Les Randos de Fred & Paul

GR 579 : Flémalle → Verlaine (20 km) - mars 2016

Info : pour effectuer cette étape, nous avons pris le bus TEC 86 entre Verlaine (Eglise) et Jemeppe (Eglise), puis le bus TEC 32 entre Jemeppe (Eglise) et Flémalle (Souxhon) (300 m hors GR).

Après un peu plus d'une heure de bus, nous descendons à l'arrêt Flémalle (Souxhon) où nous n'avons que 300 mètres à parcourir, le long de la N677, pour rejoindre le tracé du GR 579. Nous décidons cependant d'aller jusqu'à l'église Saint-Nicolas ; lors de la dernière étape, c'est là que, par erreur, nous avions bifurqué sur une liaison du GR 412.

Nous effectuons un aller-retour de 800 mètres afin de vérifier si nous sommes en tort ou si c'est le balisage... Nous trouvons une plaquette indiquant le GR 579 sur un poteau électrique, mais à cause d'une camionnette garée devant, nous ne l'avions pas vue. Par contre, il n'y a aucune indication signalant le parcours de liaison vers le GR 412 !

Nous démarrons réellement l'étape, à 9 h 45, en montant une petite route le long du cimetière avant de traverser un quartier d'habitations sociales. Un tunnel permet de passer, en toute sécurité, sous la N677 et de se diriger ensuite vers la ferme d'Othet-les Bois.

GR 579 entre Souxhon et Awirs : passage sous la N677

L'imposante ferme d'Othet-les-Bois trône, sur une crête exposée à tous les vents, au milieu des champs. La bâtisse doit sans doute son nom aux terres boisées qui constituaient son environnement d'origine, au nord de la commune de Flémalle, dans le hameau de Chokier.

L'exploitation a été la propriété des cisterciennes d'Aywières de 1205 jusqu'en 1796. Avec sa parcelle de quelque cent hectares d'un seul tenant (caractéristique plutôt rare sous l'Ancien Régime), Othet-les-Bois devint une des plus importantes exploitations de Hesbaye.

Ferme d'Othet-les-Bois Ferme d'Othet-les-Bois

Le tracé blanc et rouge quitte le goudron pour emprunter un chemin de terre en bordure d'un verger. Nous passons sous une ligne à haute tension, puis nous tournons vers une piste le long d'un champ cultivé.

GR 579 entre Souxhon et Awirs : Sart d'Avette

Par un sentier encaissé, nous descendons vers un bois et longeons ensuite un quartier résidentiel. La rue des Nonnes, avec une pente à 12 %, nous amène devant la chapelle du Sart d'Avette, à l'entrée du village d'Awirs.

Awirs possède une particularité peu commune : depuis le XIIe siècle, et jusqu'à ces dernières décennies, le village comptait une douzaine de moulins sur son territoire. Ces moulins profitaient de la force motrice de l'eau, grâce au ruisseau des Awirs dit « des douze moulins ». Le dernier moulin a cessé ses activités en 2004, mais il ne produisait plus que de la farine pour animaux.

Un monument en hommage aux meuniers de la vallée existe depuis peu. Trois meules forment le monument proprement dit et une quatrième sert de table de pique-nique. À côté, un panneau didactique explique l'importance des moulins et des meuniers pour Awirs.

Awirs, monument des 12 moulins

Le GR 579 contourne l'église Saint-Etienne et son cimetière où, durant des siècles, la communauté villageoise a tenu ses assemblées régulières et passait nombre d'actes officiels la concernant. En 1831, lors de la reconstruction de l'église, plusieurs pierres tombales ont été réinsérées dans les murs extérieurs de la nef. Trente ans plus tard, le cimetière est agrandi à peu près de moitié, mais conserve son aspect champêtre. On y trouve de belles stèles et quelques croix en fonte provenant des fonderies hutoises.

Awirs, église Saint-Etienne

Après une brève visite de l'église, nous effectuons une petite pause dans le parc situé juste devant. On trouve dans ce dernier une stèle en hommage à Philippe-Charles Schmerling. En 1829, ce médecin a découvert, dans les grottes dites d'Engis, des vestiges humains associés à des restes d'animaux ainsi qu'à des objets en silex et en ivoire sculpté que seul l'homme a pu tailler.

Schmerling en déduit l'ancienneté de l'espèce humaine qu'il est le premier à revendiquer par écrit. Cette idée est révolutionnaire, car jusque-là, l'ancienneté de l'homme est fixée, par la Bible, au récit du déluge (daté de 4000 ans avant J.-C.). Se libérant des idées reçues, il instaure les bases d'une nouvelle discipline : la paléontologie.

Awirs, stèle Schmerling

À la sortie d'Awirs, nous suivons un sentier au flanc du coteau boisé, en surplomb du ruisseau des Awirs. Après avoir contourné une habitation isolée, qui serait un ancien moulin, nous grimpons par un sentier encaissé passant de 100 à 150 mètres d'altitude. Sur la droite, nous avons un beau point de vue sur le château de Hautepenne.

GR 579 entre Awirs et Warfusée

Implanté dans un site boisé et escarpé de 120 hectares, le château est dominé par une imposante tour médiévale, construite vers 1330 et flanquée de bâtiments, de style Renaissance mosane, des XVIIe et XVIIIe siècles. Durant plusieurs siècles, le château a appartenu à une famille noble flamande, les Berlaymont, puis il est passé aux mains des princes d'Arenberg de 1752 à 1892.

À cause de son appartenance à cette famille allemande, le domaine est saisi comme prise de guerre par l'État belge en 1919 et placé sous séquestre jusqu'à son rachat, par Antoine France, en 1926. Le monument a été classé en 1979 et le site est protégé depuis 1984.

Château de Hautepenne

Le parcours poursuit son ascension, pendant 1,5 km, sur un large chemin de terre qui était une ancienne ligne vicinale. Cette voie permettait, en de larges courbes, de relier Verlaine à Engis. C'est sous un généreux soleil que nous effectuons la pause pique-nique dans un espace aménagé par l'équipe Été Jeunes 2015.

GR 579 entre Awirs et Warfusée : aire de pique-nique

Nous longeons le mur d'enceinte du château de Warfusée avant de découvrir, depuis la route, le monumental donjon-porche de ce château. Le château et son domaine marquent profondément le paysage de la commune de Saint-Georges-sur-Meuse puisqu'ils s'étendent sur plusieurs centaines d'hectares.

Héritier d'un immense domaine médiéval, le château actuel, de style Louis XV, date de 1755. Il est aujourd'hui la propriété de la famille d'Oultremont dont l'un des plus illustres représentants fut le prince-évêque Charles-Nicolas d'Oultremont qui se servit du château comme résidence d'été.

Château de Warfusée

Nous quittons Warfusée en empruntant, sur un kilomètre, une drève plantée de 214 platanes qui est une allée d'honneur menant au château. Au siècle dernier, c'était un lieu de promenade très apprécié. L'allée était couverte de cailloux blancs et bordée de pelouses régulièrement fauchées ; une grille en fer forgé, soutenue par des piliers en calcaire, agrémentait cet endroit. Ce n'est plus aujourd'hui qu'un chemin de terre très boueux !

Drève du château de Warfusée

Hormis un petit chemin de terre de 200 mètres, les huit prochains kilomètres ne se feront que sur des routes bétonnées ou asphaltées. Dans le hameau de Yernawe, nous apercevons d'abord la ferme de l'abbaye, puis un peu plus loin, le tumulus avec sa chapelle dédiée à la Sainte-Trinité.

Du XIIe siècle jusqu'à la Révolution française, la ferme de l'abbaye a appartenu à l'abbaye bénédictine de Saint-Jacques à Liège. Elle permettait, sans doute, à celle-ci de compléter le domaine nécessaire à la subsistance de ses moines. Les terres du village furent donc, en grande partie, cultivées à partir d'une grange puis d'une ferme.

Le porche-colombier, qui sert d'entrée à l'exploitation, est surmonté d'une pierre calcaire, millésimée 1664 et frappée aux armes de Gilles de Geer, ancien abbé de Saint-Jacques. La ferme est un vaste quadrilatère composé d'un corps de logis, d'étables, d'écuries et d'une grange monumentale.

Yernawe, ferme de l'abbaye

L'ancienne chaussée romaine Tongres - Arlon traverse le hameau de Yernawe. Un imposant tumulus de 20 m de hauteur et de 50 m de diamètre s'élève en bordure de celle-ci. Ce tumulus est un énorme cône d'un volume de 10 000 m³ qui recouvre les tombes à incinération et a servi de poste d'observation dans les périodes mouvementées. Il est surmonté d'une chapelle, construite au XIXe siècle, dédiée à la Sainte-Trinité qui protégeait des maux de tête.

Yernawe, tumulus

Par un escalier, de 42 marches, nous grimpons au sommet du tumulus pour admirer le point de vue. Nous effectuons une brève pause boisson devant la chapelle avant de reprendre le GR 579 pour parcourir le tronçon le moins intéressant de l'étape en direction du château de Jehay.

L'ilot sur lequel se dresse le château a été habité dès l'âge de la pierre ; vers 1100, un premier château se dressait ici. Démoli lors de troubles ou de guerres, il fut maintes fois reconstruit et restauré. Ainsi, du château médiéval, il ne reste que des caves voûtées du XIIIe siècle, vestiges de l'ancien donjon. Le corps principal, tel que nous le voyons aujourd'hui, est le fruit d'une reconstruction orchestrée vers 1550.

C'est à ce moment que le curieux damier de façade, constitué d'une alternance de pierre calcaire blanche et d'un petit appareillage de grès, est mis en place. Le principe du damier de façade n'est pas unique en Europe, mais son appareillage l'est peut-être. Alors que, généralement, les damiers de pierre et de brique sont très réguliers, celui de Jehay présente une distribution volontairement disparate des différents éléments, conférant à la façade un dessin moins figé.

Château de Jehay

L'ensemble, entouré de tours et de douves, comporte quatre volumes bien distincts reliés par des cours et des ponts. Le château, le parc et les bâtiments agricoles sont précédés d'une majestueuse tour-porche, datant de 1622, flanquée de deux courtes ailes aux pignons à gradins du XIXe siècle. Depuis l'an 2000, c'est la province de Liège qui est propriétaire des lieux.

Le domaine dispose de beaux jardins où l'on peut admirer plusieurs sculptures du comte Guy Van den Steen, dernier habitant des lieux. Il y a aussi, dans l'enceinte murée d'un hectare, un remarquable parc potager où nombre de légumes, plantes décoratives, céréales et arbres fruitiers de nos régions ont élu résidence.

Château de Jehay, porche Château de Jehay, potager

Normalement, il existe une liaison de 6,6 km permettant de rejoindre, depuis le château de Jehay, le GR 575-576 à Ombret-Rawsa. Si je dis normalement, c'est parce qu'il n'y a aucune indication qui signale ce parcours, mais vu que d'importants travaux d'aménagement des abords du château sont actuellement en cours, il est possible que le marquage se trouve sur un des nombreux arbres abattus.

Par une route rectiligne, en légère montée, nous arrivons dans le hameau de Rogerée. Nous entendons déjà le bruit de l'autoroute E42 que nous franchissons un peu plus loin. Après avoir aperçu, sur notre gauche, le château-ferme de Borsu, nous empruntons un petit chemin qui est l'assiette de l'ancien chemin de fer vicinal reliant Verlaine à Ampsin. À la fin de ce chemin, nous quittons le tracé blanc et rouge pour rejoindre l'église Saint-Remy de Verlaine où nous finissons cette étape.

Plan du parcours