Les Randos de Fred & Paul

Streek-GR Kust : Oostende → Blankenberge (23 km) - août 2024

À la sortie de la gare d’Oostende, nous suivons, sur 500 mètres, la N334 et admirons, au passage, deux bateaux : le Mercator et l’Amandine. Le Mercator est un trois-mâts goélette conçu par l'explorateur polaire Adrien de Gerlache en tant que bateau-école pour la marine marchande.

Il a été construit en Écosse et a pris la mer pour la première fois en 1932. Lors de son neuvième voyage, en 1936, le Mercator a ramené la dépouille du Père Damien. À partir de 1961, le navire a été réaménagé en musée et est à quai à Oostende depuis 1965 de manière presque ininterrompue.

L'Amandine est le dernier navire des mers d'Islande et rappelle la période la plus célèbre de l'histoire de la pêche flamande, lorsque les pêcheurs s'en allaient en mer pendant de longues semaines et ramenaient des poissons des eaux glaciales qui entourent l'Islande. La ville a acquis et entièrement rénové ce navire pour en faire un musée.

Oostende, Mercator

La tour de la vieille église, appelée Tour du Poivre, est le seul vestige de l’ancienne église Saints-Pierre-et-Paul qui était jugée trop rustique par Léopold II et qui fut détruite par un incendie. En 1907, le roi a fait reconstruire l'édifice religieux dans le plus pur style néogothique.

Il a aussi demandé aux architectes de prévoir la construction d’une petite chapelle, attenante à l’église, pour y rendre hommage à sa mère, la reine Louise-Marie (décédée à Oostende en 1850). Une sculpture en marbre blanc représente la reine quittant la vie terrestre, accueillie par un ange et pleurée par la ville d’Oostende.

Oostende, église Saints-Pierre-et-Paul

Grâce à un bac, nous passons d’une rive à l’autre du port ; ce service de navette gratuite, limité à 50 passagers par voyage, fonctionne toute l’année.

Oostende, bac - navette

En nous dirigeant vers le fort Napoléon, nous passons près de la nouvelle jetée, datant de 2014, ainsi que du phare « Lange Nelle ». Il s'agit du quatrième phare construit depuis 1771, date à laquelle fut érigée la première tour à feu ; tous les précédents ont été détruits.

D’une hauteur de 65 mètres, son signal optique (visible jusqu'à 39 kilomètres) est trois fois « long » toutes les 10 secondes (en morse, c’est la lettre O d'Oostende). Il n’y a plus que trois phares sur tout le littoral belge.

Oostende, phare Lange Nelle

Bien caché au milieu des dunes et de quelques vestiges du Mur de l’Atlantique, le fort Napoléon est un site intéressant à visiter. À la fin du XVIIIe siècle, Les Français portaient une grande attention aux fortifications côtières comme moyen de défense contre des attaques possibles depuis l’Angleterre.

Napoléon planifia un cercle de fortifications autour de la ville d’Oostende, mais finalement, seuls deux forts pentagonaux furent construits, dont le fort Impérial, aujourd’hui fort Napoléon, situé à l’est de la ville. Les travaux débutèrent en 1811 et, à partir de 1814, le fort servit uniquement d’arsenal et de cantonnement pour les troupes françaises.

Durant la Première Guerre mondiale, le fort faisait fonction de quartier d’artillerie pour l’occupant allemand. Après le départ des troupes allemandes, il fut pillé. Au cours de la Seconde Guerre mondiale, le site a aussi été utilisé par l’occupant allemand comme cantonnement pour les artilleurs.

À partir de 1956, une longue période de délabrement débuta. De 1996 à 2012, la Stichting Vlaams Erfgoed, qui deviendra plus tard Erfgoed Vlaanderen, s’est chargée de la restauration et de la nouvelle fonction éducative et culturelle du fort.

Oostende, fort Napoléon

Pendant 1,5 km, nous progressons sur la digue en direction de Bredene. En ce début août, alors qu'il fait pourtant chaud, nous sommes surpris de voir, ici, la plage si déserte.

GR 5A entre Ostende et Bredene

Au niveau du « Twins Club Bredene », le tracé jaune et rouge quitte ce parcours rectiligne pour entrer dans les dunes. Ce tronçon s’effectue, lui aussi, sur des chemins bétonnés, mais nous permet surtout de bénéficier d'une petite zone ombragée. 700 mètres plus loin, nous revenons au bord de la mer et marchons cette fois dans le sable.

GR 5A entre Ostende et Bredene GR 5A entre Ostende et Bredene

Après 500 mètres, nous quittons à nouveau la plage pour cheminer, pendant un kilomètre, sur des sentiers gravillonnés ou pavés, au milieu du cordon dunaire de Bredene. Un agréable parcours, plus vallonné et bien végétalisé, nous offrant quelques beaux panoramas.

GR 5A entre Ostende et Bredene GR 5A entre Bredene et De Haan

Grâce à un tunnel aménagé sous la N34, nous franchissons cette grand-route en toute sécurité. Nous marchons ensuite, pendant un kilomètre, sur un sentier asphalté évoluant au centre de l'étroite bandé boisée située entre la N34 et la N317. À la fin de ce tronçon, le Streek-GR se dirige vers les Duinbossen en progressant sur le trottoir au bord de la N317 ; c'est la moins belle partie de cette étape !

GR 5A entre Bredene et De Haan

Heureusement, après un kilomètre, le tracé jaune et rouge bifurque vers la gauche pour pénétrer dans ce « bois dunaire »... un changement total de décor qui n’est pas pour nous déplaire. Cette zone naturelle s'étend sur 152 hectares entre Bredene et Wenduine ; le centre-ville de De Haan coupe cet ensemble en deux parties.

Les premières « vraies » plantations boisées entre Bredene et Wenduine datent de 1838. Celles-ci devaient empêcher que les riches terres agricoles situées dans les polders disparaissent sous les sables dunaires emportés par les vents. À l’époque, on utilisa principalement des pins sylvestres et des arbres feuillus qui étaient gérés comme bois de coupe.

Suite à une combinaison de mauvais entretien, de l’opposition des fermiers locaux qui y faisaient paître leur bétail et de vol de bois, ces plantations ont été quasiment décimées. En 1880, une deuxième tentative a été entreprise avec principalement la plantation d’arbres feuillus. Cette fois, c’étaient la Première Guerre mondiale et la grande sécheresse de 1921 qui ont tout gâché.

En 1922, la gestion des dunes appartenant à l’état a été confiée à l’administration des Eaux et Forêts. De nouveaux boisements ont alors été effectués, au début principalement avec des pins noirs, plus tard également avec des peupliers blancs, des érables, des saules et d’autres espèces.

De Haan, Duinbossen De Haan, Duinbossen

Après deux kilomètres, nous atteignons De Haan (Le Coq-sur-Mer) où nous effectuons une pause. La charmante petite gare du tram, bâtie en 1902, est aujourd'hui classée et abrite l'office de tourisme.

Le Coq-sur-Mer, gare du tram

Le roi Léopold II possédait une centaine d’hectares de dunes à Klemskerke qu’il donna en concession à une société privée afin de créer une nouvelle station balnéaire à l’attention de la bourgeoisie bruxelloise francophone ; le but était aussi de désengorger les stations d’Oostende et de Blankenberge victimes de leur succès.

Le 22 juillet 1888, la station fut officiellement inaugurée et son premier hôtel ouvert. Un an plus tard, 50 hectares de dunes (entre la ligne de tram et la mer) ont encore été cédés par bail emphytéotique de 90 ans entre l’État belge et une société privée, la Concession.

De Haan, Grand hôtel du Coq-sur-Mer

Les villas devaient y être construites selon un schéma d'aménagement urbain prédéfini et selon des règles strictes. En outre, le roi proposa la construction d'une centaine de villas de style anglo-normand qui seraient louées par bail de longue durée à des propriétaires privés.

À mesure que la date d'expiration du bail approchait, les règles strictes se sont assouplies. Lorsque plusieurs belles propriétés ont été démolies, le comité d'action pour la préservation de la Concession et du centre du village de De Haan a été créé en 1977.

Il faudra attendre 1995 avant que l'ensemble de la Concession ne soit protégé en tant que site de village. Ce quartier Belle Époque fait aujourd’hui encore la fierté de la station. Parmi les nombreuses personnalités qui ont séjourné au Coq-sur-Mer, on peut citer Albert Einstein qui y passa quelques mois, en 1933, en attendant son exil définitif vers les États-Unis.

De Haan, Albert Einstein

À la sortie de De Haan, nous pénétrons, à nouveau, dans les Duinbossen et y cheminons pendant 3,5 km. Par endroits, le chemin se compose d’une partie asphaltée, et juste à côté, d’une partie en terre. Des écriteaux nous indiquent que les randonneurs doivent emprunter l’asphalte et laisser la partie non revêtue du chemin pour les coureurs !

De Haan, Duinbossen

Une grande partie des résineux, plantés autrefois, et des essences non indigènes a peu à peu été remplacée par une forêt de feuillus lumineuse, parsemée de clairières. La croissance et la floraison spontanée garantissent une structure riche composée d’arbres anciens et d’essences indigènes plus jeunes.

De Haan, Duinbossen

Au terme de ce parcours, nous franchissons la N317 et la ligne de tram avant de grimper (de 3 à 20 m d’altitude), dans les dunes, vers un point de vue. Nous descendons traverser la N34 et parvenons ensuite sur la plage.

Streek-GR Kust entre De Haan et Wenduine

La plage et le cordon dunaire forment une protection naturelle contre les incursions de la mer dans le polder. Autrefois, on optait pour une défense côtière artificielle en dur, avec des brise-lames perpendiculaires à la ligne côtière, une digue dormante derrière les avant-dunes et des digues de mer en béton.

Aujourd’hui, la préférence est donnée à une défense côtière plus naturelle consistant en une élévation de la plage par l’ajout de sable, le renforcement du pied des dunes au moyen de haies et écrans de risberme ainsi que la fermeture des avant-dunes afin que l’oyat puisse fixer le sable. Il faut savoir qu’à l’époque romaine, le cordon dunaire se situait 3 km plus loin, dans la mer.

Après un détour pour profiter du panorama depuis le « Spioenkop », un pavillon blanc situé sur la deuxième plus haute dune (31 m) de la côte, nous rejoignons la digue de Wenduine sur laquelle nous marchons durant 900 mètres.

Wenduine

Par le Schelpenpad, un sentier, en lisière des dunes, surplombant la N34 et la ligne de tram, nous nous dirigeons vers Blankenberge. 1,3 km plus loin, nous montons sur le pont « Het Wrakhout » pour rejoindre une dernière fois le bord de mer.

Streek-GR Kust entre Wenduine et Blankenberge

Le tracé jaune et rouge atteint le chenal de Blankenberge où des travaux sont actuellement en cours (fin prévue au printemps 2026). Un nouveau brise-lames est en construction afin de résoudre le problème récurrent d’ensablement du chenal portuaire, conséquence directe des tempêtes annuelles.

Chenal de Blankenberge

Nous contournons le port de plaisance de la ville et, à hauteur du Paravang, nous abandonnons le Streek-GR afin de rejoindre, via la N34, la gare de Blankenberge. Cette élégante construction, datant de la belle époque (1908), rappelle l'élite du tourisme côtier du début du 20e siècle. La toiture élaborée dans un style néogothique lui confère un aspect quelque peu oriental.

Plan du parcours

➔ Jonction avec d'autres GR

  • Le GR 5A : Wandelronde van Vlaanderen décrit une grande boucle d'environ 600 km autour de l'ancien comté de Flandre, les provinces actuelles de Flandre orientale et de Flandre occidentale. Ce sentier de grande randonnée passe notamment par De Panne, Oostende, Brugge, Anvers, Alost, Grammont et Renaix.