GR 65 : Lauzerte → Moissac (27 km) - juin 2017
Vers 5 h 30, nous sommes réveillés par Marie et Etienne qui ont décidé de se lever tôt. Nous essayons de rester encore un peu au lit, mais l’agitation matinale dans le gîte nous contraint à nous lever aussi. Après un bon petit déjeuner, nous entamons, vers 7 h, cette étape qui sera la plus longue (de nos 12 jours) mais aussi la plus asphaltée !
Sous un ciel couvert, nous traversons le centre de Lauzerte, encore endormi. La cité étant située sur une colline, nous devons d'abord descendre (de 220 à 105 mètres d’altitude) tout ce que nous avons grimpé hier. Nous traversons successivement la D953 et la rivière « Lendou ». Pendant 700 mètres, nous progressons sur la D81 ; en nous retournant, nous pouvons admirer, une dernière fois, Lauzerte.
Nous laissons le goudron pour suivre un chemin herbeux. À l’entrée d’une forêt, c’est sur un sentier caillouteux, montant raide, que nous continuons notre randonnée. Au sommet de la colline (215 mètres d’altitude), nous aurions aimé profiter du banc pour effectuer une petite pause, mais la place est déjà prise.
Le GR 65 suit une route goudronnée presque rectiligne. Sur la droite, au lieu-dit « le Chartron », nous découvrons un très beau pigeonnier.
Un peu plus loin, nous nous engageons sur un chemin blanc descendant, en forêt, dans un vallon au doux nom de « Combe du miel ». C’est là que se dresse la chapelle romane de Saint-Sernin du Bosc, bâtie au XIe siècle. Elle est mentionnée dans les bulles de 1097 et de 1240 comme une possession de l’abbaye de Moissac qui, au XIIIe siècle, la céda à l’évêque de Cahors.
L’édifice, de proportions modestes, est intéressant : abside semi-circulaire et voûtée en cul-de-four, clocher-mur à pignon triangulaire abritant deux cloches, corniche romane avec modillons. La chapelle a été classée Monument historique en 1995, année de sa restauration complète.
Le tracé blanc et rouge remonte un petit peu, nous faisant passer à côté d’un verger. Afin d’éviter que les marcheurs, vacanciers et pèlerins cueillent les fruits dans les arbres, un cultivateur a mis ici un stand avec des plateaux de fruits cueillis. Il s’agit d’un donativo (chacun peut mettre le montant qu’il souhaite) au profit des enfants. Nous y dégustons quelques délicieuses cerises.
Nous descendons ensuite, dans un sous-bois, vers un petit lac. À partir d’ici, le paysage change totalement ; nous cheminons à présent au milieu des champs de céréales et de tournesols. Après avoir longé la ferme du Parry, nous suivons une petite route asphaltée sur 500 mètres.
Nous parvenons ainsi à la D57 sur laquelle nous allons marcher pendant 1,4 km. Ce tronçon, en parallèle de la rivière « Barguelonne », n’est pas passionnant, mais heureusement, il y a très peu de trafic. Lorsque nous abandonnons enfin le goudron, c’est pour prendre, sur la gauche, un chemin herbeux montant entre deux champs.
Tandis que nous effectuons une pause boisson, sur une aire de repos aménagée par le département du Tarn-et-Garonne, nous voyons passer un randonneur anglophone qui, apparemment, effectue le Chemin en sens inverse. Nous descendons entre les terres cultivées vers le fond d’un vallon où coule le ruisseau de Bonnet. 700 mètres plus loin, nous traversons le ruisseau et grimpons un chemin herbeux.
Nous passons devant l’hôtel « L’Aube Nouvelle » et continuons, sur l’asphalte, au milieu des cerisiers. Peu avant 11 h, nous pénétrons dans Durfort-Lacapelette où un panneau nous annonce encore 14 km pour Moissac. Ce village a la particularité de ne pas avoir d'église en son centre alors que cinq églises sont disséminées dans la campagne.
À la sortie de Durfort-Lacapelette, le GR 65 suit brièvement la D16 avant de s’engager, à gauche, dans un chemin herbeux. Celui-ci descend le long d’un verger pour rejoindre un étang alimenté par le ruisseau de Lambenne. Si peu à peu le ciel, au-dessus de nous, se dégage, il n’en est pas de même dans le lointain où nous entendons résonner le tonnerre ; heureusement, l’orage ne s’abattra pas sur nous !
Après cet étang, nous remontons sur l’asphalte, au milieu des vergers, vers la D16. Le tracé blanc et rouge traverse cette grand-route et continue, pendant trois kilomètres, sur le goudron. Seul le passage près de la petite église de Saint-Martin vient égayer ce tronçon monotone.
Nous franchissons, à nouveau, la D16 et empruntons un sentier aménagé en bordure de la départementale. Grâce à un petit pont de bois, nous passons le ruisseau de Laujol et continuons, sur cet agréable parcours semi-ombragé, vers une aire de pique-nique. Nous quittons la vallée du Laujol par un sentier grimpant fortement (de 110 à 180 mètres d’altitude), dans le sous-bois.
Au sommet, nous trouvons un banc où effectuer la pause de midi. Il nous reste encore 5 km pour atteindre les faubourgs de Moissac, mais malheureusement, tout ce tronçon est lui aussi asphalté ! Autour de nous, outre les prairies et les champs de céréales, nous découvrons de nombreux vergers.
Moissac et les communes environnantes sont situées dans un terroir approprié à la production fruitière. Il s'agit d'une zone très dynamique au niveau agricole, notamment l'arboriculture avec les cerises, les prunes, le chasselas, les pommes et les kiwis.
La production de la « Cerise Région Moissac » s'élève à 2 500 tonnes par an pour une surface de 250 hectares. La récolte, en fonction des conditions climatiques, dure un mois et demi. La première récolte commence vers le 15 mai avec la Burlat et se termine au 14 juillet avec la Régina et la Sweet Heart.
Nous rejoignons la D957 et, à hauteur d’un rond-point avec une sculpture évoquant deux randonneurs, nous effectuons une petite pause. Là, au bord de la route, se trouve un point d’eau où nombre de pèlerins viennent remplir leurs gourdes. Si nous sommes déjà à Moissac, il nous faut encore marcher 2,5 km afin d’atteindre le centre-ville. Un parcours urbain pas très agréable, surtout lorsqu’il fait plus de 35°.
Il est 14 h 30 lorsque nous arrivons à l’hôtel. Si l’accueil est convivial, nous apprenons deux « mauvaises » nouvelles : l’hôtel ne propose plus de restauration le soir (alors que nous sommes censés être en demi-pension), le petit déjeuner ne sera servi qu’à partir de 7 h 30 (heure à laquelle nous sommes généralement déjà en route). Nous ne comprenons pas le choix de cet hôtel de la part de l’agence qui a réservé notre voyage...
Après une douche réparatrice et un peu de repos, nous nous rendons à l’abbatiale afin d’apposer le cachet sur la credencial et de visiter le cloitre. Une légende raconte que l’abbaye Saint-Pierre de Moissac a été fondée par Clovis, roi des Francs, mais son existence n’est réellement attestée qu’à partir du début du IXe siècle.
L'église comporte deux parties bien distinctes : les restes romans (les deux premiers niveaux du clocher et la base des quatre premières travées de la nef) sont en pierre tandis que les constructions gothiques sont en briques.
La partie la plus ancienne qui subsiste est le clocher-porche, de 1120, abritant un très beau portail roman. Le tympan illustre l'apocalypse selon Saint-Jean. Le Christ en majesté est entouré de deux anges et des quatre évangélistes. Sur ce tympan, on peut aussi voir vingt-quatre vieillards dotés de divers instruments de musique.
Le tympan est flanqué de bas-côtés qui représentent, à gauche, des scènes de l'Ancien Testament (l'histoire du pauvre Lazare) et des figures illustrant des vices (l'avarice et la luxure). De l'autre côté, on peut admirer des scènes du Nouveau Testament avec l’Annonciation, la présentation au temple et la fuite en Égypte.
En 1626, le monastère est sécularisé : les moines bénédictins deviennent des chanoines séculiers. La vie religieuse s’achève avec la Révolution, en 1790, et la vente des bâtiments à des particuliers. Un regain d’intérêt pour le site de l’abbaye se manifeste au XIXe siècle et conduit au classement du cloitre et de l’église parmi les Monuments historiques.
À la même période pourtant, la construction de la ligne de chemin de fer Bordeaux - Sète entraine la destruction du réfectoire médiéval. Sur les 76 chapiteaux qui ornent le cloître, environ 50 sont historiés, c'est-à-dire qu’ils commentent des épisodes de la Bible ou des récits de la vie des saints.
Au centre de la galerie ouest, la plaque de marbre du pilier central précise que le cloitre a été terminé en 1100. Les apôtres, disciples directs de Jésus, sont les piliers de l’Église ; ici, à Moissac, ils sont devenus les piliers d’angle du cloître, une inscription au-dessus de leur tête permet de les identifier.
Après cette visite, nous nous mettons à la recherche d’un restaurant. C’est sur la terrasse d’une pizzeria, en compagnie de Caroline et Jean-François, que nous passons la soirée. Nous ne reverrons plus ce sympathique couple puisque demain, ils prendront une journée de repos ici à Moissac. C’est aussi ce soir que nous disons au revoir à Marie-Madeleine et Michael pour qui le Chemin s’arrête ici pour cette année.