Les Randos de Fred & Paul

GR 579 : Orp-le-Petit → Roux-Miroir (23 km) - avril 2016

Avant de nous mettre en chemin, nous découvrons une statue représentant un membre de la confrérie des « Mougneûs d’vète trëpe ». Fondée en 1981, celle-ci a pour but de promouvoir la spécialité locale : le boudin vert au chou frisé. Dès le Moyen Âge, chaque chaumière avait son cochon et quand il arrivait à « maturité », famille, voisins et amis étaient invités à faire ripaille. Cette tradition s’est perpétuée jusqu’à la guerre de 1940.

Le boudin vert est coloré de la verdure des choux récoltés au jardin. Plus tard, le chou frisé donnera un goût plus onctueux à la préparation. À Orp, après avoir dégusté le premier morceau, on dit « C’ènn’è ! » à savoir « cela en est » sous-entendu, « c’est bien du véritable boudin vert et c’est du bon ! ». Pour les amateurs, cette préparation se déguste chaude ou froide, accompagnée d’une bonne bière ou d’un vin blanc.

En face de l’église désacralisée d’Orp-le-Petit, se trouve l’ancienne ferme Jonet. On y accède par un élégant portail, en pierre de Gobertange, du XIXe siècle surmonté d’un colombier. Cette ferme a été rachetée par Isidore Colsoul qui transforma les dépendances en un atelier de fonderie qui prospéra jusqu’en 1959.

GR 579 : Orp-le-Petit, statue de la confrérie des Mougneûs d’vète trëpe

L’étape débute par un tronçon d'1,5 km sur le RAVeL (ligne 147 : Landen - Ligny). En passant sur le pont au-dessus de la N279, nous apercevons une maison avec l’inscription « brocante » sur la façade. Je pense qu’il s’agit plutôt d’un ramasseur de vieux métaux qui expose, à l’extérieur, tout ce qu’il récupère...

GR 579 entre Orp-le-Petit et Nodrenge, RAVeL GR 579 entre Orp-le-Petit et Nodrenge, RAVeL

Nous quittons le RAVeL et nous nous dirigeons vers l’ancien moulin de Jauche-la-Marne après avoir franchi, sur une passerelle en béton, la Petite Gette. Un document, daté de 1278, précise que le duc de Brabant possédait, à Jauche-la-Marne, deux moulins dont un avait disparu en 1402 lorsque le seigneur d'Houffalize vint incendier le hameau.

Les bâtiments actuels datent de la fin du XVIIIe et de la première moitié du XIXe siècle. Le bief, la roue à aubes et le mécanisme existent toujours, bien que le moulin ne soit plus en activité.

GR 579 entre Orp-le-Petit et Nodrenge, moulin de Jauche-la-Marne

Après la traversée de la N279, nous montons d’une quinzaine de mètres par une chavée et progressons ensuite, pendant 2 km, sur un chemin campagnard, sur le plateau. Par la rue du village, nous atteignons le centre de Nodrenge et passons d’abord près d’une imposante ferme, puis à côté de l’église. La première église de Nodrenge, dédiée à Saint-Lambert de Liège, fut édifiée avant le début du XIIIe siècle. L’église actuelle a conservé un chœur gothique en grès et pierre de Gobertange, ainsi qu’une ancienne chapelle, également gothique, devenue sacristie.

GR 579 entre Orp-le-Petit et Nodrenge GR 579 : Nodrenge, une ferme

Nous prenons un chemin pavé et traversons la rue Léon Gramme où nous sommes interpellés par un habitant pensant que nous faisons du géocaching… alors que nous cherchons simplement les balises du GR. Par un chemin bétonné, suivi d’un chemin de terre, nous parvenons au hameau du Saussoy.

GR 579 entre Nodrenge et Huppaye

Avant de traverser la N240, nous admirons la potale dédiée à Notre-Dame des Affligés. Un chemin de terre, suivant le ruisseau du Ro, nous mène aux premières maisons d’Enines, mais le balisage blanc et rouge évite le village et tourne à angle droit dans un chemin campagnard. Un kilomètre plus loin, nous arrivons à Molembais-Saint-Pierre, un hameau de Huppaye où nous passerons ensuite.

Par un chemin pavé, suivi d’un discret sentier, nous atteignons l’église Saint-Pierre. Avec le cimetière ceinturé de murs et le presbytère, on peut considérer que ce site formait le noyau initial de ce paisible hameau. Reconstruite en style néogothique en 1845, l’église supplante un ancien édifice qui s’y trouvait un siècle plus tôt.

GR 579 : Molembais-Saint-Pierre

Nous suivons un chemin de terre et croisons le tracé du RAVeL (ligne 142 : Namur - Tirlemont), puis nous prenons, sur 200 mètres, la rue d’Autre-Eglise. Avant de tourner à gauche, nous découvrons la ferme du Grand Château ; ce vaste quadrilatère a été édifié entre le XVIIe et le XIXe siècle.

GR 579 : Huppaye, ferme du Grand Château

Le GR 579 emprunte un sentier, parallèle à un ruisseau, en direction de l’église Saint-Jean-Baptiste d’Huppaye. C’est à proximité de cette dernière que nous trouvons un banc où nous installer pour la pause de midi.

GR 579 : sentier près de l'église Saint-Jean-Baptiste d'Huppaye

En suivant la rue du Ruisseau Saint-Jean, nous arrivons devant la ferme de Chantraine. Ces bâtiments ont été établis, vers 1175, par l’Ordre des Hospitaliers de Saint-Jean de Jérusalem (Ordre de Malte). C’est le comte Gilles de Duras, seigneur de Jodoigne, qui permit à l’Ordre des Hospitaliers de s’installer dans les environs, en leur cédant l’église Saint-Médard vers 1173. Les religieux établirent ici leurs bâtiments, au lieu-dit Chantraine, pour en faire une « hôtellerie » dont la fonction première était d’offrir l’hospitalité à toute personne de passage.

Au cours du XIIIe siècle, l’Ordre s’agrandit : l’Hôpital de Chantraine acquiert le titre de Commanderie. À partir du XVe siècle, le site est progressivement délaissé par les Hospitaliers, conservant sa seule fonction agricole ainsi que sa brasserie, qui sera laissée aux laïcs. Les bâtiments ont été, dans l’ensemble, largement modifiés. Le domaine conserve encore sa grange monumentale (XVIIe siècle) ainsi qu’une ancienne chapelle médiévale, remarquable témoin de l’architecture gothique du XIVe siècle.

GR 579 : Huppaye, ferme de Chantraine

Nous quittons le village et suivons un chemin pavé nous menant, à travers la campagne, vers le bois du Haut Saint-Pierre. Après le passage dans ce bois, un peu compliqué à cause de la boue, le tracé blanc et rouge opère un quart de tour à droite et emprunte, pendant deux kilomètres, un chemin au milieu des terres cultivées.

GR 579 entre Huppaye et Jodoigne GR 579 entre Huppaye et Jodoigne, bois du Haut Saint-Pierre

Ce parcours pavé s’achève à l’entrée de Jodoigne où nous prenons un sentier, à l’arrière de jardins, jusqu’à la N29. De l’autre côté de la grand-route (Charleroi - Tirlemont), le GR 579 se poursuit en direction de l’église Saint-Médard.

Cette église, bâtie du XIIIe au XVe siècle, est le principal et le plus ancien des édifices religieux de l’entité de Jodoigne. Sans doute originellement destinée à devenir une collégiale et donc à abriter une assemblée de décideurs religieux, elle fut élevée sur le plan d’une croix chrétienne massive, caractéristique romane. La pierre de Gobertange et le calcaire mosan, utilisés pour l’édification, donnent à l’édifice sa luminosité caractéristique.

GR 579 : Jodoigne, église Saint-Médard

En mars 1660, le magistrat, les métiers et les bourgeois de Jodoigne prirent la décision de faire réaliser une châsse en argent pour abriter les reliques de saint Médard (sa mâchoire inférieure) et saint Corneille (une de ses phalanges). Les dix sujets, présentés sur les panneaux de la châsse, évoquent toutes les dévotions chères aux Jodoignois de l’époque. Saint Médard, patron de la ville, est principalement honoré comme le guérisseur des maladies nerveuses et cérébrales, mais aussi des maux de dents.

GR 579 : Jodoigne, châsse de saint Médard

Jodoigne faisait partie des diverses fondations d'Henri Ier, duc de Brabant. Ce dernier, soucieux d’agrandir les frontières de la Maison de Louvain, fit mainmise, en 1184, sur la seigneurie de Jodoigne. Le duc de Brabant décida de bâtir une ville neuve sur l’éminence dominant le point de confluence du cours de la Grande Gette et du ruisseau Saint-Jean, en vis-à-vis direct de la colline où s’inscrit le quartier Saint-Médard.

À l’origine modeste domaine rural, Jodoigne gagna donc rapidement le rang d’agglomération urbaine ; favorisée par le duc, elle acquit une certaine prospérité. Relais entre les grandes villes du duché (Louvain, Bruxelles,…) et les campagnes, la cité avait pour principale fonction la redistribution de produits alimentaires, ou d’artisanat ; une ville-marché était née.

Symbole du pouvoir du duc, sa maison forte (il s’agit du château Pastur d’aujourd’hui) est érigée dans la cité, bien qu'il n’y habite pas. Cet imposant bâtiment Renaissance de 1730, est l'actuel hôtel de ville.

GR 579 : Jodoigne, château Pastur

À l’intérieur du vaste périmètre emmuraillé qui protégeait la cité proprement dite, il n’y avait pas de lieu de culte public - du moins à l’origine -, puisque le tracé des fortifications n’incluait pas le quartier Saint-Médard, ni son église. Au début du XIVe siècle, une chapelle consacrée à la Vierge Marie est donc construite dans la cité intra-muros.

Partiellement désacralisée ; la chapelle Notre-Dame du Marché sert encore de lieu de culte, mais est aussi devenue un lieu culturel où des concerts et des expositions sont organisés. Dans une annexe, derrière le chœur, on peut admirer le « cénotaphe » (monument élevé à la mémoire de personnes décédées, mais sans la présence du corps) du comte Winand de Glymes, ancien seigneur de Jodoigne, et de son épouse Michelle, décédés respectivement en 1668 et 1671.

GR 579 : Jodoigne, chapelle ND du Marché GR 579 : Jodoigne, chapelle ND du Marché, gisant de Winand de Glymes et de son épouse

Nous quittons la Grand-Place en prenant un petit sentier, l’impasse de la Gadale, qui se termine par une volée d’escalier longeant l’enceinte du château Pastur. Ce raidillon fut jadis le lieu où aurait résidé une femme que l’on disait sorcière. Par extension, le qualificatif qui la désignait a fini par s’appliquer à tout un petit quartier, désormais dit « la Gadale ».

Après la traversée de la Grande Gette, nous nous dirigeons vers le quartier Saint-Lambert. L’histoire de cette paroisse est ancienne et mal connue. On pense qu’elle a été fondée au Xe siècle par le chapitre Saint-Paul de Liège. Son église, dédiée à Saint-Lambert, saint patron liégeois, fut construite sur une petite butte dominant la Grande Gette.

L’église, tout comme l’ensemble du quartier bâti en dehors de l’enceinte fortifiée de la cité, eut à souffrir d’innombrables assauts et dégradations. L’église actuelle a été érigée en 1861. Sur la place, près de l’église, on peut voir une statue de « Twène, gamin de Saint-Lambert ».

GR 579 : Jodoigne, église Saint-Lambert

Le GR 579 franchit la N240 et quitte ainsi Jodoigne. Les cinq derniers kilomètres de l’étape se font en quasi ligne droite, sur des chemins de terre ou herbeux, au milieu du plateau campagnard. Durant ce parcours, nous passons devant une drève de tilleuls menant au château de Beaulieu.

Cette demeure, plusieurs fois reconstruite (XIXe et première moitié du XXe siècle), trône au milieu de beaux jardins paysagers à l’anglaise. Plus loin, nous longeons l’imposant corps de logis de la ferme Pastur, puis nous voyons émerger la silhouette ronde du château d'eau, surmonté d’un clocheton, de Lathuy.

GR 579 entre Jodoigne et Roux-Miroir GR 579 entre Jodoigne et Roux-Miroir

Il est presque 15 h lorsque nous retrouvons la voiture, à l’entrée du village de Roux-Miroir.

Plan du parcours

➔ Jonction avec d'autres GR

  • Le GRP 127 : Tour du Brabant wallon. Au départ de Wavre, ce sentier de grande randonnée effectue une grande boucle de 266 km à travers la plus petite des provinces wallonnes. Il passe notamment par Waterloo, Rebecq, Nivelles, Villers-la-ville, Perwez, Hélécine, Jodoigne et Grez-Doiceau.