Les Randos de Fred & Paul

GR 65 : Auvillar → Miradoux (17 km) - juin 2017

Vers 7 h 00, nous nous rendons dans la salle à manger (ancienne salle de restaurant) pour prendre le petit déjeuner. 1 h 30 plus tard, nous quittons à regret ce gîte et sa sympathique propriétaire. Nous traversons la place de la Halle en direction de la tour de l’horloge.

Bâtie à la place d’une porte fortifiée, équipée d’un pont-levis (il existait trois portes d’accès au village), cette tour est une élégante construction de la fin du XVIIe siècle comprenant trois étages séparés par des cordeaux qui rythment la façade. La toiture est surmontée d’une cage en fer forgé.

La cloche actuelle, ornée d’une inscription gothique, provient de l’ancien couvent des Jacobins et fut placée au sommet de la tour à la Révolution. À l’intérieur, chaque niveau est aménagé en salle d’exposition où se trouve le Musée de la Batellerie qui présente un bel historique de cette activité qui assura la richesse de la cité pendant plusieurs siècles.

Auvillar, tour de l'horloge

Après être passés par la boulangerie pour emporter le menu que nous avions commandé hier (sandwich, pâtisserie et boisson), nous sortons d’Auvillar en grimpant la D11. 600 mètres plus loin, le GR 65 abandonne temporairement la départementale pour suivre un chemin de terre descendant à travers bois.

En bas, nous retrouvons la D11 sur laquelle nous allons marcher pendant près de trois kilomètres ! Le tracé blanc et rouge passe sous l’autoroute A62 (Toulouse - Bordeaux) puis monte lentement, au milieu de la campagne, vers Bardigues.

GR 65 entre Auvillar et St-Antoine

À la sortie du village, nous suivons encore un peu la D11 avant de la quitter pour une plus petite route. Après 1,5 km, nous nous engageons sur un chemin de terre descendant en lisière d’un bois. C’est lorsque nous traversons la D88 que nous entrons dans le département du Gers (où nous cheminerons durant une semaine).

De l’autre côté de la départementale, nous arrivons au lieu-dit « Le Moulin », où nous franchissons l’Arratz. Longue de 162 km, cette rivière prend sa source sur le plateau de Lannemezan, dans les Hautes-Pyrénées, et se jette dans la Garonne, en face de la centrale nucléaire de Golfech.

GR 65 entre Auvillar et Saint-Antoine

Pendant un kilomètre, nous longeons, sur le bas-côté, la D953. Cette dernière nous mène à l’entrée du village de Saint-Antoine.

GR 65 entre Auvillar et Saint-Antoine

En 1176, les Antonins auraient créé un petit hôpital près d’un pont sur l’Arratz. Un siècle avant, l’ordre religieux avait été fondé pour lutter contre l’ergotisme, intoxication alimentaire provoquée par l’ergot du seigle appelée « mal des ardents » ou « feu de Saint-Antoine ». Les religieux accueillirent les malades puis les pèlerins. Les Antonins occupèrent les lieux jusqu’en 1777 et furent remplacés par les Chevaliers de Malte qui ne restèrent que douze ans.

Le village semble s’être organisé le long d’une rue centrale unique. Au nord, elle aboutit à une porte fortifiée s’appuyant toujours sur la commanderie, aujourd’hui propriété privée, qui est un ensemble imposant et bien conservé. Les maisons suivent l’alignement de la muraille et leur mur extérieur participait à la défense.

Saint-Antoine, porte fortifiée

À l’intérieur du village, l’église, dont le mur nord semble encore porter des traces de crénelage, devait également être fortifiée. Le portail d’entrée est assez exceptionnel avec des voussures en plein cintre, de tradition romane, et un tympan découpé de lobes outrepassés marqués par les souvenirs de l’art arabe du nord de l’Espagne.

En entrant dans l’édifice, on remarque un grand décor peint, réalisé à la fin du XIXe siècle, sur l’ensemble des murs avec notamment de grandes surfaces ocre rouge striées de coupes de fausses pierres. Des peintures illustrant la vie de saint Blaise, découvertes en novembre 2006, se situent sur le mur nord de la nef.

Saint-Antoine, église

À la sortie du village, nous découvrons une belle fontaine évoquant le Chemin de Compostelle. Nous pouvons y lire cette phrase : « Va pèlerin poursuis ta quête, va sur ton chemin que rien ne t’arrête. Le cœur en éveil, voilà ton trésor ».

Saint-Antoine, fontaine Compostelle

Le GR 65 repart sur la D953 avant de bifurquer, 500 mètres plus loin, sur une route montant dans le sous-bois. Nous progressons ensuite sur le goudron à la limite du Gers, à droite, et du Tarn-et-Garonne, à gauche.

Nous sommes à présent dans la Lomagne, région aussi appelée « Gascogne bossue » dont les coteaux sont essentiellement agricoles (céréale, tournesol et ail). Traversée par une multitude de rivières, la Lomagne tire une partie de son charme des affleurements calcaires épars sur lesquels sont érigés la plupart des villages.

GR 65 entre Saint-Antoine et Flamarens

Après 1,5 km sur cette petite route, nous descendons vers un ruisseau : la Teulère. Arrivés dans le fond du vallon (95 mètres d’altitude), nous montons un chemin herbeux. À côté d’une ferme, nous retrouvons un chemin goudronné suivi, au milieu de la campagne, jusqu’à Flamarens. La pente devient très raide à l’approche du village (195 mètres d’altitude).

GR 65 entre Saint-Antoine et Flamarens GR 65 entre Saint-Antoine et Flamarens

Il est midi lorsque nous arrivons sur la place centrale où une aire de pique-nique est aménagée. Là, des bénévoles se relayent pour vendre boissons fraiches, sandwichs,... Comme il ne nous reste que quatre kilomètres pour finir l’étape, nous nous octroyons une pause un peu plus longue. L’histoire de Flamarens remonte au haut Moyen Âge.

Une première église, établie sur une motte artificielle, est citée en 1030 dans une lettre du pape Jean XIX au comte de Toulouse. Dès le XIIIe siècle, un château rectangulaire est édifié sur la motte castrale ; une grosse tour lui sera adjointe au XVIe siècle. En 1520, sur la commande de sire Arnaud de Grossoles, une nouvelle église est construite, à proximité du château.

Le village actuel s’est formé au bas de la plate-forme seigneuriale ainsi occupée par le château et l’église. Protégé par une première enceinte, un faubourg se formera en bordure du chemin et une seconde enceinte sera édifiée pour protéger ce faubourg.

L’église Saint-Saturnin, achevée et consacrée en 1545, a été endommagée et sa voûte détruite en 1562, par les protestants, au cours des guerres de Religion. Construite sur le mur d’enceinte établi sur du remblai mal stabilisé et n’ayant pas de fondations suffisantes, l’église a connu des dommages à répétition dans ses maçonneries.

Elle fut plusieurs fois remaniée et restaurée au cours des siècles. En 1956, à la suite d’apparition de graves fissures, la municipalité décida de fermer l’église pour éviter les accidents ; laissée à l’abandon, les dégradations s’accélèrent rapidement au point qu’en 1972, la voûte s’effondra.

En janvier 2004, le mur sud s’effondra à son tour entrainant dans sa chute une partie des chapelles latérales. Des travaux de restauration ont depuis été entrepris, mais il reste encore énormément à faire !

Flamarens, église Saint-Saturnin

C’est probablement au XVIIIe siècle que le château fut à son apogée. En juin 1943, un incendie brûla la plus grande partie des toitures. Dans les années 1960, le château est vendu en pièces détachées (cheminées en marbre, carrelage, parquet, poutres,...).

En 1963, des travaux de sauvegarde sont entrepris : réfection d’une partie de la toiture et des trois fenêtres avec meneaux de la grosse tour. Vingt ans plus tard, le château est racheté et une nouvelle campagne de restauration commence... il a aujourd’hui, à nouveau, fière allure.

Château de Flamarens

Le tracé blanc et rouge quitte Flamarens sur le goudron et descend dans la campagne. Nous progressons ensuite sur un chemin herbeux, longeant la D953, pendant 1,5 km ; merci au département du Gers pour ces aménagements bien agréables.

GR 65 entre Flamarens et Miradoux GR 65 entre Flamarens et Miradoux

Juste avant Miradoux, un petit sentier monte vers les sous-bois, mais la montée finale vers le village s’effectue sur la D953. Il n’est que 13 h 45 lorsque nous arrivons devant le gîte « Bonté divine ». Si l’accueil s’effectue plus tard, le propriétaire, a eu la bonne idée de laisser la porte ouverte afin que nous puissions déjà nous installer. La plupart des hébergements proposeront le même service en cette période caniculaire.

Paul et moi sommes les seuls, pour le moment, dans ce gîte qui ne compte qu’un dortoir de douze lits. Privilège des premiers, nous pouvons choisir le lit qui nous convient le mieux et prendre tranquillement la douche. Après celle-ci et une petite lessive, nous faisons un bref tour, à cause de la température très élevée, mais aussi du fait qu’il n’y a pas grand-chose à voir, du village.

La bastide, fondée en 1253, est la plus ancienne du département. Un épisode important de la Fronde s'y déroula : en février - mars 1652, une rude bataille opposa les soldats du prince de Condé, frondeur, aux troupes loyalistes commandées par le comte d'Harcourt. Après plusieurs jours de siège, Miradoux est prise par les troupes de Condé. Refusant de renseigner l'occupant, les habitants sont malmenés et enfermés dans l'église ; leurs maisons sont pillées.

L’imposante église du XIIIe siècle, de style roman, a été construite sur l’emplacement d’un château fort. De l'édifice militaire ne subsiste que le donjon, avec son escalier en colimaçon et ses meurtrières, qui a été transformé en clocher, inachevé. Les reliques de saint Orens sont conservées dans une châsse d'argent du XVIIIe siècle.

Miradoux, église Saint-Orens

L’ensemble constitué par la mairie et la halle a été reconstruit au cours du XIXe siècle. La halle occupe très certainement l’emplacement d’une halle préexistante aujourd’hui disparue. De retour au gîte, nous essayons de passer le temps en jouant à des jeux de société.

Miradoux, halle

Le diner (ou souper si l'on est Belge ou Canadien) est servi sur la terrasse du gîte. Nous sommes dix « pèlerins » autour de la table : deux Belges, quatre Canadiens (Marielle et Roger, Suzanne et Alain), deux Allemands et deux Français. Le repas (servi à l'assiette) se compose d’une salade et de son toast au fromage de chèvre, boudin blanc avec semoule de blé et pruneaux, gâteau au chocolat.

Vers 22 h 30, c’est l’extinction des feux dans le dortoir. Nous espérons passer une bonne nuit malgré la chaleur...

Plan du parcours