GR 579 : Verlaine → Lens-Saint-Remy (20 km) - mars 2016
Info : pour effectuer cette étape de 24 km dont 20 sur le GR, nous avons pris le bus TEC 83 entre Lens-Saint-Remy (Eglise) et Haneffe (Ecole) (4 km hors GR).
Afin de rejoindre le GR 579, près de l’église de Verlaine, nous devons parcourir environ 4 km sur une petite route bétonnée à travers champs. C’est donc vers 10 h que nous démarrons réellement la randonnée. Au croisement de plusieurs chemins, nous découvrons une charmante chapelle dédiée à Saint-Urbain, Saint-Roch et Saint-Job. L’inscription sur le tympan, nous apprend que cette chapelle a été bâtie en 1870 pour satisfaire le pieux désir des paroissiens de Verlaine.
Pendant un kilomètre, nous avançons sur un chemin bétonné entre des vergers et des champs. Nous rejoignons une route plus importante nous menant dans le village de Seraing-le-Château. C'est à un ensemble castral d'un grand intérêt que ce village doit son nom. En effet, dominé par la masse de son château d'origine médiévale, le village était une seigneurie relevant de la cour féodale de Liège.
Au XVe siècle, cette seigneurie échoit à Guillaume de la Marck, le célèbre « Sanglier des Ardennes », qui se réfugie souvent dans le château. Ses descendants ont conservé la seigneurie jusqu'en 1774, date à laquelle elle passa à Charles d'Arenberg, dont la famille conserva le bien jusqu'à la Révolution française. La forteresse (à l’exception du donjon) a été victime d'un incendie en 1869 et a été reconstruite dans le style néogothique.
De cet ensemble, seul l'important donjon, élevé sur cinq niveaux, est d'origine médiévale. Les autres parties, à l'exception des tours d'angles du XVIe siècle, ont été reconstruites. Depuis un nouvel incendie en 2003, le château est en piteux état ; des murs sont tombés, il n’y a pratiquement plus de plancher ni de plafond, les encadrements des fenêtres commencent à crouler, le site est tagué et envahi par la végétation…
Nous tournons vers la gauche pour rejoindre un chemin de terre suivi, pendant 2 km, jusqu’à la N65 que nous traversons. Le parcours continue en direction du hameau de Borset avant de se diriger vers le village de Les Waleffes.
Durant ce trajet, campagnard et un peu monotone, nous apercevons sur notre gauche, l’imposant château d’eau de Borlez ; vu le relief quasiment plat, celui-ci sera longtemps visible. Sur la droite, nous découvrons, au loin, l’église Saint-Sulpice d’Aineffe. L'église primitive daterait du XIe siècle ; de cette époque, elle conserve son imposante tour trapue à trois niveaux qui aurait été, à l'origine, une tour de défense dont les murs ont, par endroits, une épaisseur de 1,80 m.
Le tracé blanc et rouge passe à côté de la chapelle Saint-Éloi dont la construction remonte à 1841. L’édifice a été commandé par le notaire Dejardin en remerciement pour une grâce obtenue. Saint Éloi est le saint patron de plusieurs corporations, dont les orfèvres, les forgerons, les maréchaux-ferrants,... Il est invoqué contre certaines maladies : les furoncles, l’épilepsie, les abcès, l’entérite.
Par un chemin de terre, entre un verger et un bois, nous parvenons au village de Les Waleffes qui regroupe les deux anciens villages de Waleffe-Saint-Pierre et Waleffe-Saint-Georges. Nous quittons brièvement le GR 579 pour aller admirer la belle façade du château de Waleffe-Saint-Pierre.
Construite, à partir de 1706, sur les vestiges d'une construction plus ancienne, la demeure actuelle présente le plan type du château que l'on rencontre en pays mosan : un corps de logis flanqué aux extrémités de deux ailes symétriques latérales du côté cour et de deux amorces d'ailes, côté jardin.
La façade s'élève sur deux niveaux d'habitation et comporte neuf travées percées de hautes fenêtres. Elle est devancée par un avant-corps de trois travées en léger ressaut, surhaussé d'un demi-étage percé de trois œils-de-bœuf et d'un fronton triangulaire aux armes des de Flaveau et des Piret de Châtelet.
La ferme seigneuriale qui accompagne le château est aussi d'un grand intérêt. Les parties les plus anciennes remontent au XIVe siècle. Elle est composée d'une grange, d'une imposante tour-porche, d'un logis et d'une brasserie. Le mur d'enceinte s'étend entre deux tours cylindriques, dont une est recouverte d'un toit conique qui s'élève à 32 mètres.
C’est sur un banc, près de l’église Saint-Georges, que nous nous arrêtons pour manger nos tartines. Une stèle évoque la mémoire d’Hubert Krains. Né à Les Waleffes en 1862, il a grandi dans une famille de paysans. Cet écrivain a déjà publié quelques contes et nouvelles quand il achève « Pain noir », en 1904, l’œuvre qui fera sa réputation ; ce roman qui évoque la question sociale et le machinisme est un hymne à sa terre natale hesbignonne.
Dès 1920, il est l’un des premiers membres de l’Académie royale de langue et de littérature françaises de Belgique, institution fondée à l’initiative du ministre Jules Destrée. Auteur de nombreux articles dans la presse où il affiche son ardeur à défendre la langue et la culture française, ainsi que sa Wallonie, Hubert Krains s’impose également comme un critique littéraire perspicace et pénétrant. Il connaît une fin tragique, broyé sous les roues d’un train en gare de Bruxelles, en 1934.
Par les rues Remikette et du Bosquet, nous quittons le village. Un chemin de terre, partiellement bétonné, nous mène jusqu’à la N69 qui serait une ancienne voie romaine. Après la traversée de cette grand-route, nous nous dirigeons vers le dépôt des bus d’Omal puis, nous empruntons, pendant un kilomètre, un chemin bétonné menant au hameau de Ligney.
Le GR 579 prend ensuite la direction du village de Geer où nous croisons la rivière du même nom. Ce cours d’eau, d’une longueur de 54 km, arrose successivement : Geer, Waremme, Oreye, Tongres, Bassenge, Eben-Emael et Maastricht où il se jette dans la Meuse. La rivière a pour particularité de traverser le canal Albert, à Kanne, par un système de siphon.
Les quatre derniers kilomètres de l’étape se font en remontant le cours du Geer. Jusqu’à Lens-Saint-Servais, nous suivons un agréable sentier serpentant dans le sous-bois.
Dans ce village, nous admirons le beau porche d’une ferme avec son étage servant de colombier. Nombreux en Hesbaye, ces porches étaient peut-être, à l’origine, une survivance des donjons qui commandaient certaines anciennes basses-cours au Moyen Âge. Dans la principauté de Liège, posséder des pigeons était un privilège réservé aux nantis. Un édit de 1712 prévoyait qu’il fallait au minimum 15 bonniers (1 bonnier = 87 ares) pour avoir un pigeonnier.
Le tracé blanc et rouge quitte Lens-Saint-Servais en empruntant, sur 300 mètres, la N637 puis bifurque dans un chemin de terre entre un champ et un bois. Plus nous avançons, plus le chemin devient humide et boueux, mais heureusement, nous réussirons à finir la journée sans nous mouiller les pieds.
Vers 14 h 45, après avoir parcouru 24 km, nous atteignons Lens-Saint-Remy et retrouvons la voiture, laissée près de l’église le matin. Si Lens-Saint-Servais appartient à la commune de Geer, Lens-Saint-Remy fait lui partie de la commune de Hannut.
À lui seul, le site (classé en 1974) formé par l’église, le presbytère et la drève de tilleuls qui conduit au Carmel mérite le détour. Le Carmel, avec sa belle façade, est un ancien béguinage fondé en 1343 ; il hébergea des chanoinesses augustines jusqu’en 1797, puis des carmélites bretonnes jusqu’en 1956. Ceci explique l’ancien nom du village : Lens-les-Béguines. De l’église, reconstruite en 1760, il ne reste que la tour du plus pur style classique.