Les Randos de Fred & Paul

GR 65 : Figeac → Ussac (25 km) - juin 2016

Une fois de plus, nous sommes les derniers du gîte à démarrer l’étape ; nous étions pourtant à 7 h 30 dans la salle à manger pour prendre le petit déjeuner préparé par nos hôtes. Nous suivons le Célé, sur 500 mètres, avant de le franchir via une passerelle. C’est ici que nous quittons définitivement le GR 6 qui traverse la ville de Figeac et s’en va ensuite vers Rocamadour.

Figeac : séparation du GR 65 et du GR 6 Figeac, passerelle sur le Célé

Le GR 65 passe sous la voie ferrée (Figeac - Brive-la-Gaillarde), puis nous découvrons un écriteau nous annonçant une modification du tracé. Le nouveau balisage nous invite à suivre, pendant 900 mètres, la ligne de chemin de fer avant d’entamer la partie la plus vallonnée de la journée.

Durant 1,5 km, nous allons grimper pour passer de 227 à 347 mètres d’altitude. La montée s'effectue d’abord sur un petit sentier, en bordure d’un bois, mais bien vite, c’est l’asphalte qui prend le relais. Au sommet, nous comprenons la raison du changement du tracé du GR : la modification du parcours de la D802 !

GR 65 entre Figeac et Faycelles

Par une route goudronnée, serpentant essentiellement au milieu des champs, nous nous dirigeons vers Faycelles. Nous passons par La Cassagnole (qui aurait été le hameau natal de Louis le Pieux, le fils de Charlemagne), puis nous dépassons la dame avec qui nous discutions hier soir au gîte ainsi que quelques autres randonneurs.

Le parcours étant relativement plat et rectiligne, nous pouvons voir à l’horizon les pèlerins qui nous précèdent. Il est 10 h 30 lorsque nous arrivons à Faycelles, par le dessous du village ; des escaliers permettent d’en atteindre le centre.

Faycelles

Le village initial était situé au pied des falaises, mais au XIIIe siècle, les habitants abandonnent ce site (où s’installe une léproserie) pour se fixer autour du château, à l’emplacement actuel du village. Sous l’instigation du cardinal de Richelieu, le pouvoir central décrète le démantèlement des forteresses auquel n’échappe pas le château de Faycelles.

Dans les années 1880, le phylloxéra met fin à la prospérité de la bastide débutée au Second Empire. De cette époque florissante, il reste de nombreuses demeures bourgeoises.

Faycelles

Ayant déjà parcouru 7,5 km, nous nous octroyons une première pause. Nous cherchons un banc à l’ombre, car le soleil tape déjà fort et ce n’est qu’un début... Après un passage par le bureau de poste pour apposer le tampon communal sur notre credencial, nous visitons l’église, bâtie de 1885 à 1888, puis nous faisons un petit tour dans ce charmant village.

Faycelles

Les quatre kilomètres nous séparant de Béduer se feront à 90 % sur de l’asphalte. À la sortie du village de Faycelles, nous descendons vers les falaises sur un agréable sentier, boueux par endroits. Ici se trouvaient, jusqu’au début du XXe siècle, des vignes, mais à cause du phylloxéra, leurs cultures ont été arrêtées.

Des jardins (essentiellement des arbres fruitiers : figuiers, pruniers ou amandiers) les ont remplacés sur ce site qui bénéficiait d’une très bonne exposition. De nos jours, la nature a repris ses droits et ce sont les variétés sauvages qui ont pris le relais : aubépines, églantiers, fusains, cornouillers sanguins.

GR 65 entre Faycelles et Béduer

La suite, comme annoncé plus haut, ne sera hélas qu’une succession de petites routes. Le parcours a, ici aussi, été récemment modifié... peut-être pour éviter les deux kilomètres sur la D21 ? L’avantage de marcher sur ces petites routes sans circulation, c’est que nous pouvons pleinement profiter du paysage : des champs et des prés à l’infini.

GR 65 entre Faycelles et Béduer GR 65 entre Faycelles et Béduer GR 65 entre Faycelles et Béduer

Nous arrivons au lieu-dit « Mas de la Croix », là où le GR 651 quitte le GR 65. Souvent appelé « variante du Célé », le GR 651 est un itinéraire de 55 km reliant Béduer à Bouziès. Le parcours du GR 651 est - par les méandres de la rivière, les hautes falaises qui la cernent, les nombreux châteaux et habitations troglodytes qui la ponctuent - spectaculaire et mouvementé.

Le Célé naît dans le Massif central à 713 m d'altitude sur la commune de Calvinet et se jette dans le Lot à hauteur de la commune de Bouziès, près de Saint-Cirq-Lapopie, après un parcours de 104 km. C'est le deuxième plus gros affluent du Lot après la Truyère.

Mas de la Croix, séparation du GR 65 et du GR 651

Nous continuons notre périple sur le GR 65 et retrouvons enfin un parcours agréable, sur d’étroits sentiers caillouteux, à travers les bois de chênes. Nous contournons la fontaine de « Fontieu » qui est en fait un puits datant de 1902, puis nous poursuivons sur des chemins herbeux.

GR 65 entre Béduer et Gréalou GR 65 entre Béduer et Gréalou, fontaine de Fontieu

C’est dans un champ récemment fauché, près d’une cazelle, que nous nous arrêtons pour pique-niquer. L’endroit est propice à une petite sieste, mais le bruit d’un tracteur tout proche, qui va sûrement venir ramasser le foin sur lequel nous sommes assis, ne nous incite pas à prolonger la pause.

GR 65 entre Béduer et Gréalou, cazelle

Nous reprenons l'itinéraire et passons à côté d’une seconde cazelle. Ces constructions, aussi appelées « gariottes », bâties en pierres sèches en encorbellement (chaque assise de pierre fait saillie sur celle d'en dessous) et leurs toits couverts de lauzes, datent pour la plupart de la fin du XIXe siècle.

Après la Révolution, de nombreux paysans ont pu acquérir des parcelles de terres issues du démembrement des grandes propriétés terriennes. Si auparavant, on se contentait d’égratigner le sol à moins de 15 cm de profondeur, avec l’arrivée de la charrue au début du XIXe siècle, les socs ont attaqué, sous la mince couche de terre, le sommet des couches rocheuses en détachant des blocs de calcaire plus ou moins volumineux.

Ces pierres étaient si nombreuses, que les paysans ne savaient plus quoi en faire. Parallèlement à cela, ils possédaient des élevages de brebis et de chèvres qu’il fallait surveiller ou abriter. Trouvant rapidement une utilité à toutes ces pierres, les paysans ont alors bâti des murettes de parcelles pour remplacer les clôtures, construit gariottes et cazelles afin de s’abriter ou pour protéger les outils et les animaux en remplacement des cabanes en bois.

GR 65 entre Béduer et Gréalou, cazelle

Pendant cinq kilomètres, à l’exception d’un petit tronçon de 300 mètres sur une départementale, nous allons marcher sur des chemins de terre ou caillouteux, tantôt à travers les sous-bois, tantôt au milieu de la campagne. Un parcours, loin de toute habitation, très agréable surtout dans les parties boisées et donc ombragées (car il fait près de 30°) !

GR 65 entre Béduer et Gréalou GR 65 entre Béduer et Gréalou

À partir du hameau de Puy Clavel, nous quittons le parcours forestier pour nous diriger vers le seul « vrai » village entre Béduer et Cajarc : Gréalou. C’est vers 14 h 30 que nous parvenons au centre de ce dernier où un point d’eau est annoncé. Nous aurions aimé remplir nos gourdes à cette source, mais nous ne l’avons pas vue... il fallait apparemment un peu s’écarter du parcours du GR pour la trouver.

GR 65 entre Béduer et Gréalou

Comme l’église est ouverte, nous en profitons pour y effectuer une pause et surtout profiter de la fraicheur des lieux ! L’église romane Notre-Dame de l’Assomption abrite, notamment, un bénitier en marbre dont la cuve est ornée de deux têtes d'ange ailé entourant l'inscription « 1684 » ; cette date correspond peut-être à une campagne de travaux, à laquelle on pourrait rattacher la construction, ou la reconstruction, du clocher.

Gréalou, église Notre-Dame de l'Assomption

À la sortie de Gréalou, le GR 65 passe à côté du cimetière puis devient rapidement un large chemin caillouteux cheminant, pendant 2 km, presque à plat, dans la campagne vers le dolmen de Pech Laglaire. Avec 600 dolmens inventoriés, le département du Lot est l’un des plus riches de France en sépultures mégalithiques.

Édifiés un millénaire plus tard que les monuments bretons, ces tombeaux sont liés à l’apparition de la pratique de l’inhumation collective ou successive au sein d’un sépulcre monumental. Visibles, pour la plupart, à plusieurs centaines de mètres, ils marquent l’ancrage des communautés paysannes dans le territoire en pérennisant la mémoire de leurs ancêtres.

Ce dolmen, de type caussenard, comprend une chambre sépulcrale quadrangulaire qui conserve ses deux orthostates (blocs de pierre placés à la verticale ou dalles dressées sur le chant qui servent à soutenir un mur ou d’autres blocs), sa dalle de chevet et sa dalle de couverture. Le tumulus qui la recouvrait devait adopter une forme quadrangulaire ou trapézoïdale d’une dizaine de mètres de côté.

Dolmen de Pech Laglaire

Nous quittons ici le GR 65 pour nous rendre vers le gîte, situé à trois kilomètres du tracé blanc et rouge. Les propriétaires ont apposé un balisage composé de coquilles Saint-Jacques afin de guider les pèlerins. Malgré la chaleur étouffante, nous profitons de ce beau tronçon à travers le causse.

Sur le parcours, nous découvrons diverses décorations assez « originales » : un vieux poste de téléphone, un WC, un miroir avec cette inscription « Vous êtes innocent de la tête que vous avez, mais... vous êtes responsable de la gueule que vous faites ! »,...

Chemin vers la Source d'Ussac Chemin vers la Source d'Ussac Chemin vers la Source d'Ussac

Vers 15 h 45, nous arrivons à la Source d’Ussac où nous sommes très bien accueillis par Dominique, le propriétaire. Nous savourons pleinement le verre d’eau bien fraiche avec du sirop de menthe (fabrication maison). Petite inquiétude par rapport à nos bagages qui ne sont pas encore là, mais une heure plus tard, nous verrons arriver la camionnette de la Malle Postale avec soulagement.

Il n’y a que Paul et moi qui logeons dans ce gîte aujourd’hui. Même si nous sommes très heureux d’avoir notre chambre avec sanitaire privatif, nous sommes un peu tristes pour les propriétaires qui méritent d’avoir plus de clients ! Avant le repas du soir, nous effectuons un petit tour de la propriété : une ferme avec quelques porcs, des moutons, deux paons (très bruyants),...

Gîte la Source d'Ussac Gîte la Source d'Ussac

N’étant que deux dans le gîte, les propriétaires (Dominique et Sylvie) nous proposent de venir manger avec eux sur leur terrasse. Ce délicieux repas, composé essentiellement des produits de la ferme, est un très bon moment de partage. Le plat principal accompagné de riz au safran nous permet d’en apprendre un peu plus sur la culture de cette épice locale.

Gîte la Source d'Ussac

Plan du parcours