malmedy, en mai 1488. Ce bâtiment a été la propriété des princes-abbés de Stavelot-Malmedy du Moyen Âge jusqu’à la Révolution française. L’administration française confisqua la ferme et la décréta bien national avant qu’elle ne soit vendue. Les bâtiments, en calcaire et en grès, sont disposés en carré autour d’une vaste cour à laquelle on accède par un portail monumental présentant les armes de Malmedy.

Nous tournons le dos à cette ferme et continuons sur un chemin de terre, au milieu de la campagne. Nous suivons ensuite, pendant 1,5 km, une allée forestière. Nous passons à côté de deux monuments : le premier rendant hommage aux résistants belges, partisans russes et soldats américains ayant combattu pour la liberté à Anthisnes lors de la Seconde Guerre mondiale ; le deuxième en mémoire de Nicolas Compère, résistant belge fusillé ici le 13 mai 1940.


La fin de l’étape se déroule dans la campagne, principalement sur de larges chemins, mais aussi sur de petits sentiers. Nous rejoignons la N654 et la suivons, sur 500 mètres, jusqu’au pont permettant de franchir l’Ourthe, un peu avant la gare de Comblain-la-Tour.

➔ Jonction avec d'autres GR
- Le GR 575-576 : À travers le Condroz résulte de la réunion du GR 575 : Tour du Condroz namurois et du GR 576 : Tour du Condroz liégeois en une grande boucle de près de 300 kilomètres.
- Le GRP 571 : Tour des Vallées des Légendes permet en 186 km de découvrir trois des plus belles vallées ardennaises : l'Amblève, la Salm et la Lienne.