Les Randos de Fred & Paul

GR 573 : Pepinster → Angleur (28 km) - décembre 2015

Nous avons réalisé ce parcours en deux parties :

  • De Pepinster à la gare de Nessonvaux, nous avons suivi le balisage du GR 573, puis nous nous sommes dirigés vers Banneux grâce au GR 5. Le retour sur Pepinster s’est effectué en suivant, à contresens, le GR 573 (variante vers le pont de Belleheid). Ce trajet correspond à la troisième « Randonnées en Boucle dans la province de Liège ».

  • Les 20 kilomètres reliant la gare de Nessonvaux à celle d’Angleur ont été effectué, en ligne, deux jours plus tard. Nous sommes revenus à Nessonvaux grâce au train.

Depuis le centre de Pepinster, nous empruntons une rue parallèle à la ligne de chemin de fer avant d’amorcer la première montée qui nous fait passer, en 300 mètres, de 138 à 166 mètres d’altitude. Au lieu-dit « Pepinster Mousset », nous laissons partir, vers la gauche, la variante vers Spa et le pont de Belleheid.

Nous longeons la propriété du château des Mazures avant de passer à côté d’une ferme construite tel un chalet suisse. Le balisage blanc et rouge nous mène, par des chemins forestiers, vers le ruisseau du Fond des Trois Bois que nous traversons à gué.

GR 573 entre Pepinster et Nessonvaux

Un peu plus loin, nous débouchons sur une petite route asphaltée que nous empruntons, en descente, pendant un kilomètre. Un peu avant d’atteindre un pont permettant de traverser la Vesdre, nous tournons à gauche dans un sentier, très humide, en lisière d’un bois. Le GR 573 franchit le ruisseau de Nawinfosse et entame ensuite la seconde ascension de l’étape ; en 400 mètres, nous passons de 136 à 189 mètres d’altitude. Nous profitons de la présence d’un banc, au sommet de cette côte, pour effectuer une pause.

GR 573 entre Pepinster et Nessonvaux

Au niveau de l’école de Trasenster, nous obliquons vers la droite et descendons vers la gare de Nessonvaux. Nous empruntons la passerelle enjambant les voies et rejoignons la N61. Pendant 400 mètres, nous évoluons le long de cette grand-route où nous croisons le tracé du GR 5 : Mer du Nord - Méditerranée. Juste avant le pont sur la Vesdre, celui-ci s’en va, vers la gauche, en direction de Banneux (parcours que nous avons suivi pour revenir à Pepinster). Le GR 573 traverse la Vesdre et tourne peu après vers la droite.

GR 573 entre Pepinster et Nessonvaux, gare de Nessonvaux

Nous prenons un petit sentier qui, après avoir contourné une habitation, se met à grimper pour rejoindre la rue Hansez, suivie sur 300 mètres. À la sortie du hameau de Chinchotte, nous continuons l’ascension par un beau sentier à flanc de coteau nous menant à En Gelivau. C’est dans ce hameau que nous atteignons le point culminant de l’étape à 242 mètres d’altitude.

GR 573 entre Nessonvaux et Trooz

Par un chemin campagnard, sur le plateau, nous contournons la colline ainsi que la carrière de Trooz. Un kilomètre plus loin, c’est sur l’asphalte que nous effectuons la longue descente vers Trooz et la Vesdre.

GR 573 entre Nessonvaux et Trooz

Un pont nous permet de franchir la ligne de chemin de fer et de découvrir, juste à côté, le tunnel ferroviaire de Trooz. La ligne 37 (Liège - Verviers - Aachen) s’avère être la plus « tunnelière » du réseau ferroviaire national, avec pas moins de 20 ouvrages se succédant le long de la Vesdre, sur un parcours de 33 km. Avec leurs 170 ans d’âge, la plupart des tunnels, mis en service en 1843, mais déjà achevés en 1841, comptent parmi les plus anciens du pays.

Avant de traverser la Vesdre, nous découvrons un étonnant bâtiment datant de 1651 : « La Fenderie » avec ses deux tourelles carrées, ses multiples fenêtres et du lierre s’agrippant aux murailles. C’est en 1583 que fut construite ici la plus ancienne fenderie de la région ; quelques années plus tard, une platinerie sera ajoutée. Au cours des siècles, ouvriers et artisans travailleront dans ces forges et ateliers spécialisés pour fendre les barres de fer en baguettes et vergettes, forger des clous, traiter des tôles et fers plats pour l’armurerie et les ustensiles, forer des canons de fusils... À la fin du XVIIIe siècle, 18 usines de forages travaillent sur la Vesdre, à Nessonvaux pour la plupart, mais aussi à Olne, Fraipont et Trooz.

L’essor de l’industrie armurière dans la vallée remonte à 1830 ; il est lié à la découverte et au succès d’un type de canon, fleuron de l’armurerie liégeoise : le « damas », technique sophistiquée réservée à des fusils de luxe (armes de chasse). Pour de multiples raisons, liées essentiellement aux mutations industrielles de la fin du XIXe siècle, l’industrie armurière dans la vallée de la Vesdre périclitera pour s’éteindre après la Première Guerre mondiale, même si quelques ateliers subsisteront jusqu’à la fin des années 1960.

GR 573 entre Nessonvaux et Trooz, la Fenderie à Trooz

De retour sur la rive gauche de la Vesdre, nous suivons la N61, sur une centaine de mètres, avant de prendre la rue passant à l’arrière de la gare de Trooz. Au bout de cette rue, le balisage nous invite à franchir un échalier métallique et ainsi pénétrer dans le « refuge naturel du Fica ».

GR 573 entre Trooz et Chaudfontaine, refuge du Fica

Pendant 1,5 km, le GR 573 joue les montagnes russes en enchainant les montées et les descentes (parfois raides). Ce parcours se déroule tantôt sur des sentiers forestiers, tantôt sur des chemins herbeux.

GR 573 entre Trooz et Chaudfontaine GR 573 entre Trooz et Chaudfontaine

Redescendus dans la vallée, nous cheminons, pendant un kilomètre, entre la voie ferrée et les installations sportives de Trooz - Prayon. Nous empruntons un chemin herbeux qui longe une station d’épuration avant de reprendre, une fois de plus, de l’altitude (de 84 à 180 mètres) dans le Bois des Dames. Dans un pavillon forestier, récemment rénové, mais déjà vandalisé, nous pouvons lire quelques informations sur les attraits environnementaux de la commune de Chaudfontaine et apprendre que nous sommes sur un site calaminaire ; l’origine de cet adjectif provient de la calamine qui désigne un minerai de zinc.

Aux XIXe et XXe siècles, toute la vallée de la Vesdre fut le siège d’exploitations industrielles d’extraction et de traitement de minerais métallifères dont le sous-sol était bien fourni. Les activités industrielles de l’ancienne usine de Prayon, qui traitait du minerai de zinc depuis 1860, ont engendré, durant plus d’un siècle, des retombées de plomb, de zinc, de cadmium et de dioxyde de soufre. Les sites dits calaminaires sont constitués d’arbres chétifs, nains et rabougris et de pelouses et landes acides. Ces pelouses sont caractérisées par une flore particulière, où l’on note surtout la présence de graminées et de deux jolies plantes à fleurs : la pensée calaminaire et le tabouret bleuâtre, qui sont présentes ici, mais dont, en ce début décembre, on ne voit évidemment rien.

C’est sur un banc, à proximité du « Pont du Diable », que nous nous installons pour manger nos tartines. Construit en pierres sèches sur les assises mêmes de la roche de schiste, ce pont ne sert à rien et ne conduit nulle part. Datant, selon la tradition, de la réalisation du chemin de fer, il pourrait plutôt avoir été édifié vers 1830 lors de l'aménagement du réseau de promenades.

GR 573 entre Trooz et Chaudfontaine, Pont du Diable

Après cette pause, nous reprenons notre périple à travers le massif forestier et, par un beau sentier en lacets, nous descendons vers Chaudfontaine (80 mètres d’altitude) où l’on peut admirer plusieurs monuments ou édifices liés à l’histoire thermale de la cité.

En 1676, un paysan du nom de Simon Sauveur a l’idée d’utiliser, à des fins thérapeutiques, les diverses sources qui jaillissent au bord de la Vesdre. Il fait construire des baignoires à l’abri d’un hangar et ouvre les premiers bains de Chaudfontaine. Les malades sont à ce point nombreux qu’ils se rendent aux bains Sauveur par les barques des charbonniers qui alimentent les forges de Chaudfontaine. Le succès est foudroyant pour Monsieur Sauveur et attire bien des convoitises… Le site des bains appartenant à son beau-frère, le major de la commune, les héritiers de ce dernier intentent un procès à Simon pour lui enlever le bénéfice de ce qu’il avait créé. Le prince-évêque de Liège s’en mêle pour en tirer profit. Et Sauveur, faute d’argent pour défendre ses droits, est dépouillé de son œuvre en 1713.

Témoin muet de ces injustices, la vieille maison de Simon Sauveur dresse encore aujourd’hui sa silhouette trapue dans la station thermale. Les historiens s’accordent cependant à considérer que ladite maison, assez caractéristique par son architecture, a été surnommée « Maison Sauveur » sur base d’une croyance populaire ne reposant sur aucune réalité. Rien ne conforte en effet cette tradition locale, le propriétaire initial de la maison n’étant pas Sauveur et aucun bain chaud n’y a jamais été donné.

GR 573 : Chaudfontaine, Maison Sauveur

C’est en 1711 que la source dite du Gado (jeune chèvre) fut découverte à Chaudfontaine. En 1714, pour concurrencer les eaux chaudes, le capitaine de Chession et consorts installèrent des bains et y chauffèrent les eaux froides de la source. Le 6 novembre de la même année, de Chession reçu l’interdiction d’exploiter ces bains.

En 1744, les bourgemaîtres de la cité de Liège décidèrent de glorifier cette source et d’en distribuer, par la même occasion, l’eau aux habitants et aux nombreux touristes. La base de la colline fut entaillée, le fond en retrait pourvu de murs de soutènement qui assuraient l’aménagement d’une terrasse. Pour l’agrément des promeneurs, la source fut ainsi transformée en jets et en cascades. Ce monument classé, dénommé « Les Belles Fontaines », a été complètement restauré en 1994.

GR 573 : Chaudfontaine, les Belles Fontaines

Jusqu'en 1914, les glacières servaient à conserver, dans la glace naturelle, les boissons et les produits frais de l'Hôtel des Bains. En 1969, le syndicat d'initiative a fait aménager une terrasse où chacun pouvait bénéficier gratuitement de l'eau thermale sortie de trois sources, à des températures différentes. Sur l’édifice, le nom des trois sources et leurs températures apparaissent encore gravé dans la pierre.

GR 573 : Chaudfontaine, les glacières

Le tracé blanc et rouge traverse successivement la N61, la Vesdre et la ligne de chemin de fer puis, par le chemin de la Lemmetrie, il reprend progressivement de la hauteur. Après 700 mètres sur cette route, nous prenons un sentier grimpant, à travers bois, vers le fort de Chaudfontaine. Celui-ci domine la vallée de la Vesdre, sur la rive droite, à une altitude de 220 mètres.

GR 573 entre Chaudfontaine et Vaux-sous-Chèvremont

Érigé de 1888 à 1892, comme une infrastructure moderne en béton équipé des armes les plus modernes pour l’époque, le fort de Chaudfontaine est l'un des six petits forts de la ceinture de Liège. Lors de la Première Guerre mondiale, après deux jours de résistance, le fort cède le 13 août 1914 à la suite de l'explosion d'un obus allemand dans la voûte du magasin à munitions. La rue conduisant au fort sera rebaptisée « rue du XIII août » et un cimetière militaire y sera implanté ainsi qu'un monument en hommage aux 50 des 71 victimes, enterrées dans la nécropole, qui ont péri dans l'incendie du fort.

En 1933, le fort est rénové et consolidé. Une épaisse couche de béton armé, destiné à résister aux engins les plus lourds, renforce les voûtes. Au début de la Seconde Guerre mondiale, le fort résiste quelques jours, mais pilonné par la Luftwaffe dès le matin du 17 mai 1940, il est abandonné en fin de journée après l'explosion d'une grenade allemande à l'intérieur, puis d'un obus à l'entrée. Depuis les années 1990, le fort de Chaudfontaine, rebaptisé « Fort Adventure », est occupé et aménagé par une société qui y organise des parcours d'aventure.

Le GR 573 passe devant le cimetière militaire puis se dirige vers la basilique Notre-Dame de Vaux-sous-Chèvremont que nous découvrons sur la colline à notre gauche. Après 1,5 km d’un parcours vallonné, nous arrivons sur l’esplanade devant l’édifice religieux.

GR 573 : cimetière militaire de Chaudfontaine

Sainte Begge aurait vécu dans le château fort de Chèvremont, d’où elle aurait pris la fuite pour se réfugier à Andenne au monastère qu’elle y avait fondé. Pépin de Herstal reprend le château et y fonde une abbaye où, dès le VIIe siècle, on vénère une statue de la Vierge appelée Notre-Dame du Château Neuf. Malgré la destruction du château fort, en 987, les pèlerinages à la Vierge du Château Neuf continuent ; les pèlerins se recueillant dans une chapelle en ruine. Chassés d’Angleterre par la persécution d’Henri VIII, des Jésuites anglais en exil construisent, en 1688, une chapelle sur la colline de Chèvremont (chapelle devant laquelle nous passerons tout à l’heure).

Durant toute la première moitié du XIXe siècle, les visites et pèlerinages vont s’amplifier au point que Chèvremont devient un centre économique de la région : boutiques, débits de boissons et restaurants se multiplient sur la colline. En 1863, l’ouverture de la ligne de chemin de fer Liège - Verviers, avec une halte à Chaudfontaine, augmente encore le nombre de pèlerins et touristes.

En mai 1874, l’évêque de Liège cède le terrain à des Pères Carmes à condition qu’ils construisent une basilique digne d’accueillir les pèlerins ; les travaux commencent trois ans plus tard. L’édifice est consacré en septembre 1899, mais il reste à construire le clocher sur lequel on prévoit d’ériger une statue de Notre-Dame. La Première Guerre mondiale fait abandonner le projet. Dès le 4 août 1914, la colline souffre sous le feu de l’artillerie allemande visant le fort de Chaudfontaine tout proche. 80 obus tombent sur le couvent, l’église et les alentours ; les dégâts sont considérables.

Grâce aux indemnités de guerre, la reconstruction ne tarde pas. En 1928, le pape Pie XI élève l’église au rang de basilique mineure, reconnaissant ainsi Chèvremont comme centre de pèlerinage marial. Le 10 mai 1940, la colline est de nouveau bombardée. Les dégâts sont importants : la basilique est éventrée, la voûte s’est effondrée, les vitraux sont en miettes. La reconstruction commence en 1946, avec l’aide de prisonniers allemands.

GR 573 : basilique ND de Vaux-sous-Chèvremont GR 573 : basilique ND de Vaux-sous-Chèvremont

Nous passons devant la chapelle puis descendons (de 182 à 70 mètres d’altitude) le Thier de la Chapelle jusqu’à la Vesdre. Comme ce fut déjà le cas plusieurs fois depuis le début de cette étape, nous franchissons la rivière, la ligne de chemin de fer et la N61. En chemin, nous apercevons une curieuse construction. Il s’agit des vestiges d’un ancien maka et d’un laminoir. Avant l’invention des laminoirs, on écrasait le fer chauffé de façon mécanique à l’aide d’un « maka » (en wallon) : un énorme marteau actionné par l’énergie hydraulique.

GR 573 entre Vaux-sous-Chèvremont et Angleur, chapelle Notre-Dame GR 573 entre Vaux-sous-Chèvremont et Angleur, ancien maka

De l’autre côté de la grand-route, nous montons une rue dans un quartier résidentiel, puis nous empruntons un escalier jusqu’au sommet. Là, nous tournons à droite sur une sente cheminant à l’arrière d’habitations. Nous nous dirigeons vers un promontoire d’où nous jouissons d’un beau point de vue sur la banlieue liégeoise.

GR 573 entre Vaux-sous-Chèvremont et Angleur, vue sur la banlieue liégeoise

Une ultime petite ascension, sur un sentier à flanc de colline, nous mène au-dessus du Thier des Critchons. En bas de cette longue rue, nous atteignons le centre de Chênée. Après un parcours citadin, nous traversons l’Ourthe. C’est le long de cette rivière, rejointe ici par la Vesdre, que nous effectuons le dernier kilomètre de l’étape. Nous arrivons finalement à la gare d’Angleur où nous croisons les balises du GR 57 : Sentiers de l’Ourthe. Ce sentier de grande randonnée remonte, au départ de Liège, le cours de cette rivière jusqu’au barrage de Nisramont. Il se divise ensuite en deux branches : une qui suit le cours de l’Ourthe occidentale jusqu’à Libramont ; une autre qui remonte le cours de l’Ourthe orientale vers Houffalize et Troisvierges (Grand-Duché de Luxembourg).

GR 573 entre Vaux-sous-Chèvremont et Angleur

Cette étape de 28 km, réalisée en deux parties, totalise près de 1 000 mètres de dénivelé !

Tracé de l'étape